[ p. 95 ]
325. Q. Le bouddhisme a-t-il le droit d’être considéré comme une religion scientifique, ou peut-il être classé comme une religion « révélée » ?
A. Il ne s’agit absolument pas d’une religion révélée. Le Bouddha ne l’a pas prêchée ainsi, et elle n’est pas comprise ainsi. Au contraire, il l’a présentée comme l’énoncé des vérités éternelles, que ses prédécesseurs avaient enseignées comme lui-même.
326. Q. Répétez encore le nom du Sutta, dans lequel le Bouddha nous dit de ne pas croire à une prétendue révélation sans la tester par la raison et l’expérience ?
R. Le Kâlâma Sutta, de l’Anguthara Nikâya.
327. Q. Les bouddhistes acceptent-ils la théorie selon laquelle tout a été formé à partir de rien par un Créateur ?
A. Le Bouddha a enseigné que deux choses sont sans cause, à savoir « Akâsha » et « Nirvâṇa » : tout est issu d’Akâsha, en obéissance à une loi de mouvement qui lui est inhérente, et, après une certaine existence, disparaît. [ p. 96 ] Rien n’est jamais sorti de rien. Nous ne croyons pas aux miracles ; c’est pourquoi nous nions la création et ne pouvons concevoir une création de quelque chose à partir de rien. Rien d’organique n’est éternel. Tout est dans un état de flux constant, et subit des changements et des réformes, maintenant la continuité selon la loi de l’évolution.
328. Q. Le bouddhisme est-il opposé à l’éducation et à l’étude des sciences ?
A. Bien au contraire : dans le Sigâlowâda Sutta, dans un discours prêché par le Bouddha, il a spécifié comme l’un des devoirs d’un enseignant qu’il devrait donner à ses élèves « l’instruction dans la science et la tradition ». Les enseignements supérieurs du Bouddha s’adressent aux éclairés, aux sages et aux réfléchis.
329. Q. Pouvez-vous démontrer une autre approbation du bouddhisme par la science ?
A. La doctrine du Bouddha enseigne qu’il y a eu de nombreux ancêtres de la race humaine ; qu’il existe également un principe de différenciation parmi les hommes ; certains individus ont une plus grande capacité à atteindre rapidement la Sagesse et à arriver au Nirvâṇa que d’autres.
330. Q. Autre ?
[ p. 97 ]
A. Le bouddhisme soutient l’enseignement de l’indestructibilité de la force.
331. Q. Le bouddhisme doit-il être appelé une charte scientifique ou un code moral ?
A. À proprement parler, une philosophie morale pure, un système d’éthique et de métaphysique transcendantale. Elle est si éminemment pratique que le Bouddha garda le silence lorsque Malunka l’interrogea sur l’origine des choses.
332. Q. Pourquoi a-t-il fait ça ?
A. Parce qu’il pensait que notre objectif principal devait être de voir les choses telles qu’elles existent autour de nous et d’essayer de les améliorer, et non de perdre du temps en spéculations intellectuelles.
333. Q. Quelle est, selon les bouddhistes, la raison de la naissance occasionnelle d’enfants très bons et sages de mauvais parents, et de celle d’enfants très mauvais de bons parents ?
A. C’est à cause des karmas respectifs des enfants et des parents ; chacun a peut-être mérité que de telles relations inhabituelles se forment dans la naissance présente.
334. Q. Est-ce qu’on dit quelque chose à propos du corps du Bouddha émettant une lumière vive ?
[ p. 98 ]
A. Oui, c’était un rayonnement divin envoyé de l’intérieur par la puissance de sa sainteté.
335. Q. Comment cela s’appelle-t-il en pâlî ?
A. Buddharansi, les rayons du Bouddha.
336. Q. Combien de couleurs pourrait-on y voir ?
A. Six, reliés par paires.
337. Q. Leurs noms ?
A. Nila, Pita, Lohita, Avadata, Magasta, Prabhasvara.
335, Q. D’autres personnes ont-elles émis une lumière aussi brillante ?
A. Oui, tous les Arhats l’ont fait, et en fait la lumière brille plus fort et plus intensément en proportion du développement spirituel de la personne.
339. Q. Où voyons-nous ces couleurs représentées ?
A. Dans tous les vihâras où sont peintes des images du Bouddha. On les retrouve également dans les bandes du drapeau bouddhiste, initialement fabriqué à Ceylan, mais aujourd’hui largement adopté dans tous les pays bouddhistes.
340. Q. Dans quel discours le Bouddha lui-même parle-t-il de cette brillance qui l’entoure ?
A. Dans le Mahâ-Parinibbana Sutta. Ānanda, son [ p. 99 ] disciple favori, remarquant la grande splendeur qui émanait du corps de son Maître, le Bouddha dit qu’à deux occasions cette brillance extraordinaire se produit, (a) juste après qu’un Tathâgatâ ait obtenu la vision suprême, et (b) la nuit où il décède définitivement.
341. Q. Où lisons-nous que cette grande luminosité est émise par le corps d’un autre Bouddha ?
A. Dans l’histoire de Sumedha et de Dipânkara Bouddha, trouvée dans le Nidânakathâ du livre Jâtaka, ou histoire des réincarnations du Bodhisattva Siddhârtha Gautama.
342. Q. Comment est-il décrit ?
A. Comme un halo d’une profondeur d’une brasse.
343. Q. Comment l’appellent les hindous ?
A. Tejas ; son rayonnement étendu, ils l’appellent Prâkâsha.
344. Q. Comment les Européens l’appellent-ils maintenant ?
A. L’aura humaine.
345. Q. Quel grand scientifique a prouvé l’existence de cette aura par des expériences soigneusement menées ?
A. Le baron von Reichenbach. Ses expériences sont décrites en détail dans ses Recherches, publiées [ p. 100 ] en 1844-1845. Le Dr Baraduc, de Paris, a récemment photographié cette lumière.
346. Q. Cette aura lumineuse est-elle un miracle ou un phénomène naturel ?
A. Naturel. Il a été prouvé que non seulement tous les êtres humains, mais aussi les animaux, les arbres, les plantes et même les pierres en sont dotés.
347. Q. Quelle particularité a-t-il dans le cas d’un Bouddha ou d’un Arhat ?
A. Elle est immensément plus brillante et plus étendue que chez d’autres êtres et objets. C’est la preuve de leur développement supérieur dans le pouvoir d’Iddhî. Cette lumière a été observée provenant de dâgobas à Ceylan, où seraient conservées des reliques du Bouddha.
348. Q. Les adeptes d’autres religions que le bouddhisme et l’hindouisme croient-ils également à cette lumière ?
R. Oui, dans tous les tableaux d’artistes chrétiens, cette lumière est représentée comme rayonnant autour des corps de leurs saints personnages. On retrouve la même croyance dans d’autres religions.
349. Q. Quel incident historique appuie la théorie moderne de la suggestion hypnotique ?
[ p. 101 ]
A. Celui de Chullapanthaka, tel que raconté dans le Commentaire Pâlî sur le Dhammapada, etc.
350. Q. Donnez-moi les faits.
A. C’était un bhikkhu devenu arhat. Ce jour-là, le Bouddha envoya un messager pour l’appeler. Lorsque l’homme atteignit le Vihara, il vit trois cents bhikkhus rassemblés en un seul groupe, tous identiques en tous points. Lorsqu’il demanda qui était Chullapanthaka, chacun des trois cents personnages répondit : « Je suis Chullapanthaka. »
351. Q. Qu’a fait le messager ?
A. Dans sa confusion, il retourna et fit son rapport au Bouddha.
352. Q. Que lui dit alors le Bouddha ?
A. Retourner au vihâra et, si la même chose se produisait, saisir par le bras le premier personnage qui se disait être Chullapanthaka et le conduire à lui. Le Bouddha savait que le nouvel Arhat ferait ainsi étalage de son pouvoir acquis pour imprimer des images illusoires de lui-même sur le messager.
353. Q. Comment appelle-t-on ce pouvoir d’illusion en Pâlî ?
A. Manomaya Iddhî.
[ p. 102 ]
354. Q. Les copies illusoires de la personne de l’Arhat étaient-elles matérielles ? Étaient-elles constituées de substance et le messager aurait-il pu les sentir et les manipuler ?
A. Non ; c’étaient des images imprimées par sa pensée et sa volonté exercée sur l’esprit du messager.
355. Q. À quoi les compareriez-vous ?
A. Au reflet d’un homme dans un miroir, étant exactement comme lui mais sans solidité.
356. Q. Pour créer une telle illusion dans l’esprit du messager, que fallait-il ?
A. Que Chullapanthaka conçoive clairement dans son esprit son apparence exacte, puis l’imprime, avec autant de duplications ou de répétitions qu’il le souhaite, sur le cerveau sensible du messager.
357. Q. Comment appelle-t-on maintenant ce processus ?
A. Suggestion hypnotique.
358. Q. Un tiers aurait-il pu également voir ces figures illusoires ?
A. Cela dépendrait de la volonté de l’Arhat, ou de l’hypnotiseur.
359. Q. Que voulez-vous dire ?
A. En supposant que cinquante ou cinq cents personnes [ p. 103 ] soient là, au lieu d’une seule, l’Arhat pourrait vouloir que l’illusion soit vue par tous de la même manière ; ou, s’il le voulait, il pourrait vouloir que le messager soit le seul à les voir.
360. Q. Cette branche de la science est-elle bien connue de nos jours ?
A. Très connu ; il est familier à tous les étudiants du mesmérisme et de l’hypnose.
361. Q. En quoi notre croyance scientifique moderne soutient-elle la théorie du Karma, telle qu’enseignée dans le bouddhisme ?
A. Les scientifiques modernes enseignent que chaque génération humaine est l’héritière des conséquences des vertus et des vices de la génération précédente, non pas collectivement, mais individuellement. Selon le bouddhisme, chacun de nous acquiert une naissance qui représente les causes engendrées par lui lors d’une naissance antérieure. C’est la notion de karma.
362. Q. Que dit le Vâsettha Sutta à propos de la causalité dans la nature ?
A. Il est dit : « Le monde existe par cause ; toutes choses existent par cause ; tous les êtres sont liés par une cause. »
363. Q. Le bouddhisme enseigne-t-il l’immuabilité de l’univers visible ; notre terre, le soleil, la lune,
[ p. 104 ]
les astres, les règnes minéral, végétal, animal et humain ?
A. Non. Cela enseigne que tout change constamment et que tout doit disparaître au fil du temps.
364. Q. Ne jamais réapparaître ?
A. Non : le principe d’évolution, guidé par le Karma, individuel et collectif, fera évoluer un autre univers avec son contenu, comme notre univers a évolué à partir de l’Âkâsha.
365. Q. Le bouddhisme admet-il que l’homme possède dans sa nature des pouvoirs latents pour la production de phénomènes communément appelés « miracles » ?
R. Oui ; mais ils sont naturels et non surnaturels. Ils peuvent être développés par un certain système consigné dans nos livres sacrés, le Visuddhi Mârga par exemple.
866. Q. Comment appelle-t-on cette branche de la science ?
R. Le nom Pâlî est Iddhi-vidhanânâ.
367. Q. Combien de sortes existe-t-il ?
A. Deux : « Bahira », c’est-à-dire celui dans lequel le pouvoir de faire fonctionner les phénomènes peut être temporairement obtenu par des pratiques ascétiques et aussi par le recours à des drogues, à la récitation de mantras (charmes), ou à d’autres aides extérieures ; et « Sasaniks », celui dans lequel le pouvoir en question est acquis par un développement personnel intérieur, et couvre tout et plus que les phénomènes de Laukika Iddhî.
368. Q. Quelle classe d’hommes jouit de ces pouvoirs ?
A. Ils se développent progressivement chez celui qui poursuit un certain cours de pratique ascétique appelé Dhyâna.
369. Q. Ce pouvoir Iddhî peut-il être perdu ? [1]
A. Le Bahira peut être perdu, mais le Sasanika jamais, une fois acquis. La connaissance Lokottara, une fois acquise, ne se perd jamais, et c’est par elle seule que l’Arhat connaît la condition absolue du Nirvâṇa. Et cette connaissance peut être acquise en suivant la noble vie de l’Octuple Sentier.
370. Q. Bouddha avait-il le Lokottara Iddhî ?
A. Oui, à la perfection.
371. Q. Et ses disciples l’avaient aussi ?
A. Oui, certains, mais pas tous de manière égale ; la capacité d’acquérir ces pouvoirs occultes varie selon l’individu.
[ p. 106 ]
372. Q. Donnez des exemples.
A. De tous les disciples du Bouddha, Mogallâna possédait les pouvoirs les plus extraordinaires pour créer des phénomènes, tandis qu’Ânanda ne put en développer aucun pendant les vingt-cinq années où il fut le disciple personnel et intime du Bouddha lui-même. plus tard, il le fit, comme le Bouddha l’avait prédit.
373. Q. Un homme acquiert-il ces pouvoirs soudainement ou progressivement ?
A. Normalement, ils se développent progressivement, à mesure que le disciple acquiert progressivement le contrôle de sa nature inférieure dans une série de circonférences. [^26]
374. Q. Le bouddhisme prétend-il que le miracle de ressusciter les morts est possible ?
R. Non. Le Bouddha enseigne le contraire, dans cette belle histoire de Kisâ Gotamî et de la graine de moutarde. Mais lorsqu’une personne semble seulement morte sans l’être réellement, la résurrection est possible.
375. Q. Donnez-moi une idée des étapes successives du développement de Lokottara à Iddhî.
A. Il y a six degrés accessibles aux Arhats ; [ p. 107 ] ce qui est plus élevé que ceux-ci ne peut être atteint que par un Bouddha.
376. Q. Décrivez les six étapes ou degrés.
A. Nous pouvons les diviser en deux groupes, de trois chacun. Le premier comprend (1) la rétrospection progressive, c’est-à-dire une capacité progressivement acquise de remonter le temps jusqu’à l’origine des choses.
(2) Prévoyance progressive, ou pouvoir de prophétie.
(3) Extinction progressive des désirs et des attachements aux choses matérielles.
377. Q. Que comprendrait le deuxième groupe ?
A. Les mêmes facultés, mais développées sans limite. Ainsi, l’Arhat accompli possède une rétrospection parfaite, une parfaite prévoyance, et a complètement anéanti toute trace de désir et d’attrait égoïste.
378. Q. Quels sont les quatre moyens d’obtenir l’Iddhî ?
A. La volonté, son exercice, son développement mental et la discrimination entre le bien et le mal.
379. Q. Nos écritures relatent des centaines d’exemples de phénomènes produits par les Arhats : quel était, selon vous, le nom de cette faculté ou de ce pouvoir ?
A. Iddhî vidha. Celui qui possède cela peut, en manipulant les forces de la nature, produire n’importe quel phénomène merveilleux, c’est-à-dire réaliser n’importe quelle expérience scientifique de son choix.
380. Q. Le Bouddha a-t-il encouragé les manifestations de phénomènes ?
R. Non ; il les a expressément déconseillés, car ils tendent à semer la confusion dans l’esprit de ceux qui ne connaissent pas les principes impliqués. Ils incitent également leurs possesseurs à les montrer simplement pour satisfaire une curiosité oisive et leur propre vanité. De plus, des phénomènes similaires peuvent être démontrés par des magiciens et des sorciers experts en Laukika, ou la forme la plus basse de la science de l’Iddhî. Toute fausse prétention des moines à un accomplissement surnaturel compte parmi les péchés impardonnables (Tevijga Sutta).
381. Q. Vous avez parlé d’un « déva » apparu au Prince Siddhârtha sous diverses formes ; que croient les bouddhistes concernant les races d’êtres élémentaires invisibles ayant des relations avec l’humanité ?
A. Ils croient qu’il existe des êtres qui habitent des mondes ou des sphères qui leur sont propres. La doctrine bouddhiste est que, par son développement intérieur et sa conquête de sa nature inférieure, l’Arhat devient [ p. 109 ] supérieur même au plus redoutable des dévas, et peut soumettre et contrôler les ordres inférieurs.
382. Q. Combien de types de dévas existe-t-il ?
A. Trois : Kâmâvâcharâ (ceux qui sont encore sous la domination des passions) ; Rûpâvâchara (une classe supérieure, qui conserve encore une forme individuelle) ; Arûpâvâchara (le plus haut degré de purification, qui est dépourvu de formes matérielles).
383. Q. Devrions-nous en craindre certains ?
A. Celui qui est pur et compatissant de cœur et d’esprit courageux n’a rien à craindre : aucun homme, dieu, brahmarakkhas, démon ou deva, ne peut lui faire de mal, mais certains ont le pouvoir de tourmenter les impurs, ainsi que ceux qui invitent leur approche.
Lorsque les pouvoirs se manifestent soudainement, on en déduit que l’individu s’est développé lors de la naissance antérieure suivante. Nous ne croyons pas aux ruptures excentriques de la loi naturelle. ↩︎