« Hélas ! nous t’avons offert », etc. — Le Maître raconta cette histoire alors qu’il vivait à Jetavana, à propos d’un certain Frère. Il arriva, disait-on, de la campagne à Jetavana, et, après avoir rangé son bol et sa robe, il salua le Maître et s’enquit auprès des jeunes novices : « Messieurs, qui s’occupe des Frères étrangers qui viennent à Sāvatthi ? » [119] « Le Trésorier Anāthapiṇḍika », dirent-ils, « et la grande et sainte sœur laise Visākhā veillent sur l’ordre des Frères et leur tiennent lieu de père et de mère. » « Très bien », [ p. 79 ] dit-il, et le lendemain, de bonne heure, avant qu’un seul frère soit entré dans la maison, il se présenta à la porte d’Anāthapiṇḍika. Étant arrivé à une heure indue, il n’y avait personne pour s’occuper de lui. Sans rien obtenir, il se rendit à la porte de Visākhā. Là aussi, arrivé trop tôt, il n’obtint rien. Après avoir erré de-ci de-là, il revint et, constatant que le gruau de riz était terminé, il s’en alla. Il erra de nouveau de-ci de-là, et à son retour, constatant que le riz était terminé, il retourna au monastère et dit : « Les frères ici parlent de ces deux familles comme de croyants fidèles, mais en réalité, elles sont toutes deux sans foi et incroyantes. » C’est ainsi qu’il s’en prit à ces familles. Un jour, ils entamèrent une discussion dans la Salle de la Vérité : un certain Frère de la campagne s’était présenté trop tôt à la porte de certaines maisons et, faute d’aumônes, s’était mis à les injurier. Lorsque le Maître vint demander quel était le sujet de discussion des frères, il appela le Frère et lui demanda si c’était vrai. Lorsque le Frère dit : « Oui, Votre Révérence, c’est vrai », le Maître demanda : « Pourquoi es-tu en colère, Frère ? Autrefois, avant l’avènement du Bouddha, même les ascètes, lorsqu’ils visitaient une maison et ne recevaient pas d’aumône, ne manifestaient aucune colère. » Et il raconta une histoire d’autrefois.
Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta naquit dans une famille de brahmanes. À sa majorité, il étudia tous les arts à Takkasilā, puis adopta la vie religieuse d’un ascète. Après un long séjour dans l’Himalaya, il se rendit à Bénarès pour se procurer du sel et du vinaigre. S’installant dans un jardin, il entra le lendemain en ville pour faire l’aumône. Il y avait alors à Bénarès un marchand, un fervent croyant. Le Bodhisatta demanda quelle était la famille du marchand et, entendant parler de sa famille, il se rendit à sa porte. À ce moment-là, le marchand était allé présenter ses respects au roi, et aucun de ses gens ne le vit. Il fit donc demi-tour et s’en alla.
Alors le marchand qui revenait du palais le vit, le salua, prit son bol d’aumônes et le conduisit chez lui. Là, il lui offrit un siège et le réconforta en lui lavant et en lui oignant les pieds, en lui offrant du riz, des gâteaux et d’autres mets. Au cours de son repas, il lui demanda une chose et une autre. Après avoir fini de manger, il le salua et, s’asseyant respectueusement à l’écart, il dit : « Révérend, les étrangers qui sont venus à notre porte, qu’ils soient mendiants, saints prêtres ou brahmanes, ne sont jamais repartis sans avoir reçu des marques d’honneur et de respect. Mais aujourd’hui, faute d’avoir été vu par nos serviteurs, vous êtes parti sans qu’on vous offre un siège, ni de l’eau à boire, sans qu’on vous ait lavé les pieds, ni du riz et du gruau à manger. C’est notre faute. Vous devez nous pardonner. » Et sur ces mots, il prononça la première strophe :
Hélas ! nous ne t’avons pas offert de siège,
Pas d’eau apportée, ni rien à manger :
Nous confessons ici notre péché,
Et pardonnez humblement, Saint Seigneur, implorez-moi.
[ p. 80 ]
Le Bodhisatta, entendant cela, répéta la deuxième strophe :
Je n’ai rien à excuser,
Je ne ressens aucune colère,
La pensée que je possède juste une fois
Dans mon esprit, j’ai volé,
« Les habitudes des gens ici
Ils sont juste un peu bizarres.
Le marchand, entendant cela, répondit en deux strophes supplémentaires :
La coutume de notre famille, c’était si
Reçu par nous depuis des siècles,
C’est fournir un siège à l’étranger,
Pourvois à ses besoins, apporte de l’eau à ses pieds
Et chaque invité doit être traité comme un parent cher.
[121] Et le Bodhisatta, après avoir séjourné là quelques jours et enseigné au marchand de Bénarès son devoir, retourna directement dans l’Himalaya, où il développa toutes les Facultés et toutes les Réalisations.
Le Maître, ayant terminé sa leçon, révéla les Vérités et identifia la Naissance : — À la conclusion des Vérités, le Frère atteignit la réalisation du Premier Sentier : — « À cette époque, Ananda était le marchand de Bénarès, et j’étais moi-même l’ascète. »