« Travaillez dur, mon frère. » — Cette histoire fut racontée par le Maître à Jetavana. Elle concernait un bon brahmane, issu d’une noble famille Sāvatthi, qui s’était dévoué à la Vérité et, en rejoignant la Confrérie, était devenu constant dans toutes ses obligations. Irréprochable dans son assiduité aux professeurs ; scrupuleux dans la nourriture et les boissons ; zélé dans l’accomplissement des devoirs du chapitre, des bains, etc. ; parfaitement ponctuel dans l’observance des quatorze disciplines majeures et des quatre-vingts disciplines mineures ; il avait l’habitude de balayer le monastère, les cellules, les cloîtres et le chemin menant à leur monastère, et donnait de l’eau aux personnes assoiffées. Et grâce à sa grande bonté, les gens donnaient régulièrement cinq cents repas par jour aux Frères ; et le monastère en tira de grands profits et honneurs, la prospérité de nombreux habitants grâce aux vertus d’un seul. Un jour, dans la Salle de la Vérité, les Frères se mirent à parler de la façon dont la bonté de ce Frère leur avait apporté gain et honneur, et avait comblé de joie de nombreuses vies. En entrant dans la salle, [450] le Maître demanda, et on lui expliqua le sujet de leur conversation. « Ce n’est pas la première fois, Frères », dit-il, « que ce Frère accomplit ses devoirs avec assiduité. Autrefois, cinq cents ermites partant cueillir des fruits se nourrissaient des fruits que sa bonté leur procurait. » Ce disant, il raconta cette histoire du passé.
Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta naquit brahmane dans le Nord. Grandissant, il abandonna le monde et vécut à la tête de cinq cents ermites, au pied des montagnes. En ces jours, une grande sécheresse s’abattit sur l’Himalaya ; partout l’eau s’assécha, et une grande détresse s’abattit sur tous les animaux. Voyant les pauvres créatures souffrir de la soif, l’un des ermites abattit un arbre et creusa une auge ; il la remplit de toute l’eau qu’il put trouver. Il donna ainsi à boire aux animaux. Ils arrivèrent en troupeaux et burent, buvant, jusqu’à ce que l’ermite n’ait plus le temps d’aller cueillir des fruits. Insouciant de sa propre faim, il s’efforça d’étancher la soif des animaux. Ils se dirent : « Cet ermite est tellement absorbé par nos besoins qu’il ne se laisse pas le temps d’aller chercher des fruits. Il doit avoir très faim. » Convenons que chacun de nous qui vient ici pour boire doit apporter à l’ermite autant de fruits qu’il le peut. Ils convinrent de le faire, chaque animal apportant des mangues, des jambus, des fruits à pain ou autres, jusqu’à ce que leurs offrandes aient rempli deux cent cinquante chariots ; et il y avait de la nourriture pour les cinq cents ermites, en abondance. Voyant cela, le Bodhisatta s’exclama : « Ainsi, la bonté d’un seul homme a permis de nourrir tous ces ermites. En vérité, nous devrions toujours être constants dans le bien. » Ce disant, il prononça cette stance :
Continue à travailler, mon frère ; garde toujours espoir ;
Ne laisse pas ton courage faiblir et s’épuiser ;
N’oublie pas celui qui, par son jeûne pénible [^178]
Il a récolté des fruits au-delà de ce qu’il désirait.
[451] Tel fut l’enseignement du Grand Être à la bande d’ermites.
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Sa leçon terminée, le Maître identifia la Naissance en disant : « Ce Frère était le bon ermite de cette époque, et moi le maître des ermites. »