[ p. 449 ]
Signification du caractère Hsiâo.
1. Le caractère chinois prononcé Hsiâo, que nous traduisons par « Piété filiale », et qui peut aussi jouer le rôle d’un adjectif « filial », d’un verbe « être filial » ou d’un adverbe « filialement », est l’un des caractères composés dont le sens est suggéré par la combinaison de leurs parties constituantes. Il est composé de deux autres caractères : l’un signifiant « vieillard » ou « vieillesse », et en dessous, le caractère signifiant « fils ». Il présente ainsi, selon le Shwo Wăn, le plus ancien dictionnaire chinois (100 apr. J.-C.), « un fils qui soutient un vieillard », c’est-à-dire un enfant qui soutient son parent. Hsiâo entre également comme élément phonétique dans au moins vingt autres caractères, de sorte qu’il doit être considéré comme ayant une formation très précoce. Le caractère Roi a été expliqué dans l’Introduction au Shû King, p. 2 ; et le titre, Hsiâo King, signifie « le Classique de la piété filiale ».
Le traité a-t-il été appelé le Roi Hsiâo par Confucius ?
2. De nombreux critiques chinois soutiennent que ce bref traité fut ainsi désigné par Confucius lui-même, et qu’il reçut le titre de Roi avant [ p. 450 ] n’importe lequel des classiques plus anciens et plus importants. Nous sommes redevables à Hsüan Ȝung (713-755 apr. J.-C.), l’un des empereurs de la dynastie Thang, pour la préservation du texte tel que nous le connaissons aujourd’hui. Dans la préface de son commentaire, on trouve cette phrase : « Le Maître a dit : « Mon but se voit dans le Khun Khiû ; ma (règle de) conduite est dans le Roi Hsiâo. » » L’auteur impérial cite ce dicton, comme s’il était universellement reconnu comme venant du sage. On le trouve à une date bien antérieure, dans la préface de Ho Hsiû (129-182 apr. J.-C.) à son commentaire sur le Khun Khiû, tel que transmis et annoté par Kung-yang. L’industrie des érudits l’a fait remonter encore plus loin, et sous une forme plus étendue, à un ouvrage intitulé Hsiâo King Kü-ming Küeh, une production, probablement, du premier siècle de notre ère, ou du siècle précédent. Il faisait partie d’une catégorie d’écrits sur les livres classiques, pleins de spéculations mystérieuses et inutiles, qui n’ont jamais pris rang parmi les exposés reconnus. La plupart d’entre eux ont rapidement disparu, mais celui-ci a subsisté jusqu’à la dynastie Sui (581-618 apr. J.-C.), car il en existait alors un exemplaire à la Bibliothèque impériale. Il est aujourd’hui perdu, mais quelques passages en ont été recueillis à partir de citations d’auteurs Han. Français Parmi eux, on trouve celui-ci : « Confucius a dit : « Si vous voulez voir mon but en distribuant l’éloge ou le blâme aux seigneurs féodaux, il se trouve dans le Khun Khiû ; les voies par lesquelles je voudrais exalter les relations sociales sont dans le Roi Hsiâo. » » Les mots ainsi attribués à Confucius ont été condensés, suppose-t-on, dans la forme sous laquelle nous les avons, d’abord par Ho Hsiû, puis par l’empereur Hsüan Ȝung. Qu’ils aient été réellement utilisés par le sage ou non, ils lui ont été attribués dès le début de notre ère chrétienne, et on croyait alors qu’il avait donné à notre classique le nom honorable de roi.
Le roi Hsiâo existait avant la dynastie Han.
3. Mais l’existence du roi Hsiâo peut être retracée plusieurs centaines d’années plus loin, moins d’un siècle après la mort de Confucius. Sze-mâ Khien, dans son histoire de la maison de Wei, l’un des trois marquisats en lesquels le grand État de Kin fut divisé au Ve siècle avant J.-C., nous apprend que le marquis Wan reçut, en 407 avant J.-C., les livres classiques de Pû Ȝze-hsiâ, et mentionne les noms de deux autres disciples de Confucius, avec lesquels il était en termes d’amitié intime. Il reste le titre d’un commentaire sur le roi Hsiâo par ce marquis Wan ; et le livre existait déjà à l’époque de Ȝhâi Yung (133-192 après J.-C.), qui en donne un court extrait dans l’un de ses traités.
Le contenu du classique et par qui il a été écrit.
4. La récupération de notre classique après les incendies de Khin sera relatée au chapitre suivant. Supposant ici qu’il ait été récupéré, nous l’examinons et trouvons une conversation, ou peut-être des notes de plusieurs conversations, entre Confucius et son disciple Ȝang-ȝze. Ce dernier, cependant, n’est guère plus qu’un auditeur, à qui le sage transmet ses vues sur la piété filiale dans ses diverses relations. Il existe deux recensions du texte : l’une en dix-huit chapitres, l’autre en vingt-deux. Telles qu’elles ont été éditées en dix-huit chapitres, chacune d’elles comporte une brève description. Je l’ai fournie dans la traduction ci-jointe, mais les titres ne peuvent être retracés au-delà du commentaire de l’empereur Hsüan.
Le dicton attribué par Ho Hsiû et d’autres à Confucius semble indiquer qu’il a lui-même composé l’ouvrage, mais le lecteur comprend immédiatement qu’il ne peut en être l’auteur. Le style et la méthode du traité ne suggèrent pas non plus une thèse, souvent défendue, selon laquelle il aurait été écrit par Ȝang-ȝze, sous la direction du maître. Rien ne nous empêche cependant d’accepter l’hypothèse, plus répandue encore, selon laquelle le Hsiâo serait issu de l’école de Ȝang-ȝze. Pour reprendre les mots de Hû Yin, auteur de la première moitié du XIIe siècle : « Le Classique de la piété filiale n’a pas été écrit par Ȝang-ȝze lui-même. Lorsqu’il se retirait de sa conversation (ou de ses conversations) avec Kung-nî sur le sujet de la piété filiale, il répétait aux disciples de sa propre école ce que le maître avait dit ; ils classaient les paroles et composaient le traité. »