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C’est le matin du jour de la bataille, pour laquelle le roi a préparé son armée par les trois discours du dernier Livre. Il s’adresse une fois de plus à ses princes alliés, à ses officiers et à ses hommes. Il expose plus brièvement l’intolérable méchanceté de Shâu, et instruit et avertit ses troupes sur la conduite à tenir au combat.
Mû se trouvait au sud de l’actuel district de Khî, département de Wei-hui, Ho-nan, une étendue de campagne ouverte s’étendant dans le district de Kî, et à une courte distance de la capitale de Shâu.
1. C’était l’aube grise du jour Kiâ-ȝze. Ce matin-là, le roi arriva dans la campagne de Mû, aux confins des Shang, et s’adressa à son armée. De la main gauche, il tenait une hache d’armes jaune d’or, et de la droite, un étendard blanc qu’il agita en disant : « Vous êtes loin, hommes des régions occidentales ! » Il ajouta : « Ah ! vous, dirigeants héréditaires de mes États amis ; vous, gestionnaires des affaires, les ministres de l’Instruction, de la Guerre et des Travaux publics ; les hauts fonctionnaires qui leur sont subordonnés, et les nombreux autres officiers ; le maître de mes gardes du corps ; les capitaines de milliers et les capitaines de centaines ; et vous, ô hommes de Yung, Shû, Kiang, Mâo, Wei, Lû, Phang et Pho [^132], levez vos lances, joignez vos boucliers, levez vos lances : j’ai un discours à prononcer. » [ p. 132 ] 2. Le roi (alors) dit : « Les anciens ont dit : « La poule n’annonce pas le matin. Le chant d’une poule le matin (indique) la subversion de la famille. » Or, Shâu, le roi de Shang, ne suit que les paroles de sa femme. Dans son aveuglement, il a négligé les sacrifices qu’il devait offrir et ne répond pas (aux faveurs qu’il a reçues) ;* il a également rejeté ses parents paternels et maternels, ne les traitant pas correctement. Ce ne sont que des vagabonds de toutes parts, chargés de crimes, qu’il honore et exalte, qu’il emploie et en qui il a confiance, faisant d’eux de grands officiers et de hauts nobles, afin qu’ils puissent tyranniser le peuple et exercer leurs scélératesses dans les villes de Shang.
« Maintenant, moi, Fâ, j’exécute simplement, respectueusement, le châtiment ordonné par le Ciel. » Aujourd’hui, n’avancez pas de plus de six ou sept pas, puis arrêtez-vous et ajustez vos rangs ; mes braves, soyez énergiques ! Ne dépassez pas quatre, cinq, six ou sept coups, puis arrêtez-vous et ajustez vos rangs ; mes braves, soyez énergiques ! Affichez une allure martiale. Soyez comme des tigres et des panthères, comme des ours et des ours macabres, (ici) aux frontières de Shang. Ne vous précipitez pas sur ceux qui fuient (vers nous en signe de soumission), mais accueillez-les pour servir notre terre occidentale ; mes braves, soyez énergiques ! Si vous ne le faites pas (dans toutes ces affaires), vous attirerez la destruction sur vous-mêmes. »