[487] « Mauvaise compagnie ». — Cette histoire fut racontée par le Maître à la Bambouseraie, à propos d’un Frère traître. L’incident introductif est le même que celui relaté dans le Mahilā-mukha jātaka [^199].
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Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta naquit iguane. Grandi, il vécut dans un grand terrier au bord de la rivière, entouré de centaines d’autres iguanes. Le Bodhisatta avait alors un fils, un jeune iguane, qui était très ami avec un caméléon, qu’il avait l’habitude de pincer et d’embrasser. Cette intimité étant rapportée au roi des iguanes, il fit venir son jeune fils et déclara qu’une telle amitié était déplacée, car les caméléons étaient des créatures inférieures, et que si cette intimité persistait, le malheur s’abattrait sur toute la tribu des iguanes. Il enjoignit alors à son fils de ne plus avoir affaire au caméléon. Mais le fils continua son intimité. Le Bodhisatta parla à son fils à plusieurs reprises, mais voyant que ses paroles étaient vaines et prévoyant le danger que représentait le caméléon pour les iguanes, il fit percer une sortie sur un côté de leur terrier, afin qu’il y ait un moyen de s’échapper en cas de besoin.
Avec le temps, le jeune iguane grandit, tandis que le caméléon ne grandit jamais. Et comme ces étreintes montagneuses du jeune géant devenaient douloureuses, le caméléon prévoyait [ p. 303 ] qu’elles le tueraient s’ils persistaient quelques jours de plus, et il résolut de s’allier à un chasseur pour détruire toute la tribu des iguanes.
Un jour d’été, les fourmis sortirent après un orage [1], et [488] les iguanes se précipitèrent çà et là, les attrapant et les mangeant. Un trappeur d’iguanes arriva alors dans la forêt avec une bêche et des chiens pour déterrer les iguanes ; et le caméléon pensa à la proie qu’il allait mettre sur le chemin du trappeur. Il s’approcha donc de l’homme et, s’allongeant devant lui, lui demanda pourquoi il était dans la forêt. « Pour attraper des iguanes », répondit-il. « Eh bien, je sais où il y a un terrier avec des centaines d’iguanes », dit le caméléon ; « apportez du feu et des broussailles et suivez-moi. » Et il conduisit le trappeur là où vivaient les iguanes. « Maintenant », dit le caméléon, « mettez votre combustible là-dedans et enfumez les iguanes. En attendant, laissez vos chiens tout autour et prenez un gros bâton à la main. » Alors, tandis que les iguanes s’élancent, abattez-les et faites un tas de morts. » En disant cela, le caméléon traître se retira dans un endroit proche, où il se coucha, la tête haute, en se disant : « Aujourd’hui, je verrai la déroute de mon ennemi. »
Le trappeur se mit à enfumer les iguanes ; la peur pour leur vie les fit sortir précipitamment de leur terrier. À leur sortie, le trappeur les frappait à la tête, et s’il les manquait, ils devenaient la proie de ses chiens. Il y eut alors un grand massacre parmi les iguanes. Comprenant que c’était l’œuvre du caméléon, le Bodhisatta s’écria : « Il ne faut jamais se lier d’amitié avec les méchants, car ils apportent le malheur à leur suite. Un seul caméléon méchant s’est avéré être le fléau de tous ces iguanes. » Ce disant, il s’échappa par l’issue qu’il avait prévue, en prononçant cette strophe :
Une mauvaise compagnie ne peut jamais finir en bonne compagnie.
Grâce à l’amitié avec un seul caméléon
La tribu des iguanes a connu sa fin.
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[489] Sa leçon terminée, le Maître identifia la Naissance en disant : « Devadatta était le caméléon de ces jours-là ; ce Frère traître était le jeune iguane désobéissant, le fils du Bodhisatta ; et moi-même le roi des iguanes. »