[ p. 282 ]
Le Maître et ses disciples s’arrêtèrent à Pava, dans le jardin de Cunda, le forgeron. Cunda vint rendre hommage au Maître et lui dit :
« Monseigneur, faites-moi l’honneur de prendre votre repas chez moi, demain. »
Le Maître accepta. Le lendemain, Cunda fit préparer du porc et d’autres mets pour ses invités. Ils arrivèrent et prirent place. Voyant le porc, le Maître le désigna du doigt et dit :
« Personne d’autre que moi ne pourrait manger ça, Cunda ; tu dois me le garder. Mes disciples partageront les autres délices. »
Après avoir mangé, il dit :
« Enterrez profondément dans le sol ce que j’ai laissé intact ; seul le Bouddha peut manger une telle viande. »
Puis il partit. Les disciples le suivirent.
Ils n’étaient qu’à une courte distance de Pava lorsque le Maître commença à se sentir fatigué et malade. Ananda, affligé, maudit Cunda, le forgeron, pour avoir offert au Maître ce repas fatal.
« Ananda », dit le Maître, « ne sois pas en colère [ p. 283 ] contre Cunda, le forgeron. De grandes récompenses lui sont réservées pour la nourriture qu’il m’a donnée. De tous les repas que j’ai jamais pris, deux méritent particulièrement d’être loués : celui que Sujata et celui que Cunda, le forgeron, m’ont servi. »
Il surmonta sa fatigue et atteignit bientôt les rives de la Kakutstha. La rivière était paisible et pure. Le Maître se baigna dans les eaux limpides. Après le bain, il but, puis se rendit dans une plantation de manguiers. Là, il dit au moine Cundaka :
« Plie mon manteau en quatre, que je puisse m’étendre et me reposer. »
Cundaka obéit joyeusement. Il plia rapidement le manteau en quatre et l’étendit sur le sol. Le Maître s’allongea, et Cundaka s’assit à côté de lui.
Le Maître se reposa quelques heures. Puis il repartit et arriva enfin à Kusinagara. Là, sur les rives de l’Hiranyavati, se dressait un agréable et paisible petit bois.
Le Maître dit :
« Va, Ananda, et prépare-moi un lit entre deux arbres jumeaux. Tourne la tête vers le nord. Je suis malade, Ananda. »
Ananda prépara le canapé et le Maître alla s’y allonger.