« Tu te vantes. » — Cette histoire fut racontée par le Maître un jour à Jetavana, à propos d’un Frère vantard. (L’histoire introductive et l’histoire du passé ressemblent ici à celles de Kaṭāhaka relatées plus haut [^183].)
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Kalaṇḍuka était, dans ce cas, le nom de l’esclave du trésorier de Bénarès. Lorsqu’il s’était enfui et vivait dans le luxe avec la fille du marchand de la frontière, le trésorier le remarqua et ne put le localiser. Il envoya donc un jeune perroquet apprivoisé à la recherche du fugitif. Le perroquet s’envola à la recherche de Kalaṇḍuka, le cherchant aux quatre coins du monde, jusqu’à ce qu’il atteigne enfin la ville où il résidait. À ce moment précis, Kalaṇḍuka s’amusait sur le fleuve avec sa femme, dans une barque bien approvisionnée en mets délicats, en fleurs et en parfums. Or, lors de leurs fêtes sur l’eau, les nobles de ce pays prennent soin de boire du lait avec une drogue piquante, afin d’éviter les rhumes après leurs loisirs. [459] Mais lorsque notre Kalaṇḍuka goûta ce lait, il le cracha et le recracha. et ce faisant, il cracha sur la tête de la fille du marchand. À ce moment, le perroquet s’envola et vit tout cela depuis la branche d’un figuier sur la rive. « Allons, allons, [ p. 281 ] esclave Kalaṇḍuka ! » cria l’oiseau ; « rappelle-toi qui tu es et ce que tu es, et ne crache pas sur la tête de cette jeune femme. Reste à ta place, mon ami. » Ce disant, il prononça la strophe suivante :
Vous vantez votre haute descendance, votre haut degré,
Avec une langue menteuse. Même si je ne suis qu’un oiseau, je sais
La vérité. Tu seras bientôt rattrapé, espèce de fugueur.
Ne méprise donc pas le lait, esclave Kalaṇḍuka.
Reconnaissant le perroquet, Kalaṇḍuka eut peur d’être démasqué et s’exclama : « Ah ! bon maître, quand êtes-vous arrivé ? »
Le perroquet pensa : « Ce n’est pas par gentillesse, mais par désir de me tordre le cou, que se manifeste cet intérêt bienveillant. » Il répondit donc qu’il n’avait pas besoin des services de Kalaṇḍuka et s’envola pour Bénarès, où il raconta au Lord Trésorier tout ce qu’il avait vu.
« Le coquin ! » s’écria le Trésorier, et il ordonna que Kalaṇḍuka soit ramené à Bénarès où il dut une fois de plus se contenter d’un repas d’esclave.
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Sa leçon terminée, le Maître identifia la Naissance en disant : « Ce frère était Kalaṇḍuka dans l’histoire, et moi le trésorier de Bénarès. »