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11:8:1
11:8:1:11. En vérité, de même que cette roue de charrette ou ce tour de potier grinceraient [1] s’ils n’étaient pas stabilisés, de même, en effet, ces mondes seraient instables et instables.
11:8:1:22. Pragâpati pensa alors : « Comment ces mondes peuvent-ils devenir fermes et stables ? » Au moyen des montagnes et des rivières, il a établi cette (terre), au moyen des oiseaux et des grains de soleil [2] l’air, et au moyen des nuages et des étoiles le ciel.
11:8:1:33. Il s’exclama alors : « Richesse ! » — or, richesse [3] (mahas) signifie bétail, d’où ils (bétail) prospèrent (mahîyante [4]) extrêmement dans la propriété de celui qui en possède beaucoup ; et celui-ci (le Sacrificateur), en effet, en possède beaucoup, et dans sa propriété ils prospèrent extrêmement. C’est pourquoi, si les gens le chassaient de force de sa maison ou lui demandaient de partir, qu’après avoir accompli l’Agni-hotra, il s’approche (des feux) en disant : « Richesse » ; et il sera fermement établi par sa progéniture et son bétail, et ne sera pas privé de sa maison.
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11:8:2
11:8:2:11. En vérité, il y a quatre sortes de feu : celui qui est déposé, celui qui est retiré, celui qui est avancé et celui qui est répandu (sur les trois foyers). Or, ce qui est déposé est ce monde (terrestre) même ; ce qui est retiré est le monde aérien, ce qui est avancé est le ciel, et ce qui est répandu sont les régions. Et ce qui est déposé est Agni, ce qui est retiré est Vâyu (le vent), ce qui est avancé est Âditya (le soleil), et ce qui est répandu est Kandramas (la lune). Et ce qui est déposé est le Gârhapatya, ce qui est retiré est l’Âhavanîya, ce qui est avancé est le (feu) qu’ils dirigent vers l’est depuis l’Âhavanîya ; et celui qui est étendu est celui qu’ils portent vers le nord pour la cuisson de la victime, et celui (utilisé) pour les offrandes annexes [5] : qu’il accomplisse donc le sacrifice animal sur un feu porté en avant.
11:8:3
11:8:3:11. Ici, maintenant, ils disent : « À quelle divinité devrait appartenir cette victime ? » — « Elle devrait appartenir à Pragâpati », disent-ils ; « car c’est Pragâpati qui l’a vue la première : c’est donc à Pragâpati que cette victime devrait appartenir. »
11:8:3:22. Et ils disent aussi : « À Sûrya (le soleil) cette victime devrait appartenir » ; c’est pourquoi on attache le bétail quand il (le soleil) s’est couché : certains d’entre eux [ p. 128 ] sont attachés [6] dans leurs étables respectives, et d’autres se rassemblent simplement : « c’est donc à Sûrya que cette victime devrait appartenir », disent-ils.
11:8:3:33. Et ils disent aussi : « À Indra et Agni cette victime devrait appartenir ; car derrière ces deux divinités se trouvent (tous) les autres dieux ; si quelqu’un qui est affligé sacrifie, ces deux (dieux) le soutiennent ; et si quelqu’un sacrifie avec (un désir d’)abondance [7], ils le soutiennent : c’est donc à Indra et Agni que cette victime devrait appartenir. »
11:8:3:44. Le sacrifice animal, en effet, est le souffle, d’où, tant que l’on vit, aucun autre n’a de pouvoir sur son bétail, car ils lui sont liés.
11:8:3:55. Pragâpati dit à Agni : « Je ferai un sacrifice avec toi : je poserai les mains sur toi (comme une victime). » — « Non », dit-il, « parle à l’homme ! » Il dit à l’homme : « Je ferai un sacrifice avec toi : je poserai les mains sur toi. » — « Non », dit-il, « parle au bétail ! » Il dit au bétail : « Je ferai un sacrifice avec toi : je poserai les mains sur toi. » — « Non », dirent-ils, « parle à la lune ! » Il dit à la lune : « Je ferai un sacrifice avec toi : je poserai les mains sur toi. » — « Non », dit-il, « parle au soleil ! » Il dit au soleil : « Je ferai un sacrifice avec toi ; je poserai les mains sur toi. » « Qu’il en soit ainsi ! » dit-il ; « mais puisque ceux-là n’ont pas aimé (être égorgés), que deviendra donc ce qui est maintenant avec eux [8] ? » — « Tout ce que tu désires », dit-il. — « Qu’il en soit ainsi », répondit-il. Il posa les mains sur lui, et voici cet animal qu’il saisit (pour le sacrifice). Une fois égorgé, il enfla, et au moyen de ces hymnes Âprî, il l’apaisa [9] ; et dans la mesure où, au moyen de ces hymnes Âprî, il l’apaisa, on les appelle Âprîs. Et qu’il dise donc de l’animal égorgé : « Laissez-le reposer un instant ! » Autant est grand le monde qu’il gagne en accomplissant le sacrifice du cheval, autant est grand le monde qu’il gagne par cela (le sacrifice de l’animal).
11:8:3:66. Le vent de l’est souffla sur cette victime morte en disant : « Souffle ! » et y insuffla ainsi le souffle (de la bouche) ; le vent du sud souffla sur elle en disant : « Souffle à travers ! » et y insuffla ainsi le souffle à travers ; le vent de l’ouest souffla sur elle en disant : « Souffle ! » et y insuffla ainsi le souffle à travers ; le vent du nord souffla sur elle en disant : « Souffle ! » et y insuffla ainsi le souffle ascendant (des narines) ; le vent du haut souffla sur elle en disant : « Soufflez tout autour ! » et y insuffla ainsi le souffle circulant. Français C’est pourquoi, à propos d’un fils nouveau-né, qu’il dise à cinq Brâhmanes, avant que le cordon ombilical ne soit coupé : « Soufflez sur lui de cette manière [10] ! » Mais s’il ne peut les obtenir, il peut même [ p. 130 ] souffler lui-même sur lui en marchant autour de lui ; et ce (son fils) atteint la pleine mesure de la vie [11] et vit jusqu’à un âge avancé.
11:8:3:77. Il (le soleil) prit sur lui le souffle d’Agni ; d’où ce (feu) ne flamboie pas à moins d’être attisé ou allumé, car son souffle lui a été retiré ; et, en vérité, celui qui sait cela retire le souffle de vie à son ennemi malveillant.
11:8:3:88. Il prit la forme de Vâyu ; d’où les gens l’entendent (le vent), pour ainsi dire, trembler, mais ne le voient pas, car sa forme lui a été retirée ; et, en vérité, celui qui sait cela enlève la forme de son ennemi malveillant.
11:8:3:99. Il s’est approprié la pensée de l’homme ; c’est pourquoi on dit : « Que la pensée divine te protège, la pensée de l’homme me protège ! » car sa pensée lui a été enlevée ; et, en vérité, celui qui sait cela s’enlève la pensée de son ennemi malveillant.
11:8:3:1010. Il s’est approprié l’œil du bétail ; d’où, même s’ils voient clairement, pour ainsi dire, ils ne savent rien, mais savent seulement ce que c’est en le sentant, car leur œil leur a été enlevé ; et, en vérité, celui qui sait cela enlève l’œil de son méchant ennemi.
11:8:3:1111. Il s’est approprié l’éclat de la lune ; de là vient que, de ces deux (soleil et lune), bien que semblables, la lune brille beaucoup moins, car son éclat lui a été retiré ; et, en vérité, celui qui sait cela retire l’éclat à son ennemi malveillant. Et dans la mesure où il les a retirés (â-dâ), il (le soleil) est appelé Âditya.
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11:8:4
11:8:4:11. Or, il était une fois un tigre qui tua la vache samrâg [12] de ceux (qui sacrifiaient) avec (le roi des) Kesin comme Grihapati [13]. Il (le roi [14]) dit à ses compagnons sacrificateurs : « Quelle expiation y a-t-il pour cela ? » Ils répondirent : « Il n’y a pas d’expiation pour cela : Khandika Audbhâri seul en connaît une ; mais il désire certainement qu’il t’arrive autant, et pire que cela [15]. »
11:8:4:22. Il dit : « Conducteur de char, mets mes chevaux ; j’irai là-bas ; s’il me le dit, je réussirai (avec mon sacrifice) ; mais s’il veut que je meure, je serai brisé avec le sacrifice brisé. »
11:8:4:33. Ayant attelé les chevaux, il partit et [ p. 132 ] arriva là [16]. Quand il (Khandika) le vit [17], il dit : « Voyant qu’il y a ces peaux sur les cerfs, nous brisons leurs côtes et les cuisons : la peau de l’antilope noire est attachée à mon cou [18]\—est-ce avec de telles pensées que tu as osé te diriger vers moi ? »
11:8:4:44. « Non, répondit-il ; un tigre a tué ma vache samrâg, révérend monsieur ; si tu me le dis, je réussirai ; mais si tu veux que je meure, je serai brisé avec le sacrifice brisé. »
11:8:4:55. Il dit : « Je vais tenir conseil avec mes conseillers [19]. » Les ayant convoqués, il dit : « Si je le lui dis, sa race, et non la mienne, prévaudra ici [20], [ p. 133 ] mais je gagnerai l’(autre) monde ; et si je ne le lui dis pas, ma propre race, et non la sienne, prévaudra ici, mais il gagnera l’(autre) monde. » Ils dirent : « Ne le lui dites pas, révérend monsieur, car, sûrement, ceci (la terre) est le monde du Kshatriya [21]. » Il répondit : « Non, je le lui dirai : il y a d’autres nuits [22] là-haut. »
11:8:4:66. Et, en conséquence, il lui dit alors : « Après avoir offert le Spritis [23], il (l’Adhvaryu) devrait dire : « Fais monter une autre (vache) ! » et celle-ci devrait être ta samrâg-vache [24]. » — « [Ayant offert. avec,] « De la lune je prends ton esprit, salut ! — Du soleil je prends ton œil, salut ! — Du vent je prends tes respirations, salut ! — Des régions je prends ton oreille, salut ! — Des eaux je prends ton sang, salut ! — De la terre [ p. 134 ] « Je prends ton corps, salut ! » qu’il dise alors : « Fais monter une autre (vache) ! » et celle-ci sera ta vache samrâg ! » Il partit alors de là [25], et, en vérité, des membres de la race Kesin sont nés ici même à ce jour.
126:1 Sâyana prend apparemment ‘krand’ dans le sens de ‘secouer, ou vaciller’ — ‘de même qu’une roue de charrette ou une autre roue, ne reposant pas sur le sol faute de support en bois (âlambana-kâshtha, ? axe d’essieu) ou de quelque autre chose, vacillerait (hvalet).’ Ce que Sâyana veut dire, probablement, c’est que le verbe utilisé par l’auteur exprime l’effet de l’action voulue. ↩︎
126:2 Ou, rayons de soleil (rasmi), comme Sâyana prend ‘marîki’ ; cf. Weber, Ind. Stud. IX, p. 9, note. ↩︎
126:3 Ou, joie ; — cp. II, 3, 4, 25, qui semble être le passage auquel il est fait référence dans le présent paragraphe. ↩︎
126:4 Ou, peut-être, « ils s’amusent, gambadent », comme le dit le Dict. de Saint-Pétersbourg. Différemment, encore, Sâyana, — yata ebhih pasubhir mahîyate (il prospère ?), ata ete mahah. ↩︎
127:1 Voir III, 8, 3, 18; 8, 4, 9, avec note. ↩︎
128:1 Ou peut-être que le bétail est enfermé, certains d’entre eux sont enfermés. ↩︎
128:2 ? Ainsi, apparemment, Sâyana:—Anye tv indrâgnyoh sarvadevatâprâdhânyât svoddesena yâgam kritavatâm kramenârtinâsak(atv)ân mahatah (? mahasah) prâpakatvâk ka pasur aindrâgna iti. ↩︎
128:3 Eteshâm svabhûtam vastu kim labdham bhavet, Sây. ↩︎
129:1 Voir III, 8, 1, 2 (avec note), où ‘â-prî’ est apparemment pris par le Brâhmana dans le sens de ‘remplir’. ↩︎
129:2 Les Brâhmanes ayant été placés dans la direction des quartiers respectifs, le père fait souffler l’un après l’autre sur l’enfant, le premier de l’est et de la tête de l’enfant, le second du côté droit, etc., dans la succession du soleil ; le cinquième (dont la position n’est pas spécifiée) soufflant directement vers le bas sur l’enfant. ↩︎
130:1 Soit cent ans, Sây. Voir X, 2, 6, 9; partie iv, introd., p. xxiii. ↩︎
131:1 C’est la vache qui fournit le lait au Pravargya ; ce lait, une fois chauffé, est appelé « gharma (chaleur) » ou « samrâg (roi souverain). » Voir partie ii, p. 104, note 3. ↩︎
131:2 Grihapati, ou seigneur de maison, maître de la maison, est le titre du principal sacrificateur lors d’une séance sacrificielle (sattra). — Selon Sâyana, les Kesinah étaient une race de nobles (râgânah), qui, à cette occasion, accomplissaient un « sattra » et sont donc appelés « chefs de famille » (grihapati) ; — kesino nâma râgânah sattrayâgam anutishthanto grihapataya âsuh, Sâyana prend ainsi « kesigrihapatayah », non pas comme bahuvrîhi, mais comme tatpurusha (karmadhâraya, « les chefs de famille Kesin »), ce qui nécessiterait cependant l’accent sur le deuxième membre du composé. — Bien que tous ceux qui prennent part à une séance sacrificielle doivent être des brahmanes, la règle ne semble pas avoir été strictement observée. Cf. partie iv, introd., p. xxv ; Weber, Ind. Stud. X, pp. 25-94. ↩︎
131:3 Grihapatishu pradhânabhûtah kesirâgah, Sây. ↩︎
131:4 C’est-à-dire qu’un malheur encore plus grand t’arriverait, atyantam pâpayuktam govadhâdidoshayuktam ity arthah, Sây. ↩︎
132:1 Sâyana fait de Khandika le sujet de ce dernier verbe : — sa ha ratham asvaih samyogya Khandikasamîpam yayau ; soऽpi Khandikah kesinam âgagâma, gatvâ ka vivaktam (? viviktam) Kesinam pratikhyâya nirâkritya sadayam eva prathamam uvâka. Il semble donc ne pas donner ici à « yâ » le sens de « conduire », mais prendre « yayau » dans le sens de « il est allé là-bas ». Cela pourrait, bien sûr, aussi signifier « il est parti ». ↩︎
132:2 Sâyana prend apparemment ‘prati-khyâ’ dans le sens de ‘refuser l’admission à, rejeter’, ‘abweisen’. ↩︎
132:3 Le commentaire de Sâyana sur ce passage est le suivant : « Ô Kesin, tu portes sur ton cou la peau de la vache qui donne le lait de gharma : ces peaux (c’est-à-dire semblables) sont (c’est-à-dire sont vues) sur les cerfs ; et après avoir brisé (c’est-à-dire mis en pièces) les « prishti » (c’est-à-dire les biches de petite taille) parmi eux, nous les cuisons : cette peau d’antilope noire est attachée sur mon cou. » Khandika ayant parlé ainsi, le roi dit : « Non, ce n’est pas mon intention. » ↩︎
132:4 Littéralement, ceux qui doivent être consultés, que Sâyana appelle plus loin « âptâh » ou hommes de confiance. ↩︎
132:5 Ou, peut-être, les gens ici (les Kesins) deviendront les siens, et non les miens ; cf. Delbrück, Altind. Syntaxe, pp. 32 ; 141 (deux traductions différentes). Sâyana, d’autre part, prend ‘pragâ’, non pas au sens de ‘famille’ ou de ‘peuple’, mais au sens de ‘connaissance (sacrée)’ — peut-être en référence à la triple science (le Véda) comme p. 133 mille fois progéniture de Vâk, la parole (cf. IV, 5, 8, 4 ; 6, 7, 3 ; V, 5, 5, 12) — que Khandika perdrait ainsi, tandis qu’en transmettant la connaissance sacrée, il gagnerait une place au ciel. ↩︎
133:1 Le commentaire de Sâyana n’est pas très intelligible, le manuscrit étant plus que d’habitude corrompu sur cette dernière page : — evamvidhe virodha udbhâvitê sati to âptâ ûkuh, he bhagavo vidyâm mâ vokah, kshatriyasya loko na bhavishyatîti; nanu tavânusayah (? apanage, domaine, suite) sa tasya nâsti; ayam vâva ayam eva khalu, kshatriyasya lokas tasmât sauspatrâter (?) evam ukte sati sadvekenarâpatra bhavânti (!) ato vakshyâmy evety uvâka. ↩︎
133:2 C’est-à-dire des jours, en renonçant à une brève vie de puissance et de gloire terrestres, il obtient la vie éternelle. ↩︎
133:3 C’est-à-dire des oblations accomplies en vue de « s’emparer (sri) » de quelque chose ; cf. Katy. Srautas. XXV, 6, 11. 12. ↩︎
133:4 La particule « iti » pose ici une difficulté de construction, qui serait levée si la dernière proposition était considérée comme faisant partie du discours de l’Adhvaryu ; bien que Kâtyâyana, il est vrai, ne la reconnaisse pas comme telle. Peut-être, cependant, le discours de Khandika s’arrête-t-il ici, et ce qui suit « celui-là sera ta vache samrâg » doit-il être interprété comme une insertion rituelle, auquel cas le « iti » final aurait le sens de « ayant été ainsi informé ». ↩︎
134:1 Sâyana prend ceci ainsi : « Ainsi instruit, Kesin disparut (ou, s’éteignit, disparut, utsasâda vinashtah) de cette région (tato desât) » — après quoi il y a une lacune dans le manuscrit. Peut-être, cependant, est-ce à Khandika, plutôt qu’à Kesin, que cela fait référence ; lui (et sa race) quitta alors effectivement cette région, tandis que les Kesin prospéraient. ↩︎