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SHANG était le nom sous lequel la dynastie qui remplaça Hsiâ (1766 av. J.-C.) régna sur le royaume pendant 300 ans. Yin commença alors à être utilisé aussi bien que Shang, et la dynastie fut appelée indifféremment Shang ou Yin, et parfois Yin-Shang par une combinaison des deux noms. La maison régnante remontait à l’Antiquité, par Hsieh, dont la nomination par Shun au poste de ministre de l’Instruction est relatée dans le Canon de Shun. Pour ses services, Hsieh fut investi de la principauté de Shang, correspondant au petit département actuel du même nom à Shen-hsî. De Hsieh à Thang, le fondateur de la dynastie, on compte quatorze générations, et l’on retrouve Thang, à ses débuts dans l’histoire, loin de son fief ancestral, dans le « Pô méridional », correspondant à l’actuel district de Shang-kh-iû, département de Kwei-teh, Ho-nan. La tendance de la dynastie, cependant, était dérivée de la dynastie Shang originelle.
Il y avait dans le Shû, lors de la constitution du recueil, trente et un documents de Shang répartis en quarante Livres, dont onze seulement subsistent, répartis en dix-sept Livres, deux d’entre eux contenant chacun trois parties ou sections. Le Discours de Thang, qui est aujourd’hui le premier Livre de la Partie, n’était à l’origine que le sixième. Thang était la destination du héros dont le nom de famille, datant de Hsieh, était Ȝze, et le prénom Lî. Thang peut être traduit par « le Glorieux ». Son style courant en histoire est Khăng Thang, « Thang le Complétant » ou « Thang le Réussi ».
Il avait convoqué son peuple pour l’accompagner en campagne contre Kieh, le cruel et condamné souverain de Hsiâ, et les trouvant réticents à l’entreprise, il expose dans ce livre ses raisons d’attaquer le tyran, argumente contre leur réticence, utilisant à la fin à la fois des promesses et des menaces pour les inciter à obéir à ses ordres.
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Le roi dit : « Venez, multitudes du peuple, écoutez bien mes paroles. Ce n’est pas moi, le petit enfant [^95], qui ose entreprendre une entreprise rebelle ; mais pour les nombreux crimes du souverain de Hsiâ, le Ciel a ordonné sa destruction. »
Maintenant, multitudes, vous dites : « Notre prince ne nous a pas fait miséricorde, mais il nous appelle à quitter nos terres pour attaquer et punir Hsiâ. » J’ai certes entendu ces paroles de vous tous ; mais le souverain de Hsiâ est coupable, et, craignant Dieu, je n’ose m’empêcher de le punir.
« Maintenant, vous dites : « Quels sont pour nous les crimes de Hsiâ ? » Le roi de Hsiâ épuise par tous les moyens les forces de son peuple et exerce l’oppression dans les villes de Hsiâ. Ses multitudes sont devenues totalement indifférentes (à son service) et ne ressentent aucun lien d’union (avec lui). Ils disent : « Quand expireras-tu, ô soleil ? Nous périrons tous avec toi [^96]. » Telle est la conduite (du souverain) de Hsiâ, et maintenant je dois aller (le punir).
Aidez-moi, je vous prie, moi, l’Unique, à exécuter le châtiment ordonné par le Ciel. Je vous récompenserai largement. Ne me croyez en aucun cas ; ne renie pas mes paroles. Si vous n’obéissez pas aux paroles que je vous ai ainsi dites, je ferai mourir vos enfants avec vous ; vous ne trouverez aucun pardon.