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D’après la note de la préface du Shû, la charge donnée dans ce livre à Kün-yâ, ou peut-être au « prince Yâ », émane du roi Mû ; et cette déclaration n’est contestée par aucun critique chinois. Le règne du roi Khâo, successeur de Khang, est ainsi passé sous silence dans les documents du Shû. Mû était le fils et successeur de Khâo, et régna de 1001 à 947 av. J.-C.
Le nom de famille de Kün-yâ est inconnu. Il est nommé ici ministre de l’Instruction, et comme il est indiqué que son père et son grand-père avaient occupé le même poste, on suppose qu’il était le petit-fils du comte de Zui, qui était ministre de l’Instruction au début du règne du roi Khang.
Le livre est court, parlant des devoirs de la fonction, et stimulant Yâ à les remplir par des considérations tirées des mérites de ses ancêtres et des services qu’il rendrait à la dynastie et à son souverain.
1. Le roi parla ainsi : « Oh ! Kün-yâ, votre grand-père et votre père, l’un après l’autre, avec une loyauté et une honnêteté sincères, ont œuvré au service de la Maison royale, accomplissant un mérite qui a été inscrit sur la grande bannière [^285]. Moi, le petit enfant, je suis chargé par héritage de la lignée gouvernementale transmise par Wăn et Wû, par Khăng et Khang ; je pense aussi sans cesse à leurs ministres qui les ont aidés dans le bon gouvernement du royaume ; l’anxiété tremblante de mon esprit me donne l’impression de marcher sur la queue d’un tigre ou de marcher sur la glace printanière. Je vous charge maintenant de m’assister ; [ p. 251 ] soyez pour moi comme mes membres, comme mon cœur et mon épine dorsale. Continuez leur ancien service et ne déshonorez pas votre grand-père et votre père. »
« Propagez largement la connaissance des cinq relations invariables (de la société) et efforcez-vous avec révérence de susciter une observance harmonieuse des devoirs qui leur incombent parmi le peuple. Si vous êtes correct en vous-même, nul n’osera ne pas l’être. L’esprit du peuple ne peut atteindre le juste milieu (du devoir) ; il doit être guidé par votre propre accomplissement. Dans la chaleur et les pluies de l’été, les gens inférieurs peuvent être décrits comme murmurant et soupirant. Et il en est de même pour eux dans le grand froid de l’hiver. Que leurs difficultés sont grandes ! Pensez à leurs difficultés afin de chercher à promouvoir leur bien-être ; et le peuple sera tranquille. Oh ! que les plans du roi Wăn étaient grands et splendides ! Avec quelle magnificence ils furent exécutés par l’énergie du roi Wû ! Tous corrects en principe, et ne manquant en rien, ils sont là pour nous aider et nous guider, nous leurs descendants. » Exécutez vos instructions avec révérence et sagesse, me permettant d’honorer et de suivre l’exemple de mes prédécesseurs (immédiats), et de répondre et d’afficher le brillant décret conféré à Wăn et Wû ; ainsi serez-vous la compagne de vos pères disparus.
2. Le roi parla ainsi : « Kün-yâ, inspirez-vous pour votre gouvernement les leçons de l’exemple de vos excellents pères. Le bon ou le mauvais ordre du peuple en dépend. Vous suivrez ainsi la pratique de votre grand-père et de votre père, et vous illustrerez le bon gouvernement de votre souverain. »