[23] « Mais, brahmane, » etc.—Le Maître, lorsqu’il fut étendu sur le lit de la mort, raconta cette histoire de l’Ancien Ananda.
Le vénérable homme, sachant que le Maître allait mourir cette nuit même, au crépuscule, se dit : « Je suis encore sous discipline et j’ai des devoirs à accomplir, et mon Maître va certainement mourir, et alors les services que je lui ai rendus pendant vingt-cinq ans seront vains. » Alors, accablé de chagrin, il s’appuya sur la tête de singe qui formait le verrou du cellier du jardin et fondit en larmes.
Et le Maître, s’apercevant qu’Ananda lui manquait, demanda aux Frères où il était. Apprenant ce qui se passait, il le fit appeler et s’adressa à lui en ces termes : « Ananda, tu as accumulé un grand nombre de mérites. Continue à lutter avec ferveur et tu seras bientôt libéré des passions humaines. Ne t’afflige pas. Pourquoi le service que tu m’as rendu serait-il maintenant vain, puisque tes services antérieurs, à l’époque de tes péchés, n’ont pas été sans récompense ? » Puis il raconta une légende du passé.
Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta prit vie sous la forme d’un esprit de l’arbre de Judée. À cette époque, tous les habitants de Bénarès se consacraient au culte de ces divinités et se livraient constamment à des offrandes religieuses et autres pratiques similaires.
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Un pauvre brahmane pensa : « Moi aussi, je veillerai sur une divinité. » Il trouva donc un grand arbre de Judée poussant sur une hauteur. En le parsemant de gravier et en balayant tout autour, il garda ses racines lisses et exemptes d’herbe. Puis il lui offrit une couronne parfumée de cinq branches et alluma une lampe, fit une offrande de fleurs, de parfum et d’encens. Après une salutation respectueuse, il dit : « Que la paix soit avec toi ! » et s’en alla. Le lendemain, il arriva de bonne heure et s’enquit de son bien-être. Un jour, l’esprit de l’arbre pensa : « Ce brahmane est très attentionné envers moi. Je vais le mettre à l’épreuve pour découvrir pourquoi il me vénère ainsi et lui accorder son désir. » Alors, lorsque le brahmane arriva et balaya la racine de l’arbre, l’esprit se tint près de lui, déguisé en vieux brahmane, et répéta la première strophe :
[24]
Pourquoi, brahmane, bien que toi-même tu sois doté de raison,
As-tu parlé à cet arbre terne et insensé ?
Ta prière est vaine, ton salut bienveillant est vain,
De ce bois morne tu n’obtiendras aucune réponse.
En entendant cela, le brahmane répondit dans une seconde strophe :
Depuis longtemps, à cet endroit se dresse un arbre célèbre,
Rencontrez le lieu de résidence des esprits du bois ;
C’est avec une profonde crainte que je vénère de tels êtres,
Ils gardent, je pense, un trésor sacré ici.
En entendant ces mots, l’esprit de l’arbre fut si satisfait du brahmane qu’il dit : « Ô brahmane, je suis né comme la divinité de cet arbre. N’aie pas peur. Je t’accorderai ce trésor. » Et pour le rassurer, par une grande manifestation de puissance divine, il se tint suspendu dans les airs à l’entrée de sa demeure céleste, tandis qu’il récitait deux autres strophes :
Ô brahmane, j’ai remarqué ton acte d’amour ;
Une action pieuse ne peut jamais s’avérer vaine.
Voici ! là où ce figuier jette son ombre généreuse,
Les sacrifices et les dons dus autrefois ont été payés.
Sous cette figue se trouve un trésor enfoui,
Déterrez l’or et réclamez-le comme votre prix.
[25] L’esprit ajouta ensuite ces mots : « Ô brahmane, tu serais fatigué de déterrer le trésor et de l’emporter. Va donc, je te l’apporterai chez toi et le déposerai à tel endroit. Profite-en toute ta vie, fais l’aumône et observe la loi morale. » Après avoir ainsi averti le brahmane, l’esprit de l’arbre, par un exercice de pouvoir divin, transporta le trésor dans sa maison.
Le Maître mit ici fin à sa leçon et identifia la Naissance : « À cette époque, Ananda était le Brahmane, et j’étais moi-même l’Esprit de l’Arbre. »
15:1 Voir R. Morris, Folklore Journal, iii. 355. ↩︎