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LES CINQ CENTS ANS DEPUIS LA DEUXIÈME ANNÉE DE CYRUS JUSQU’À LA NAISSANCE DU CHRIST.
Or, lorsque le peuple fut monté à Jérusalem, il n’avait plus de livres des prophètes. Esdras, le scribe, descendit dans la citerne où Siméon avait jeté les livres, et il trouva un encensoir rempli de feu, et l’odeur de l’encens qui s’en élevait. Il prit trois fois de la poussière de ces livres, la jeta dans sa bouche. Aussitôt Dieu fit demeurer en lui l’esprit de prophétie, et il renouvela tous les livres des prophètes.
[NOTE. — D’après le Livre d’Adam (iv. 10), les manuscrits et la bibliothèque du Temple furent brûlés. Siméon supplia le commandant de lui remettre les ruines de la bibliothèque. Il entra, recueillit les cendres des livres et les mit dans un vase qu’il déposa dans un caveau. Il remplit un encensoir de charbons et d’encens, et, après avoir allumé le feu, il le plaça sur l’endroit où se trouvaient les cendres des livres. Le feu continua de brûler jusqu’à ce qu’Esdras arrive au caveau, et la fumée de l’encens s’élevait de l’encensoir. Il étendit ses mains trois fois sur les cendres des livres, et Dieu lui donna l’esprit de prophétie, et il réécrivit les Livres de la Loi et des Prophètes.]
Et ce même feu qui se trouvait dans la fosse devint le feu sacré dans la maison de l’Éternel. Zorobabel régna à Jérusalem. Josué, fils de Joseph, était grand prêtre, et Esdras était scribe de la loi et des prophètes. Les enfants d’Israël célébrèrent la Pâque à leur montée de Babel. Voici les trois Pâques que les enfants d’Israël célébrèrent : la première en Égypte, au temps de Moïse ; la seconde sous le règne de Josias ; la troisième à leur montée de Babel. Et maintenant, la Pâque est terminée pour eux, pour toujours. Depuis la première captivité de Jérusalem, celle où Daniel descendit en captivité, jusqu’au règne de Cyrus le Perse, il y eut soixante-dix ans, selon la prophétie de Jérémie. Et les enfants d’Israël commencèrent la [re]construction du Temple aux jours de Zorobabel, de Josué, fils de Joseph, et d’Esdras, le scribe. La construction fut achevée en quarante-six ans, comme il est écrit dans le saint Évangile (Jean ii. 19).
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[Les généalogies des derniers Israélites.]
Or, la généalogie des tribus (ou familles) fut perdue par les scribes, et ils furent incapables de montrer d’où les chefs de famille prenaient leurs femmes, ni d’où elles venaient. Moi, cependant, je possède la connaissance de la généalogie exacte et je révélerai la vérité à tous. Lorsque les enfants d’Israël sortirent de Babylone…
Et comme aucun des premiers écrivains ne pouvait découvrir l’ordre de succession des générations de leurs pères, les Juifs pressèrent vivement les fils de l’Église de leur montrer qui étaient les pères de la bienheureuse Marie dans l’ordre de succession de leurs familles. Ils pressèrent également les enfants de l’Église de s’enquérir de la généalogie des familles de leurs pères et de leur montrer la vérité. Car les Juifs traitent Marie d’adultère. Et ici, la bouche des Juifs est fermée, et ils croient que Marie était de la descendance de la maison de David et d’Abraham. Or, les Juifs n’ont aucune table de succession qui leur montre le véritable ordre des familles de leurs pères, car leurs livres ont été brûlés trois fois : une fois au temps d’Antiochus [IV. Épiphane], qui les persécuta, profana le Temple du Seigneur et les força à offrir des sacrifices aux idoles ; la seconde fois au temps de… . . . . . ; et la troisième fois au temps d’Hérode, lors de la destruction de Jérusalem. Les Juifs en furent profondément attristés, car ils n’avaient pas de table digne de foi de la succession des générations de leurs pères. Ils travaillèrent avec ardeur [Fol. 38_a_, col. 1] pour obtenir la vérité, mais ils n’y parvinrent pas.
Or, les Juifs avaient de nombreux écrivains, et chacun écrivait ce qu’il voulait, et aucun d’entre eux ne s’accordait sur ce qu’ils écrivaient, faute de pouvoir s’appuyer sur un fondement de vérité. Et même nos propres écrivains, les enfants de l’Église, ne peuvent nous démontrer la certitude de la vérité. Ils ne peuvent expliquer comment s’est produite l’ascension du corps d’Adam au Golgotha, ni d’où sont venus les pères (ou ancêtres) de Melchisédek et les pères de la bienheureuse Marie. Et les enfants d’Israël, poussés par l’Église, et incapables de vérifier la vérité, devinrent insouciants et écrivirent, pour ainsi dire, dans la folie de l’erreur. [Ici, le texte est erroné et incomplet.] Quant à la table de succession des soixante-trois familles, qui s’étendent d’Adam au Christ, ni les écrivains grecs, ni les écrivains hébreux, ni les écrivains syriens, ne peuvent indiquer d’où chaque chef de famille a pris sa femme [Fol. 38_a_, col. 2], ni dont elle était la fille. Or, chaque docteur divin (ou enseignant) a établi pour l’Église une seule vraie doctrine, et ils ont donné aux croyants l’armure avec laquelle ils peuvent combattre et vaincre ses ennemis. De plus, la grâce du Christ nous a accordé [ p. 197 ] ce qui leur manquait, et nous le verserons dans le riche trésor [de leur connaissance]. Et c’est à cela que nous nous sommes efforcés avec une grande diligence, comme le désire ardemment notre frère vraiment aimant en Christ, l’illustre Nâmôsâyâ (Nemesius ?). Et bien que j’aie été entravé par ma lenteur, toi, par ton amour de l’étude, tu n’as pas été lent. Et à cause de ta bonté envers moi, et aussi parce que je suis moi-même désireux de ne pas te refuser ce que tu exiges de moi, je vais écrire ici la véritable table de succession. Écoute, ô mon frère Némésius (?), la table de succession suivante que j’écris pour toi ; aucun des autres docteurs n’a pu la découvrir. Voici les soixante-trois générations dont descend l’Incarnation du Christ, et leur ordre est le suivant :
Yônâkhîr prit pour femme Dînâ, c’est-à-dire Hannâ, fille de Pâkôdh, et soixante ans [ p. 201 ] après l’avoir prise pour femme, elle enfanta Marie, de laquelle naquit le Christ.
[La généalogie de Marie.]
Et parce que Joseph était le fils de l’oncle de Marie, par la prescience de Dieu, qui savait que Marie serait certainement attaquée par les Juifs, Marie fut donnée à Joseph, qui était le fils de son oncle, pour qu’il prenne soin d’elle. Remarque, ô notre frère Némésius, que les pères de la bienheureuse Marie appartenaient à la succession des générations de David.
[NOTE.—Une généalogie alternative est donnée dans le Livre de l’Abeille (chapitre xxxiii), et se lit comme suit : David engendra Nathan, Nathan engendra Mattatha, Mattatha engendra Mani, Mani engendra Méléa, Méléa engendra Éliakim, Éliakim engendra Jonam, Jonam engendra Lévi. [Ajoutez Joseph, Juda et Siméon de Luc iii. 19, 20.] Lévi engendra Mattîtha, Mattîtha engendra Jorim, Jorim engendra Éliézer, Éliézer engendra José, José engendra Er. Er engendra Elmodad, Elmodad engendra Cosam, Cosam engendra Addi, Addi engendra Melchi, Melchi engendra Neri, Neri engendra Salathiel, Salathiel engendra Zerubbabel, Zerubbabel engendra Rhesa, Rhesa engendra Johannan, Johannan engendra Juda, Juda engendra Joseph, Joseph engendra Semei, Semei engendra Mattatha, Mattatha engendra Maath, Maath engendra Nagge, [ p. 202 ] Nagge engendra Esli, Esli engendra Nahum, Nahum engendra Amos, Amos engendra Mattîtha, Mattîtha engendra Joseph, Joseph engendra Janni, Janni engendra Melchi, Melchi engendra Lévi, Lévi engendra Matthat, Matthat engendra Héli, Héli engendra Joseph.]
Voici, je t’ai établi sur un fondement de vérité, sur lequel aucun des chroniqueurs précédents n’a trouvé de fondement ; vois aussi comment ces soixante-trois générations, depuis Adam jusqu’à la naissance du Christ, se succédèrent. Et les Juifs aussi se réjouirent, car ils avaient retrouvé les générations des familles de leurs pères.
Remarque, ô notre frère Némésius, qu’au temps de Cyrus, le cinquième millénaire prit fin. Et depuis les mille ans de Cyrus jusqu’à la Passion de notre Rédempteur, les années furent au nombre de cinq cents, selon la prophétie de Daniel, qui prophétisa : « Après soixante-deux semaines, le Messie sera tué. » Et ces semaines font cinq cents ans.
[NOTE. — Selon le Livre d’Adam (iv. 14), Daniel a dit : « Après sept semaines, le Christ viendra et sera mis à mort. » Or, sept semaines font 490 ans, car une grande semaine en contient 70. Mais à ce propos, le prophète a dit : « Après [ p. 203 ] sept ans », il a pointé du doigt les dix [restants] des 500 ans. Daniel n’a pas dit : « Le Christ viendra au bout de sept semaines », mais « après sept semaines, et il sera mis à mort. »]
Voici, désormais la bouche des Juifs est fermée, car ils ont osé dire que le Messie n’est pas encore venu. Ils doivent, forcément, faire l’une de ces deux choses : ou accepter la prophétie de Daniel, ou dire : « Nous ne l’acceptons pas. » Car la prophétie s’est accomplie, les semaines ont passé, le Messie a été tué, et la Ville sainte a été dévastée par Vespasien.
[La Naissance du Christ.]
Remarquez maintenant [Fol. 40_a_, col. 1], ô toi qui aimes la science, notre frère Némésius, en la quarante-deuxième année du royaume d’Auguste, le Christ est né à Bethléem de Juda, comme il est écrit dans le saint Évangile.
[L’Étoile et les Rois Mages.]
Or, deux ans avant la naissance du Christ, l’étoile apparut aux mages. Ils la virent au firmament du ciel, et son éclat était plus éclatant que celui de toutes les autres étoiles. À l’intérieur se trouvait une jeune fille portant un enfant, et une couronne était posée sur sa tête. Or, les anciens rois et les mages des Chaldéens avaient coutume de consulter les signes du zodiaque pour toutes les affaires de leur vie. Lorsque les mages aperçurent l’étoile, ils furent troublés, terrifiés et effrayés, et toute la Perse fut en émoi. Les rois, les mages, les Chaldéens [Fol. 40_a_, col. 2] et les mages de Perse furent stupéfaits et extrêmement effrayés par le prodige qu’ils voyaient. Et ils dirent : « Peut-être le roi des Grecs a-t-il décidé de faire la guerre au pays de Nimrod. » Les mages et les Chaldéens furent terrifiés, et ils consultèrent leurs livres de sagesse, et grâce à la puissance de la sagesse de leurs livres, ils comprirent et apprirent, et s’appuyèrent sur la force de la vérité. Or, en vérité, les mages des Chaldéens découvrirent que, grâce au mouvement des étoiles, qu’ils appelèrent « signes du zodiaque », ils pouvaient connaître et comprendre la force (ou l’importance) des événements avant qu’ils ne se produisent. Et cette même connaissance est également donnée à ceux qui descendent dans la mer, et par le mouvement des étoiles, ils savent à l’avance quand les vents vont se déchaîner, et quand une violente tempête va s’élever contre eux, et chaque fois qu’ils sont sur le point d’être menacés par les vents et les vagues. Il en était de même pour les mages. Lorsqu’ils virent et lurent dans le [Fol. 40_b_, col. 1] « Révélation de Nimrod », ils y découvrirent qu’un roi était né en Juda, et que tout le chemin de la Dispensation du Christ leur était révélé.
[NOTE.—Quant à la nature de cette étoile, qu’elle fût une étoile par nature ou seulement par apparence, il est bon de savoir qu’elle n’appartenait pas aux autres étoiles, mais qu’elle était une puissance secrète qui apparaissait comme une étoile ; car toutes les autres étoiles du firmament, ainsi que le soleil et la lune, suivent leur course d’est en ouest. Celle-ci, cependant, suivait sa course du nord au sud, car la Palestine est située ainsi, en face de la Perse. Cette étoile n’était pas vue par eux seulement la nuit, mais aussi le jour et à midi ; et elle était vue au moment où le soleil est particulièrement fort, car elle n’était pas une des étoiles. Or, la lune est plus forte en lumière que toutes les étoiles, mais elle est immédiatement éteinte et sa lumière dissipée par un petit rayon de soleil. Mais cette étoile surpassait même les rayons du soleil par l’intensité de sa lumière. Parfois elle apparaissait, parfois elle était entièrement cachée. Elle guida les mages jusqu’en Palestine. . . . . . Il ne s’agissait pas d’un mouvement ordinaire des étoiles, mais d’une force rationnelle. De plus, elle n’avait pas de trajectoire fixe. Elle ne restait pas toujours à la hauteur du ciel, mais parfois elle descendait, parfois elle montait. Livre de l’Abeille (chapitre xxxviii).]
[Les signes du zodiaque.]
[Les noms des signes babyloniens du zodiaque étaient :—
— | — |
1 | ![]() ![]() |
(amel) Agru | |
2 | ![]() ![]() ![]() |
Kakkab u Alap honte | |
3 | {![]() ![]() |
Re`u kinu honte à toi | |
![]() ![]() |
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Tu´ame rabuti | |
4 | ![]() ![]() |
AL.LUL (Shittu ?) | |
5 | ![]() ![]() |
Kalbu rabu | |
6 | ![]() ![]() |
Shiru | |
7 | ![]() ![]() |
Zibanitum | |
8 | ![]() ![]() |
Akrabu | |
9 | ![]() ![]() |
PA-BIL-SAG [ p. 207 ] | |
10 | ![]() ![]() |
SUHUR.MASH | |
11 | ![]() ![]() |
Gula | |
12 | ![]() ![]() |
DILGANU u Rikis nuni |
(Le signe placé avant chaque nom est le déterminatif pour l’étoile.)
Signification du nom. | Équivalent moderne. | Nom du mois. |
---|---|---|
1 L’Ouvrier | Chèvre | Nisannu ![]() |
2 L’Étoile et le Taureau du ciel | Taureau | Airu ![]() |
3 Le fidèle berger du ciel et les grands jumeaux | Twins | Simanu ![]() |
4 La Tortue | Le Crabe | Duuzu ![]() |
5 Le Grand Chien (Lion) | Lion | Abu ![]() |
6 Vierge à l’épi de blé | Vierge | Ululu ![]() |
7 | Balance | Tashritum ![]() |
8 Le Scorpion | Scorpion | Arah shamna ![]() |
9 Enurta (le dieu) | Arc | Kislimu ![]() |
10 Le Poisson-chèvre | Capricorne | Tebetum ![]() |
11 La Grande Étoile | Le Porteur d’Eau | Shabatu ! mois 11 |
12 L’étoile… et la bande de poissons | Les Poissons | Addaru ![]() |
Sur le premier Zodiaque établi par Tiâmat, le Malin, voir The Babylonian Legends of the Creation, Londres, 1921, page 17 (publication du British Museum.)
[ p. 208 ]
Et aussitôt, selon la tradition que leurs pères leur avaient transmise, ils quittèrent l’Orient et montèrent aux montagnes de Nodh, situées à l’intérieur des portes de l’Orient, depuis les contrées situées aux confins du Nord. Ils y prirent de l’or, de la myrrhe et de l’encens. Comprends, ô mon frère Némésius, que les mages connaissaient tout le service de la dispensation de notre Rédempteur par les offrandes qu’ils apportaient : l’or était pour un roi, la myrrhe pour un médecin, et l’encens pour un prêtre, car les mages savaient qui il était, et qu’il était roi, médecin et prêtre. Or, lorsque le fils du roi de Saba était encore un petit garçon, son père lui amena 2] à un rabbin, et il étudiait le livre des Hébreux mieux que tous ses compagnons et ses compatriotes, et il dit à tous ses esclaves : « Il est écrit dans tous les livres de généalogies que le roi naîtra à Bethléem. »
[Les noms des mages.]
Voici ceux qui apportaient des offrandes au roi, aux rois, aux fils des rois :
HÔRMÎZDADH de Mâkhôzdî, roi de Perse, qui était appelé « Roi des rois », et qui résidait dans le Bas-Âdhôrghîn.
ÎZGARAD (Yazdegerd), le roi de Sâbhâ.
[ p. 209 ]
PERÔZÂDH, roi de Saba, qui est à l’Orient.
[NOTE. — Dans le Livre d’Adam (iv. 15), les rois sont appelés Hor, roi de Perse, Basantar, roi de Saba, et Karsundas, roi d’Orient. D’après le Livre de l’Abeille (chapitre xxxix), les mages étaient au nombre de douze, et leurs noms étaient :
Zarwândâd, fils d’Artabân.
Hôrmîzdâd, fils de Sîtârûk (Santarôk).
Gûshnâsâph (Gushnasp), fils de Gûndaphar.
Archakh, fils de Mîhârôk.
Ces quatre-là ont apporté de l’or.
Zarwândâd, fils de Wârzwâd.
Îryâhô, le fils de Kesro (Khusrau).
Artahshesht, fils de Holîtî.
Ashtôn`âbôdân, fils de Shîshrôn.
Ces quatre-là apportèrent de la myrrhe.
Mehârôk, fils de Hûhâm.
Ahshiresh, le fils de Hasbân.
Sardâlâh, fils de Baladân.
Merôdâch, fils de Beldarân.
Ces quatre-là apportèrent de l’encens.]
[Les Mages à Jérusalem.]
Et les mages s’étant préparés à monter, le royaume des vaillants guerriers fut troublé et terrifié, et il y avait avec les mages une si grande suite que toutes les villes de l’Orient étaient en effroi devant eux, et même Jérusalem. Et lorsqu’ils entrèrent en présence d’Hérode, celui-ci trembla devant eux, et leur commanda, disant : « Allez en paix, et cherchez avec soin le petit enfant ; et quand vous l’aurez trouvé, venez me le montrer, afin que j’aille moi aussi me prosterner devant lui » ; bien que la tromperie fût cachée dans le cœur d’Hérode, il offrit hommage de sa bouche. Lorsque les mages montèrent à Jérusalem, il y eut une grande agitation en Judée, à cause de l’édit de César Auguste, qui ordonnait que chacun soit recensé dans son pays et dans la ville de ses pères. Hérode, profondément troublé, dit aux mages : « Allez le chercher. » Les mages sont appelés « mages » à cause du costume de magisme dont les rois païens se paraient chaque fois qu’ils offraient un sacrifice et des offrandes à leurs dieux. Ils utilisaient deux types de vêtements : celui de la royauté, à l’intérieur, et celui du magisme à l’extérieur, [Fol. 41_a_, col. 2]. Il en était de même pour ceux qui montaient, prêts à offrir des offrandes au Christ, et ils étaient vêtus des deux types de vêtements.
[ p. 211 ]
Lorsque les mages furent sortis de Jérusalem et de la présence d’Hérode, cette même étoile qui les avait guidés sur la route leur apparut, et ils se réjouirent vivement. L’étoile les précéda jusqu’à ce qu’ils entrent dans la grotte, où ils virent le petit Enfant enveloppé de bandelettes et couché dans une crèche. En chemin, ils se dirent : « Quand nous y arriverons, nous verrons des choses merveilleuses et prodigieuses, selon la loi et la coutume qui prévalent parmi les personnages royaux à la naissance d’un roi. » Ils pensaient ainsi trouver sur la terre d’Israël un palais royal et des lits d’or sur lesquels étaient posés des coussins. 1], et le roi et le fils du roi vêtus de pourpre, et les soldats et les compagnies de troupes royales stupéfaits, et les nobles du royaume lui rendant hommage en lui offrant des présents, et les tables dressées avec des mets dignes du roi, et les coupes à boire alignées, et les serviteurs et servantes servant avec crainte. Telles étaient les choses que les mages s’attendaient à voir, mais ils ne les virent pas ; ils virent des spectacles bien meilleurs lorsqu’ils entrèrent dans la grotte. Ils virent Joseph assis, étonné, et Marie dans un état d’émerveillement, mais il n’y avait pas de lit avec des coussins posés dessus, ni de table avec des mets disposés dessus, et aucun signe des préparatifs qui accompagnent la cérémonie royale. Et bien qu’ils aient vu toute cette humble condition et cette pauvreté, ils n’eurent aucun doute dans leur esprit, mais ils s’approchèrent avec crainte et lui rendirent hommage avec honneur, et ils offrirent [Fol. 41_b_, col. 2] Il lui offrit de l’or, de la myrrhe et de l’encens. Marie et Joseph furent très peinés de n’avoir rien à leur offrir, tandis que les mages se nourrissaient de la nourriture qu’ils avaient eux-mêmes trouvée.
[NOTES.—Outre l’or, l’encens et la myrrhe que les mages apportèrent, ils déposèrent devant l’Enfant en offrande trente zûzê d’argent. Leur poids était proportionnel à celui du sanctuaire, mais ils équivalaient à six cents pièces selon le poids du pays. (Le syriaque zûzê = l’arabe dirham et le grec drachme.) Les trente pièces furent fabriquées par Térah, qui les donna à Abraham, qui les donna à Isaac. Avec elles, Isaac acheta un village, et l’homme qui les reçut les apporta à Pharaon. Pharaon les envoya à David comme contribution à la construction du Temple, et Salomon les plaça autour de la porte de l’autel. Nebucadnetsar les emporta à Babylone et les donna à des otages royaux perses, qui les emmenèrent [ p. 213 ] en Perse et les donnèrent à leurs parents. Lorsque les mages partirent pour Jérusalem, ils emportèrent les trente pièces et leurs autres offrandes. Ils achetèrent à des bergers d’Édesse « le vêtement sans couture », qu’un ange leur avait donné. Abgar, roi d’Édesse, prit les trente pièces et le vêtement des mains des bergers et les envoya au Christ. Le Christ garda le vêtement et envoya les trente pièces au trésor juif. Les prêtres les donnèrent à Judas Iscariote pour avoir trahi notre Seigneur, mais il se repentit et les rapporta aux prêtres. Après la pendaison de Judas, les prêtres achetèrent un cimetière pour étrangers avec les trente pièces (Livre de l’Abeille, chapitre xliv). Une autre légende raconte que Joseph possédait les trente pièces et qu’avec elles il acheta des aromates pour embaumer Jacob. Ils passèrent en possession de la reine de Saba, qui les donna à Salomon (Sandeys, Christmas Carols, Londres, 1883, page lxxxiii).]
[La circoncision du Christ.]
Or, le Christ avait huit jours lorsque les mages présentèrent leurs offrandes ; et Marie les reçut au moment même où Joseph circoncit le Christ. En vérité, Joseph le circoncit selon la Loi, mais il ne fit que l’imiter, car aucune chair ne fut retranchée de lui. Car, comme une verge de fer traverse le feu et en coupe les rayons sans qu’aucune partie en soit retranchée, ainsi le Christ fut circoncis sans que rien ne lui soit ôté.
[La Conversion des Mages.]
Les mages vécurent trois jours avec l’Enfant, et ils virent les armées célestes monter et descendre vers le Christ. Ils entendirent le son des louanges des anges, qui chantaient des hymnes et s’écriaient : « Saint, Saint, Saint, Dieu puissant, dont les louanges remplissent les cieux et la terre. » Ils furent saisis d’une grande crainte, et en vérité, ils crurent au Christ, et dirent : « Celui-ci est le Roi qui est descendu du ciel et s’est fait homme. » Perôzdh leur répondit : « Je sais maintenant que la prophétie d’Isaïe est vraie. Car, lorsque j’étais à l’école des Hébreux, je lisais dans le livre d’Isaïe, et j’y trouvai écrit ceci : « Car un enfant nous est né, et un fils nous a été donné. Et son nom sera appelé Admirable, Conseiller, et Dieu, Géant des mondes. » (Isa. ix. 6). Et il est écrit ailleurs : « Voici, la vierge est enceinte, et elle enfantera un fils, et on l’appellera du nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous. » (Isa. vii. 14). Et parce qu’il est devenu semblable à un homme, et que les anges descendaient du ciel vers lui, il est vraiment le Seigneur des anges et des hommes. Et tous les mages crurent et dirent : Vraiment, ce roi est Dieu. Il nous naît souvent des rois, et des hommes puissants, fils de puissants, nous naissent sur la terre, mais c’est une chose inouïe que les anges descendent vers eux. Aussitôt, ils se levèrent tous et se prosternèrent devant lui comme le Seigneur et le Roi du monde. Après avoir préparé des vivres pour le voyage, ils descendirent dans leur pays par un chemin désert.
[Le Massacre des Innocents.]
Or, certains hommes contesteront cette [affirmation] et diront : « Où était le Christ lorsque les enfants furent massacrés, car il est écrit qu’il ne fut pas trouvé dans le pays de Juda ? » C’est à cause de ce massacre qu’il s’enfuit en Égypte, afin que s’accomplisse ce qui est écrit [Fol. 42_b_, col. 1]. « D’Égypte j’ai appelé mon Fils » (Osée xi. 1). Sachez aussi ceci : lorsque le Christ entra en Égypte, toutes les idoles qui s’y trouvaient furent balayées de leurs places, tombèrent et furent brisées, afin que s’accomplisse ce qui est écrit : « Voici, le [ p. 216 ] Le Seigneur est monté sur une nuée rapide, et il entre en Égypte, et les idoles de l’Égypte sont brisées devant lui” (Ésaïe xix. 1).
[NOTE. — Lorsque Joseph, Marie et l’Enfant arrivèrent à la porte de la ville d’Hermopolis, il y avait, près des deux contreforts de la porte, deux figures d’airain, réalisées par les sages et les philosophes ; et elles parlaient comme des hommes. Lorsque notre Seigneur entra en Égypte, ces deux figures crièrent d’une voix forte : « Un grand roi est venu en Égypte. » Livre de l’Abeille (chapitre xl.)]
Et il ne revint pas d’Égypte immédiatement, mais il y demeura jusqu’à la mort d’Hérode, et après lui régna Archélaüs.
Or, sache, ô mon frère Némésius, que, comme je te l’ai déjà dit, tous les hommes qui étaient sous la domination d’Hérode furent enregistrés pour l’impôt ; et l’enregistrement fut achevé en cinquante jours. Et ce ne fut qu’une fois cet enregistrement achevé et scellé, et qu’Hérode l’eut scellé et envoyé à Auguste à Rome, que l’on rechercha le Messie ; jusqu’alors, [Fol. 42_b_, col. 2], aucun enfant n’avait été tué. Et c’est au cours de l’agitation provoquée par cet enregistrement que le Christ naquit. Quarante jours après sa naissance, le Christ entra dans le Temple du Seigneur. Et Siméon le Vieillard, fils de Josué bar-Yôzâdhâk, au temps duquel la captivité monta de Babel, le prit dans ses bras. Or, Siméon avait cinq cents ans lorsqu’il prit le Christ dans ses bras.
[La Fuite en Égypte.1]
Et aussitôt l’ange dit à Joseph : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Et lorsque le recensement fut terminé, les Juifs furent renvoyés, afin que chacun puisse s’en aller dans son district et dans son village.
[Hérode et Jean-Baptiste.]
Alors Hérode s’enquit des mages. Lorsqu’on lui dit qu’ils sont retournés dans leur pays, il fut très irrité et envoya aussitôt tuer tous les jeunes enfants à Bethléem et dans tous les villages des environs. Hérode, passant parmi les enfants tués, et n’y trouvant pas le corps de Jean, fils de Zacharie, dit : « Vraiment, son fils régnera sur Israël. » Car il avait entendu ce que l’ange avait dit à Zacharie, lorsqu’il lui avait annoncé la naissance de Jean. Hérode envoya chercher Zacharie et lui ordonna d’amener Jean. Zacharie répondit : « Je suis prêtre et j’exerce mon ministère dans le temple du Seigneur ; je ne sais pas où sont l’enfant et sa mère. » À cause de ces paroles, Zacharie fut tué entre le banc et l’autel. Élisabeth avait emmené Jean et était partie dans le désert.
[La mort d’Hérode.]
Quant à Hérode, un châtiment divin impitoyable s’abattit sur lui. Il tomba malade, sentant mauvais, son corps se transforma en une masse de vers, et il souffrit de terribles douleurs. Finalement, on ne put l’approcher à cause de son odeur putride. Et, à cause de cette amère souffrance, son âme s’en alla dans les ténèbres extérieures. Néanmoins, par sa mort, il fit périr beaucoup de gens.
[NOTE.—Tout d’abord, il tua sa femme et sa fille, et il tua un homme de chaque famille, en disant : « À ma mort, il y aura deuil, pleurs et lamentations dans [ p. 219 ] toute la ville. » Ses entrailles et ses jambes étaient enflées de plaies suintantes, et de la matière en sortait, et il était rongé par les vers. Il avait neuf femmes et treize enfants. Il avait un couteau à la main, et il mangeait une pomme ; et à cause de la forte douleur, il passa le couteau sur sa gorge, et la trancha de sa propre main ; et son ventre s’ouvrit, et il mourut et alla à la perdition. Un mauvais sort s’abattit également sur Bôzîyâ, la fille d’Hérodiade, qui demandait la tête de Jean-Baptiste sur un plat. Après avoir donné la tête du saint à sa mère, elle sortit danser sur la glace, mais la glace se brisa et elle s’enfonça dans l’eau jusqu’au cou, sans que personne ne puisse la sauver. Finalement, des hommes arrivèrent avec l’épée qui avait servi à décapiter Jean, coupèrent la tête de Bôzîyâ et la donnèrent à sa mère. La main droite avec laquelle Hérodiade avait soulevé la tête de Jean se dessécha. Voyant les têtes du saint et de sa fille, elle devint aveugle. Satan entra en elle et la lia avec des chaînes. Voir Livre de l’Abeille (chapitres xxxix et xli).]
Or, Hérode avait dit à Archélaüs, son fils, et à Shalôm, sa sœur : « Je suis mort, que ceux que j’ai enchaînés soient tués. » — or, il avait emprisonné une personne par maison. Et il dit : « Je sais que les Juifs ressentiront une grande joie à ma mort. Mais, afin qu’ils ne se réjouissent pas et ne soient pas dans l’allégresse pendant que vous êtes dans la tristesse et les pleurs, que tous ceux que j’ai enfermés en prison soient tués, afin que, par leur mort, ils provoquent des lamentations sans le vouloir. » Archélaüs et Shalôm firent ce qu’Hérode leur avait ordonné, et lorsque cet ordre eut été exécuté dans toute la Judée, il ne resta pas une maison où l’on ne se lamentât, comme c’était le cas en Égypte autrefois.
[Le Christ revient en Galilée.]
Quand Hérode mourut, et que sa mort eut été annoncée à Joseph, il retourna en Galilée. Et quand le Christ eut trente ans, [Fol. 43_b_, col. 1] il fut baptisé par Jean. Or, Jean passa toute sa vie dans le désert, et il se nourrissait de la racine appelée « kâmûs », qui est du miel sauvage. [Selon certains, cette racine était semblable à une carotte.] Et la douzième année du règne de Tibère, le Christ souffrit.
[Énoncé chronologique.]
Comprends maintenant et vois, ô mon frère Némésius, qu’aux jours de Yârêd, dans sa quarantième année, le PREMIER Mille Ans prit fin. La six centième année de Noé [ p. 221 ] prit fin le DEUXIÈME Mille Ans. La soixante-quatorzième année de Reu prit fin le TROISIÈME Mille Ans. La vingt-sixième année d’Âhôr (Ehud) prit fin le QUATRIÈME Mille Ans. La deuxième année de Cyrus prit fin le CINQUIÈME Mille Ans. Et la cinq centième année du SIXIÈME Mille Ans, le Christ naquit sous sa forme humaine.
[La Crucifixion du Christ.]
Et sache aussi que le Christ a habité en Marie, et a souffert à Nazareth, et est né à Bethléem, et a été déposé dans une crèche, et a été porté par Siméon dans le temple de Salomon, et a été élevé en Galilée, et a été oint par Marie de Magdala, et a mangé la Pâque dans la maison de Nicodème, le frère de Joseph de Râmethâ, et a été lié dans la maison d’Hannah, et a été frappé d’un roseau dans la maison de Caïphe, et a embrassé la colonne et a été flagellé avec un fouet dans le prétoire de Pilate, et le vendredi, le premier jour de Nîsân (avril), le quatorzième jour de la lune, notre Rédempteur a souffert.
À la première heure du vendredi, Dieu a façonné Adam à partir de la poussière, et à la première heure du vendredi, le Christ a reçu la salive des fils d’Adam.
[ p. 222 ]
À la deuxième heure du vendredi, les bêtes sauvages, le bétail et les oiseaux se rassemblèrent auprès d’Adam, qui leur donna des noms tandis qu’ils s’inclinaient devant lui. À la deuxième heure du vendredi, les Juifs se rassemblèrent contre le Christ et grincèrent des dents contre lui, comme le disait le bienheureux David : « De nombreux taureaux se sont rassemblés autour de moi, des taureaux de Basan m’ont cerné. » (Psaume 22.12).
À la TROISIÈME HEURE du vendredi, une couronne de gloire fut placée sur la tête d’Adam, et à la troisième heure du vendredi, la couronne d’épines fut placée sur la tête du Christ.
TROIS HEURES ont été consacrées à Adam au Paradis, brillant de splendeur, et trois heures ont été consacrées au Christ dans la salle du jugement, battu par des créatures façonnées à partir de la poussière.
À la SIXIÈME HEURE, Ève monta vers l’arbre de la transgression du commandement, et à la sixième heure, le Christ monta sur la Croix, l’Arbre de Vie.
À la SIXIÈME HEURE, Ève donna à Adam le fruit du fiel de la mort [Fol. 44_a_, col. 2], et à la sixième heure, la foule de l’iniquité donna au Christ du vinaigre et du fiel.
Adam resta nu trois heures sous l’arbre, et le Christ resta nu trois heures sur le bois de la croix. Ève, mère de la descendance mortelle, sortit du côté droit d’Adam, et le baptême, mère de la descendance immortelle, sortit du côté droit du Christ.
Vendredi, Adam et Ève ont péché, et vendredi, leur péché a été remis.
Vendredi, Adam et Ève sont morts et vendredi, ils sont revenus à la vie.
Le vendredi, la Mort régna sur eux, et le vendredi, ils furent libérés de sa domination.
Vendredi, Adam et Eve sont sortis du Paradis, et vendredi, notre Seigneur est entré dans la tombe.
Le vendredi, Adam et Ève sont devenus nus, et le vendredi, le Christ s’est dépouillé lui-même et les a vêtus.
Vendredi, Satan a dépouillé Adam et Ève, et vendredi, le Christ a dépouillé Satan et toutes ses armées, et les a fait honte publiquement.
Le vendredi, la porte du Paradis fut fermée et Adam sortit, et le vendredi, elle fut ouverte et un voleur entra.
Le vendredi, l’épée à deux tranchants fut donnée au chérubin, et le vendredi, le Christ frappa avec la lance et brisa l’épée à deux tranchants.
Le vendredi, le royaume, le sacerdoce et la prophétie furent donnés à Adam, et le vendredi [ p. 224 ] le sacerdoce, le royaume et la prophétie furent enlevés aux Juifs.
À la NEUVIÈME HEURE, Adam est descendu dans les profondeurs les plus basses de la terre, du haut du Paradis, et à la neuvième heure, le Christ est descendu dans les profondeurs les plus basses de la terre, vers ceux qui gisaient [Fol. 44_b_, col. 2] dans la poussière, du haut de la Croix.
Sachez aussi que Christ était semblable à Adam en tout, comme il est écrit. À l’endroit même où Melchisédek exerçait son ministère sacerdotal et où Abraham offrit son fils Isaac en offrande, le bois de la Croix fut dressé. Ce même endroit est le centre de la terre, et c’est là que les quatre coins de la terre se rencontrent. Car lorsque Dieu créa la terre, sa puissance immense courait devant elle, et la terre courait après elle. La puissance de Dieu s’arrêta et resta immobile au Golgotha ; et ce même lieu forme la limite de la terre. Lorsque Sem enleva le corps d’Adam, ce même lieu, qui est la porte de la terre, s’ouvrit. Et lorsque Sem et Melchisédek eurent déposé le corps d’Adam au centre de la terre, les quatre coins de la terre se refermèrent sur lui et entourèrent Adam. Aussitôt cette ouverture fut fermée, et aucun enfant d’Adam ne put l’ouvrir. Et [ p. 225 ] lorsque la Croix du Christ, le Rédempteur d’Adam et de ses fils, fut dressée dessus, la porte de ce lieu fut ouverte au visage d’Adam. Et lorsque le Bois (c’est-à-dire la Croix) fut fixé dessus, et que le Christ fut frappé de la lance, et que du sang et de l’eau coulèrent de son côté, ils coulèrent dans la bouche d’Adam, et ils devinrent un baptême pour lui, et il fut baptisé.
Or, lorsque les Juifs crucifièrent le Christ sur le bois, ils se partagèrent ses vêtements sous la croix, comme il est écrit. Sa tunique était de pourpre, qui est le vêtement de la royauté ; et lorsqu’ils le dépouillèrent de ce vêtement, Pilate ne permit pas aux Juifs de le revêtir de vêtements ordinaires, mais seulement du véritable vêtement de la royauté, soit de pourpre, soit d’écarlate. Par ces deux vêtements, on pouvait reconnaître qu’il était roi. Car il est impossible à un autre homme de porter la pourpre ; seul un roi peut le faire. Et l’un des évangélistes a dit : « Les soldats lui mirent une robe de pourpre » (Marc xv. 17 ; Jean xix. 2, 5), et cette parole est vraie et hautement crédible. et un autre évangéliste utilise le mot « écarlate » (Matt. xxvii. 28), et il proclame ce qui est vrai. Le vêtement écarlate nous indique le sang, et le vêtement pourpre l’eau ; car le vêtement écarlate était semblable au sang, et le vêtement pourpre était semblable à l’eau. Le vêtement écarlate proclame la nature joyeuse et immortelle de l’homme, et le vêtement pourpre la nature triste et mortelle de l’homme. Comprends donc, ô notre frère [Fol. 45_b_, col. 1] Nemesius, que le vêtement écarlate proclame la vie.
Or, les espions dirent prophétiquement à Rahab, la prostituée : « Tu attacheras un fil écarlate à la fenêtre » (Josué II. 18), lorsqu’ils descendirent, après avoir été bien priés par elle. Et par elle, ils préfiguraient une certaine chose, car la fenêtre symbolisait le côté de notre Seigneur Christ, et le fil écarlate son précieux sang qui donnait la vie.
Et ils (c’est-à-dire les Juifs) tressèrent une couronne d’épines, et la posèrent sur sa tête. Et ils le revêtirent d’habits royaux, sans savoir ce qu’ils faisaient. Et ils fléchirent le genou et se prosternèrent devant lui, et ils parlèrent de leur bouche, sans y être contraints, disant : « Salut à toi, roi des Juifs ! » Remarquez, ô mes frères, que même dans sa mort, il ne lui manqua pas le signe de la royauté. Et lorsque les Juifs et les soldats, serviteurs d’Hérode et de Pilate, s’efforçaient de déchirer la tunique du Christ (Fol. 45_b_, col. 2) pour la partager entre eux, ils le firent parce qu’ils désiraient tous ardemment la beauté de sa vue. Et le [ p. 227 ]] Le centurion, qui observait la Croix, rendit lui-même témoignage devant toute la foule : « Vraiment, cet homme est le Fils de Dieu. » Le centurion leur dit : « Les ordres qui m’ont été donnés ne me permettent pas de déchirer le vêtement royal, mais de tirer au sort à qui il reviendra. » Les Juifs et les soldats du roi ayant tiré au sort, le sort tomba sur l’un des soldats de Pilate. Or, la tunique de notre Seigneur n’avait pas de couture, mais était tissée d’une seule pièce. Et chaque fois qu’il manquait de pluie à l’endroit où elle avait été déposée et gardée, le peuple la sortait, et dès qu’il la soulevait vers le ciel, une pluie abondante tombait. De plus, chaque fois que le soldat qui l’avait reçue manquait de pluie pour sa récolte, il sortait la tunique, et elle accomplissait ce miracle. Or, la tunique fut enlevée de force à celui qui la possédait par Pilate, qui l’envoya à l’empereur Tibère. Pour nous, cette tunique symbolise la foi orthodoxe, à laquelle toutes les nations réunies sont incapables d’adhérer.
Trois dons précieux, rien n’est plus précieux que celui-ci, furent accordés aux Juifs dans les temps anciens : la royauté, le sacerdoce et la prophétie : la prophétie par Moïse, le sacerdoce par Aaron, et la royauté par David. Ces trois dons, dont les générations et les familles des enfants d’Israël avaient joui pendant de nombreuses années, leur furent enlevés en un seul jour ; ils furent dépouillés de tous les trois et devinrent étrangers à eux, à savoir : la prophétie par la Croix, le sacerdoce par le déchirement de la tunique du Christ, et la royauté par la couronne d’épines. De plus, cet esprit de compassion (ou de propitiation) qui avait habité dans le Temple, dans le Saint des Saints, les abandonna et s’en alla. Et le rideau (ou voile) du sanctuaire fut fendu en deux. Et la Pâque leur échappa, car ils n’y célébrèrent plus jamais de Pâque. Sachez, ô mes frères, que lorsque Pilate les pressa d’entrer dans le prétoire, ils lui dirent : « Nous ne pouvons pas entrer dans le prétoire, car jusqu’à présent nous n’avons pas mangé la Pâque. »
Et lorsque la sentence de mort eut été prononcée contre notre Seigneur par Pilate, ils (les Juifs) se hâtèrent d’entrer dans le sanctuaire [Fol. 46_b_, col. 1] et en tirèrent les barres de l’Arche d’Alliance, dont ils firent la Croix du Christ. Il était en effet convenable que ces morceaux de bois qui servaient à porter l’Alliance portent aussi le Seigneur de l’Alliance. La Croix du Christ était formée de deux morceaux de bois de même hauteur, de même profondeur, de même longueur, [ p. 229 ] et de même largeur. Et l’apôtre Paul s’efforçait avec une extrême diligence de faire connaître aux païens quelle était la puissance de la Croix, qui embrassait la hauteur, la profondeur, la longueur et la largeur de la terre. Et lorsqu’ils eurent ressuscité le Christ, lampe de lumière de toute la terre, et l’eurent placé sur le chandelier de la croix, la lumière du soleil s’obscurcit et s’éteignit, et une couverture de ténèbres recouvrit toute la terre. Trois clous furent enfoncés dans le corps de notre Rédempteur, deux dans ses mains et un dans ses deux pieds. Et il y avait avec lui deux brigands, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche.
Et ils lui donnèrent du vinaigre et du fiel dans une éponge. Par le vinaigre qu’ils lui donnèrent, il leur fut révélé que leur volonté avait changé, et qu’ils s’étaient détournés de l’intégrité pour se tourner vers la méchanceté ; et par le fiel fut révélée l’amertume du serpent maudit qui était en eux. Et ils montrèrent qu’eux aussi avaient appartenu à cette bonne vigne, de laquelle les prophètes, les rois et les sacrificateurs, et eux-mêmes, avaient bu ; mais parce qu’ils étaient devenus de mauvais héritiers, qui n’avaient pas voulu travailler dans la vigne de mon bien-aimé, ils produisirent des gousses au lieu de raisins, et le vin qu’ils en pressèrent était aigre. Et ayant crucifié l’héritier sur le bois, ils mêlèrent à leur vin aigre une partie de l’impureté de leur méchanceté [Fol. 47_a_, col. 1], et lui donna à boire du vin de la vigne des nations ; mais il ne voulut pas boire, disant : « Donnez-moi de la vigne que mon Père a tirée d’Égypte. » Car le Christ savait que la prophétie de Moïse, qui avait été prophétisée à leur sujet, s’était accomplie en eux ; car Moïse avait dit : « Vos raisins sont des raisins de fiel, vos grappes sont amères. Votre venin est un venin de serpent, et leur tête est celle d’une vipère maligne. Voilà ce que vous offrez à l’Éternel. » (Deut. xxxii. 32, 33).
Remarque, ô mon frère Némésius, que le bienheureux Moïse, animé par l’Esprit, prévoyait les choses qu’ils allaient faire à Christ et dit : « Voici ce que vous rendrez au Seigneur. » L’assemblée des crucifiés était une vigne pourrie, ses filles des raisins amers et ses fils des grappes de fiel. Leur chef était Caïphe, la vipère maligne, et ils étaient tous des serpents maléfiques, et tous étaient remplis du venin de Satan, le serpent maléfique. Au lieu de l’eau du rocher qui leur avait été donnée à boire dans le désert, ils lui donnèrent à boire du vinaigre, et au lieu de la manne, du fiel de caille. Ils ne lui donnèrent pas une coupe à boire, mais une éponge, afin de montrer que la bénédiction de leurs pères avait été balayée. Or, cela ressort clairement de ce qui suit : Lorsqu’un vase est vide et qu’il n’y a plus de vin dedans, ils le lavent et l’essuient avec une éponge. C’est ainsi que firent les Juifs lorsqu’ils crucifièrent le Christ. Avec une éponge, ils essuyèrent et ôtèrent d’eux-mêmes la royauté, le sacerdoce, la prophétie et la religion du Christ, et les donnèrent au Christ. Seuls les vases de leurs corps, lavés et vides, restèrent.
Et la Loi et les Prophètes ayant été accomplis, et Adam ayant été envoyé et ayant vu la fontaine d’eau vive qui avait été versée d’en haut pour sa rédemption [Fol. 47_b_, col. 1], alors le Christ fut frappé d’une lance, et le sang et l’eau coulèrent de son côté ; mais ils ne se mêlèrent pas. Pourquoi le sang sortit-il avant l’eau ? Pour deux raisons : premièrement, afin que par le sang la vie fût donnée à Adam, puis, après la vie et la résurrection, l’eau pour son baptême ; deuxièmement, afin que par le sang il montre qu’il était immortel, et par l’eau qu’il était mortel et souffrant. Le sang et l’eau coulèrent dans la bouche d’Adam, [ p. 232 ] et Adam fut racheté et revêtu d’un vêtement de gloire. Et le Christ a écrit l’édit de son retour avec le sang de sa propre personne, et l’a expédié par le voleur.
Et quand tout fut terminé, l’acte de répudiation de l’assemblée fut écrit, et l’assemblée devint un objet rejeté, dépouillée de ses glorieux vêtements, comme autrefois, [Fol. 47_b_, col. 2], David, par le Saint-Esprit, avait dit et prophétisé : « Jusqu’aux cornes de l’autel » (Ps. cxviii. 22 ?) — c’est à ce moment-là que furent portées les fêtes des Juifs. « Jusqu’aux cornes de l’autel » [signifie] la crucifixion du Christ, c’est-à-dire :
[La généalogie du Christ.]
D’Adam à Seth ; de Seth à Énos ; d’Énos à Caïnan ; de Caïnan à Mahalâlâêl ; de Mahalâlâêl à Jared ; de Jared à Énoch ; d’Énoch à Mathusalem ; de Mathusalem à Lamech ; de Lamech à Noé ; de Noé à Sem ; de Sem à Arphaxad ; d’Arphaxad à Salah ; de Salah à Éber ; d’Éber à Péleg ; de Péleg à Réou ; de Réou à Serug ; de Serug à Nachor ; de Nachor à Térah ; de Térah à Abraham ; d’Abraham à Isaac ; d’Isaac à Jacob ; de Jacob [Fol. 48_a_, col. 1] à [ p. 233 ] Juda ; de Juda à Pérets ; de Pérets à Hésron ; de Hesron à Aram; d’Aram à Amminadab; d’Amminadab à Nahasson; de Nahasson à Salmon; de Salmon à Boaz; de Boaz à Obed; d’Obed à Isaï; d’Isaï à David; de David à Salomon; de Salomon à Roboam; de Roboam à Abia; d’Abia à Ara; d’Ara à Josaphat; de Josaphat à Joram; de Joram à Achazia; d’Achazia à Joas; de Joas à Amatsia; d’Amatsia à Ozias; d’Ozias à Jotham; de Jotham à Achaz; d’Achaz à Ézéchias; d’Ézéchias à Manassé; de Manassé à Ammon; d’Ammon à Josias; de Josias à Joachaz; de Joachaz à Jéhojakim; de Jéhojakim à Jéhoïakin; de Jéhoïakin à Salathiel; de Salathiel [Fol. 48_a_, col. 2] à Zorobabel; de Zorobabel à Abiud; d’Abiud à Éliakim; d’Éliakim à Azor; d’Azor à Tsadok; de Tsadok à Akin; d’Akin à Éliud; d’Éliud à Éléazar; d’Éléazar à Mathan; de Mathan à Jacob et Yônâkhîr; de Yônâkhîr à Marie; de Marie à la crèche; de la crèche à la circoncision; de la circoncision au Temple; du Temple à l’Égypte; de l’Égypte à la Galilée; de la Galilée à Jérusalem; de Jérusalem au Jourdain; du Jourdain au [ p. 234 ] désert; du désert à Juda; de Juda à la prédication; de la prédication à la Chambre haute; de la Chambre haute à la Pâque; de la Pâque au prétoire ; du prétoire à la Croix ; de la Croix au tombeau ; du tombeau à la Chambre haute ; de la Chambre haute au ciel ; et du ciel au trône [Fol. 48_b_, col. 1]. Il est assis à la droite de son Père.
[La fin des deux soixante semaines.]
Observe, ô notre frère Némésius, comment les générations et les familles se sont succédées, d’Adam aux Juifs, et les Juifs aussi d’une génération à l’autre jusqu’à la Croix du Christ. Depuis lors, les fêtes juives ont cessé, comme le dit le bienheureux David : « Liez nos fêtes avec des chaînes jusqu’aux cornes de l’autel » (Ps. cxviii. 27). Les chaînes sont les familles liées les unes aux autres, et l’autel est la Croix du Christ. Les fêtes juives se sont succédées jusqu’à la Croix du Christ, dans le sacerdoce, la royauté, la prophétie et la Pâque ; mais depuis la Croix du Christ jusqu’à nos jours, elles ont toutes cessé, comme je l’ai dit (Fol. 48_b_, col. 2). Les Juifs n’ont plus parmi eux ni roi, ni prêtre, ni prophète, ni [ p. 235 ] de Pâque, comme Daniel l’avait prophétisé à leur sujet, en disant : « Après soixante-deux semaines, le Christ sera immolé, et la ville sainte sera dévastée jusqu’à l’accomplissement des choses décrétées » (Dan. ix. 26). C’est-à-dire pour toujours et à jamais.
[Le corps du Christ est embaumé et déposé dans le tombeau fait pour Josué, fils de Nôn.]
Et lorsque la Loi et les Prophètes furent terminés, et que le Christ fut crucifié, Joseph, frère de Nicodème et de Cléophas, se rendit chez Pilate – porteur de l’anneau de Pilate, conseiller et libre interlocuteur – et demanda le corps de notre Rédempteur. Pilate ordonna qu’il lui soit donné. Et lorsque Joseph eut pris son corps, Pilate ordonna aussitôt que le jardin où se trouvait le sépulcre lui fût donné ; il appartenait à Joseph, et il lui avait été donné en héritage par Phinées, le Lévite, fils de l’oncle de Joseph. Joseph était de Jérusalem, mais il avait été nommé conseiller à Ramthâ, et toutes les lettres écrites pendant toute la période du gouvernement de Pilate avaient été scellées du sceau que portait Joseph. Et lorsque Joseph eut descendu le corps de notre Seigneur [ p. 236 ] de la Croix, les Juifs coururent prendre la Croix et l’apportèrent au Temple, car ses morceaux de bois étaient les barres de l’Arche de l’Alliance. Nicodème embauma aussi le corps de notre Seigneur et l’enveloppa de lin neuf et propre. Joseph le prépara pour le sépulcre et l’ensevelit dans un tombeau neuf qui avait été fait pour Josué, fils de Non. Et parce qu’il voyait par l’œil de l’Esprit [Fol. 49_a_, col. 2], et que la voie de la Dispensation du Christ lui était apparue, il prit la pierre qui avait voyagé avec les enfants d’Israël dans le désert et la plaça à l’entrée du tombeau ; c’est pourquoi il n’y fut pas enterré. Après que Joseph, Nicodème et Cléophas eurent enterré le Christ, ils déposèrent la pierre devant l’entrée du sépulcre. Les grands prêtres et les hommes de la maison de Pilate sortirent et scellèrent le sépulcre et la pierre.
[La Croix du Christ.]
Et maintenant, mon frère Némésius, sois étonné et rends grâces à Dieu de ce que toutes les courroies (ou ligatures) du . . . . . . du Christ étaient jointes ensemble sur les barres de support de l’arche du service de Dieu et la couverture du sanctuaire de propitiation. Voici ce que Dieu avait commandé à Moïse : faire un pectoral de jugement [ p. 237 ] (Exod. xxviii. 15) et de paix ; de jugement pour les Juifs qui l’ont crucifié [Fol. 49_b_, col. 1], et de paix pour les Gentils qui ont cru en lui. Sa croix était faite du bois du sanctuaire. Son tombeau était neuf, construit pour la mort de Josué, fils de Nôn. La pierre, qui est le Christ, avait, dans le désert, donné de l’eau à six cent mille personnes. Elle devint alors un autel et donna la vie à tous les Gentils. La parole de l’Apôtre : « Ce rocher était le Christ » (I Cor. x. 4) est vraie et digne de foi. Joseph était conseiller à Ramtha, Nicodème était docteur de la Loi à Jérusalem, et Cléophas était secrétaire des Hébreux à Amôs. Nicodème prépara tout ce qui était nécessaire pour la Pâque dans la chambre haute ; Joseph le prépara pour la sépulture et l’ensevelit dans son héritage, et Cléophas le reçut dans sa maison. Et lorsque [Fol. 49_b_, col. 2] Il était ressuscité des morts et ces hommes devinrent pour lui des frères véritables et fidèles.
[L’inscription trilingue au-dessus de la Croix.]
Et lorsque Joseph le descendit de la croix, il enleva l’inscription qui était étalée au-dessus de sa tête, c’est-à-dire au-dessus de la tête de la croix du Christ, car elle avait été écrite par Pilate en grec, en latin et en hébreu. Et pourquoi Pilate n’y écrivit-il rien sur les Syriens ? Parce que les Syriens n’avaient participé en aucune façon à l’effusion du sang du Christ. Or, Pilate, homme sage et ami de la vérité, ne voulut pas mentir comme le font les juges impies, mais il agit selon ce qui est écrit dans la loi de Moïse. Pilate écrivit sur l’inscription « les noms des langues de » ceux qui condamnaient l’innocent, dans l’ordre où les meurtriers du Christ posèrent les mains sur lui, et il accrocha l’inscription au-dessus de lui. Hérode était grec, Caïphe était « fol. 50_a_, col. 1] un Hébreu, et Pilate un Romain. Or, les Syriens n’ont pas participé au meurtre du Christ, et Abhgar, roi d’Édesse, en témoigne, lui qui souhaitait prendre Jérusalem et la détruire parce que les Juifs avaient crucifié le Christ. [Voir Cureton, Doctrine of Addai, éd. Phillips, page 30 ; Cureton, Ancient Syrian Documents, page 107 ; et Wright, Journal of Sacred Literature, n° XX, nouvelle série, janvier 1865.]
[Le Déchirement de l’Enfer.]
Or, la descente au Shéol ne fut pas vaine, car elle fut la cause de multiples bienfaits pour notre race. Il a chassé la Mort de son emprise. Il a prêché la résurrection à ceux qui gisaient dans la poussière, et il a pardonné à ceux qui avaient péché contre la Loi. Il a ravagé le Shéol et a fait périr le péché. Il a couvert Satan de honte, et attristé les démons, et il a abrogé les sacrifices et les offrandes, a fait l’apologie d’Adam, et a aboli les fêtes des Juifs.
[NOTE. — Selon le Livre copte de la Résurrection, attribué à l’apôtre Bartholomée, le Christ a enfoncé les portes de l’enfer, brisé les verrous et détruit les montants et les chambranles. Il a renversé les fournaises d’airain ardentes, éteint leurs feux et, balayant tout de l’enfer, il l’a laissé comme un désert. Il a enchaîné « l’Éhonté », lié les ministres de Satan et attaché un diable appelé Melkhir avec une chaîne. Voir le manuscrit oriental du British Museum n° 6804, et Budge, Apocryphes coptes, page 184.]
[La Résurrection du Christ.]
Et ressuscité du tombeau le troisième jour, le Christ apparut à Kîpâ (Pierre) et à Jean.
Et tandis que [Fol. 50_a_, col. 2] le Christ était dans le sépulcre, et que les sentinelles étaient assises tout autour, Simon Pierre conçut le projet de donner du vin à boire aux sentinelles afin qu’elles s’enivrent et s’endorment, alors qu’il avait l’intention de se lever, d’ouvrir le tombeau et d’en retirer le corps du Christ sans briser les [ p. 240 ] sceaux du tombeau, afin que les Juifs ne disent pas : « Certainement, ses disciples l’ont dérobé. » Et tandis que les sentinelles mangeaient et buvaient, le Christ se leva et se montra à Kîpâ (Pierre), car il était vraiment ressuscité. Et Pierre crut qu’il était vraiment le Christ, le Seigneur des cieux et de la terre, et ne s’approcha pas du sépulcre. Et ensuite le Christ aussi apparut ouvertement aux sentinelles, et il alla vers ses disciples dans la chambre haute, et Thomas le toucha. Et il apparut à ses disciples sur le rivage de la mer. Or, bien que Simon Pierre l’ait renié trois fois devant les Juifs, il l’a reconnu trois fois [Fol. 50_b_, col. 1] devant les disciples. Et le Christ lui remit et lui confia tout son troupeau, disant devant ses disciples : « Pais pour moi mes brebis, mes agneaux et mes brebis », c’est-à-dire hommes, femmes et enfants. Quarante jours après sa résurrection, il conféra aux Apôtres l’imposition des mains du sacerdoce, puis il monta au ciel et s’assit à la droite de son Père.
Alors les Apôtres se réunirent et montèrent à la Chambre haute avec Marie, la Sainte Vierge. Simon Pierre baptisa Marie, et Jean, la vierge, la reçut dans sa maison. Ils décrétèrent un jeûne jusqu’à ce qu’ils aient reçu l’Esprit, le Paraclet, à la Pentecôte, tous réunis. Et les langues furent distribuées entre eux, afin que chacun aille enseigner la nation dans la langue qu’il avait reçue, afin qu’il n’y ait jamais de divisions entre eux. Fol. 50b, col. 2.
Ici se termine le « LIVRE DE L’ORDRE DE LA SUCCESSION DES FAMILLES D’ADAM AU CHRIST », appelé la « Grotte des Trésors ».
Et à Dieu soit la gloire pour toujours !