« Si une flamme balayait », etc. — Cette histoire fut racontée par le Maître de Jetavana, à propos d’un Frère paresseux. Il était, disait-on, de naissance noble et vivait à Sāvatthi. Après avoir accepté avec enthousiasme la doctrine et être entré dans les ordres, il devint paresseux. Quant à la répétition de la Loi, à la catéchèse, à la dévotion éclairée et aux devoirs sacerdotaux, il ne s’y consacrait pas pleinement, accablé par ses péchés persistants, et on le trouvait toujours dans les lieux publics. Les Frères discutèrent de sa paresse dans la Salle de la Vérité, disant : « Un tel homme, Messieurs, après avoir été ordonné avec une foi si excellente qui mène au salut, est continuellement paresseux et indolent, accablé par ses péchés persistants. » [140] Lorsque le Maître vint demander ce pour quoi les Frères étaient assemblés, lorsqu’on lui dit ce que c’était, il dit : « Non seulement maintenant, Frères, mais autrefois aussi il était paresseux. » Et en disant cela, il raconta une histoire du vieux monde.
Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta devint son précieux ministre. Le roi de Bénarès était d’un naturel paresseux, et le Bodhisatta cherchait un moyen de réveiller le roi. Un jour, le roi se rendit dans son jardin, accompagné de son ministre, et, errant, il aperçut une tortue paresseuse. On dit que ces créatures paresseuses, bien qu’elles soient en mouvement toute la journée, ne se déplacent que d’un ou deux centimètres.
[ p. 93 ]
Le roi, en le voyant, demanda : « Ami, quel est son nom ? »
Le Bodhisatta répondit : « Cette créature s’appelle une tortue, grand roi ; elle est si paresseuse que, bien qu’elle soit en mouvement toute la journée, elle ne se déplace que d’un ou deux centimètres. » Et s’adressant à elle, il dit : « Oh ! Seigneur Tortue, votre mouvement est lent. Supposons qu’un incendie éclate dans la forêt, que feriez-vous ? » Et il prononça la première strophe :
Si une flamme parcourt le bosquet,
Laissant derrière lui un chemin noirci,
Comment, Sir Waddler, lent à se déplacer,
Quel moyen de sécurité pourrais-tu trouver ?
La tortue, en entendant cela, répéta la deuxième strophe :
Les trous abondent de tous côtés,
Il y a des fentes dans chaque arbre,
Ici, un refuge sera trouvé
Ou ce sera notre fin.
[141] En entendant cela, le Bodhisatta prononça deux strophes :
Celui qui se dépêche quand il devrait se reposer,
Et tarde longtemps quand la vitesse maximale est la meilleure,
Détruit le tissu mince de son bien,
Comme une feuille fanée écrasée sous le talon.
Mais ceux qui attendent à temps et ne se hâtent pas trop tôt,
Accomplir leur objectif, comme son orbe la lune.
Le roi, entendant les paroles du Bodhisatta, ne fut plus désormais indolent.
Le Maître, ayant terminé sa leçon, identifia la Naissance : « À cette époque, le Frère paresseux était la tortue, et moi-même j’étais le sage conseiller. »