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« Odeurs parfumées », etc. — Cette histoire fut racontée par le Maître, alors qu’il résidait à Jetavana, à propos d’un Frère qui regrettait d’avoir accepté les ordres. À cette occasion, le Maître demanda au Frère s’il était vrai qu’il était mécontent, et sur sa réponse : « Oui, Saint Seigneur », il lui en demanda la raison. Le Frère répondit : « À cause d’une passion coupable. » Le Maître dit : « On ne peut protéger une femme. Il n’y a aucun moyen de la protéger. Les sages d’autrefois placèrent une femme au milieu de l’océan dans un palais au bord du lac Simbalī [1], mais ne réussirent pas à préserver son honneur. » Puis il raconta une histoire d’autrefois.
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Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta naquit comme fils du roi et de sa reine consort. Devenu adulte, il régna à la mort de son père. Kākāti était sa reine principale, aussi belle qu’une Apsara. [91] L’ancienne forme de la légende est intégralement exposée dans la Naissance de Kunāḷa. [2] En voici un bref résumé.
À cette époque, un certain roi Garuḍa arriva déguisé en homme et joua aux dés avec le roi de Bénarès. Tombant amoureux de la reine Kākāti, il l’emmena avec lui à la demeure des Garuḍas et vécut heureux avec elle. Le roi, la regrettant, demanda à son musicien Naṭakuvera de partir à sa recherche. Il trouva le roi Garuḍa étendu sur un lit d’herbe eraka au bord d’un lac. Au moment où le Garuḍa s’apprêtait à quitter les lieux, il s’assit au milieu du plumage de l’oiseau royal [3] et fut ainsi transporté à la demeure des Garuḍas. Là, il bénéficia des faveurs de la dame et, s’asseyant de nouveau sur l’aile de l’oiseau, il retourna chez lui. Et quand le moment vint pour le Garuda de jouer aux dés avec le roi, le ménestrel prit son luth et, s’approchant de l’échiquier, se tint devant le roi et, sous la forme d’un chant, prononça la première strophe :
Des odeurs parfumées jouent autour de moi
Souffle de l’amour de la belle Kākāti,
Depuis sa lointaine maison, transmettant
Les pensées émeuvent mon âme la plus profonde.
En entendant cela, le Garuḍa répondit dans une deuxième strophe :
Défiant la mer et le ruisseau Kebuk
Es-tu arrivé sur mon île natale ?
Volant au-dessus de sept océans
Es-tu venu au bosquet de Simbal ?
[92] Naṭakuvera, en entendant cela, prononça la troisième strophe :
C’était à travers toi que tout l’espace défiait
Je suis né au bosquet de Simbal,
Et sur les mers et les rivières volant
C’est grâce à toi que j’ai trouvé mon amour.
Alors le roi Garuḍa répondit dans la quatrième strophe :
Dehors, sur la stupide bévue,
Quel idiot j’ai été !
Il vaut mieux garder les amants séparés,
Voilà ! J’ai servi d’intermédiaire.
Alors le Garuda ramena la reine et la rendit au roi de Bénarès, et n’y revint plus.
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Le Maître, sa leçon terminée, révéla les Vérités et identifia la Naissance : — À la conclusion des Vérités, le Frère mécontent atteignit la réalisation du Premier Sentier : — « À ce moment-là, le Frère mécontent était Naṭakuvera, et j’étais moi-même le roi. »
[^36] : 60 : 1 Comparer le n° 360 infra.