« Penses-tu ? » — Cette histoire fut racontée par le Maître alors qu’il était à Jetavana, à propos d’un frère lai. La tradition dit qu’habitait à Sāvatthi un frère lai, établi dans les Trois Joyaux et les Cinq Commandements, un fervent amoureux du Bouddha, de la Doctrine et de la Fraternité. Mais sa femme était une femme pécheresse et méchante. Les jours où elle faisait le mal, elle était aussi douce qu’une esclave achetée cent pièces ; tandis que les jours où elle ne faisait pas le mal, elle jouait ma dame, passionnée et tyrannique. Le mari ne pouvait la comprendre. Elle l’inquiétait tellement qu’il n’allait pas servir le Bouddha.
Un jour, il était venu avec des parfums et des fleurs, et s’était assis après les salutations dues, lorsque le Maître lui dit : « Comment se fait-il, frère convers, que sept ou huit jours se soient écoulés sans que vous ne veniez servir le Bouddha ? » « Ma femme, monsieur, est un jour comme une esclave achetée cent pièces, tandis qu’un autre jour elle ressemble à une maîtresse passionnée et tyrannique. Je ne la comprends pas ; et c’est parce qu’elle m’a tant tracassé que je ne suis pas allé servir le Bouddha. »
Or, lorsqu’il entendit ces paroles, le Maître dit : « Eh bien, frère convers, les sages et les bons d’autrefois t’ont déjà dit qu’il est difficile de comprendre la nature des femmes. » Et il ajouta : « Mais ses existences antérieures sont devenues confuses dans son esprit, de sorte qu’il ne peut s’en souvenir. » Et ce disant, il raconta cette histoire du passé.
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Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta devint un maître de renommée mondiale, avec cinq cents jeunes brahmanes à ses côtés. [300] L’un de ces élèves, un jeune brahmane venu d’un pays étranger, tomba amoureux d’une femme et en fit son épouse. Bien qu’il continuât à vivre à Bénarès, il faillit deux ou trois fois à ses devoirs envers le maître. Car, sachez-le, sa femme était une femme pécheresse et méchante, douce comme une esclave les jours où elle avait mal agi, mais les jours où elle n’avait pas commis de faute, elle se comportait comme une maîtresse, passionnée et tyrannique. Son mari ne la comprenait pas du tout ; il était si harcelé et harcelé par elle qu’il s’absenta du service du Maître. Sept ou huit jours plus tard, il reprit ses devoirs et le Bodhisatta lui demanda pourquoi il ne l’avait pas vu ces derniers temps.
« Maître, c’est ma femme qui est la cause », dit-il. Et il raconta au Bodhisatta comment elle était un jour douce comme une esclave, et le lendemain tyrannique ; comment il ne la comprenait absolument pas, et comment il avait été si inquiet et harcelé par ses sautes d’humeur qu’il s’était tenu à l’écart.
« Exactement, jeune brahmane », dit le Bodhisatta. « Les jours où elles ont mal agi, les femmes s’humilient devant leurs maris et deviennent aussi douces et soumises qu’une esclave ; mais les jours où elles n’ont pas commis de faute, elles deviennent raides et insubordonnées à leurs seigneurs. C’est ainsi que les femmes sont pécheresses et mauvaises ; et leur nature est difficile à cerner. Il ne faut prêter aucune attention à leurs goûts ou à leurs aversions. » Et ce disant, le Bodhisatta répéta cette stance pour l’édification de son élève :
Crois-tu qu’une femme t’aime ? Ne t’en réjouis pas.
Crois-tu qu’elle ne t’aime pas ? — Ne sois pas triste.
Inconnaissable, incertain comme le chemin
Des poissons dans l’eau, les femmes le prouvent.
[ p. 160 ]
[301] Tels furent les enseignements du Bodhisatta à son élève, qui, dès lors, ne prêta plus attention aux caprices de sa femme. Apprenant que sa mauvaise conduite était parvenue aux oreilles du Bodhisatta, elle cessa dès lors ses méchancetés.
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De même, la femme de ce frère lai se dit : « Le Bouddha Parfait lui-même sait, me dit-on, ma mauvaise conduite », et dès lors elle ne pécha plus.
Sa leçon terminée, le Maître prêcha les Vérités, à la fin desquelles le frère convers gagna le Fruit du Premier Sentier. Puis le Maître démontra le lien et identifia la Naissance en disant : « Ce mari et cette femme étaient aussi le mari et la femme de cette époque, et moi-même, le maître. »