« Je me sens très bien », etc. — Le Maître, alors qu’il résidait à Jetavana, raconta cette histoire concernant un Frère avide. Cette histoire de Frère avide a déjà été racontée en détail de diverses manières. Dans ce cas, le Maître lui demanda s’il était avide et, lorsqu’il lui avoua que c’était le cas, il dit : « Non seulement maintenant, mais aussi autrefois, Frère, tu étais avide, et c’est à cause de l’avidité que tu es mort. » Et il raconta ensuite une histoire du passé.
[225] Il était une fois, sous le règne de Brahmadatta, roi de Bénarès, le Bodhisatta, qui prit vie sous la forme d’un jeune pigeon et vécut dans une cage en osier, dans la cuisine d’un riche marchand de Bénarès. Or, un corbeau, avide de poisson et de chair, se lia d’amitié avec ce pigeon et vécut au même endroit. Un jour, il aperçut une grande quantité de poisson et de viande et pensa : « Je vais manger ça », puis il resta allongé dans la cage, gémissant bruyamment. Et lorsque le pigeon dit : « Viens, mon ami, sortons chercher notre nourriture », il refusa de partir, disant : « Je suis alité à cause d’une indigestion. Vas-y. » Et lorsque le pigeon fut parti, il dit : « Mon ennemi importun est parti. [ p. 149 ] Je vais maintenant manger du poisson et de la viande à ma faim. » Et pensant ainsi, il répéta la première strophe :
Je me sens plutôt bien et à l’aise,
Puisque M. Pigeon est parti.
Mes envies, je vais maintenant les apaiser :
Les herbes et la viande devraient renforcer.
Alors, lorsque le cuisinier qui rôtissait le poisson et la viande sortit de la cuisine en s’essuyant les filets de sueur qui le couvraient, le corbeau sauta hors de son panier et se glissa dans une bassine d’épices. La bassine émit un « clic », et le cuisinier arriva en hâte. S’emparant du corbeau, il lui arracha ses plumes. Il pila du gingembre humide et de la moutarde blanche, le pila avec une datte pourrie, l’enduisit de tout son corps et, frottant le tout avec un tesson, blessa l’oiseau. Puis il attacha le tesson autour de son cou avec une ficelle, le rejeta dans le panier et s’en alla.
Quand le pigeon revint et le vit, il dit : « Qui est cette grue couchée dans le panier de mon ami ? C’est un individu colérique qui viendra tuer cet étranger. » Et, plaisantant ainsi, il prononça la deuxième strophe :
« Enfant des Nuages », [1:1] avec une crête touffue,
Pourquoi as-tu volé le nid de mon pauvre ami ?
Viens ici, Sir Crane. Mon ami le corbeau
Il a un tempérament chaud, tu dois le savoir.
Le corbeau, en entendant cela, prononça la troisième strophe :
Tu peux bien rire d’un tel spectacle,
Car je suis dans une situation lamentable.
Le cuisinier m’a plumé et arrosé
Avec des dattes pourries et des épices.
Le pigeon, se moquant toujours de lui, répéta la quatrième strophe :
Bien baigné et oint, je pense,
Tu es rassasié de nourriture et de boisson.
Ton cou si brillant d’un éclat de joyau,
Es-tu allé, ami, à Bénarès ?
Alors le corbeau répéta la cinquième strophe :
Ne laissez pas mon ami ou mon ennemi le plus acharné
Nous allons visiter Bénarès.
Ils m’ont cueilli à nu et par plaisanterie
J’ai attaché un tesson sur ma poitrine.
[227] Le pigeon entendant cela répéta la strophe finale :
Ces mauvaises habitudes à surmonter
C’est dur avec une telle nature, corbeau.
Les oiseaux doivent être prudents pour éviter
La nourriture qu’ils voient appréciée par l’homme.
[ p. 150 ]
Après l’avoir ainsi réprimandé, le pigeon quitta ce lieu, mais déploya ses ailes et s’envola ailleurs. Mais le corbeau mourut sur-le-champ.
Le Maître termina ici sa leçon et révéla les Vérités et identifia la Naissance : — À la conclusion des Vérités, le Frère avide atteignit la réalisation du Second Sentier : — « À cette époque, le corbeau était le Frère avide, le pigeon était moi-même. »