Ceci est la dernière des « Instructions » d’Î Yin ; elle est adressée, comme celles des deux derniers Livres, à Thâi Kiâ, mais à une époque ultérieure, lorsque le grand ministre souhaita se retirer des travaux administratifs. Il disparaît maintenant de la scène historique, bien que, selon Sze-mâ Khien et une mention dans la Préface du Shû, il ait vécu jusqu’en 1713 av. J.-C., huitième année du fils et successeur de Thâi Kiâ.
Dans ce livre, son sujet est « La vertu pure ou singulière » et son importance pour le souverain du royaume. Il s’attarde sur la chute de Kieh, due à son absence, et sur l’élévation de Thang, due à sa possession ; il traite de sa nature et de ses conséquences, et recommande vivement à Thâi Kiâ de la cultiver.
1. Î Yin, ayant rendu le gouvernement à son souverain, et étant sur le point d’annoncer sa retraite, émit des avertissements sur le sujet de la vertu.
2. Il dit : « Oh ! il est difficile de se fier au Ciel ; ses nominations ne sont pas constantes. » (Mais si le souverain veille à ce que) sa vertu soit constante, il conservera son trône ; si sa vertu n’est pas constante, il perdra les neuf provinces. » Le roi de Hsiâ ne put maintenir inchangée la vertu (de ses ancêtres), mais méprisa les esprits et opprima le peuple. Le Grand Ciel ne lui accorda plus sa protection. Il scruta les myriades de régions pour guider celui qui recevrait sa nomination favorable, recherchant avec affection un possesseur de pure vertu ; qu’il pourrait faire seigneur de tous les esprits. » (Il y avait alors moi, Yin et Thang, tous deux doués de pure vertu et capables de satisfaire l’esprit du Ciel. Il reçut (en conséquence) la brillante faveur du Ciel, de sorte qu’il devint possesseur de la multitude des neuf provinces, et entreprit de changer le commencement de l’année de Hsiâ. Ce n’est pas que le Ciel ait eu une préférence particulière pour le seigneur de Shang ; il a simplement accordé sa faveur à la pure vertu. Shang ne recherchait pas l’allégeance des gens du peuple ; le peuple s’est simplement tourné vers la pure vertu. Là où la vertu du souverain est pure, ses entreprises sont toutes heureuses ; là où sa vertu est hésitante et incertaine, ses entreprises sont toutes malheureuses. Le bien et le mal n’arrivent pas aux hommes à tort, mais le Ciel leur accorde malheur ou bonheur selon leur conduite.
3. « Maintenant, ô jeune roi, tu entres dans ta (grande) fonction, tu devrais chercher à [ p. 102 ] renouveler ta vertu. Enfin, comme au début, fais-en ton unique objectif, ainsi feras-tu un renouvellement quotidien. Que les officiers que tu emploies soient des hommes vertueux et compétents, et que les ministres qui t’entourent soient les hommes qu’il faut. Le ministre, par rapport à (son souverain) au-dessus de lui, doit promouvoir sa vertu, et, par rapport à (ses) subordonnés, doit rechercher leur bien. Comme il doit être difficile (de trouver l’homme approprié) ! Quelle attention particulière doit être requise ! (Par la suite) il faut qu’il y ait une harmonie (cultivée) avec lui, et une unité (de confiance placée en lui). »
Il n’existe pas de modèle invariable de vertu ; un respect suprême du bien en donne le modèle. Il n’existe pas de caractéristique invariable du bien qui doive être suprêmement respectée ; on la trouve là où il y a conformité à une conscience uniforme (concernant le bien). (Une telle vertu) fera dire au peuple, avec ses innombrables surnoms : « Que les paroles du roi sont grandes ! » et aussi : « Que le cœur du roi est simple et pur ! » Elle contribuera à maintenir en paix les riches possessions de l’ancien roi et à assurer à jamais la vie (heureuse) de la multitude du peuple.
4. « Oh ! (conserver une place) dans le temple aux sept sanctuaires [^110] des ancêtres est un témoignage suffisant de vertu. » Être reconnu comme chef par la myriade de chefs de famille est une preuve suffisante de son gouvernement. [ p. 103 ] Le souverain sans le peuple n’a personne qu’il puisse employer ; et le peuple sans le souverain n’a personne qu’il puisse servir. Ne vous croyez pas si grand que vous considériez les autres comme petits. Si les hommes et les femmes ordinaires ne trouvent pas l’occasion de donner le plein épanouissement à leurs capacités, le seigneur du peuple sera privé des aides appropriées pour compléter son mérite. »