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[200] « Poison comme le miel », etc. — Cette histoire fut racontée par le Maître, alors qu’il résidait à Jetavana, à propos d’un Frère qui regrettait d’avoir accepté les ordres. Le Maître lui demanda s’il était vrai qu’il le regrettait. « C’est vrai, Saint Seigneur », dit-il. « Qu’as-tu vu qui puisse provoquer ce sentiment ? » demanda le Maître. Lorsque le Frère répondit : « C’était dû aux charmes d’une femme », le Maître dit : « Ces cinq qualités du désir sont comme le miel aspergé d’un poison mortel et abandonné sur la route par un certain Gumbika. » Et là-dessus, à la demande du Frère, il raconta une histoire du passé.
Il était une fois, sous le règne de Brahmadatta, roi de Bénarès, le Bodhisatta naquit dans la maison d’un marchand. Devenu adulte, il quitta Bénarès avec cinq cents charrettes chargées de marchandises pour le commerce. Arrivé sur la grande route, à l’entrée d’une forêt, il rassembla tous les membres de sa caravane et dit : « Voyez ! Sur cette route, il y a des feuilles, des fleurs, des fruits et autres choses toxiques. En mangeant, veillez à ne rien prendre d’étrange sans m’en avoir d’abord parlé : car des démons déposent sur la route des paniers de riz frais et de divers fruits sauvages sucrés, et les aspergent de poison. Veillez à ne pas en manger sans mon consentement. » Après avoir lancé cet avertissement, il poursuivit son voyage.
Alors un certain Yakkha, nommé Gumbiya, répandit des feuilles au milieu de la forêt, y laissa tomber quelques morceaux de miel et les enduisit d’un poison mortel. Il erra ensuite sur la route, feignant de tapoter les arbres, comme s’il cherchait du miel. Dans leur ignorance, les hommes pensèrent : « Ce miel a dû être laissé ici par acte méritoire », et en le mangeant, ils trouvèrent la mort. Les démons vinrent dévorer leur chair. Les hommes de la caravane du Bodhisatta, certains naturellement gourmands, ne purent se retenir à la vue de ces friandises et en mangèrent. Mais les plus sages dirent : « Nous consulterons le Bodhisatta avant de manger », et se tinrent là, le tenant dans leurs mains. Voyant ce qu’ils avaient dans les mains, il le leur fit jeter. Et ceux qui l’avaient déjà mangé en entier moururent. Mais à ceux qui n’en avaient mangé que la moitié, il administra un émétique, et après qu’ils eurent vomi, il leur donna les quatre douceurs, et ainsi, par son pouvoir surnaturel, ils guérirent. Le Bodhisatta [ p. 133 ] arriva sain et sauf à l’endroit qu’il souhaitait atteindre, et après avoir disposé de ses marchandises, il retourna chez lui.
Un poison semblable au miel par son apparence, son goût et son odeur,
A été posé par Gumbiya avec intention de tomber :
Tous ceux qui ont mangé la nourriture nocive comme du miel,
À cause de leur propre cupidité, ils ont péri dans la forêt.
Mais ceux qui sagement s’abstiennent de l’appât,
Nous étions libérés de la torture et en paix.
Ainsi la convoitise, comme un appât empoisonné, est posée sur l’homme ;
Le désir de son cœur a souvent été trahi jusqu’à la mort.
Mais qui, bien que fragile, renonce aux péchés qui l’entourent,
Échappez aux liens de la souffrance et du malheur.
Le Maître, après avoir délivré ces versets inspirés par la Sagesse Parfaite, révéla les Vérités et identifia la Naissance : — [202] À la conclusion des Vérités, le Frère rétrograde atteignit le fruit du Premier Sentier : — « À cette époque, j’étais moi-même ce marchand. »
132:1 Comparer n° 85, vol. i. ↩︎