« L’homme sur lequel ton esprit repose. » — Cette histoire fut racontée par le Maître, alors qu’il était à Añjanavana, à propos d’un certain brahmane. La tradition raconte que lorsque le Bienheureux entra avec ses disciples dans la ville de Sāketa, un vieux brahmane de l’endroit, qui sortait, le rencontra à la porte. Tombant aux pieds du Bouddha et le serrant par les chevilles, le vieil homme s’écria : « Mon fils, n’est-il pas du devoir des enfants de chérir la vieillesse de leurs parents ? [309] Pourquoi ne nous as-tu pas laissé te voir pendant tout ce temps ? Enfin, je t’ai vu ; viens, que ta mère te voie aussi. » Ce disant, il emmena le Maître avec lui chez lui ; là, le Maître s’assit sur le siège préparé pour lui, entouré de ses disciples. Puis vint la femme du brahmane, qui tomba elle aussi aux pieds du Bienheureux en s’écriant : « Mon fils, où étais-tu tout ce temps ? N’est-il pas du devoir des enfants de réconforter leurs parents dans leur vieillesse ? » Elle annonça alors à ses fils et à ses filles que leur frère était arrivé et les fit saluer le Bouddha. Dans leur joie, les deux vieux époux firent preuve d’une grande hospitalité envers leurs invités. Après son repas, le Maître récita aux vieillards le Sutta concernant la vieillesse [^121] ; et, lorsqu’il eut terminé, mari et femme obtinrent tous deux la réalisation du Second Chemin. Puis, se levant de son siège, le Maître retourna auprès d’Añjanavana.
Réunis dans la Salle de la Vérité, les Frères se mirent à discuter de cette affaire. On affirma que le brahmane devait bien savoir que Suddhodana était le père et Mahāmāyā la mère du Bouddha ; pourtant, lui et sa femme avaient revendiqué le Bouddha comme leur propre fils, et ce avec l’assentiment du Maître. Que pouvait bien vouloir dire tout cela ? Entendant leur conversation, le Maître dit : « Frères, ces deux vieux ont eu raison de me revendiquer comme leur fils. » Et, ce disant, il raconta cette histoire du passé.
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Frères, autrefois, ce brahmane fut mon père à cinq cents reprises, mon oncle à autant reprises, et mon grand-père à cinq cents reprises. Et [ p. 167 ] à cinq cents reprises, sa femme fut respectivement ma mère, ma tante et ma grand-mère. J’ai donc été élevé à cinq cents reprises par ce brahmane, et à cinq cents reprises par sa femme.
Et après avoir parlé de ces 3000 naissances, le Maître, en tant que Bouddha, récita cette strophe :
L’homme sur lequel ton esprit repose, avec qui ton cœur
Il est content au premier regard, place ta confiance en lui.
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[310] Sa leçon terminée, le Maître montra le lien et identifia la Naissance en disant : « Ce brahmane et sa femme étaient le mari et la femme dans toutes ces existences, et moi l’enfant. »
[Note. Voir aussi n° 237.]