Shih King : Odes mineures : La quatrième décennie, ou celle du Khî fû | Page de titre | Shih King : Odes mineures : La sixième décennie, ou celle de Pei Shan |
UNE LAMENTATION SUR L’INSOUCIANCE ET L’INCAPACITÉ DU ROI ET DE SES CONSEILLERS. LA DIVINATION EST DEVENUE INUTILE, ET ON FAIT DÉSESPOIREMENT APPEL AU CIEL.
Cette œuvre est mentionnée, comme plusieurs pièces de la quatrième décennie, à l’époque du roi Yû.
Les terreurs colériques du Ciel compatissant s’étendent à travers ce monde inférieur. Les conseils et les plans du roi sont tortueux et mauvais ; quand s’arrêtera-t-il ? Il ne suivra pas les bons conseils, et il emploiera ceux qui ne le sont pas. Quand je contemple ses conseils et ses plans, je suis profondément peiné.
Tantôt ils s’accordent, tantôt ils se diffament mutuellement. L’affaire est fort déplorable. Si un conseil est bon, ils s’y opposent tous. Si un conseil est mauvais, ils s’y rallient tous. Quand je considère de tels conseils et de tels plans, où vont-ils en venir ?
Nos carapaces sont épuisées, et ne nous disent rien des projets. Les conseillers sont nombreux, mais rien n’est accompli. Les orateurs remplissent la cour, mais qui ose prendre la moindre responsabilité ? Nous sommes comme si nous consultions (sur un voyage) sans faire un pas en avant, et donc sans nous mettre en route.
UN OFFICIER, DANS UN TEMPS DE DÉSORDRE ET DE MAUVAIS GOUVERNEMENT, EXHORTE SES FRÈRES À MAINTENIR LEUR PROPRE VERTU ET À OBSERVER LA PLUS GRANDE PRUDENCE.
Petite est la colombe qui roucoule, mais elle s’envole vers le ciel. Mon cœur est blessé de chagrin, et je pense à nos ancêtres. Quand l’aube se lève et que je ne peux dormir, mes pensées vont à nos parents.
Les hommes graves et sages, bien qu’ils boivent, sont doux et maîtres d’eux-mêmes ; mais ceux qui sont aveugles et ignorants s’adonnent à la boisson, et davantage chaque jour. Prenez garde, chacun de vous, à votre comportement ; ce que le Ciel confère (une fois perdu) ne se regagne pas [^422].
Les becs verts vont et viennent, ramassant du grain dans la cour. Hélas pour les affligés et les solitaires, jugés dignes des prisons ! Avec une poignée de grain, je sors et devine [^423] comment je pourrai devenir bon.
[ p. 360 ]
LE FILS AÎNÉ ET HÉRITIER PRÉSENT DU ROI YÛ DÉPLAIT SA DÉGRADATION, EN APPELANT AU CIEL QUANT À SON INNOCENCE ET SE PLAIGNANT DE CE QU’IL A JOUÉ À SON SORT À UN TEL MOMENT.
Il est admis que cette pièce est clairement l’œuvre d’un fils banni, et il n’y a pas lieu de remettre en question la tradition conservée dans la Préface qui la préfère à Î-_kh_iû, le fils aîné du roi Yû. Sa mère était une princesse de la maison de Shan ; mais lorsque Yû s’éprit de Sze de Pâo, la reine fut dégradée et le fils banni à Shan.
Les corbeaux battent des ailes et reviennent en volée. Les autres sont heureux, et moi seul suis plein de misère. Quelle est mon offense au Ciel ? Quel est mon crime ? Mon cœur est triste ; que faire ?
Même les mûriers et les rottleras doivent être respectés [^425] ; mais personne ne doit être considéré comme un père, personne ne doit être considéré comme une mère. N’ai-je pas un lien avec les cheveux (de mon père) ? N’ai-je pas vécu dans le ventre (de ma mère) ? Ô Ciel, qui m’as donné naissance ! Comment était-ce à un moment si néfaste ?
[ p. 361 ]
QUELQU’UN, SOUFFRANT DE LA PART DU ROI À CAUSE DE CALOMNIE, FAIT APPEL AU CIEL ET CONTINUE À S’ATTENDRE SUR LA NATURE ET LE MAL DE LA CALOMNIE.
Cette pièce a été attribuée à l’époque du roi Lî, de 878 à 828 av. J.-C.
Ô Ciel vaste et lointain, Toi qui es appelé notre parent, Pour que, sans crime ni offense, je souffre de désordres aussi grands ! Les terreurs du grand Ciel sont excessives, Mais en vérité, je n’ai commis aucun crime. (Les terreurs. du) grand Ciel sont très excessives, Mais en vérité, je n’ai commis aucune offense.
UN EUNUQUE, LUI-MÊME VICTIME DE CALOMNIE, SE PLAINT DE SON SORT, ET AVERTIT ET DÉNONCE SES ENNEMIS ; EN APPELANT CONTRE EUX, EN DERNIER RECOURS, AU CIEL.
Les orgueilleux sont ravis, et les troublés sont dans la tristesse. Ô ciel d’azur ! Ô ciel d’azur ! Regarde ces hommes orgueilleux, aie pitié de ceux qui sont troublés.
Ces calomniateurs ! Qui a ourdi leurs complots ? Je prendrais ces calomniateurs et les jetterais aux loups et aux tigres. Si ceux-ci refusaient de les dévorer, je les jetterais au nord [^426]. Si le nord refusait de les accueillir, je les jetterais entre les mains du grand [Ciel] [^427].
[ p. 362 ]
UN OFFICIER D’UN DES ÉTATS DE L’ORIENT DÉPLORE LES EXACTIONS FAITES À LEUR ÉGARD PAR LE GOUVERNEMENT, SE PLAINT DE LA FAVEUR ACCORDÉE À L’OCCIDENT, MET EN CONTRASTE LA MISÈRE DU PRÉSENT AVEC LE BONHEUR DU PASSÉ, ET FAIT APPEL AUX ÉTOILES DU CIEL QUI OBSERVENT LEUR CONDITION.
Je cite l’intégralité de ce texte, car il constitue un exemple intéressant des conceptions sabiennes. L’auteur, désespérant de l’aide des hommes, en appelle au Ciel ; mais il répartit la puissance qui pourrait l’aider entre de nombreux corps célestes, supposant qu’ils abritent des êtres spirituels, compte tenu des affaires humaines.
Les plats étaient bien chargés de millet, et les cuillères de bois d’épine étaient longues et courbées. Le chemin de Kâu était comme une pierre à aiguiser, et droit comme une flèche. Les officiers le parcouraient, et le peuple le contemplait. Quand j’y repense, mes larmes coulent à flots.
Dans les États de l’Est, grands et petits, les métiers à tisser sont vides. Alors des chaussures de fibre de dolichos sont fabriquées pour servir à marcher sur le givre. Des gentilshommes minces et élégants [^428] marchent sur cette route vers Kâu. Leurs allées et venues me rendent le cœur triste.
Eaux froides, jaillissant diversement de la source, Ne trempez pas le bois que j’ai coupé. Triste, je m’éveille et soupire : — Hélas pour nous, peuple laborieux ! Le bois a été coupé ; — Si seulement il était [ p. 363 ] ramené à la maison ! Hélas pour nous, peuple laborieux ! Si seulement nous pouvions nous reposer !
Les fils de l’Est ne sont appelés qu’au service, sans encouragement ; tandis que les fils de l’Ouest brillent dans des robes splendides. Les fils des bateliers ont des fourrures d’ours et d’ours macabre. Les fils des familles les plus pauvres forment les officiers de la fonction publique.
Si nous leur présentons des spiritueux, ils les considèrent comme impropre à l’appellation de liqueur. Si nous leur donnons de longs pendentifs de ceinture avec leurs pierres, ils les trouvent trop courts.
Il y a la Voie Lactée dans le ciel [^430], Qui nous regarde dans la lumière ; Et les trois étoiles ensemble sont les Sœurs Tisseuses [^431], Passant en un jour à travers sept étapes (du ciel).
Bien qu’ils passent par leurs sept étapes, ils n’accomplissent aucune œuvre brillante pour nous. Les bœufs de trait brillent de mille feux [^432], mais ils ne servent pas à tirer nos charrettes. À l’est se trouve Lucifer [^433] ; à l’ouest se trouve Hespérus [^433] ; long et courbé [ p. 364 ] est le filet à lapins du ciel [^434] ; — mais ils n’occupent que leurs places.
Au sud se trouve le tamis [^435], mais il ne sert à rien de tamiser. Au nord se trouve la louche [1], mais elle ne sert à rien. Au sud se trouve le tamis, montrant distraitement son ouverture. Au nord se trouve la louche, levant son anse vers l’ouest.
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359:1 « Ce que le Ciel confère » est probablement la bonne nature humaine qui, par le vice, et surtout par l’ivresse, peut être irrémédiablement ruinée. ↩︎