Le Discours de Pî nous ramène de l’époque de Phing à celle du roi Khăng. Dans la préface du Shû, il est attribué à Po-khin, fils du duc de Kâu ; et la tradition et les critiques approuvent généralement ce point de vue. Sa position hors de l’ordre chronologique peut s’expliquer par le fait que le Livre n’est pas le récit d’actes royaux, mais des paroles du dirigeant d’un État.
Le discours fait référence à des opérations militaires contre les tribus sauvages de la rivière Hwâi et d’autres régions de la province de Hsü ; nous avons vu qu’elles se sont insurgées à plusieurs reprises sous le règne de Khăng. Nous ne pouvons donc pas préciser l’année exacte de son discours. Po-khin présida son État de Lû pendant une longue période de cinquante-trois ans et mourut en 1063 av. J.-C.
Le nom de Pî est conservé dans le district encore appelé ainsi du département d’Î-_k_âu. C’était d’abord un territoire indépendant, mais rattaché à Lû, et sous la juridiction de ses marquis, par l’un d’eux il avait été incorporé à Lû avant l’époque de Confucius.
Po-khin apparaît à la tête de son armée et s’approche du lieu des opérations. Après avoir ordonné le silence, il ordonne : d’abord que les soldats soient armés en bon état ; ensuite que la population prenne soin des bœufs et des chevaux de l’armée ; enfin, que les troupes ne quittent leurs rangs ni ne s’égarent sous aucun prétexte ; enfin, il fixe le jour où il commencera les opérations contre l’ennemi et ordonne tous les préparatifs nécessaires.
Le duc dit : « Ah ! vous les hommes, ne faites pas de bruit, mais écoutez mes ordres. Nous allons punir ces tribus sauvages des Hwâi et des Hsü, qui se sont soulevées ensemble.
« Ayez vos manteaux et vos casques de buffle en bon état ; ayez les lacets de vos boucliers bien attachés ; présumez que tous ces éléments sont en parfait état. Préparez vos arcs et vos flèches ; trempez vos lances et vos épieux ; aiguisez vos armes pointues et tranchantes ; présumez que tous ces éléments sont en bon état. »
« Nous devons maintenant lâcher en grande partie les bœufs et les chevaux, et ne pas les garder dans des enclos ; fermez vos pièges et remplissez vos fosses, et ne présumez pas de blesser aucun des animaux (alors lâchés). Si l’un d’eux est blessé, [ p. 269 ] vous serez traité selon les châtiments réguliers.
« Quand les chevaux ou les bœufs se cherchent, ou quand vos compagnons, hommes ou femmes, s’enfuient, n’osez pas quitter les rangs pour les poursuivre. Mais qu’on les ramène avec soin. Je vous récompenserai (parmi le peuple) qui les restituerez selon leur valeur. Mais si vous abandonnez vos lieux pour les poursuivre, ou si vous qui les avez trouvés ne les restituez pas, vous serez traités selon les châtiments habituels. »
« Et qu’aucun de vous n’ose commettre de vol, ni capturer quiconque se trouve sur son chemin, ni franchir les clôtures et les murs pour voler les chevaux ou les bœufs, ni pour attirer leurs serviteurs ou leurs servantes. Si vous agissez ainsi, vous serez punis selon les châtiments habituels. »
« Le jour où Kiâ-hsü, j’interviendrai contre les hordes de Hsü ; préparez le grain grillé et les autres provisions, et présumez ne manquer de rien. Si c’est le cas, vous subirez le châtiment le plus sévère. Hommes de Lû, des trois territoires environnants et des trois régions au-delà [^300], [ p. 270 ] soyez prêts avec vos poteaux et vos planches. Le jour où Kiâ-hsü, je commencerai mes retranchements ; n’osez pas vous en procurer. (Si vous n’en êtes pas pourvus), vous serez soumis à divers châtiments, sauf la mort. Hommes de Lû, des trois territoires environnants et des trois régions au-delà, soyez prêts avec le fourrage, et n’osez pas le laisser autrement qu’abondant. (Si vous le faites), vous subirez le châtiment le plus sévère.