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« C’était de la cupidité. »… Cette histoire a été racontée par le Maître alors qu’il était à Jetavana, à propos d’un autre hypocrite.
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Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta, roi des Rats, qui vivait dans la forêt. Un incendie se déclara dans la forêt, et un chacal, incapable de fuir, se plaqua la tête contre un arbre [462] et laissa les flammes le balayer. Le feu brûla tous ses poils et le laissa complètement chauve, à l’exception d’une touffe semblable à un nœud [^185] là où le sommet de sa tête était pressé contre l’arbre. Un jour, buvant dans un étang rocheux, il aperçut ce nœud se refléter dans l’eau. « J’ai enfin de quoi aller au marché », pensa-t-il. Arrivé au cours de ses pérégrinations dans la forêt à la grotte des rats, il se dit : « Je vais tromper ces rats et les dévorer » ; et c’est dans cet esprit qu’il s’installa à proximité, comme dans l’histoire précédente.
En partant à la recherche de nourriture, le Bodhisatta observa le chacal et, attribuant à la bête vertu et bonté, vint vers lui et lui demanda quel était son nom.
« Bhāradvāja [1], Dévot du Dieu du Feu. »
« Pourquoi es-tu venu ici ? »
« Afin de vous protéger, vous et les vôtres. »
« Que ferez-vous pour nous protéger ? »
« Je sais compter sur mes doigts et je vous compterai matin et soir, afin d’être sûr qu’il y en aura autant qui rentreront le soir qu’ils en sortiront le matin. C’est ainsi que je vous protégerai. »
« Alors reste, mon oncle, et veille sur nous. »
Et ainsi, comme les rats partaient le matin, il se mit à les compter « Un, deux, trois » ; et ainsi de suite lorsqu’ils revenaient le soir. Et chaque fois qu’il les comptait, il saisissait et mangeait le dernier. Tout se passa comme dans l’histoire précédente, sauf qu’ici le Roi des Rats se retourna et dit au chacal : « Ce n’est pas la sainteté, [ p. 284 ] Bhāradvāja, Dévot du Dieu du Feu, mais la gourmandise qui a orné ta couronne de ce chignon. » Ce disant, il prononça cette strophe :
C’est la cupidité, et non la vertu, qui vous a conféré cette crête.
Notre nombre décroissant ne fonctionne pas correctement ;
Nous en avons assez de toi, adorateur du Feu.
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Sa leçon terminée, le Maître identifia la Naissance en disant : « Ce Frère était le chacal de cette époque, et moi le Roi des Rats. »
283:1 Le « Frère » bouddhiste se rase la couronne, à l’exception d’une touffe de cheveux sur le dessus, qui est l’analogue de la tonsure des prêtres catholiques romains. ↩︎