Ce livre est le premier des « Annonces », qui constituent une grande catégorie de documents du Shû. Ils se distinguent des discours, car ils sont prononcés en assemblée générale ou publiés pour l’information de tous, tandis que les discours sont adressés à une armée.
Kung-hui, d’une vieille famille, dont le nom de famille était _Z_ăn, et dont le siège se trouvait sur le territoire de Hsieh, correspondant à l’actuel district de Thang, département de Yen-_k_âu, Shan-tung, était ministre de Thang. Thang a remporté la victoire contre Kieh et l’a détrôné, mais il est hanté par un sentiment de remords et craint que ses actes ne soient invoqués dans les siècles futurs comme excuse pour rébellion. Ceci donne lieu à l’Annonce, dans laquelle Kung-hui justifie la démarche du roi, montrant, d’abord, qu’il n’avait fait qu’obéir aux directives du Ciel, puis, que les hommes avaient consenti à cette démarche. Il conclut par divers conseils adressés au roi.
1. Lorsque Thang le Réussi retenait Kieh en exil à Nan-khâo [^97], il ressentit un sentiment de honte à cause de sa conduite et dit : « J’ai peur que dans les âges futurs, les hommes ne se remplissent la bouche de moi (en guise d’excuse pour leurs actes de rébellion). »
2. Sur ce, Kung-hui fit l’annonce suivante : « Oh ! Le Ciel donne naissance au peuple avec de tels désirs que, sans dirigeant, il tombera dans tous les désordres ; et le Ciel donne de nouveau naissance [ p. 87 ] à l’homme intelligent pour le gouverner. »* La vertu du souverain de Hsiâ était complètement obscurcie, et le peuple était (comme s’il était tombé) au milieu de la boue et des charbons ardents. Le Ciel a alors doté (notre) roi de valeur et de prudence, pour servir de signe et de guide aux myriades de régions, et pour perpétuer les anciennes coutumes de Yü. Vous ne faites maintenant que suivre la bonne voie, honorant et obéissant aux ordres du Ciel. Le roi de Hsiâ était un délinquant, alléguant faussement et calomnieusement la sanction du Ciel suprême, pour répandre ses ordres parmi le peuple. C’est pourquoi Dieu l’a regardé avec désapprobation, a fait en sorte que notre Shang reçoive sa nomination et vous a employé à éclairer les multitudes (du peuple).
3. « Contempteurs des dignes et parasites des puissants, il avait certes de nombreux partisans de ce genre : mais dès le début, notre pays fut pour le souverain de Hsiâ comme de la mauvaise herbe parmi les blés naissants et des grains flétris parmi les bons. (Notre peuple), grand et petit, était dans une appréhension constante, craintif bien qu’il ne fût coupable d’aucun crime. Combien plus encore, lorsque les vertus de notre prince devinrent un thème écouté avec impatience ! Notre roi ne s’approchait ni de la musique (dissolue) ni des femmes ; il ne cherchait pas à accumuler biens et richesses. À la grande vertu, il accordait de grandes fonctions et aux grands mérites de grandes récompenses. Il employait les autres comme si (leurs excellences) étaient les siennes ; il ne tardait pas à corriger ses erreurs. Justement indulgent et justement bienveillant, par l’étalage (d’une telle vertu), des millions de personnes lui accordaient leur confiance.
[ p. 88 ]
« Lorsque le comte de Ko [^98] manifesta son hostilité envers les porteurs de provisions, l’œuvre de châtiment commença avec Ko. Quand elle se poursuivait à l’est, les tribus sauvages de l’ouest murmuraient ; quand elle se poursuivait au sud, celles du nord murmuraient : « Pourquoi nous laisse-t-il seuls les derniers ? » Où qu’il aille, les gens se félicitaient les uns les autres dans leurs familles, disant : « Nous avons attendu notre prince ; notre prince est arrivé, et nous ressuscitons. » L’honneur que le peuple rend à notre Shang est une chose de longue date. »
4. « Montrez de la faveur aux princes capables et aux principes droits, et aidez les vertueux ; distinguez les loyaux et laissez libre cours aux bons. Absorbez les faibles et punissez les aveugles volontaires ; retirez leurs États des désordonnés et traitez sommairement ceux qui vont à la ruine. Lorsque vous hâtez ainsi la fin de ce qui est prêt à périr et renforcez ce qui est fort pour vivre, comme les États prospéreront tous ! Lorsque la vertu d’un souverain se renouvelle quotidiennement, il est chéri dans les myriades de régions ; lorsque son esprit n’est rempli que de lui-même, il est abandonné par les neuf branches de sa parenté. Efforcez-vous, ô roi, de rendre votre vertu encore plus illustre et d’élever l’étendard du juste milieu devant le peuple. Ordonnez vos affaires [ p. 89 ] par la droiture ; Ordonnez votre cœur selon la bienséance ; ainsi vous transmettrez un grand exemple à la postérité. J’ai entendu dire : « Celui qui se trouve des instructeurs accède à la domination suprême ; celui qui prétend que les autres ne sont pas ses égaux court à sa perte. Celui qui aime à poser des questions s’élargit ; celui qui n’utilise que ses propres opinions se rapetisse. » Oh ! celui qui veut se soucier de la fin doit être attentif au commencement. Il y a l’établissement pour les observateurs de la bienséance, et la ruine pour les aveugles et les indifférents. Révérer et honorer le chemin prescrit par le Ciel est le moyen de toujours préserver la faveur divine.
[^101] : 86:1 Nan-_kh_âo est identifié avec l’actuel district de Khâo, département Lû-_k_âu, An-hui.