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« J’ai vécu une vie heureuse. » — Cette histoire fut racontée par le Maître à Jetavana, à propos d’une tentation provoquée par une fille obèse. L’incident sera relaté dans le Culla-Nārada-Kassapa Jātaka [^167], au Treizième Livre.
Interrogé par le Frère, le Maître apprit qu’il était vrai qu’il était amoureux, et amoureux de la grosse fille. « Frère », dit le Maître, « elle t’égare. De même, autrefois, elle t’a entraîné dans le mal, et seul le sage et le bon d’alors t’a rendu le bonheur. » Ce disant, il raconta cette histoire du passé.
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Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, se produisirent les événements qui seront relatés dans le Culla-Nārada-Kassapa Jātaka. Mais à cette occasion, le Bodhisatta arriva le soir à l’ermitage avec des fruits et, ouvrant la porte, dit à son fils : « Tous les deux jours, tu apportais du bois et des vivres, et tu allumais un feu. Pourquoi n’as-tu rien fait de tout cela aujourd’hui, et restes-tu assis ici, tristement, à dépérir ? »
« Père », dit le jeune homme, « pendant que tu étais parti cueillir des fruits, une femme est arrivée et a essayé de m’attirer par des flatteries. Mais je n’ai pas voulu l’accompagner avant d’avoir obtenu ta permission, et je l’ai donc laissée assise à m’attendre. Et maintenant, je désire partir. »
Constatant que le jeune homme était trop amoureux pour pouvoir l’abandonner, le Bodhisatta lui ordonna de partir en disant : « Mais lorsqu’elle voudra de la viande [417] ou du poisson ou du ghee ou du sel ou de la viande ou quoi que ce soit de ce genre à manger, et qu’elle t’enverra te dépêcher de long en large pour faire ses courses, alors souviens-toi de cet ermitage et fuis vers moi. »
L’autre partit donc avec la femme vers les lieux fréquentés par les hommes ; et lorsqu’il fut arrivé chez elle, elle le fit courir partout pour lui apporter tout ce dont elle avait besoin.
« Je pourrais tout aussi bien être son esclave », pensa-t-il, et il courut aussitôt vers son père, le salua, se leva et répéta cette strophe :
J’ai eu une vie heureuse jusqu’à ce qu’elle tombe,
\—Ce lanceur inquiétant et ennuyeux s’appelait ma femme—
Confiez-moi les courses selon ses caprices.
Le Bodhisatta félicita le jeune homme et l’exhorta à la bonté et à la miséricorde, lui exposant les quatre formes de sentiment juste envers les hommes et les moyens d’assurer la Vision. Il ne fallut pas longtemps avant que le jeune homme n’acquière les Connaissances et les Acquis, n’atteigne le sentiment juste envers ses semblables et ne renaît avec son père dans le Royaume de Brahma.
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Sa leçon terminée, et les Quatre Vérités prêchées (à la fin desquelles ce Frère entra dans le Premier Sentier), le Maître identifia la Naissance en disant : « La grosse fille d’aujourd’hui était aussi la grosse fille de ces jours-là ; ce Frère attelé était le fils ; et moi le père de ces jours-là. »