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LA RÉCUPÉRATION DU ROI HSIÂO SOUS LA DYNASTIE HAN, ET SA PRÉSERVATION JUSQU’À LA PUBLICATION DU COMMENTAIRE DE L’EMPEREUR THANG HSÜAN ZUNG.
1. Le Roi Hsiâo souffrit, comme tous les autres livres confucéens, à l’exception du Yî, des incendies de Khin. Sa guérison ultérieure fut très semblable à celle du Shû, décrite aux pp. 7, 8. Nous possédons dans chaque cas une copie plus courte et une copie plus longue, un texte moderne et un texte ancien.
Récupération du roi Hsiâo.
Dans le catalogue de la bibliothèque impériale, préparé par Liû Hin juste avant le début de notre ère chrétienne, on trouve deux exemplaires du Hsiâo : « l’ancien texte de la famille Khung », qui comportait vingt-deux chapitres, selon une note de Pan Kû (mort en 92 apr. J.-C.), compilateur des documents des archives des Han occidentaux ; et un autre exemplaire, qui, selon la même autorité, comportait dix-huit chapitres, et fut par la suite appelé « le texte moderne ». Immédiatement après l’inscription de ces deux exemplaires, on trouve « Expositions du Hsiâo par quatre érudits », dont les noms de famille étaient Kang-sun, Kiang, Yî et Hâu. « Ils avaient tous travaillé sur le texte le plus court », dit Pan Kû.
Le texte le plus court ou moderne.
Français L’exemplaire en dix-huit chapitres, nous devons donc présumer, avait été le premier retrouvé ; mais nous n’avons aucune explication sur la manière dont cela s’est produit jusqu’à ce que nous arrivions aux archives de la dynastie Sui. On y dit que, lorsque l’édit de Khin ordonnant la destruction des livres fut publié, son exemplaire du Hsiâo fut caché par un érudit appelé Yen Kih, un membre, sans doute, de la famille Yen à laquelle appartenait Yen Hui, le disciple préféré de Confucius. Lorsque l’édit fut abrogé quelques années plus tard, Kăn, un fils de Kih, sortit l’exemplaire de sa cachette. Cela devait se passer au deuxième siècle avant J.-C., et la copie, transcrite probablement par Kăn, sous la forme des caractères alors utilisés, passerait sous la garde du conseil des grands érudits chargé de préserver les [ p. 453 ] livres anciens, sous les règnes des empereurs Wăn et King, 179-141 avant J.-C.
Le texte ancien ou plus long.
La copie du texte ancien provient des tablettes découvertes dans le mur de la maison confucéenne à l’époque de l’empereur Wû (140-187 av. J.-C.) et on dit généralement qu’elle a été déchiffrée, comme dans le cas des tablettes du Shû, par Khung An-kwo. An-kwo a lui-même écrit un commentaire sur le Hsiâo, qui n’apparaît pas dans le catalogue de Hin, tout comme il n’y est pas fait mention de son commentaire sur le Shû. Nous le trouvons cependant inscrit parmi les livres de la bibliothèque Sui avec la note suivante : « L’œuvre d’An-kwo disparut pendant les troubles de la dynastie Liang (502-556 apr. J.-C.) et resta inconnue jusqu’à l’époque des Sui, lorsqu’un exemplaire fut retrouvé dans la capitale et tomba entre les mains d’un érudit nommé Liû Hsüan. » Hsüan rendit public son trésor, qui fut rapidement reconnu par la cour, tandis que de nombreux érudits affirmaient qu’il s’agissait d’un faux de sa part, attribué à An-kwo. Quelle que soit notre opinion à ce sujet, la découverte de l’ancien texte et la production d’un commentaire de celui-ci par Khung An-kwo sont difficiles à remettre en question.
Une autre copie de l’ancien texte a-t-elle été découverte ?
Français On pourrait soutenir, en effet, qu’une autre copie de l’ancien texte a été trouvée au premier siècle avant J.-C. Dans un mémorial adressé à l’empereur An, en 121 après J.-C., au sujet du dictionnaire Shwo Wăn, par Hsü Kung, un fils de l’auteur, il dit que le Hsiâo King que son père utilisait était une copie de celle présentée, par « un très vieil homme de Lû », à l’empereur Kâo (86-74 avant J.-C.) [^626] De nombreux critiques chinois, et en particulier Wang Ying-lin [ p. 454 ] (mieux connu sous le nom de Wang Po-hâu, 1223-1296 après J.-C.), disent qu’il s’agit d’un récit différent de la récupération de l’ancien texte de celui auquel le nom de Khung An-kwo est lié. Il est difficile de concilier les deux affirmations, comme on le verra en se référant à la note ci-dessous [^627] ; et pourtant il est possible que la difficulté disparaisse si les détails de la découverte et du traitement ultérieur des tablettes nous étaient parvenus complets.
Peut-on se fier entièrement aux exemplaires catalogués par Liû Hin ?
Certes, au Ier siècle avant J.-C., il existait deux exemplaires du Hsiâo King dans la bibliothèque impériale des Han. Si ces exemplaires, catalogués par Liû Hin, étaient le texte authentique, présenté par Yen Kăn, et une transcription fidèle, en caractères Han actuels, du texte ancien découvert dans le mur de l’ancienne salle de conférence de Confucius, nous devrions pouvoir affirmer que les preuves de la récupération du Hsiâo, tel qu’il avait existé sous la dynastie Kâu, étaient aussi satisfaisantes que nous pouvions le souhaiter ; mais certaines considérations nous empêchent de le faire.
D’après les archives de Sui, après que l’ancien texte fut entré en possession de la cour et que les différences entre lui et le texte précédemment retrouvé furent observées, Liû Hsiang (80-89 av. J.-C.), père de Hin, fut chargé par l’empereur (Khăng, 32-37 av. J.-C.) de comparer les deux. Son examen aboutit à « supprimer du texte moderne ce qui était excessif et erroné, et fixer le nombre de chapitres à dix-huit ». Il ne semble pas qu’il y ait eu auparavant une division en chapitres de la copie de Kăn. On ignore ce que Hsiang fit dans le cas de l’ancien texte. Une note de Yen Sze-kû, de la dynastie Thang, annexée au Catalogue de Hin, cite ses propos : « Un chapitre du texte moderne était divisé en deux dans l’ancien, un autre en trois, et l’ancien comportait un chapitre qui n’apparaissait pas dans l’autre. » Ce chapitre manquant, il semblerait, était celui commençant par « À l’intérieur des petites portes menant aux appartements intérieurs », que j’ai ajouté, à partir de l’ancien texte actuel, à ma traduction du classique tel que publié par Hsüan Ȝung ; et pourtant le récit Sui dit que ce chapitre était dans le Hsiâo de .Kang-sun, l’un des quatre premiers commentateurs du texte moderne.
Les copies cataloguées par Hin ont été réalisées après l’examen et la révision des deux textes par son père. Il existe des ressemblances suspectes entre le style et la méthode du présent classique et ceux des œuvres originales de Hsiang qui nous sont parvenues. Il est impossible de dire, faute d’informations, quelles libertés il a prises avec les documents dont il avait la charge. Les différences entre les deux textes tels que nous les connaissons aujourd’hui sont insignifiantes. Je pense que les modifications apportées par Hsiang n’étaient pas importantes ; mais les ayant tels qu’ils provenaient de sa révision, nous les possédons de seconde main, ce qui a permis à Kû Hsî et à d’autres de les traiter de la manière décrite dans le chapitre suivant.
De Khung An-kwo à l’empereur Hsüan Ȝung.
2. J’ai dit plus haut (p. 450) que pour le texte du classique, c’est-à-dire le texte moderne, tel que nous le possédons aujourd’hui, nous sommes redevables aux travaux de l’empereur Hsüan Ȝung de la dynastie Thang. Kû Î-tsun, de la période Khien-lung (1736-1795), dans son ouvrage sur les classiques et les écrits qui s’y rapportent, a cité les titres de quatre-vingt-six ouvrages différents sur notre classique, parus entre Khung An-kwo et Hsüan ZȜung. Pas un seul de ces ouvrages ne subsiste aujourd’hui ; mais leur énumération montre que les érudits les plus éminents, au cours des siècles qui ont suivi, ont exercé leurs compétences sur le traité et se sont surveillés les uns les autres pour la préservation du texte. De plus, plusieurs de ces œuvres ont perduré sous la dynastie Thang, puis sous celle des Song. Le catalogue de la bibliothèque Sui contient les titres de dix-neuf d’entre elles.
L’œuvre de Hsüan Ȝung.
L’empereur Hsüan dit, dans sa préface, que pour rédiger son commentaire, il a librement utilisé les commentaires de six auteurs antérieurs, qu’il nomme. Il s’agit de Wei Kâo, Wang Sû, Yü Fan et Liû Shâo, tous de nos IIe et IIIe siècles ; Liû Hsüan, de notre VIe siècle, qui a travaillé sur le commentaire de Khung An-kwo, qui, comme je l’ai déjà dit, aurait été découvert à son époque et lui aurait été présenté ; et Lû Khang, bien antérieur à Liû, qui a traité de manière critique le commentaire attribué à Kăng Khang-_kh_ăng. « Mais », dit l’auteur impérial, « si un commentaire est raisonnablement juste, pourquoi devrions-nous nous demander de qui il vient ? Nous avons donc pris ces six auteurs, considérés dans [p. 457]] ils étaient d’accord et divergeaient, et décidaient entre leurs interprétations en se référant à la portée générale des cinq (grands) Rois. Dans un style concis, mais après un examen approfondi du sujet, nous avons clarifié le sens du classique.
Français L’empereur ne dit rien lui-même sur les différences entre les textes anciens et modernes, bien que nous sachions que ce sujet était véhémentement agité parmi les érudits de sa cour. Le texte tel qu’il l’a commenté est en dix-huit chapitres, qui n’incluent pas le chapitre auquel j’ai fait référence à la page 455 comme ayant été dans l’exemplaire de Kang-sun au premier siècle avant J.-C. On dit, et sur une autorité suffisante, que ce chapitre a été exclu sous l’influence de l’érudit et ministre Sze-mâ Kăn. À chacun de ses chapitres, l’empereur a fait précéder un bref titre ou argument, que j’ai conservé dans la traduction. Ces titres ont probablement été choisis par lui parmi une variété proposée par les érudits sur la cour.
Le texte employé dans ce commentaire impérial peut maintenant être considéré comme suffisamment sûr. Il fut gravé, moins d’un siècle plus tard, sur les tablettes de pierre de Thang, qui furent achevées en 837 et érigées à Hsî-an, la capitale Thang, où elles demeurent, très peu endommagées, jusqu’à ce jour [^628]. Et ce n’est pas tout. L’empereur fut si satisfait du commentaire qu’il fit graver l’intégralité sur quatre grandes tablettes ou piliers de pierre en 745. On les voit encore à Hsî-an, devant le Collège confucéen.
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L’oeuvre de Hsing Ping.
Il est à peine nécessaire d’en dire davantage sur la préservation du Roi Hsiâo. En 996, le deuxième empereur de la dynastie Song ordonna la préparation d’une édition annotée. Celle-ci fut finalement achevée en 1001, sous la direction de Hsing Ping (932-1010), avec un important corpus critique et une exposition prolongée, tant du texte que de l’explication de Hsüan Ȝung. Cet ouvrage est depuis toujours d’actualité en Chine.