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ȜHÂI était le nom du petit État ou territoire conféré à Tû, le frère cadet du duc de Kâu. Ce nom subsiste encore dans le district de Shang-_ȝh_âi, département de Z_û-ning, Ho-nan. Tû fut déchu de son État en raison de sa complicité dans la rébellion de Wû-_k_ăng ; mais il fut ensuite restitué à son fils Hû par cette accusation. Hû est ici appelé Kung, ce terme désignant simplement sa place parmi ses frères ou cousins. Le roi Khăng et Hû étaient cousins, « frères » selon l’usage chinois, et Hû, étant le plus jeune des deux, était appelé Ȝhâi Kung, « le second ou cadet frère de Ȝhâi ».
Le livre se compose de deux chapitres. Le premier, qui constitue une préface, donne les détails nécessaires à l’explication de la nomination de Hû. Le second contient les instructions du roi, délivrées en son nom par le duc de Kâu, indiquant à Hû comment se comporter afin d’effacer le souvenir des méfaits de son père et de gagner les éloges du roi.
1. Alors que le duc de Kâu était premier ministre et dirigeait tous les officiers, les oncles (du roi) répandirent une (mauvaise) rumeur, à la suite de laquelle (le duc) fit mettre à mort le prince de Kwan à Shang [^227] ; enferma le prince de Ȝhâi à Kwo-lin [^228], avec une suite de sept chars ; et réduisit le prince de Hwo [^229] au rang de simple particulier, faisant effacer son nom des registres pour trois ans. Le fils du prince [ p. 212 ] de Ȝhâi ayant fait preuve d’une vertu respectueuse, le duc de Kâu le nomma haut ministre, et à la mort de son père, demanda au roi un décret l’investissant du pays de Ȝhâi.
2. Le roi parle à cet effet : « Mon petit enfant, Hû, tu suis la vertu (de nos ancêtres) et tu as changé de conduite (de ton père) ; tu es capable de prendre garde à tes voies ; — je te nomme donc marquis en Orient. Va dans ton fief et sois respectueux !
« Afin de couvrir les fautes de ton père, sois loyal et filial [^230]. Poursuis tes pas à ta manière, assidu et jamais oisif, et tu transmettras ainsi un exemple à tes descendants. Suis les leçons constantes de ton grand-père, le roi Wăn, et ne désobéis pas, comme ton père, aux ordres royaux.
Le Grand Ciel n’a pas d’affections partiales ; il n’aide que les vertueux. Le cœur des gens n’a pas d’attachement immuable ; ils ne chérissent que les bons. Les actes de bonté sont différents, mais ils contribuent tous ensemble au bon ordre. Les actes de malveillance sont différents, mais ils contribuent tous ensemble au désordre. Soyez prudents !
En prêtant attention au commencement, pensez à la fin ; elle sera alors sans détresse. Si vous ne pensez pas à la fin, elle sera pleine de détresse, même la plus grande.
« Efforcez-vous d’atteindre votre propre mérite. Cherchez à être en harmonie avec tous vos voisins. [ p. 213 ] Soyez une barrière pour la Maison royale. Vivez en amitié avec vos frères. Apaisez et aidez les gens du peuple.
« Suis la voie du juste milieu, et ne cherche pas à être intelligent, à bouleverser les anciennes lois. Sois attentif à ce que tu vois et entends, et ne t’écarte pas de la bonne règle par des paroles partiales. Alors, moi, l’Unique, je te louerai. »
« Le roi dit : « Oh ! mon petit enfant, Hû, va, et ne rejette pas inutilement ma charge. » »