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« Maintenant brûlé. » — Cette histoire, le Maître la raconta alors qu’il était à Pāṭikārāma près de Vesāli, à propos de Sunakkhatta.
Car à cette époque, Sunakkhatta, devenu adepte du Maître, voyageait à travers le pays en tant que Frère, portant bol et robes, lorsqu’il fut perverti par les préceptes de Kora le Kshatriya [^152]. Il rendit donc au Bouddha béni son bol et ses robes, et retourna à la vie laïque en raison de Kora le Kshatriya, à peu près au moment où ce dernier était né de nouveau comme descendant de l’Asura Kālakañjaka. Il parcourut alors les trois murs de Vesāli, diffamant le Maître en affirmant que le sage Gotama n’avait rien de surhumain, lui qui ne se distinguait pas des autres hommes par la prédication d’une foi salvatrice ; que le sage Gotama avait simplement élaboré un système issu de sa propre réflexion et de ses propres études ; et que l’idéal pour la réalisation duquel sa doctrine était prêchée ne conduisait pas à la destruction du chagrin chez ceux qui le suivaient [1].
Or, le révérend Sāriputta était en tournée pour demander l’aumône lorsqu’il entendit les blasphèmes de Sunakkhatta ; et à son retour, il en fit part au Bienheureux. Le Maître dit : « Sunakkhatta est un homme impétueux, Sāriputta, et il prononce des paroles vaines. Son impétuosité l’a conduit à parler ainsi et à nier la grâce salvatrice de ma doctrine. Sans le savoir, cet insensé me porte aux nues ; je dis involontairement, car il n’a aucune connaissance de mon efficacité. En moi, Sāriputta, résident les Six Connaissances, et en elles je suis plus qu’humain ; les Dix Pouvoirs sont en moi, et les Quatre Bases de Confiance. Je connais les limites des quatre types d’existence terrestre et les cinq états de renaissance possible après la mort terrestre. Cela aussi est une qualité surhumaine en moi ; et celui qui le nie doit se rétracter, changer de croyance et renoncer à son hérésie, sinon il sera sans cérémonie jeté en enfer. » Ayant ainsi magnifié la nature et le pouvoir surhumains qui existaient en lui, le Maître poursuivit en disant : « Sunakkhatta, j’ai entendu dire, Sāriputta, prenait plaisir aux mortifications malavisées de l’ascétisme de Kora le Kshatriya ; et c’est pourquoi il ne pouvait prendre aucun plaisir en moi. Il y a quatre-vingt-onze éons, j’ai vécu la vie supérieure sous ses quatre formes [2], examinant cette fausse ascétisme pour découvrir si la vérité y résidait. J’étais un ascète, le chef des ascètes ; épuisé et émacié j’étais, au-dessus de tous les autres ; j’avais une aversion pour le confort, une aversion surpassant celle de tous les autres ; je vivais à l’écart, et ma passion pour la solitude était inaccessible. » Puis, à la demande de l’Ancien, il raconta cette histoire du passé.
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Il y a quatre-vingt-onze éons, le Bodhisatta entreprit d’examiner le faux ascétisme. Il devint donc un reclus, selon les Ascètes Nus (Ājīvikas), nu et couvert de poussière, solitaire et solitaire, fuyant comme un cerf la face des hommes ; sa nourriture se composait de poisson, de bouse de vache et d’autres déchets ; et, afin que sa veille ne soit pas troublée, il s’installa dans un fourré effrayant de la jungle. Pendant les neiges de l’hiver, il sortait la nuit de ce fourré abrité pour gagner l’air libre, retournant à son fourré au lever du soleil ; et, comme il était mouillé par les neiges battantes la nuit, de même, le jour, il était trempé par la bruine tombant des branches du fourré. Ainsi, jour et nuit, il supportait le froid extrême. En été, il passait la journée à la belle étoile, et la nuit dans la forêt, brûlé par le soleil ardent le jour, et la nuit, ventilé par une brise impassible, si bien que la sueur ruisselait sur lui. Et alors se présenta à son esprit cette strophe, nouvelle et jamais prononcée auparavant :
Tantôt brûlé, tantôt gelé, seul dans les bois solitaires,
À côté d’aucun feu, mais tout feu à l’intérieur,
Nu, l’ermite lutte pour la Vérité.
[391] Mais lorsque, après une vie passée dans les rigueurs de cette ascèse, la vision de l’enfer se dressa devant le Bodhisatta alors qu’il était mourant, il réalisa l’inutilité de toutes ses austérités et, à ce moment suprême, il rompit avec ses illusions, s’empara de la vraie vérité et renaît au Ciel des Dévas.
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Sa leçon terminée, le Maître identifia la Naissance en disant : « J’étais l’ascète nu de ces jours-là. »
[Note. Pour « l’histoire du passé » ? cf. Cariyā Piṭaka, p. 102. Pour l’histoire introductive, voir le Sutta n° 12 du Majjhima Nikāya.]