La conversation rapportée ici — appelée, comme le dernier Livre, et avec aussi peu de raison, une « Annonce » — se réfère à 1123 avant J.-C., l’année où la dynastie des Shang a péri.
Wei était une principauté du domaine royal, correspondant à l’actuel district de Lû-_kh_ăng, département de Lû-an, Shan-hsî, dont les seigneurs étaient comtes. Le comte qui apparaît ici était, très probablement, un frère aîné du roi, de la même mère, qui n’était cependant que concubine à sa naissance, mais élevée au trône avant la naissance de Kâu-hsin. Attristé par la ruine imminente de la dynastie, le comte consulte deux autres hauts nobles et leur demande de lui indiquer la conduite à tenir. L’un d’eux lui répond en termes encore plus fermes sur la situation et les perspectives du royaume, et conclut en conseillant au comte de s’enfuir, déclarant qu’il resterait à son poste et partagerait l’inévitable ruine. [ p. 122 ] 1. Le comte de Wei parla ainsi : « Grand Maître et Maître Second [^120], (la Maison de) Yin, nous pouvons en conclure, ne peut plus exercer son autorité sur les quatre points (du royaume). Les hauts faits de notre fondateur ont été démontrés dans les temps anciens, mais par notre indulgence démente envers les esprits, nous avons détruit (les effets de) sa vertu dans les temps futurs. (Le peuple de) Yin, petit et grand, est adonné au brigandage, aux scélératesses et à la trahison. Les nobles et les officiers s’imitent mutuellement dans la violation des lois, et il n’y a aucune certitude que les criminels seront appréhendés. Les petites gens (en conséquence) se soulèvent et commettent de violents outrages les uns envers les autres. Yin est maintenant en ruine ; son état est semblable à celui de quelqu’un traversant un ruisseau sans trouver ni gué ni berge. Yin se précipite-t-il vers la ruine à ce rythme ! »
Il ajouta : « Grand Maître et jeune Maître, nous sombrons dans la folie. Les membres les plus vénérables de nos familles se sont retirés dans la nature ; et vous ne m’indiquez aucune voie à suivre, mais vous me parlez simplement de la ruine imminente – que faire ? »
2. Le Grand Maître fit la réponse suivante : « Ô fils de notre (ancien) roi, le Ciel, en colère, envoie des calamités et ravage le pays de Yin. » De là est née cette folle indulgence envers les esprits. (Le roi) n’a aucun respect [ p. 123 ] pour les choses qu’il devrait révérer, mais il méprise les vénérables vieillards, les hommes qui sont au pouvoir depuis longtemps. Le peuple de Yin volera désormais même les victimes pures et parfaites consacrées aux esprits du ciel et de la terre ; » et leur conduite est tolérée, et bien qu’ils se mettent à manger les victimes, ils ne subissent aucun châtiment. (D’un autre côté, lorsque je baisse les yeux et que j’examine le peuple de Yin, les méthodes par lesquelles il est gouverné sont des exactions haineuses, qui suscitent outrages et haine ; et cela sans cesse. De tels crimes concernent également tous ceux qui détiennent l’autorité, et des multitudes meurent de faim sans personne à qui s’adresser. Voici venu le temps de la calamité de Shang ; je me lèverai et partagerai sa ruine. Quand la ruine s’abattra sur Shang, je ne serai pas le serviteur (d’une autre maison). (Mais) je te dis, ô fils de roi, de t’en aller, car c’est la voie à suivre (pour toi). Autrefois, je t’ai blessé par mes paroles ; si tu ne t’en vas pas (maintenant), nos (sacrifices) périront entièrement. Reposons-nous tranquillement (dans nos quartiers respectifs), et présentons-nous chacun aux anciens rois [^121] (comme s’ils l’avaient fait).* Je ne pense pas m’échapper.