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[317] « Le sommet est d’une coudée », etc. — Le Maître raconta cela alors qu’il résidait à Jetavana, à propos de l’avertissement d’un roi. L’occasion se présentera lors de la Naissance de Tesakuṇa. [^120]
Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta était son conseiller pour les choses temporelles et spirituelles. Le roi s’était engagé dans la voie du mal, gouvernait son royaume injustement et amassait des richesses en opprimant le peuple. Le Bodhisatta, désireux de le réprimander, cherchait une parabole. Or, la chambre du roi était inachevée et le toit n’était pas encore terminé : les chevrons soutenaient un faîte, mais ils étaient à peine posés. Le roi était allé prendre plaisir dans le parc. Arrivé à sa demeure, il leva les yeux et vit le faîte rond. Craignant qu’il ne s’écroule sur lui, il alla se tenir dehors. Puis, levant les yeux de nouveau, il se demanda : « Comment ce faîte-t-il ainsi ? Et comment sont les chevrons ? » Interrogé par le Bodhisatta, il prononça la première strophe :
[318]
Le sommet mesure une coudée et demie de hauteur,
Huit travées l’entoureront en cercle,
De Simsapa et Sāra construits correctement :
Pourquoi est-il si solide ?
En l’entendant, le Bodhisatta pensa : « J’ai maintenant une parabole pour avertir le roi », et prononça ces stances :
Les trente chevrons courbés, en bois de sāra,
Placez-le de manière égale, entourez-le,
Ils le serrent fermement, car leur prise est bonne :
Tout est en ordre et en bon état.
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Ainsi est l’homme sage, entouré d’amis fidèles,
Par des conseillers constants et purs :
Jamais il ne descend du sommet de la fortune :
Comme les chevrons maintiennent le sommet en toute sécurité.
[319] Pendant que le Bodhisatta parlait, le roi réfléchissait à sa propre conduite : « S’il n’y a pas de sommet, les chevrons ne tiennent pas ; le sommet ne tient pas s’il n’est pas soutenu par les chevrons ; si les chevrons se brisent, le sommet tombe. De même, un mauvais roi, qui ne maintient pas ensemble ses amis et ses ministres, ses armées, ses brahmanes et ses chefs de famille, si ceux-ci se brisent, n’est pas soutenu par eux mais tombe en disgrâce : un roi doit être vertueux. » À cet instant, on lui apporta un cédrat. Le roi dit au Bodhisatta : « Ami, mange ce cédrat. » Le Bodhisatta le prit et dit : « Ô roi, ceux qui ne savent pas le manger le rendent amer ou acide ; mais les sages qui savent enlèvent l’amertume, et sans enlever l’acide ni altérer le goût du cédrat, ils le mangent. » Par cette parabole, il montra au roi comment amasser des richesses et prononça deux strophes :
Le citron amer à la peau rugueuse est à manger,
Si elle reste intacte avec l’acier du sculpteur :
Prends-en seulement la pulpe, ô roi, et elle sera douce :
Vous gâchez la douceur si vous ajoutez le zeste.
De même, l’homme sage sans violence,
Recueille les droits du roi dans le village et dans la ville,
Augmente la richesse, et pourtant ne cause aucune offense :
Il marche dans la voie de la justice et de la renommée.
[320] Le roi, après avoir consulté le Bodhisatta, se rendit à un bassin à lotus et, voyant un lotus en fleur, d’une teinte semblable à celle du soleil naissant, non souillé par l’eau, il dit : « Ami, ce lotus qui a poussé dans l’eau est intact. » Alors le Bodhisatta dit : « Ô roi, ainsi devrait être un roi », et prononça ces stances en guise d’avertissement :
Comme le lotus dans la piscine,
Des racines blanches, des eaux pures, le soutiennent ;
Dans le visage du soleil en pleine floraison,
Ni la poussière, ni la boue, ni l’humidité ne peuvent le tacher.
Ainsi l’homme que gouvernent les vertus,
Doux, pur et bon, nous le nommons :
Comme le lotus dans la piscine
La tache du péché ne peut pas le souiller.
[321] Le roi, entendant l’avertissement du Bodhisatta, gouverna ensuite son royaume avec droiture et accomplissant de bonnes actions, de la charité et le reste, fut destiné au ciel.
Après la leçon, le Maître déclara les Vérités et identifia la Naissance : « À cette époque, le roi était Ananda, le sage ministre moi-même. »
[^122] : 197 : 1 n° 521, vol. v.