« Quel est ce fruit en forme d’œuf ? » etc. — Cette histoire fut racontée par le Maître alors qu’il résidait à Jetavana, à propos de la reine Mallikā. Un jour, dit-on, une dispute éclata à la cour entre elle et le roi. [^10] Le roi fut si furieux qu’il
. [ p. 14 ] ignora son existence. Mallikā pensa : « Le Maître, j’imagine, ignore à quel point le roi est en colère contre moi. » Mais le Maître savait tout et résolut de faire la paix entre eux. Tôt le matin, il enfila son vêtement intérieur, prit son bol et ses robes et entra dans Sāvatthi avec une suite de cinq cents frères et se rendit à la porte du palais. Le roi lui prit son bol, le fit entrer dans la maison et, le plaçant sur le siège préparé pour lui, versa l’Eau de Donation sur les mains de la Confrérie, Bouddha à leur tête, et leur apporta du riz et des gâteaux à manger. Mais le Maître couvrit son bol de sa main et dit : « Sire, où est la reine ? »
« Qu’avez-vous à faire avec elle, Révérend Monsieur ? » répondit-il. « Elle a la tête qui tourne, elle est enivrée par l’honneur dont elle jouit. »
« Sire, dit-il, après que vous avez vous-même accordé cet honneur à cette femme, vous avez tort de vous en débarrasser maintenant et de ne pas supporter l’offense qu’elle a commise envers vous. »
Le roi écouta les paroles du Maître et envoya chercher la reine.
[21] Et elle servit le Maître. « Vous devriez », dit-il, « vivre ensemble en paix », et, chantant les louanges des douceurs de la concorde, il s’en alla. Et depuis ce jour, ils vécurent heureux ensemble.
Les Frères engagèrent une discussion dans la Salle de la Vérité, expliquant comment le Maître avait réconcilié le roi et la reine par un seul mot. Le Maître, à son arrivée, demanda de quoi les Frères discutaient et, s’en étant informé, dit : « Non seulement maintenant, Frères, mais autrefois aussi, je les ai réconciliés par un seul mot d’avertissement. » Et il raconta une vieille histoire.
Il était une fois, lorsque Brahmadatta était roi à Bénarès, le Bodhisatta était son ministre et son conseiller temporel et spirituel.
Un jour, le roi se tenait à une fenêtre ouverte, regardant la cour du palais. À cet instant précis, la fille d’un fruitier, une belle jeune fille dans la fleur de l’âge, se tenait là, un panier de jujubes sur la tête, et criait : « Jujubes, jujubes mûrs, qui achètera mes jujubes ? » Mais elle n’osa pas pénétrer dans la cour royale. [1]
Dès qu’il entendit sa voix, le roi tomba amoureux d’elle. Apprenant qu’elle était célibataire, il la fit venir, l’éleva au rang de reine suprême et lui accorda de grands honneurs. Elle était désormais chère et agréable aux yeux du roi. Un jour, le roi mangeait des jujubes dans un plat d’or. La reine Sujātā, voyant le roi manger des jujubes, lui demanda : « Mon seigneur, que manges-tu donc ? » Et elle prononça la première strophe :
Quel est ce fruit en forme d’œuf, mon seigneur, si joli et si rouge de teinte,
Dans un plat en or placé devant toi ? Dis-moi, s’il te plaît, où ils ont poussé.
Le roi se mit en colère et dit : « Ô fille d’un marchand de légumes, marchand de jujubes mûres, ne reconnais-tu pas les jujubes, le fruit spécial de ta propre famille ? » Et il répéta deux strophes :
[22]
Tête nue et vêtue modestement, ma reine, tu n’as jamais éprouvé de honte,
Pour remplir ton giron de fruits de jujube, et maintenant tu demandes son nom ;
Tu es rongée par l’orgueil, ma reine, tu ne trouves aucun plaisir dans la vie,
Va-t’en et cueille à nouveau tes jujubes. Tu ne seras plus ma femme.
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Le Bodhisatta pensa alors : « Personne, sauf moi, ne pourra réconcilier ce couple. J’apaiserai la colère du roi et l’empêcherai de la mettre à la porte. » Puis il répéta la quatrième strophe :
Voici les péchés d’une femme, mon seigneur, promue à un rang élevé :
Pardonne-lui et cesse ta colère, ô roi, car c’est toi qui l’as rendue grande.
Le roi, sur parole, supporta l’offense de la reine et la rétablit dans son ancien rang. Dès lors, ils vécurent en harmonie.
Le Maître, sa leçon terminée, identifia la Naissance : « À cette époque, le roi du Kosala était roi de Bénarès, Mallikā était Sujātā et j’étais moi-même le Ministre. »
[^10] : 13:2 Pasenadi, roi de Kinsala
14:1 Lecture rājaṅgaṇe na gacchati. Avec le texte de Fausbøll rājaṅgaṇena, il doit s’agir de « Elle passa par la cour. » ↩︎