Le comte de Wei était le personnage principal du onzième livre de la dernière partie, d’où il apparaissait qu’il était frère du tyran Kâu-hsin. Nous avons vu comment ses amis lui conseillèrent de se retirer de la cour de Shang et de se préserver de la destruction qui menaçait leur maison. Il l’avait fait, et le roi Wû l’avait probablement maintenu en possession de son apanage de Wei, tandis que Wû-kâng, le fils du tyran, avait été épargné et chargé de continuer les sacrifices au grand Thang et aux autres souverains de la maison de Shang. Maintenant que Wû-_k_ăng a été puni de mort pour sa rébellion, le duc de Kâu convoque le comte de Wei à la cour, et au nom du roi Khăng l’investit du duché de Sung, correspondant à l’actuel département de Kwei-teh, Ho-nan, pour y être le représentant de la lignée des rois défunts de Shang.
Le roi s’exprime ainsi : « Ho ! fils aîné du roi de Yin, en examinant l’antiquité, je trouve que l’honneur des vertueux revient à leurs descendants qui leur ressemblent en valeur, et je te nomme pour perpétuer la lignée des rois tes ancêtres, en observant leurs cérémonies et en prenant soin de leurs diverses reliques. Viens aussi en tant qu’invité dans notre maison royale [^177] et profite de la prospérité de notre royaume, pour toujours et à jamais. »
« Oh ! votre ancêtre, Thang le Réussi, était respectueux et sage, (avec une vertu) vaste et profonde. La faveur et l’aide du grand Ciel se sont abattues sur lui, et il a reçu avec grandeur sa mission, pour apaiser le peuple par sa douceur, et supprimer les oppressions perverses dont il souffrait. » Ses réalisations ont marqué son époque, et sa vertu a été transmise à sa postérité. Et vous êtes celui qui poursuit et cultive ses plans ; cette louange [ p. 163 ] vous appartient depuis longtemps. Avec révérence et soin, vous avez rempli vos devoirs filiaux ; vous vous comportez avec gravité et respect envers les esprits et les hommes. » J’admire votre vertu, et je la déclare grande et inoubliable. Dieu appréciera toujours vos offrandes ; le peuple sera respectueusement harmonieux (sous votre domination).* Je vous élève donc au rang de haut duc, pour gouverner cette partie orientale de notre grand pays [^178].
« Soyez respectueux. Allez et diffusez vos instructions. Soyez attentifs à vos robes et (aux autres accompagnements de) votre nomination [^179] ; suivez et observez les statuts appropriés ; afin de devenir un rempart pour la Maison royale. Élargissez (la renommée de) votre méritant ancêtre ; soyez une loi pour votre peuple ; afin de préserver à jamais votre dignité. (Ainsi) vous serez une aide pour moi, l’Homme Unique ; les âges futurs bénéficieront (du bénéfice de) votre vertu ; tous les États vous prendront pour modèle ; et ainsi vous ferez en sorte que notre dynastie de Kâu ne se lasse jamais de vous. »
Oh ! va et sois prospère. Ne néglige pas mes ordres.