« Voir Mort Rapide » — Cette histoire fut racontée par le Maître à Jetavana, à propos d’un Frère qui pensait que la chance dépendait des noms. Car nous apprenons qu’un jeune homme de bonne famille, nommé « Base », avait donné son cœur à la Foi et avait rejoint la Confrérie. [402] Les Frères l’appelaient : « Ici, Frère Base ! » et « Reste, Frère Base ! » jusqu’à ce qu’il décide que, « Base » évoquant la méchanceté et la malchance incarnées, il changerait son nom pour un nom de meilleur augure. Il demanda donc à ses professeurs et précepteurs de lui donner un nouveau nom. Mais ils répondirent qu’un nom ne servait qu’à désigner et n’imputait pas de qualités ; et ils lui dirent de se contenter de celui qu’il portait. Il renouvela sa requête à maintes reprises, jusqu’à ce que toute la Confrérie comprenne l’importance qu’il attachait à un simple nom. Et tandis qu’ils discutaient de la question dans la Salle de la Vérité, le Maître entra et leur demanda de quoi ils parlaient. On lui dit : « Ce n’est pas la première fois que ce frère croit que la chance s’inspire des noms ; il était tout aussi insatisfait du nom qu’il portait autrefois. » En disant cela, il raconta cette histoire du passé.
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Il était une fois un Bodhisatta, un maître de renommée mondiale à Takkasilā, et cinq cents jeunes brahmanes apprenaient les Védas de sa bouche. L’un d’eux s’appelait Base. À force d’entendre ses compagnons dire « Va, Base » et « Viens, Base », il désirait ardemment se débarrasser de son nom et en choisir un autre qui sonne moins mal. Il alla donc trouver son maître et lui demanda un nouveau nom respectable. Son maître lui dit : « Va, mon fils, et parcours le pays jusqu’à ce que tu trouves un nom qui te plaise. Puis reviens et je te le changerai. »
Le jeune homme fit ce qu’on lui avait demandé et, prenant des provisions pour le voyage, erra de village en village jusqu’à ce qu’il atteigne une certaine ville. Là, un homme nommé Quick était mort, et le jeune brahmane, le voyant porté au cimetière, lui demanda son nom.
« Quick », fut la réponse. « Quoi, Quick est mort ? » « Oui, Quick est mort ; Quick et Dead meurent tous les deux de la même façon. Un nom ne sert qu’à marquer qui est qui. Tu as l’air d’un idiot. »
En entendant cela, il se dirigea vers la ville, ne se sentant ni satisfait ni mécontent de son propre nom.
Or, une esclave avait été jetée à terre devant la porte d’une maison, tandis que son maître et sa maîtresse la battaient avec des cordes parce qu’elle n’avait pas rapporté son salaire. La jeune fille s’appelait Rich. [403] Voyant la jeune fille se faire battre, il marchait dans la rue et demanda la raison de ce comportement. On lui répondit que c’était parce qu’elle n’avait pas de salaire à présenter.
« Et comment s’appelle la fille ? »
« Riche », dirent-ils. « Et Riche ne peut-il pas payer une misérable journée de paie ? » « Qu’on l’appelle Riche ou Pauvre, l’argent ne vient plus. Un nom ne sert qu’à marquer qui est qui. Tu as l’air d’un imbécile. »
Plus réconcilié avec son nom, le jeune brahmane quitta la ville et rencontra sur la route un homme égaré. Apprenant qu’il s’était égaré, le jeune homme lui demanda son nom. « Guide », répondit-il. « Et Guide s’est-il égaré ? » « Guide ou Égaré, on peut s’égarer de la même manière. Un nom ne sert qu’à distinguer qui est qui. Tu as l’air d’un imbécile. »
Désormais tout à fait réconcilié avec son nom, le jeune brahmane revint auprès de son maître.
« Eh bien, quel nom as-tu choisi ? » demanda le Bodhisatta. « Maître », dit-il, « je constate que la mort touche aussi bien les « Vifs » que les « Morts », que les « Riches » et les « Pauvres » peuvent être pauvres ensemble, et que les « Guides » et les « Égarés » s’égarent tous deux. Je sais maintenant qu’un nom ne sert qu’à identifier qui est qui et ne régit pas le destin de son propriétaire. Je suis donc satisfait de mon propre nom et ne veux pas le changer pour un autre. »
Alors le Bodhisatta prononça cette strophe, combinant ce que le jeune brahmane avait fait avec les images qu’il avait vues :
Voir les morts rapides, les guides perdus, les riches pauvres,
Base de contenu apprise et plus de voyage.
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Son histoire racontée, le Maître dit : « Vous voyez donc, Frères, qu’autrefois comme aujourd’hui, ce Frère imaginait qu’il y avait beaucoup dans un nom. » Et il identifia la Naissance en disant : « Ce Frère mécontent de son nom était le jeune brahmane mécontent de cette époque ; les disciples du Bouddha étaient leurs élèves ; et moi-même leur maître. »