2:2:1
2:2:1:11. Lorsqu’il a retiré le feu Âhavanîya [^690], il accomplit l’Offrande Complète [^691]. La raison pour laquelle [ p. 303 ] il accomplit l’Offrande Complète est qu’il fait ainsi qu’Agni devienne un mangeur de nourriture pour lui-même ; qu’il lui offre ainsi de la nourriture. De même qu’une mère ou une vache offrirait le sein à un nouveau-né ou à un veau, ainsi lui offre-t-il ainsi de la nourriture.
2:2:1:22. Et, apaisé par cette nourriture, il (Agni) attend patiemment que les autres oblations soient cuites. Si, au contraire, cette oblation ne devait pas être offerte en lui, il brûlerait bientôt soit l’Adhvaryu, soit le sacrificateur, car ces deux-là passent tout près de lui. C’est la raison pour laquelle il fait cette offrande.
2:2:1:33. Il l’offre (avec une) pleine (cuillère) ; car le plein signifie sans aucun doute le Tout (l’univers), de sorte qu’il l’apaise par le Tout. Il l’offre avec ‘Svâhâ!’ car le Svâhâ est indéfini, et indéfini aussi est le Tout, de sorte qu’il l’apaise par le moyen du Tout.
2:2:1:44. La première offrande que Pragâpati fit, il la fit avec ‘Svâhâ!’. Or, cette (offrande) est en effet pratiquement la même que celle-ci; et donc il (le sacrificateur) la fait aussi avec ‘Svâhâ!’. À cette (offrande), il accorde une faveur (aux prêtres) [^692]; mais [ p. 304 ] une faveur (peut signifier) tout, de sorte qu’il l’apaise (Agni) par là avec tout.
2:2:1:55. Ici maintenant, ils disent : « Lorsqu’il a fait cette offrande, il n’a pas besoin de s’occuper des oblations suivantes ; car par cette offrande, il obtient le désir pour lequel il prend les oblations suivantes. »
2:2:1:66. Il prend (la matière pour une oblation) [^693] pour Agni Pavamâna (le Souffle) [1]. Or, celui qui souffle est le souffle, de sorte qu’il met par là le souffle en lui (le sacrificateur). Et il le met en lui au moyen de cela (l’offrande) ; car le souffle signifie la nourriture, et cette offrande aussi est de la nourriture. [ p. 305 ] 2:2:1:77. Il fait ensuite une offrande à Agni Pâvaka (le Purificateur). Or, celui qui purifie signifie la nourriture, de sorte qu’il met par là la nourriture en lui (Agni, ou le sacrificateur). Et il le met en lui au moyen de cela (l’offrande), car cette offrande est en effet de la nourriture.
2:2:1:88. Il fait alors une offrande à Agni Suki (le Brillant). Or, la brillance signifie la vigueur, de sorte qu’il met ainsi de la vigueur en lui. Et c’est ce qu’il met en lui au moyen de cette (offrande) ; car lorsqu’il offre cette oblation en lui (Agni), alors cette vigueur, cette brillance qui est en lui, s’embrase.
2:2:1:99. C’est pourquoi ils disent : « Lorsqu’il a fait cette offrande (complète), il n’a pas besoin de s’occuper d’autres oblations ; car par cette offrande il obtient ce désir pour lequel il prend les oblations suivantes. » Mais qu’il prenne néanmoins les oblations suivantes ; car ce qu’il y avait d’invisible (bénédiction, ou signification) dans cette (offrande complète) devient maintenant ainsi (visible).
2:2:1:1010. Or, la raison pour laquelle il fait offrande à Agni Pavamâna, c’est que celui qui souffle est le souffle. Quand (l’enfant) naît, alors il y a un souffle. Et tant qu’il n’est pas né, il respire en accord avec le souffle de la mère ; mais quand il naît, alors il met ainsi en lui un souffle.
2:2:1:1111. Et la raison pour laquelle il fait offrande à Agni Pâvaka, c’est que celui qui purifie signifie nourriture : c’est pourquoi il met ainsi de la nourriture dans (l’enfant) quand il naît.
2:2:1:1212. Et la raison pour laquelle il fait offrande à Agni Suki, c’est que la luminosité signifie la vigueur. Or, quand il (l’enfant) grandit grâce à la nourriture, alors il y a de la vigueur ; et donc, quand il l’a fait grandir grâce à la nourriture, il y met par là même cette vigueur, cette luminosité. C’est pourquoi (il offre) à Agni Suki. [ p. 306 ] 2:2:1:1313. Cette autre (pratique) est alors totalement erronée [2]. Car lorsqu’Agni passa des dieux aux hommes, il se dit : « Je ne dois pas passer aux hommes avec tout mon corps ! »
2:2:1:1414. Il déposa alors dans ces (trois) mondes ses trois corps. Sa forme « soufflante (pavamâna) », il la déposa sur cette terre, celle « purificatrice (pâvaka) » dans l’éther, et celle « brillante (suki) » dans le ciel. Les Rishis alors présents comprirent ceci : « Agni n’est pas venu à nous avec son corps entier », dirent-ils. Ils préparèrent alors ces oblations pour lui.
2:2:1:1515. Or, lorsqu’il fait offrande à Agni Pavamâna, il obtient par là même la forme de son (Agni) qu’il a déposée sur cette terre ; et lorsqu’il fait offrande à Agni Pâvaka, il obtient par là même la forme de son (Agni) qu’il a déposée dans l’éther ; et lorsqu’il fait offrande à Agni Suki, il obtient par là même la forme de son (Agni) qu’il a déposée dans le ciel : et ainsi il dépose l’Agni tout entier non mutilé. C’est pourquoi il doit également faire les oblations postérieures (à l’offrande complète).
2:2:1:1616. La première oblation a un barhis (couverture d’autel d’herbe sacrificielle) pour elle-même ; les deux suivantes ont un barhis en commun. Or, la première oblation représente ce monde, la seconde cet éther, et la troisième le ciel. Mais cette terre est compacte ; et l’éther et le ciel là-bas sont, pour ainsi dire, tremblants : et afin que ces deux puissent contrebalancer cette (terre), les deux (dernières) (oblations) ont un barhis en commun. [ p. 307 ] 2:2:1:1717. Tous ces gâteaux sacrificiels (pour Agni) sont sur huit tessons de poterie ; car de huit syllabes se compose la (pâda de la) gâyatrî, et la gâyatrî est le mètre d’Agni [3] : avec son propre mètre il établit donc ce feu. En tout, ces tessons s’élèvent à vingt-quatre ; car de vingt-quatre syllabes se compose la gâyatrî (strophe), et la gâyatrî est le mètre d’Agni : avec son propre mètre il établit donc ce feu.
2:2:1:1818. Il offre ensuite un pot rempli de riz bouilli à Aditi. Car celui qui accomplit ces oblations (précédentes) s’éloigne, pour ainsi dire, de ce monde, puisqu’il se déplace dans l’ascension de ces mondes [4].
2:2:1:1919. Or, lorsqu’il offre un pot de riz bouilli à Aditi, – Aditi étant cette terre, et cette terre étant un lieu de repos stable – il se tient ainsi à nouveau sur ce lieu de repos stable. C’est pourquoi il offre un pot de riz bouilli à Aditi.
2:2:1:2020. Pour elle, disent-ils, les deux samyâgyâs [5] devraient être des versets virâg ; car le virâg est ceci (la terre) ; ou [ p. 308 ] des versets trishtubh, car le trishtubh est ceci (la terre) ; ou des versets gagatî, car le gagatî est ceci (la terre). Cependant, ils devraient être des versets virâg.
2:2:1:2121. Le salaire des prêtres pour (leur) offrande consiste en une vache ; car cette (terre) est, pour ainsi dire, une vache : elle trait pour les hommes tous leurs désirs. La vache est une mère, et cette (terre) est aussi une mère, car elle porte les hommes : c’est pourquoi le salaire des prêtres est une vache. C’est une façon (d’accomplir ces offrandes).
2:2:1:2222. Puis il y a cet autre. Il offre simplement un gâteau sur huit tessons de poterie à Agni, et par là, implicitement, à Agni Pavamâna, Agni Pâvaka et Agni Suki ; et immédiatement après, il l’érige visiblement (en Agni). Pour cette raison, il offre (un gâteau) à Agni [6], puis un pot plein de riz bouilli à Aditi. Le traitement du pot plein de riz (dans ce cas) est le même (que précédemment).
2:2:2
2:2:2:11. Or, en accomplissant ce sacrifice, ils l’égorgent ; et en pressant le roi (Soma), ils le tuent ; et en calmant et en immolant la victime, ils l’égorgent. Le haviryagña, ils l’égorgent avec le mortier et le pilon, et avec les deux meules.
2:2:2:22. Une fois tué, ce sacrifice n’était plus vigoureux. Au moyen de dakshinâs (offrandes aux prêtres), les dieux le revigorèrent : d’où le nom de dakshinâ, car ils revigorèrent ainsi (dakshay) ce [ p. 309 ] (sacrifice). Par conséquent, tout ce qui manque dans ce sacrifice une fois tué, il le revigore maintenant au moyen d’offrandes aux prêtres ; après quoi le sacrifice devient réussi : c’est pourquoi il fait des offrandes aux prêtres.
2:2:2:33. Il peut donner six (vaches) [7] ; car il y a six saisons, en effet, dans l’année, et le sacrifice, Pragâpati, est l’année : ainsi, aussi grand que soit le sacrifice, aussi vaste que soit son étendue, par autant (de dons, dakshinâs) il le revigore ainsi.
2:2:2:44. Il peut en donner douze ; car il y a douze mois dans l’année, et le sacrifice, Pragâpati, est l’année : ainsi, aussi grand que soit le sacrifice, aussi vaste soit son étendue, par autant (de dons) il le fortifie ainsi.
2:2:2:55. Il peut en donner vingt-quatre ; car il y a vingt-quatre demi-lunes dans l’année, et le sacrifice, Pragâpati, est l’année : ainsi, aussi grand que soit le sacrifice, aussi vaste soit son étendue, autant il le fortifie par de nombreux (dons). Telle est la mesure des honoraires des prêtres ; mais il peut donner davantage, selon (la profondeur de) sa foi. La raison pour laquelle il donne des honoraires aux prêtres est la suivante.
2:2:2:66. En vérité, il existe deux sortes de dieux ; car, en effet, les dieux sont les dieux ; et les brahmanes qui ont étudié et enseignent le savoir sacré sont les dieux humains. Leur sacrifice se divise en deux sortes : les oblations constituent le sacrifice aux dieux ; et les dons aux prêtres constituent le sacrifice aux dieux humains, [ p. 310 ] les brahmanes qui ont étudié et enseignent le savoir sacré. Par des oblations, on gratifie les dieux, et par des dons aux prêtres, on gratifie les dieux humains, les brahmanes qui ont étudié et enseignent le savoir sacré. Ces deux sortes de dieux, lorsqu’ils sont gratifiés, le placent dans un état de félicité (sudhâ) [8].
2:2:2:77. De même que la semence est versée dans le ventre maternel, ainsi les prêtres officiants placent le sacrificateur dans le monde (céleste) [9], lorsqu’il fait maintenant des dons à ceux qui, il espère, l’y feront aller. Telle est donc la manière des dons aux prêtres.
2:2:2:88. Or, les dieux et les Asuras, tous deux issus de Pragâpati, se disputaient. Ils étaient tous deux sans âme, car ils étaient mortels, et celui qui est mortel est sans âme. Parmi ces deux (classes d’êtres) qui étaient mortels, seul Agni était immortel ; et c’est par lui, l’immortel, qu’ils vivaient tous deux. Or, quel que soit (des dieux) qu’ils (les Asuras) tuaient, il était, en effet, ainsi (tué).
2:2:2:99. Les dieux furent alors réduits à l’infériorité. Ils continuèrent à louer et à pratiquer des austérités, espérant pouvoir vaincre leurs ennemis, les mortels Asuras. Ils contemplèrent cet immortel Agnyâdheya (feu consacré).
2:2:2:1010. Ils dirent : « Venez, plaçons cet élément immortel au plus profond de notre âme ! Lorsque nous aurons placé cet élément immortel au plus profond de notre âme et que nous serons devenus immortels et invincibles, nous vaincrons nos ennemis mortels et conquérants. » [ p. 311 ] 2:2:2:1111. Ils dirent : « Ce feu (Agni) est en nous deux : traitons donc ouvertement avec les Asuras [10]. »
2:2:2:1212. Ils dirent : « Nous établirons (ou établirons en nous-mêmes, â-dhâ) les deux feux, que ferez-vous alors ? »
2:2:2:1313. Ils répondirent : « Alors nous le poserons (ni-dhâ), en disant : Mangez de l’herbe ici ! Mangez du bois ici ! Faites cuire de la bouillie ici ! Faites cuire de la viande ici ! » Or, ce feu, que les Asuras ont ainsi posé, est ce même (feu) avec lequel les hommes préparent leur nourriture.
2:2:2:1414. Les dieux établirent alors ce (feu) au plus profond de leur âme ; et ayant établi cet élément immortel au plus profond de leur âme, et étant devenus immortels et invincibles, ils vainquirent leurs ennemis mortels et conquérants. Et ainsi celui-ci établit maintenant cet élément immortel au plus profond de son âme ; et – bien qu’il n’y ait pour lui aucun espoir d’immortalité – il obtient la pleine mesure de la vie ; car, en effet, il devient invincible, et son ennemi, bien que s’efforçant de le vaincre, ne le conquiert pas. Et, en conséquence, lorsque celui qui a établi ses feux et celui qui ne l’a pas établi rivalisent l’un avec l’autre, celui qui a établi ses feux triomphe de l’autre, car, en vérité, il devient ainsi invincible, il devient ainsi immortel.
2:2:2:1515. Or, lorsqu’à cette occasion ils produisent ce (feu) en le barattant, alors il (le sacrificateur) souffle dessus, une fois produit ; car le feu est en effet un souffle : il produit ainsi celui ainsi produit. Il aspire à nouveau son souffle : par là il établit ce (feu) au plus profond de son âme ; et ce feu s’établit ainsi au plus profond de son âme [11]. [ p. 312 ] 2:2:2:1616. L’ayant allumé, il le fait flamboyer, pensant : « Ici j’adorerai, ici j’accomplirai l’œuvre sacrée ! » Ainsi, il fait flamboyer ce feu qui a été établi au plus profond de son âme.
2:2:2:1717. « Cela (ou quelqu’un) pourrait s’interposer, cela pourrait disparaître ! » (certains le craignent) [12] ; mais, assurément, tant qu’il vit, personne ne s’interpose entre lui et ce feu qui s’est établi au plus profond de son âme : qu’il n’y prête donc aucune attention. Et quant à son extinction : assurément, tant qu’il vit, ce feu qui s’est établi au plus profond de son âme ne s’éteint pas en lui.
2:2:2:1818. Les feux (sacrificiels), assurément, sont ces souffles : l’Âhavanîya et le Gârhapatya sont l’expiration et l’inspiration ; et l’Anvâhârya-pakana est la respiration.
2:2:2:1919. Or, l’assistance (ou l’adoration) à ce feu consacré (agnyâdheya) signifie (dire) la vérité. Quiconque dit la vérité agit comme s’il aspergeait ce feu allumé de ghee ; car de cette façon il l’allume ; et son énergie vitale augmente toujours davantage, et de jour en jour il s’améliore. Et quiconque ment agit comme s’il aspergeait ce feu allumé d’eau ; car de cette façon il l’affaiblit ; et son énergie vitale diminue toujours davantage, et de jour en jour il devient plus méchant. Qu’il ne dise donc que la vérité.
2:2:2:2020. Les parents dirent alors à Aruna Aupavesi : « Tu es avancé en âge ; établis les deux feux ! » Il répondit : « Ne parle pas ainsi ! Sois réservé 1 ; car celui qui a établi les feux ne doit pas mentir ; qu’il ne parle pas du tout, mais qu’il ne mente pas. L’adoration, par-dessus tout, est la véracité. »
2:2:3
2:2:3:11. Varuna établit ce (feu), désirant la souveraineté. Il obtint la souveraineté ; et, par conséquent, que celui (qui a établi les feux) le sache ou non, on l’appelle « roi Varuna ». Soma (établit le feu), désirant la gloire. Il devint glorieux, et, par conséquent, que l’on obtienne prise sur Soma, ou que [ p. 314 ] on ne l’obtienne pas, tous deux obtiennent (la gloire), car c’est la gloire que les gens parviennent ainsi à voir. Il devient donc glorieux, et il obtient la souveraineté, quiconque, sachant cela, établit son propre feu sacrificiel.
2:2:3:22. Or, il était une fois les dieux qui déposèrent auprès d’Agni toutes les formes (rûpa) [14], domestiques et sauvages ; soit parce qu’ils étaient sur le point de s’engager dans une bataille, soit par désir de liberté, soit parce qu’ils pensaient qu’il (Agni) les protégerait comme le meilleur protecteur.
2:2:3:33. Mais Agni les convoitait, et les saisissant, il entra avec eux dans les saisons. « Retournons là-bas », dirent les dieux, et ils se rendirent à l’endroit où Agni était caché. Ils furent découragés et dirent : « Que faire ici ? Quel conseil y a-t-il ? »
2:2:3:44. Alors Tvashtri vit ce feu reconsacré (Punar-âdheya). Il l’établit et gagna ainsi l’entrée dans la demeure bien-aimée d’Agni. Il (Agni) lui abandonna les deux sortes de formes, domestiques et sauvages : c’est pourquoi on les appelle les formes de Tvashtri ; car c’est de Tvashtri que toute forme procède [15] ; mais toutes les autres créatures, quelle que soit leur espèce, la subissent.
2:2:3:55. C’est donc pour lui (Tvashtri) qu’il faut rétablir le feu : car ainsi il entre dans la demeure bien-aimée d’Agni [ p. 315 ], et ce dernier lui abandonne les deux sortes de formes, domestique et sauvage. Dans ce (feu) ces deux sortes de formes sont vues : telle est l’ascendant (que l’on obtient par le punarâdhyeya), — les gens, en effet, l’envient ; ainsi il prospère, et une position remarquable (est obtenue par lui).
2:2:3:66. À Agni appartient ce sacrifice. Agni est la lumière, le brûleur du mal : il brûle le mal de ce (sacrificateur) : et ce dernier devient une lumière de prospérité et de gloire dans ce monde, et une lumière de félicité [16] dans l’au-delà. C’est donc la raison pour laquelle il doit établir les feux (une seconde fois).
2:2:3:77. Qu’il établisse les feux (la deuxième fois) pendant la saison des pluies. Les pluies sont toutes les saisons, car les pluies sont en effet toutes les saisons : c’est pourquoi, en comptant les années, les gens disent : « En telle et telle année (ou pluie, varsha) nous l’avons fait ; en telle et telle année (ou pluie) nous l’avons fait. » Les pluies, alors, sont l’une des formes de manifestation (rûpa) de toutes les saisons [17] ; et quand les gens disent : « Aujourd’hui, c’est comme en été », alors c’est pendant la saison des pluies ; et quand ils disent : « Aujourd’hui, c’est comme au printemps », alors cela aussi est pendant la saison des pluies. De l’année (ou pluie, varsha), en effet, (est nommée) la saison des pluies (varshâh).
2:2:3:88. Il existe, de plus, une forme occulte (par laquelle les pluies se manifestent dans les saisons) [18]. Lorsqu’il souffle de l’est, c’est le signe caractéristique du printemps : lorsqu’il tonne, c’est celui de l’été ; lorsqu’il pleut, c’est celui de la saison des pluies ; lorsqu’il éclaircit, c’est celui de l’automne [19] ; lorsqu’il cesse de pleuvoir, c’est celui de l’hiver. Les pluies sont toutes les saisons. Il (Agni) est entré dans les saisons : c’est donc à partir des saisons qu’il le produit maintenant.
2:2:3:99. Mais le soleil est aussi toutes les saisons : quand il se lève, c’est le printemps ; quand les vaches sont rassemblées (pour la traite), c’est l’été ; quand il est midi, c’est la saison des pluies ; quand c’est l’après-midi, c’est l’automne ; quand il se couche, c’est l’hiver. C’est donc à midi (madhyandina) qu’il doit établir ses feux, car c’est alors que ce (soleil) est le plus proche de ce monde, et donc il produit ce (feu) à partir du centre le plus proche (madhya).
2:2:3:1010. En vérité, cet homme est affecté par le mal, comme par une ombre. Mais alors (à midi) ce (mal) qui est en lui (comme son ombre) est le plus petit, et rétrécit, pour ainsi dire, sous son pied : c’est ainsi qu’il écrase ce mal, alors qu’il est le plus petit. C’est pourquoi aussi il devrait établir ses feux (la deuxième fois) à midi.
2:2:3:1111. Il le retire (du Gârhapatya) au moyen d’une herbe sacrificielle. Au moyen d’un bois de chauffage, en effet, il le retire la première fois ; et (s’il le retirait) avec du bois de chauffage la première fois, et avec du bois de chauffage la seconde fois, il commettrait une répétition et susciterait un conflit. Or, l’herbe sacrificielle signifie l’eau, et la saison des pluies signifie aussi l’eau. Il (Agni) est entré dans les saisons : avec l’eau, il le produit donc hors des eaux ; c’est pourquoi il le retire (le feu) au moyen d’une herbe sacrificielle.
2:2:3:1212. Ayant préparé un gâteau de riz (ordinaire) sur [ p. 317 ] deux feuilles d’arka [20], il le place à l’endroit où il va établir le feu de Gârhapatya, et y dépose le Gârhapatya.
2:2:3:1313. Ayant préparé un (second) gâteau d’orge sur deux feuilles d’arka, il le place à l’endroit où il va établir le feu d’Âhavanîya, et y dépose l’Âhavanîya. [Certains le font] en argumentant : « Ainsi, nous les couvrons des deux premiers feux ; » mais qu’il ne le fasse pas, car c’est par la nuit qu’ils viennent à être couverts.
2:2:3:1414. Il offre ensuite à Agni un gâteau sacrificiel (purodâsa) sur cinq tessons de poterie [21]. Ses prières d’offrande et ses prières d’invitation consistent en des strophes paṅkti de cinq pâdas chacune [22] ; car il y a cinq saisons, et les saisons dans lesquelles il (Agni) est entré : à partir des saisons, il le produit en conséquence.
2:2:3:1515. Le sacrifice tout entier appartient à Agni ; car c’est ainsi que Tvashtri est entré dans la demeure bien-aimée d’Agni, et donc le sacrifice tout entier appartient à Agni [23]. [ p. 318 ] 2:2:3:1616. Ils l’accomplissent (avec les formules prononcées) à voix basse ; car si l’on souhaite préparer quelque chose spécialement pour un parent ou un ami, il faut prendre soin de le garder secret. Or, l’autre sacrifice appartient à toutes les divinités, mais celui-ci appartient spécialement à Agni ; et ce qui est (gardé) secret, c’est ce qui est (dit) à voix basse : c’est pourquoi ils l’exécutent à voix basse.
2:2:3:1717. Il accomplit à haute voix la dernière offrande du lendemain, car alors il a achevé son œuvre, et chacun prend conscience de ce qui a été fait.
2:2:3:1818. Ayant lancé son appel (et ayant été répondu par l’Âgnîdhra) [24], il dit (au Hotri), « Prononcez la prière d’offrande aux Samidhs (bâtons d’allumage) ! » — ces derniers étant l’une des formes mystiques de manifestation d’Agni (rûpa) ; mais il peut aussi dire, « Prononcez la prière d’offrande aux feux ! » — c’est-à-dire la forme réelle (exotérique) d’Agni [25]. [ p. 319 ] 2:2:3:1919. Il (le Hotri) récite [26] : « … Ils (les Samidhs), ô Agni, peuvent accepter du beurre ! Vaughak [27] ! » « … Il (Tanûnapât) peut accepter le feu du beurre ! Vaughak ! » « … Ils (les Ids) peuvent, par l’intermédiaire d’Agni, accepter du beurre ! Vaughak ! » « … Il (les barhis), le feu, peut accepter du beurre ! Vaughak ! »
2:2:3:2020. Il dit alors [28], ‘Svâhâ Agnim!’ en référence à la portion de beurre d’Agni ; — ‘Svâhâ Agnim Pavamânam!’ s’ils décident d’offrir à Agni, le souffleur [29] ; ou ‘Svâhâ Agnim Indumantam!’ s’ils décident d’offrir à Agni, l’abondant en gouttes [30] ; — ‘Svâhâ Agnim!’ — ‘Svâhâ, l’Agnis buveur de beurre ! Puisse Agni accepter gracieusement le beurre !’ — c’est la prière d’offrande qu’il (le Hotri) prononce.
2:2:3:2121. Il (l’Adhvaryu) dit alors, à propos de la (première) portion de beurre d’Agni : « Prononcez la prière d’invitation à Agni ! » Il (le Hotri) récite [31] : « Réveille Agni par des louanges, enflammant l’immortel, afin qu’il puisse apporter nos offrandes aux dieux ! » Car, en effet, lorsqu’Agni est retiré (du foyer) [32], il dort pour ainsi dire : il (le prêtre) s’éveille alors, le réveille [ p. 320 ]. Pour la prière d’offrande, il récite : « Puisse Agni accepter gracieusement le beurre ! »
2:2:3:2222. Et, s’ils décident d’offrir la deuxième portion de beurre à (Agni Pavamâna), qu’il dise alors : « Prononcez la prière d’invitation à Agni Pavamâna » ; et il (le Hotri) récite (Rig-veda IX, 16, 19) : « Ô Agni, tu insuffles la vie ; produis pour nous nourriture et sève ! chasse au loin le malheur ! » Car ainsi, en effet, cela devient de la nature d’Agni. Pavamâna (celui qui devient purifié) signifie le Soma ; mais cet (élément Soma) ils l’éliminent de la portion de beurre du Soma [33]. Pour la prière d’offrande, il récite : « Puisse Agni Pavamâna accepter gracieusement du beurre ! »
2:2:3:2323. Si, par contre, ils décident de faire une offrande à Agni Indumat, qu’il dise : « Prononcez la prière d’invitation à Agni Indumat ! » Il (le Hotri) récite (Rig-veda VI, 16, 16) : « Viens ici, je te chanterai volontiers d’autres chants, ô Agni ! Puisses-tu devenir fort par ces gorgées (indu, goutte). » Ainsi, en effet, cela devient de la nature d’Agni : la gorgée signifie sans doute Soma, mais cet élément Soma, ils l’éliminent de la portion de beurre de Soma. Pour la prière d’offrande, il récite : « Puisse Agni, l’abondant en gouttes, accepter gracieusement le beurre ! » Et ainsi, il fait de tout cela la nature d’Agni.
2:2:3:2424. Il dit ensuite, quant à l’offrande principale (havis), « Prononcez la prière d’invitation à Agni ! » « Prononcez la prière d’offrande à Agni ! » « Prononcez la prière d’invitation à Agni Svishtakrit (le faiseur de bonnes offrandes) ! » « Prononcez la prière d’offrande [ p. 321 ] à Agni Svishtakrit [34] ! » Alors qu’autrement il dirait : « Prononcez la prière d’offrande aux dieux [35] ! » il dit maintenant : « Prononcez la prière d’offrande à l’Agnis ! »
2:2:3:2525. Il récite [36] : « Le divin Barhis peut accepter (l’offrande) pour l’obtention abondante d’un don abondant par Agni ! Vaughak ! » — « Le divin Narâsamsa] peut accepter (l’offrande) pour l’obtention abondante, en Agni, d’un don abondant ! Vaughak ! » — « Le divin Agni Svishtakrit . . . » Cette troisième (offrande postérieure) est déjà en elle-même de la nature d’Agni ; et ainsi il fait en sorte que les offrandes postérieures se rapportent à Agni.
2:2:3:2626. Ces mêmes formes casuelles (d’agni) [37], qu’il récite dans les prières d’offrande, sont au nombre de six ; à savoir, quatre pour les offrandes antérieures et deux pour les offrandes postérieures. Or, il y a six saisons ; et il (Agni) est entré dans les saisons : c’est à partir de ces saisons qu’il le produit.
2:2:3:2727. Il y a soit douze soit treize syllabes (dans ces six formes casuelles) [38]. Or, il y a soit douze soit treize mois dans une année [39] ; et l’[ p. 322 ] année, les saisons, il (Agni) est entré : à partir des saisons, il le produit ainsi lui-même. Afin d’éviter la similitude, aucune (de ces formes) n’est semblable ; mais (la faute de) similitude il commettrait sans aucun doute, si deux d’entre elles étaient semblables. La forme caractéristique des offrandes préalables est (alternativement) : « Qu’ils acceptent », « Qu’il (ou il) accepte [40] » ; et celle des offrandes ultérieures est : « Pour l’obtention abondante de dons abondants. »
2:2:3:2828. Le salaire des prêtres pour ce (sacrifice) est constitué d’or [41]. Ce sacrifice appartient à Agni, et l’or est la semence d’Agni [42] : c’est pourquoi le salaire des prêtres est constitué d’or. Ou il peut s’agir d’un bœuf ; car ce dernier est de la nature d’Agni en ce qui concerne son épaule, puisque son épaule (en portant le joug) est comme brûlée par le feu. De plus, Agni est porteur d’oblations aux dieux, et ce (bœuf) porte (ou tire, des charges) pour les hommes : c’est pourquoi un bœuf peut être donné comme salaire des prêtres.
2:2:4
2:2:4:11. Pragâpati seul, en effet, existait ici au commencement. Il se demanda : « Comment puis-je être reproduit ? » [ p. 323 ] Il travailla et accomplit des actes de pénitence. Il engendra Agni de sa bouche ; et parce qu’il l’engendra de sa bouche, Agni est donc un consommateur de nourriture : et, en vérité, celui qui sait ainsi qu’Agni est un consommateur de nourriture, devient lui-même un consommateur de nourriture.
2:2:4:22. Il engendra ainsi le premier (agre) des dieux ; et c’est pourquoi (il est appelé) Agni, car agni (disent-ils) est identique à agri. Lui, étant engendré, sortit comme le premier (pûrva) ; car de celui qui va le premier, ils disent qu’il va en tête (agre). Telle est donc l’origine et la nature de cet Agni.
2:2:4:33. Pragâpati réfléchit alors : « En cet Agni, j’ai engendré un mangeur de nourriture pour moi-même ; mais, en vérité, il n’y a pas d’autre nourriture ici que moi, qu’il ne mangerait certainement pas. » À cette époque, la terre était, en effet, devenue complètement chauve ; il n’y avait ni plantes ni arbres. Cela pesait donc sur son esprit.
2:2:4:44. Alors Agni se tourna vers lui, la bouche ouverte ; et lui (Pragâpati), terrifié, sa propre grandeur le quitta. Or, sa propre grandeur est sa parole : cette parole qui était la sienne le quitta. Il désira une offrande en lui-même, et se frotta (les mains) ; et parce qu’il se frotta (les mains), par conséquent, ceci et cela (la paume) sont tous deux glabres. Il obtint alors soit une offrande de beurre, soit une offrande de lait ; mais, en réalité, les deux sont du lait.
2:2:4:55. Cette (offrande), cependant, ne le satisfit pas, car il y avait des cheveux mêlés. Il la versa (dans le feu) en disant : « Bois, pendant qu’elle brûle (osham dhaya) ! » Des plantes en sortirent : d’où leur nom de « plantes (oshadhayah). » Il se frotta les mains une seconde fois, et obtint ainsi une autre [ p. 324 ] offrande, soit une offrande de beurre, soit une offrande de lait ; mais, en réalité, ce sont toutes deux du lait.
2:2:4:66. Cette (offrande) le satisfit alors. Il hésita : « Dois-je l’offrir ? Ne dois-je pas l’offrir ? » pensa-t-il. Sa propre grandeur lui dit : « Offre-la ! » Pragâpati savait que c’était sa propre (sva) grandeur qui lui avait parlé (âha) ; et il l’offrit avec « Svâhâ ! » C’est pourquoi les offrandes sont faites avec « Svâhâ ! » Alors, celui qui brûlait (c’est-à-dire le soleil) se leva ; puis celui qui soufflait (c’est-à-dire le vent) s’éleva ; sur quoi, en effet, Agni se détourna.
2:2:4:77. Et Pragâpati, ayant accompli l’offrande, se reproduisit et se sauva d’Agni, la Mort, alors qu’il était sur le point de le dévorer. Et, en vérité, quiconque, sachant cela, offre l’Agnihotra, se reproduit par une descendance tout comme Pragâpati s’est reproduit ; et se sauve d’Agni, la Mort, alors qu’il est sur le point de le dévorer.
2:2:4:88. Et lorsqu’il meurt, et qu’on le jette dans le feu, alors il renaît du feu, et le feu ne fait que consumer son corps. De même qu’il est né de son père et de sa mère, ainsi il naît du feu. Mais celui qui n’offre pas l’Agnihotra, en vérité, ne revient pas à la vie du tout : c’est pourquoi l’Agnihotra doit absolument être offert.
2:2:4:99. Et quant à cette même naissance hors du doute, lorsque Pragâpati doutait, lui, tout en doutant, restait ferme du meilleur (côté), de sorte qu’il se reproduisit et se sauva d’Agni, la Mort, alors qu’elle était sur le point de le dévorer : ainsi celui qui connaît cette naissance hors du doute, lorsqu’il doute de quoi que ce soit, reste toujours du meilleur (côté).
2:2:4:1010. Après avoir offert, il se frotta les mains. De là, [ p. 325 ] un arbre Vikaṅkata [43] poussa ; et par conséquent, cet arbre est approprié au sacrifice et propre aux vases sacrificiels. Alors naquirent ces (trois) héros parmi les dieux, à savoir Agni, ce souffleur (Vâyu) et Sûrya : et, en vérité, quiconque connaît ainsi ces héros parmi les dieux, pour lui naît un héros.
2:2:4:1111. Ils dirent alors : « Nous venons après notre père Pragâpati : créons donc ce qui viendra après nous ! » Ayant entouré (un morceau de terre), ils chantèrent des louanges avec la strophe gâyatrî sans le « Hiṅ [44] » : et ce qu’ils entourèrent était l’océan ; et cette terre était le terrain de louange (âstâva).
2:2:4:1212. Après avoir chanté des louanges, ils partirent vers l’est en disant : « Nous y retournerons ! » Les dieux rencontrèrent une vache qui avait surgi. Levant les yeux vers eux, elle prononça le son « hiṅ ». Les dieux comprirent que c’était le « Hiṅ » du Sâman (chant sacrificiel mélodieux) ; car jusqu’alors (leur chant était) sans le, mais après cela c’était le (véritable) Sâman. Et comme ce même son « Hiṅ » du Sâman était dans la vache, donc cette dernière fournit les moyens de subsistance ; et ainsi fournit les moyens de subsistance quiconque sait ainsi que « Hiṅ » du Sâman est dans la vache.
2:2:4:1313. Ils dirent : « Quel bonheur, en effet, que ce que nous avons produit ici, nous qui avons produit la vache ; car, en vérité, elle est le sacrifice, et sans elle aucun sacrifice n’est accompli ; elle est aussi la nourriture, car la vache, en vérité, est toute nourriture. »
2:2:4:1414. Ce (mot ‘aller’), donc, est un nom de ces [ p. 326 ] (vaches), et il en est de même du sacrifice : qu’il le répète donc [45] en disant (pour ainsi dire) : « Bon, excellent ! » Et, en vérité, quiconque, sachant cela, le répète en disant (pour ainsi dire) : « Bon, excellent ! » avec lui ces (vaches) se multiplient, et le sacrifice penchera vers lui.
2:2:4:1515. Or, Agni la convoitait : « Puis-je m’accoupler avec elle ? », pensa-t-il. Il s’unit à elle, et sa semence devint son lait : ainsi, tant que la vache est crue, ce lait en elle est cuit (chaud) ; car c’est la semence d’Agni ; et donc aussi, qu’il soit noir ou rouge (vache), il est toujours blanc et brillant comme le feu, car c’est la semence d’Agni. C’est pourquoi il est chaud lors de la première traite ; car c’est la semence d’Agni.
2:2:4:1616. Ils (les hommes) dirent : « Venez, offrons ceci ! » — « À qui d’entre nous l’offriront-ils en premier ? » (dirent ces dieux). — « À moi ! » dit Agni. — « À moi ! » dit ce souffleur (Vâyu). — « À moi ! » dit Sûrya. Ils ne parvinrent pas à un accord ; et n’étant pas d’accord, ils dirent : « Allons voir notre père Pragâpati ; et à celui d’entre nous qu’il dira qu’il l’offrira en premier, ils l’offriront en premier. » Ils allèrent voir leur père Pragâpati et dirent : « À qui d’entre nous l’offriront-ils en premier ? »
2:2:4:1717. Il répondit : « À Agni : Agni fera aussitôt reproduire sa propre semence, et ainsi tu seras reproduit. » « Alors à toi », dit-il à Sûrya ; « et que reste-t-il du lait offert qui lui reste alors appartiendra à ce souffleur [ p. 327 ] (Vâyu) ! » Et, en conséquence, ils leur offrent de la même manière ce lait jusqu’à ce jour : le soir à Agni, et le matin à Sûrya ; et que reste-t-il du lait offert qui lui reste alors appartiendra en effet à ce souffleur.
2:2:4:1818. Par l’offrande, ces dieux furent produits de la manière dont ils furent produits, par elle ils obtinrent la victoire qu’ils remportèrent : Agni conquit ce monde, Vâyu l’air et Sûrya le ciel. Et quiconque, sachant cela, offre l’Agnihotra, est, en effet, produit de la même manière dont ils furent alors produits, il obtient la même victoire qu’eux alors ; en effet, il partage le même monde avec eux, quiconque, sachant cela, offre l’Agnihotra. Par conséquent, l’Agnihotra doit certainement être accompli.
302:1 Avant l’accomplissement de l’offrande complète, les autres feux (s’il y en a d’autres) sont allumés. Une partie intégrante de l’installation du Sabhya, ou feu de la salle, qui semble n’avoir été entretenu que par les Kshatriyas, est un jeu de dés, joué par les prêtres, avec une vache, offerte par le sacrificateur, comme bûcher. Sur une peau de bœuf, étalée au nord de l’aire sacrificielle, ils placent un récipient en laiton à l’envers et y jettent quatre fois cinq cauris (ou, à défaut, cinq bâtons) en disant : « Même moi, je gagne, toi, tu es vaincu ! » ↩︎
302:2 Le pûrnâhuti, ou ‘offrande complète’, est une oblation d’une cuillerée de beurre clarifié. Kâty. IV. 10, 5, et comm., fournissent les détails suivants, s’appliquant à toutes les offrandes ordinaires de guhoti : Il met du beurre dans le beurrier et le place sur le Gârhapatya pour le faire fondre. Après avoir ensuite essuyé la cuillère à tremper (sruva) et la cuillère à offrande (guhû) avec de l’herbe sacrificielle de la manière décrite aux I, 3, 1, 6 et suivants, et retiré le beurrier du feu, et filtré le beurre avec les deux tiges de darbha servant de passoires, il remplit le guhû avec le sruva. Il prend alors un bâton, s’avance vers le côté nord du feu Âhavanîya, étend de l’herbe autour et pose le bâton sur le feu. Il s’assoit ensuite, genou droit plié, et, tandis que le sacrificateur le saisit par derrière, il verse la cuillerée de beurre dans le feu en prononçant « Svâhâ ! » la formule dédicatoire (tyâga) : « Ceci à Agni ! » ↩︎
303:1 Après l’offrande complète, le sacrificateur rompt le silence qui lui est imposé en prononçant les mots : « Je donne un don », Kâty. IV, 10, 6 ; présente, p. 304 selon le commentaire, puis s’adresse à l’Adhvaryu et au Brahman. Cette cérémonie est suivie de l’exécution silencieuse de l’Agnihotra. ↩︎
304:1 Le pûrnâhuti, qui marque la fin de l’Agnyâdheya proprement dit, est suivi de l’Agnihotra, accompli avec les textes prononcés à voix basse. Au moins douze jours après l’Agnyâdheya (si jamais il y en a un) – les trois feux étant maintenus pendant l’intervalle – le jeune chef de famille doit faire accomplir pour lui (sur le modèle de l’offrande de la nouvelle lune et de la pleine lune, mutatis mutandis, il n’y a ni uddharana, ni retrait du feu du Gârhapatya, ni choix d’un Brahman, etc.) les trois isht mentionnés ci-dessus. Lors du premier ishti, le havis spécial (plat sacrificiel) consiste en un gâteau de riz sur huit tessons pour Agni Pavamâna ; lors du deuxième, en deux gâteaux pour Agni Pâvaka et Agni Suki respectivement ; lors du troisième, en un pot de riz bouilli pour Aditi. Les trois havis des deux premiers ishtis sont (selon Taitt. Br. I, 1, 6, 3) considérés comme représentant les trois corps (tanu) d’Agni ; ces offrandes sont appelées tanûhavir-ishtis. Elles sont cependant aussi appelées Pavamâneshtis. Lors de ces offrandes, le nom du destinataire (Agni Pavamâna, etc.) doit être prononcé à voix basse dans les formules utilisées lors de l’offrande principale. Le Taitt. Br. mentionne, en outre, le gâteau habituel Indrâgni (du sacrifice de la nouvelle lune) qui doit être offert avant l’offrande à Aditi. ↩︎
304:2 Sâyana, sur Taitt. Br. I, 1, 5, 10, prend pavamâna comme « pur » ou « purifié par lui-même » (svayam sriddha) ; pâvaka comme « purifiant (les autres) » ; et suki comme « brillant ». ↩︎
306:1 À savoir la pratique consistant à effectuer uniquement l’offrande complète, voir par. 5. Le texte de Kânva dit : Tad vâ etat samânam eva sad viparyastam iva. ↩︎
307:1 Le texte du Kânva remarque que les anuvâkyâs (prières d’invitation) et les yâgyâs (prières d’offrande) lors des trois offrandes de gâteau sont en métrique gâyatrî ; et tel est effectivement le cas. Les anuvâkyâs des oblations à Agni Pavamâna, Agni Pâvaka et Agni Sukhi sont respectivement Rig-veda IX, 66, 19 ; I, 12, 10 ; et VIII, 44, 21 : et les yâgyâs sont respectivement IX, 66, 21 ; V, 26, 1 ; et VIII, 44, 17 ; qui sont toutes des strophes gâyatrî. Voir Âsv. Sr. II, 1, 20-25. Cf. aussi I, 7, 2, 15, avec note. Au Svishtakrit de ces deux ishtis, les deux formules sont également dans le mètre gâyatrî : les puro’nuvâkyâs étant Rig-veda III, 11, 2 et III, 11, 6 ; et les yâgyâs III, 11, 1 et I, 1, 1 respectivement. ↩︎
307:2 Prakyavata iva vâ esho 'smâl lokât . . . imân hi lokân samârohann eti. Le texte du Kânva dit : « Car celui qui emporte ces oblations quitte pour ainsi dire ce monde des hommes pour le monde des dieux, puisqu’il s’élève pour ainsi dire (ûrdhva iva hi samârohann eti). » Cf. paragraphes 14-16. ↩︎
307:3 Pour ces (virâg) samyâgye, ou prières d’invitation et d’offrande au Svishtakrit, voir p. 164, note 2.—Âsv. Sr. II, 1, 29. ↩︎
308:1 Selon la recension de Kânva, l’anuvâkyâ et le yâgyâ, dans ce cas, devraient être constitués des versets contenant le mot mûrdhan (« tête »), à savoir Vâg. S. XIII, 14, 15 ; cf. Sat. Br. I, 6, 2, 12. ↩︎
309:1 À savoir, aux tanûhavir-ishtis ensemble, ou au moins trois vaches à chaque ishti s’il y en a deux. Plus le don est grand, plus le mérite est grand. Selon la Paddhati sur Katy. IV, il doit également recevoir une centaine de brahmanes à la fin de la cérémonie. Voir aussi Taitt. Br. I, 1, 7, 9-11. ↩︎
310:1 C’est-à-dire « ils le transportent dans le monde céleste », comme on peut le lire dans le passage par ailleurs identique de IV, 3, 4, 4. ↩︎
311:1 ‘Pra tv evâsurebhyo bravâmeti.’—‘Hantâsurebhyah pratiprabravâmeti’, texte Kânva. ? ‘Parlons-les !’ ↩︎
312:1 Ce paragraphe est quelque peu obscur. La recension de Kânva contient plutôt les paragraphes suivants, plus explicites : — À ce propos, certains sont inquiets (âgas), craignant que « ce feu-là ne s’éteigne » (anvagan). Mais qu’ils n’y prêtent pas attention, car, assurément, ce feu qui est en eux, établi au plus profond de leur âme, ne s’éteint pas. « La voiture pourrait passer (vyayâsît), la charrette pourrait passer ; elle (ou quelqu’un) pourrait s’interposer entre (moi et le feu) ! » Voilà une autre source d’inquiétude pour certains ; mais qu’ils n’y prêtent pas attention non plus ; car, assurément, la voiture ne passe pas, la charrette ne passe pas ce feu qui est en eux, établi au plus profond de leur âme. Cf. XII, 4, 1, 2-3. ↩︎
313:1 Le texte Kânva dit : Il dit : « Ne parlez pas ainsi ; soyez un modérateur de paroles ! » — « Ne parlez pas », ainsi (dit-il) ; car, ayant établi les deux feux, on ne devrait pas dire de mensonges (mrishâ), et celui qui prononce une parole ne devrait pas non plus dire de mensonges. Il devrait donc s’efforcer de ne dire que la vérité. ↩︎
313:2 Si le maître de maison qui a allumé ses feux constate, après un an ou plus, que ses entreprises ne prospèrent pas, ou s’il a rencontré d’autres malheurs, et que son âdheya n’a donc pas été couronné de succès, il doit allumer ses feux une seconde fois. Les anciens feux doivent être éteints, soit tôt le jour même de la cérémonie, soit trois nuits ou une année entière avant la cérémonie. À l’exception des exceptions mentionnées ci-après, la cérémonie est la même que celle de l’âdhâna. ↩︎
314:1 Comparer la légende correspondante Taitt, S. I, 5, 1 ; selon laquelle les dieux déposaient leurs précieux biens (vâmam vasu) auprès d’Agni ; et Pûshan et Tvashtri, en accomplissant un sacrifice exclusivement à Agni (le punarâdhyeya), devinrent propriétaires du bétail, d’où l’on dit que ce dernier appartient à Pûshan (paushna) et à Tvashtri (tvâshtra). Par la suite, Manu et Dhâtri (ici identifiés avec l’année) accomplirent également la cérémonie. Voir aussi Sat. Br. II, 3, 4, 1 seq. ↩︎
314:2 Ou, puisque c’est à Tvashtri qu’appartient toute forme. ↩︎
315:1 Gyotir amutra punyalokatvâ, lit, ‘une lumière par (la voie de) l’état de félicité.’ Le texte de Kânva a la même lecture. ↩︎
315:2 Cette spéculation est basée sur l’identité des mots pour l’année (varsha ; également « pluie ») et les pluies, ou saison des pluies (varshâh). ↩︎
315:3 Les caractéristiques des saisons sélectionnées ici sont censées avoir un lien particulier avec la pluie et la saison des pluies. ↩︎ ↩︎
316:1 Pendant l’automne, ou la saison chaude qui suit les pluies, il y a de fréquents éclairs en nappe le long de l’horizon la nuit. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎
317:1 Calotropis Gigantea. Ces gâteaux (apûpa, et non purodâsa), doivent d’abord être cuits soit sur l’Avasathya, soit sur un feu profane. Avant que les gâteaux ne soient ensuite placés sur les foyers de Gârhapatya et d’Âhavanîya, ces derniers doivent être consacrés de la manière habituelle (cf. p. 2) ; et, après avoir placé les gâteaux, les foyers sont aspergés par l’Adhvaryu, tandis que le sacrificateur le tient par derrière. Katy. IV, 11, 8, Schol. ↩︎
317:2 C’est-à-dire qu’il accomplit un ishti avec un tel gâteau de riz pour les havis, en remplacement des tanûhavir-ishtis, offerts après l’offrande complète, lors de l’âdhâna. Voir II, 2, 1, 6 et note. ↩︎ ↩︎
317:3 La paṅkti se compose de cinq pâdas octosyllabiques. Les anuvâkyâ et yâgyâ de l’offrande principale sont Rig-veda IV, 10, 2 et 4 ; ceux du svishtakrit, ib., versets 4 et 1. — Âsv. II, 8, 14. ↩︎
317:4 Les prières d’offrande de toutes les libations et offrandes à cet ishti doivent donc contenir le nom d’Agni. À chacune des offrandes préalables et postérieures, une forme casuelle différente d’agni est ajoutée après les objets respectifs de ces offrandes, — ainsi, '. . . samidho agne p. 318 ‘gna âgyasya vyantu,’ ‘tanûnapâd agnim agna . . .,’ ‘ido agninâgne . . .,’ etc. Voir par. 19; aussi p. 148, n. 2; I, 5, 4, 1 seq.; I, 8, 2, 1 ss. Les deux portions de beurre offertes respectivement à Agni ou à Soma (cf. I, 6, 1, 20 ss.) sont dans ce cas offertes à Agni ; les anuvâkyâs, selon Âsv. II, 8, 7, étant respectivement Rig-veda VIII, 44, I et VI, 16, 16. Voir cependant les paragraphes 21 ss. ↩︎
318:1 C’est-à-dire que l’Adhvaryu appelle, Õ srâvaya, ‘fais qu’il (ou quelqu’un) entende !’ et l’Âgnîdhra répond par Astu sraushat, ‘oui, puisse-t-il (ou quelqu’un) entendre !’ ↩︎
318:2 Ici, lors de la première offrande préalable, une option est apparemment laissée entre la première, l’invocation régulière (voir I, 5, 3, 8), et la seconde, modifiée de manière à s’appliquer directement à Agni. Katy. IV, 11, 11 permet la même option pour le premier prayâga et l’anuyâga. Pour ce dernier, cependant, voir plus loin, par. 24. La recension de Kânva est la suivante : — Or, lorsque l’Adhvaryu, en enjambant (vers le côté sud) et en lançant son appel (à l’Âgnîdhra) pour attirer l’attention, dit : « Prononcez la prière d’offrande aux Samidhs ! », alors c’est, en effet, l’une des formes de manifestation d’Agni (âgneyam eva tad rûpam) ; mais qu’il dise ici, pour ainsi dire, p. 319 d’une manière mystique : « Prononcez la prière d’offrande aux Agnis ! » (paroksham iva tv agnîn yageti haiva tatra brûyât.) ↩︎
319:2 Une modification du vaushat ordinaire. Le texte Kânva a ici et au par. 25, comme d’habitude, vaushal. ↩︎
319:3 À la cinquième offrande ; voir I, 5, 3, 22 seq. ↩︎
319:4 Voir II, 2, 1, 6, et note ; aussi II, 2, 1, 22. ↩︎
319:5 Ceci fait référence à la seconde portion de beurre, qui est offerte à Agni Pavamâna ou Agni Indumat, au lieu de Soma ; la première étant offerte à Agni simplement. Kâty. IV, 11, I2. ↩︎
319:6 Rig-veda V, 14, 1. Voir cependant les formules prescrites par Âsvalâyana, p. 317, note [23:2]. ↩︎
319:7 Le feu déposé lors de l’âdheya est retiré lorsque le punarâdheya doit être effectué. ↩︎
320:1 C’est-à-dire cette seconde portion de beurre qui appartient de droit à Soma (voir I, 6, 1, 20 seq.), mais qui est ici offerte à Agni. ↩︎
321:1 Pour les formules de l’offrande principale et du Svishtakrit, voir p. 317, note [22:1]. ↩︎
321:2 C’est-à-dire, aux offrandes de l’autel ; voir I, 8, 2, 14. Cf. aussi p. 318, note [25:1]. ↩︎
321:3 Voir I, 8, 2, 15. Ici une forme différente du mot agni (à savoir agneh et agnau) est insérée dans les formules d’offrande des deux premiers anuyâga, immédiatement après le mot indiquant l’objet de l’offrande ; la formule du troisième et dernier anuyâga contenant déjà le nominatif agnih au même endroit. ↩︎
321:5 Le cas locatif agnau, inséré dans la prière d’offrande de la deuxième offrande postérieure, est facultativement rendu trisyllabique en étant écrit et prononcé agnâ-u. ↩︎
321:6 Pour d’autres allusions aux mois intercalaires dans les textes védiques, voir Weber, Naxatra, II, p. 336. ↩︎
322:1 Voir I, 5, 3, 35. ↩︎
322:2 Voir aussi II, 2, 4, 15. Dans Taitt. S. I, 5, 12 (référencé à Kâty. XI, 2, 37) l’« or blanc » (ragatam hiranyam), c’est-à-dire l’argent, est expressément mentionné comme ne convenant pas au dakshinâ. La raison invoquée est que, lorsque les dieux réclamèrent les biens déposés auprès d’Agni, il pleura, et les larmes qu’il versa devinrent de l’argent ; et donc, si quelqu’un donnait de l’argent en guise de dakshinâ, il y aurait des pleurs dans sa maison avant qu’un an ne se soit écoulé. ↩︎