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« C’est la connaissance. » — Cette histoire fut racontée par le Maître alors qu’il était à Jetavana, à propos d’un homme qui gâtait les esprits. La tradition raconte qu’Anātha-piṇḍika avait un ami qui tenait une taverne. Cet ami prépara une réserve d’alcools forts qu’il vendait pour de l’or et de l’argent [1], et sa taverne était bondée. Il ordonna à son apprenti de ne vendre qu’au comptant, et alla se baigner. Cet apprenti, tout en servant le grog à ses clients, les vit aller chercher du sel et du jagghery et les manger comme un aliment. Il pensa : « Il ne peut pas y avoir de sel dans notre liqueur ; j’en mettrai. » Il mit donc une livre de sel dans un bol de grog et le servit aux clients. Et à peine eurent-ils pris une gorgée qu’ils la recrachèrent en disant : « Qu’avez-vous fait ? » « Je vous ai vu aller chercher du sel après avoir bu notre liqueur, alors j’en ai mélangé. » « Et voilà comment tu as gâché de la bonne boisson, espèce de crétin ! » s’écrièrent les clients. Ils se levèrent l’un après l’autre et furent jetés hors de la taverne. Lorsque le tenancier rentra chez lui et ne vit pas un seul client, il demanda où ils étaient tous passés. L’apprenti lui raconta alors ce qui s’était passé. Le réprimandant pour sa folie, l’homme alla raconter l’histoire à Anātha-piṇḍika. Ce dernier, trouvant l’histoire intéressante, se rendit à Jetavana où, après s’être prosterné, il raconta tout au Maître.
« Ce n’est pas la première fois, profane, dit le Maître, que cet apprenti gâte les esprits. Il a déjà fait la même chose. » Puis, à la demande d’Anātha-piṇḍika, il raconta cette histoire du passé.
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Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta était le trésorier de Bénarès et avait un tavernier qui vivait sous sa protection. Cet homme avait préparé une réserve d’alcool fort, qu’il laissa vendre à son apprenti [^103] pendant qu’il allait se baigner. Pendant son absence, son apprenti mélangea du sel à la liqueur et la gâta de la même manière. À son retour, le guide et maître du jeune homme [^103] apprit ce qui s’était passé, il raconta l’histoire au trésorier. « En vérité », dit ce dernier, « les ignorants et les insensés, malgré leur désir de bien, ne parviennent qu’à faire du mal. » Et il récita cette strophe :
C’est la connaissance qui couronne l’effort de succès ;
Car les insensés sont contrariés par leur folie,
Dans ces lignes, le Bodhisatta a enseigné la vérité.
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Le Maître dit : « Laïc, cette même personne a corrompu les esprits autrefois comme aujourd’hui. » Puis il démontra le lien et identifia la Naissance en disant : « Celui qui corrompt les esprits aujourd’hui était aussi celui qui les corrompt autrefois, et j’étais alors moi-même le Trésorier de Bénarès. »
120:1 Apparemment considéré comme une procédure « juive », par opposition au troc normal. ↩︎