[ p. 197 ]
12:5:1
12:5:1:11. Ils disent aussi : « Si celui qui accomplit une longue séance sacrificielle, à savoir celui qui (régulièrement) offre l’Agnihotra, devait mourir pendant son séjour à l’étranger, doivent-ils sacrifier pour lui ou non ? » Or, certains pensent en effet que (son Agnihotra) devrait être offert jusqu’à leur retour chez eux [^534] ; mais qu’il ne le fasse pas, car ce (feu) ne s’y soumet pas pour qu’ils lui offrent, comme pour brûler un corps mort : c’est plutôt au sacrifice et aux oblations qu’il se soumet, et, incapable de le supporter, il reste auprès de lui avec impatience.
12:5:1:22. Et certains, en effet, disent : « Ils (les feux) devraient rester dans le même état, entretenus (avec du combustible) mais sans qu’on y fasse d’offrande ; » mais qu’il ne le fasse pas, car ce (feu) ne se soumet pas à ce qu’on l’allume comme pour brûler un corps mort ; c’est plutôt au sacrifice et aux oblations qu’il se soumet, et, ne pouvant le supporter, il s’arrête auprès de lui avec impatience.
12:5:1:33. Et certains, en effet, ayant soulevé les deux feux [ p. 198 ] sur les bâtons à baratter, les déposent et le battent (le nouveau feu) lorsqu’il est amené (à la maison) ; mais qu’il ne le fasse pas, car ce (feu) ne se soumet pas à cela pour qu’ils le battent comme pour brûler un corps mort : c’est plutôt au sacrifice et aux oblations qu’il se soumet, et, ne pouvant le supporter, il reste auprès de lui avec impatience.
12:5:1:44. Qu’il procède plutôt ainsi : qu’il cherche une vache qui allaite un veau adopté, et qu’il fasse une offrande avec son lait ; car le lait qui vient d’une vache qui allaite un veau adopté est souillé, et l’Agnihotra de celui qui est mort est souillé : en éliminant ainsi la souillure par la souillure, il devient plus glorieux.
12:5:1:55. À ce propos, il existe également une comparaison : si deux voitures accidentées devaient se réunir, il y en aurait au moins une (apte) à conduire.
12:5:1:66. La procédure de ce même Agnihotra (est la suivante) : — Il la fait traire tandis qu’il est investi vers l’est [1] ; car, investi sacrificiellement, on fait traire (la vache Agnihotra) pour les dieux, mais dans le cas des Pères, cela se fait ainsi.
12:5:1:77. Il ne met pas (le lait) sur les charbons (ardents) [2] ; car s’il le mettait sur des charbons, il ferait (ce qui est fait) pour les dieux : ayant déplacé quelques cendres chaudes du Gârhapatya vers le côté droit (sud), il le met dessus, et le rend ainsi sacré pour les Pères. [ p. 199 ] 12:5:1:88. Il ne fait pas tomber la lumière (d’une paille brûlante) sur lui, ni n’y verse de l’eau ; car s’il faisait tomber la lumière sur lui, et y versait de l’eau, il ferait (ce qui est fait) pour les dieux. Il ne l’enlève pas trois fois, en le posant à chaque fois [3] ; car s’il l’enlevait trois fois, en le posant à chaque fois, il ferait (ce qui est fait) pour les dieux : seulement une fois il l’enlève en le tirant vers le bas [4], et ainsi il le rend sacré pour les Pères.
12:5:1:99. Il ne dit pas : « Je vais verser [5] ! » et il ne verse pas (le lait) quatre fois ; car s’il disait « Je vais verser ! » et s’il versait quatre fois, il ferait (ce qui est fait) pour les dieux : seulement une fois il le retourne silencieusement (dans la cuillère), et le rend ainsi sacré pour les Pères.
12:5:1:1010. Il ne l’emmène pas (à l’Âhavanîya) en tenant un petit bois au-dessus (du manche de la cuillère [6]) ; car s’il l’emmenait (là) en tenant un petit bois au-dessus, il ferait (ce qui est fait) pour les dieux : il le prend en tenant (une bûche) en dessous, et le rend ainsi sacré pour les Pères.
12:5:1:1111. Il ne passe pas le long du côté nord du Gârhapatya [7], car s’il passait le long du côté nord [ p. 200 ] du Gârhapatya, il ferait (ce qui est fait) pour les dieux : il passe le long du côté sud du Gârhapatya, et le rend ainsi sacré pour les Pères.
12:5:1:1212. Et cette herbe sacrificielle qui (ordinairement) est couchée avec ses cimes vers le nord, il la couche de manière à avoir ses cimes vers le sud, et ainsi rend (l’offrande) sacrée aux Pères. Et ayant placé un bâton d’allumage sur l’Âhavanîya, et plié son genou gauche, il retourne silencieusement (la louche) une fois à l’envers (versant le lait dans le feu) et ainsi la rend sacrée aux Pères. Il ne secoue pas (la cuillère) vers le haut [8], ne l’essuie pas, ne mange pas (le lait resté dans la cuillère), ni ne le jette : il la rend ainsi sacrée aux Pères.
12:5:1:1313. Ils disent aussi : « Si celui qui accomplit une longue séance sacrificielle, à savoir celui qui (régulièrement) offre l’Agnihotra, devait mourir pendant son séjour à l’étranger, comment lui fourniraient-ils ses feux ? » Eh bien, certains, l’ayant brûlé, ramènent (les os) chez eux et font en sorte que les feux le sentent pendant qu’il est amené ; mais qu’il ne fasse pas cela, car ce serait comme s’il cherchait à faire naître la semence implantée dans un utérus d’un autre utérus. Après avoir rapporté les os, qu’il les jette sur une peau d’antilope noire et les arrange selon la forme de l’homme, et après les avoir recouverts de laine et aspergés de ghee, qu’il les unifie en les brûlant [ p. 201 ] avec ses feux : il le fait ainsi naître de son propre ventre (maternel).
12:5:1:1414. Et certains, en effet, le brûlent dans un feu (ordinaire) (procuré) dans le village ; mais qu’il ne le fasse pas, car un tel feu est un mangeur de promiscuité, un mangeur de chair crue : il serait capable de le dévorer entièrement, ainsi que ses fils et son bétail.
12:5:1:1515. Et il y en a qui le brûlent dans un feu de forêt ; mais qu’il ne le fasse pas ; car un tel feu n’est pas apaisé : il serait capable de le brûler avec ses fils et son bétail.
12:5:1:1616. Et certains, en effet, le brûlent dans un tison ; mais qu’il ne fasse pas cela ; car un tel feu appartient à Rudra : il serait capable de le détruire ainsi que ses fils et son bétail.
12:5:1:1717. Et certains, en effet, élèvent un bûcher funéraire au milieu des (trois) feux, et, en le brûlant, l’unissent à ses feux, pensant : « Là, c’est-à-dire au milieu de ses feux, est assurément la demeure du Sacrificateur. » Mais qu’il ne fasse pas cela ; car si dans ce cas quelqu’un disait de lui : « En vérité, celui-ci a provoqué une coupure au milieu du village ; sa coupure aura bientôt lieu [9] : il pleurera son bien-aimé ; » alors cela arriverait probablement.
12:5:2
12:5:2:11. Or, Nâka Maudgalya a dit un jour : « S’il croit que le Sacrificateur est sur le point de mourir, qu’il prenne [ p. 202 ] les deux feux dans les bâtons à baratter, et, après avoir allumé (un nouveau feu), qu’il continue d’offrir (l’Agnihotra) à l’endroit qui lui a été recommandé pour l’immolation [10]. Et si le Sacrificateur devait alors quitter ce monde,
12:5:2:22. Qu’il lui construise un bûcher [11] au milieu de ses feux, et, en le brûlant, l’unisse à ses feux. Mais qu’il ne fasse pas cela ; car, en vérité, ce (feu) ne se soumet pas à cela pour qu’on lui fasse des offrandes comme pour brûler un corps mort ; c’est plutôt au sacrifice et aux oblations qu’il se soumet, et, ne pouvant les supporter, il s’arrête auprès de lui avec impatience.
12:5:2:33. Il devrait plutôt procéder ainsi : qu’il leur ordonne de chercher trois pots, et, y ayant mis soit de la bouse de vache (séchée), soit de la paille [12], qu’il les place séparément sur les (trois) feux ; et qu’ils le brûlent ensuite au moyen des feux produits par ce brasier : de cette manière, il est effectivement brûlé par (ces) feux, bien que non visiblement, pour ainsi dire.
12:5:2:44. C’est pourquoi, aussi, il a été dit par le Rishi (Vâg. S. XIII, 45 [13]), ‘L’Agni qui est né d’Agni, de la douleur de la terre ou du ciel ; par lequel Visvakarman engendra [ p. 203 ] êtres vivants, que ta colère l’épargne, ô Agni !’ Tel le verset, telle est son explication.
12:5:2:55. Or, en premier lieu, il le purifie de toute matière impure, et fait que la matière impure se dépose sur cette (terre) ; car cette (terre) est en effet matière impure : il consigne ainsi la matière impure à la matière impure. Car, en effet, de son intestin, rempli de matière impure, lorsqu’il est brûlé, un chacal est produit : (c’est pourquoi il l’enlève), « de peur qu’un chacal ne soit produit. » Mais qu’il ne fasse pas cela, ou sa famille risque de mourir de faim. Après l’avoir lavé intérieurement, il l’oint de ghee, et le rend ainsi (le corps) sacrificiellement pur.
12:5:2:66. Il insère ensuite sept morceaux d’or dans les sept sièges de ses airs vitaux ; car l’or est lumière et immortalité : il lui confère ainsi lumière et immortalité.
12:5:2:77. Ayant alors construit un bûcher pour lui au milieu de ses feux, et étalé une peau d’antilope noire avec le côté poilu vers le haut et la partie du cou vers l’est, il l’allonge dessus, le visage tourné vers le haut, et met la cuillère guhû remplie de ghee sur sa droite, et l’upabhrit sur sa main gauche, le dhruvâ sur la poitrine, la louche Agnihotra sur la bouche, deux cuillères à tremper sur les narines, deux prâsitra-haranas [14] sur les oreilles, la coupe utilisée pour transporter l’eau lustrale sur la tête, deux vans sur les côtés, sur le ventre le récipient utilisé pour tenant les boutures (de l’idâ), remplies de ghee caillé, le coin (l’épingle de joug) à côté de l’organe mâle, deux maillets à côté des testicules, et derrière eux le mortier et le pilon, [ p. 204 ] les autres vases sacrificiels entre les cuisses ; et l’épée en bois sur la main droite.
12:5:2:88. Ainsi pourvu des armes sacrificielles (instruments), ce Sacrificateur passe à la place qu’il a gagnée au ciel, comme si quelqu’un qui craint la spoliation devait y échapper ; et, en vérité, ces feux (qui doivent) être allumés (le toucheront) avec amour, tout comme les fils touchent avec amour leur père lorsqu’il rentre à la maison après un séjour à l’étranger, et préparent tout pour lui [15].
12:5:2:99. Si le Gârhapatya l’atteignait en premier, on pourrait savoir que le feu permanent l’a atteint en premier : qu’il s’établira de façon permanente, et que ceux qui sont derrière lui s’établiront de façon permanente dans ce monde.
12:5:2:1010. Et si l’Âhavanîya faisait ainsi, on saurait que le feu le plus avancé l’a atteint en premier : qu’il a été le premier à conquérir le monde (autre), et que ceux qui sont derrière lui seront les premiers dans ce monde.
12:5:2:1111. Et si l’Anvâhâryapakana faisait ainsi, on pourrait savoir que le feu mangeur de nourriture l’a atteint en premier : qu’il mangera de la nourriture, et que ceux qui sont derrière lui mangeront de la nourriture (seront prospères) dans ce monde.
12:5:2:1212. Et si tous (l’atteignaient) en même temps, on saurait qu’il a conquis un monde béni. Telles sont donc les distinctions à cet égard.
12:5:2:1313. Telle est donc l’offrande du corps du Sacrificateur qu’il accomplit à la fin : avant de quitter la place qu’il a gagnée au ciel, il s’élève immortel sous la forme d’une oblation. [ p. 205 ] 12:5:2:1414. Quels que soient les vases de pierre et de terre (du défunt), ils peuvent être donnés à un Brâhmane [16] ; mais, en vérité, celui qui les accepte est considéré comme un déménageur de cadavres. Qu’ils jettent plutôt ces (vases) dans l’eau, car les eaux sont le fondement de tout cela (l’univers) : il l’établit ainsi fermement sur les eaux.
12:5:2:1515. Soit un fils (du défunt), soit un frère, soit un autre Brâhmana accomplit alors cette offrande [17], avec (Vâg. S. XXXV, 22), ‘De lui tu (Ô Agni) es né : de toi, que ce NN naisse à nouveau dans le monde céleste, salut !’ Ils s’en vont alors sans se retourner. et touchent l’eau.
197:1 Prof. Delbrück, Altind. Syntax, p. 430, prend « âgantoh » dans le sens de « (pensant) qu’il peut encore venir » ; mais cf. Katy. XXV, 8, 9 avec comm., selon lequel, dans le cas d’un Agnihotrin mourant loin de chez lui, ses proches doivent – si le lieu de son décès est proche de chez lui – y emmener le corps ; mais s’il est loin de chez lui, ils doivent allumer un feu en le « barattant » et brûler le corps, et après avoir rassemblé les os et les avoir ramenés chez eux, ils sont là pour effectuer le punardâha, ou seconde crémation ; et dans les deux cas, l’Agnihotra doit être effectué régulièrement pour le défunt, le soir et le matin, « jusqu’à ce que le corps ou les os arrivent à la maison (grihâgamanaparyantam). » La force de « iti » ici est évidemment : (pensant) « nous ferons ainsi jusqu’au retour à la maison. » Harisvâmin résout à juste titre « âgantoh » par « â âgantoh ». ↩︎
198:1 C’est-à-dire, porter le cordon brahmanique sur l’épaule droite et sous le bras gauche ; au lieu de sur l’épaule gauche et sous le bras droit comme cela se fait lors du sacrifice. ↩︎
198:2 Pour faire bouillir le lait pour l’Agnihotra, les charbons ardents sont déplacés vers le nord depuis le Gârhapatya, et le pot est placé dessus ; voir partie i, p. 330, note. ↩︎
199:1 Lorsqu’une cuillerée d’eau a été ajoutée au lait d’Agnihotra, et que la lumière d’une paille brûlante a été à nouveau jetée dessus, le pot est repris trois fois et déposé à chaque fois plus au nord sur les cendres chaudes ; voir partie i, p. 331, note 1. ↩︎
199:2 C’est-à-dire, en descendant des cendres — vers le sud (où les Pères, ou ancêtres défunts, sont censés résider), — tandis que dans le cas de l’Agnihotra ordinaire, il déplacerait le pot de plus en plus vers le haut, ou vers le nord. Cf. Kâty. XXV, 8, 10. ↩︎
199:3 Voir XII, 4, 2, 8. ↩︎
199:4 Voir partie i, p. 331, note 4. ↩︎
199:5 Peut-être devrions-nous traduire : — il ne va pas au côté nord du Gârhapatya (mais au côté sud) — c’est-à-dire s’il fait p. 200 deux oblations, non seulement sur l’Âhavanîya, mais aussi sur le Gârhapatya (ainsi que sur le Dakshinâgni), auquel cas l’Adhvaryu se tiendrait au nord (ou plutôt au nord-ouest) du feu. Cf. Kâty. IV, 14, 22-25. ↩︎
200:1 D’ordinaire, après la deuxième libation, le prêtre secoue deux fois la cuillère vers le haut, puis la pose sur une touffe d’herbe. ↩︎
201:1 La combustion du corps mort semble être comparée ici au dépeçage de la victime qui s’effectue hors du lieu du sacrifice. Harisvâmin, en effet, prend ici « grâma », non pas au sens de « village », mais au sens d’« agnisamûha » – au milieu des feux sacrificiels – ce qui, si c’était possible, rendrait certainement la comparaison encore plus frappante. ↩︎
202:1 Littéralement, à tout endroit où le découpage lui aurait semblé opportun. On ne sait pas très bien si ce « découpage » doit être pris ici au sens figuré de la crémation du cadavre (dâhasthâne, Harisvâmin), ou du sacrifice d’une vache stérile, qui peut être pratiqué dans un tel cas, ou des deux. ↩︎
202:2 La construction semblerait plutôt être : qu’il le construise (c’est-à-dire le corps mort) comme un tas au milieu de ses feux. ↩︎
202:3 Le sens réel de « sumbala » n’est pas connu ; selon le dict. de Saint-Pétersbourg, il s’agit d’une matière qui prend facilement feu, comme la paille ou l’étoupe. Harisvâmin l’entend dans le premier sens : trinâny alpasamsthitâni. Cf. Kâty. XXV, 7, 12 (fibres ou gousses de coton séchées). ↩︎
202:4 Cf. VII, 5, 2, 21. ↩︎
203:1 C’est-à-dire deux bols utilisés pour contenir les « parties antérieures » du Brahman ; voir partie i, p. 69, note 4. ↩︎
204:1 C’est-à-dire qu’ils rendent tout confortable pour lui, le font se sentir chez lui : — prakrishtam evainam svarge kalpayanti pratishthitam; nityasthitatvât pratishthâ gârhapatyah; comm. ↩︎
205:1 Selon Kâty. XXV, 7, 32, 33, les instruments en pierre et en terre doivent être jetés dans l’eau ; et ceux en métal peuvent être donnés facultativement à un Brahmane (ou de même être jetés dans l’eau). ↩︎