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THANG mourut en 1754 ou 1753 av. J.-C. et fut remplacé, selon les témoignages du Shû, par son petit-fils, connu sous le nom de Thâi Kiâ. Le ministre principal de Thang était Î Yin, qui transmet ces Instructions à son jeune souverain peu après son accession au trône. C’était un homme grand et sage, « un grand sage », comme le qualifie Thang dans le dernier Livre, et Mencius le classe, parmi d’autres ministres célèbres, comme « celui qui est le plus enclin à occuper des fonctions ». Il raisonne ainsi : « Le plan du Ciel pour l’humanité est que ceux qui sont les premiers informés instruisent ceux qui le seront plus tard, et que ceux qui appréhendent les premiers les principes instruisent ceux qui le feront plus tard. » Il se croyait de la première catégorie, et un feu brûlant en lui le poussait à envisager une fonction au profit des ignorants et des égarés. De nombreuses légendes circulaient à son sujet à l’époque de Kâu. Il fut surnommé Î, car il était né près de la rivière du même nom, un affluent de la Ho. On dit que son nom était Kih, et aussi Â-hăng (voir le début du livre suivant). Yin était son titre. Thang lui avait probablement confié la tutelle de son petit-fils, et il passa donc en revue l’histoire du royaume depuis Yü, jusqu’à son transfert de la lignée de Hsiâ à celle de Shang, célébrant les vertus de Thang et de son gouvernement, et avertissant le jeune roi du sort qui l’attendait s’il négligeait les instructions qui lui avaient été données.
1. Au douzième mois de la première année, le (jour) Yî-_kh_âu, Î Yin sacrifia à l’ancien roi et présenta le roi héritier avec révérence devant (le sanctuaire de) son grand-père.* Tous les princes du domaine des nobles et du domaine royal étaient présents ; tous les officiers (également), chacun continuant à s’acquitter de ses fonctions particulières, étaient là pour recevoir les ordres du ministre en chef. Î Yin décrivit alors clairement la vertu complète de l’Ancêtre Méritoire pour l’instruction du (jeune) roi. [ p. 93 ] 2. Il dit : « Oh ! autrefois, les anciens rois de Hsiâ cultivaient sérieusement leur vertu, et alors il n’y avait pas de calamités du Ciel. Les esprits des collines et des rivières étaient également tous en tranquillité ; et les oiseaux et les bêtes, les poissons et les tortues, tous jouissaient de leur existence selon leur nature.* Mais leurs descendants ne suivirent pas (leur exemple), et le grand Ciel envoya des calamités, employant l’agence de notre (souverain) qui était en possession de sa nomination favorable.* L’attaque (sur Hsiâ) peut être attribuée (aux orgies de) Ming-thiâo [^103], mais notre (ascension) commença à Po. Notre roi de Shang déploya brillamment sa sage prouesse ; à l’oppression, il substitua sa généreuse douceur ; et des millions de personnes lui donnèrent leur cœur. Maintenant, Votre Majesté entre dans l’héritage de sa vertu ; tout dépend (de la manière dont) vous commencerez votre règne. Pour établir l’amour, c’est à vous d’aimer (vos proches) ; pour établir le respect, c’est à vous de respecter (vos aînés). Le commencement est dans la famille et l’État ; la consommation est dans (tout ce qui se trouve dans) les quatre mers.’
3. « Oh ! l’ancien roi commença par prêter une attention particulière aux liens qui unissent les hommes. Il écoutait les remontrances et ne cherchait pas à y résister ; il se conformait à la sagesse des anciens ; occupant la plus haute position, il faisait preuve d’intelligence ; occupant une position inférieure, il affichait sa loyauté ; il reconnaissait les qualités des hommes qu’il employait et ne cherchait pas à leur donner tous les talents ; dans son propre gouvernement, il semblait penser qu’il ne pourrait jamais y parvenir. C’est ainsi qu’il parvint à la possession de myriades de régions. — Avec quelle minutie il était en ces choses !
« Il a cherché avec soin des hommes sages qui pourraient vous être utiles, à vous, son descendant et héritier. Il a établi les châtiments pour les officiers et a averti ceux qui détenaient l’autorité, en disant : « Si vous osez danser constamment dans vos palais et chanter enivrant dans vos chambres, cela s’appelle la mode des sorciers ; si vous osez vous attacher aux richesses et aux femmes, et vous abandonner à l’errance ou à la chasse, cela s’appelle la mode de l’extravagance ; si vous osez mépriser les paroles sages, résister aux loyaux et aux droits, éloigner de vous les personnes âgées et vertueuses, et rechercher la compagnie des jeunes gens provocateurs, cela s’appelle la mode du désordre. Or, si un haut noble ou un officier s’adonne à l’une de ces trois modes et à leurs dix mauvaises voies [^104], sa famille sera certainement ruinée ; si le prince d’un pays s’y adonne ainsi, son État sera certainement ruiné. Le ministre qui ne tente pas de corriger (de tels vices chez le souverain) sera puni de la flétrissure. » Ces règles étaient également minutieusement inculquées aux fils d’officiers et de nobles dans leurs leçons.
4. « Oh ! vous qui succédez maintenant au trône, révérez (ces avertissements) en votre personne. Pensez à eux ! Conseils sacrés d’une importance capitale, paroles admirables exprimées avec force ! (Les voies) de Dieu ne sont pas invariables : sur celui qui fait le bien, il envoie toutes les bénédictions, et sur celui qui fait le mal, il envoie toutes les misères.* Soyez seulement vertueux, que ce soit dans les petites choses (ou dans les grandes), et les myriades de régions auront des raisons de se réjouir. Si vous n’êtes pas vertueux, que ce soit dans les grandes choses (ou dans les petites), cela entraînera la ruine de votre temple ancestral. »