Sur les austérités de Tris’irâ [ p. 481 ] 1-12. Les Risis (de la forêt de Naimisa) s’adressèrent à Sûta (avec affection) : — Ô Très Fortuné ! Tes paroles, douces comme du nectar, sont très douces. Nous ne sommes pas rassasiés de ce que tu nous as décrit comme les paroles de bon augure de Dvaipâyana Vyâsa. Ô Sûta ! Nous désirons te demander à nouveau de nous raconter les paroles de bon augure de ce Purâna, beau, célèbre, destructeur de péchés et autorisé par les saints Védas. Vis’vakarmâ avait un fils, nommé Vritrâsura, qui était très connu et très puissant. Comment se fait-il qu’il ait été tué par l’âme élevée d’Indra ? Vis’vakarmâ était un puissant brahmane et appartenait au parti des dieux ; son fils était plus fort. Comment se fait-il qu’Indra l’ait tué ? Les Dévas naissent des qualités sattva ; les hommes naissent des qualités râjasiques ; et tous les oiseaux, etc., naissent des qualités tâmasiques. Telle est l’opinion des Pandits, versés dans les Purânas et les Âgamas. Mais dans cet acte de tuer Vritrâsura, une grande contradiction surgit ; car le puissant Vritra fut tué simplement sous un prétexte par Indra, l’auteur des cent sacrifices, et doté des qualités sattva. Et Indra y fut incité par Visnu, le chef de ceux qui possèdent les qualités sattva ; tandis que Visnu lui-même, déguisé, entra dans la foudre pour tuer Vritra. Le puissant Vritra conclut un traité et resta paisible lorsqu’Indra et Visnu violèrent la vérité et le tuèrent traîtreusement par Jalaphena (l’écume aqueuse). Ô Sûta ! Le grand miracle est qu’Indra et Visnu aient osé abandonner la vérité. Il est donc évident que les personnes aux âmes élevées se trompent et commettent des péchés. Les Chefs des Dévas agissent très mal ; ils sont considérés comme polis simplement parce qu’ils observent les simples formes extérieures de bonne conduite approuvées par les S’âstras. Comment la simple observance des formes extérieures peut-elle constituer de la politesse ? Indra, qui tua Vritra déguisé en se fiant à ses paroles, devait-il subir une punition pour le péché qu’il avait commis en tuant un Brâhmana ? Vous avez déjà raconté que Vritra avait été tué par la Devî Bhagavatî ; mais la croyance générale est qu’Indra l’a tué. Nous sommes perplexes sur ce point. (Dissipons donc nos doutes sur ce point.) [ p. 482 ] 13-14. Sûta dit : — Ô Munis ! Écoutez l’incident du meurtre de Vritrâsura et le châtiment qu’Indra a dû subir en raison de son péché de Brahmahatyâ (tuer un brahmane). Cette question a été posée par le roi Pâriksit et répondue par Vyâsa, le fils de Satyavatî. Je vais vous dire ce que Vyâsa avait dit auparavant.
15-18. Janamejaya demanda : — Ô Meilleur des Munis ! Comment se fait-il qu’autrefois Indra, doté des qualités Sattva, ait tué Vritrâsura avec l’aide de Visnu ? Et comment et pourquoi fut-il à nouveau tué par la Déesse Bhagavatî ? Ô Seigneur des Munis ! Comment un seul corps a-t-il pu être tué par deux ? Notre curiosité a été éveillée par la vérité. Quel homme n’aimerait plus entendre parler des actes glorieux de ces personnes à l’âme noble ! Raconte-nous avec bonté le meurtre de Vritrâsura par la Déesse Bhagavatî.
19-26. Vyâsa dit : Ô Roi ! Tu es béni, car ton goût pour les événements des Purânas s’est tellement accru ; les Devas ont même soif de boire du nectar ; mais une fois étanché, ils n’aiment plus boire. Ô Roi ! Ton nom et ta renommée sont largement répandus. Ta dévotion aux Purânas grandit de jour en jour. Un orateur est ravi lorsque son auditoire l’écoute avec une attention sans faille. Ô Seigneur de la terre ! Le combat entre Vritra et Vâsava, qui eut lieu autrefois, est célèbre dans les passages des Védas et des Purânas, tout comme les souffrances qu’Indra dut endurer en punition après avoir tué le fils innocent de Visvakarma. Ô Roi ! Les Munis, qui craignent profondément le péché, commettent pourtant des actes répréhensibles sous Mâyâ ; alors, comment s’étonner que Visnu et Indra aient tué Tris’irâ et Vritra simplement sur un plaidoyer ? Quand Visnu, l’incarnation des qualités Sattva, est trompé par Mâyâ et tue systématiquement les Daityas par tromperie, comment peux-tu espérer qu’un autre homme puisse vaincre mentalement même le Maha Mâyâ Bhavâni, qui trompe tous les êtres ! Ô Roi ! C’est sous la contrainte de cette Mâyâ que le Bhagavân, l’Infini, l’ami de Nara, Nârâyana, s’incarne dans des milliers et des milliers de Yugas de ce Samsâra, sous la forme de Poisson, etc., et accomplit des actes tantôt licites, tantôt illicites. Les Devas et les hommes, déconcertés par sa Mâyâ, sont bouleversés et perturbés et disent : « Ce corps, ces richesses, cette maison, ces fils, cette femme et ces proches sont à moi ! » Ainsi trompés, ils accomplissent tantôt des actes vertueux, tantôt des actes pécheurs. Ô Roi ! Il n’y en a pas un seul, sur cette terre, même s’il est versé dans la recherche de cause à effet, la connaissance du haut et du bas, qui puisse être libéré de cette Grande Illusion ; il est dès le début lié par les trois Gunas de cette Mâyâ et cela reste sous Son contrôle. [ p. 483 ] 27-35. Ceci explique que Visnu et Indra furent tous deux trompés par Mâyâ et occupés à satisfaire leurs propres desseins égoïstes. Ils tuèrent Vritrâs’ûra sous un prétexte. Ô Roi ! Écoute ! Je te décris maintenant la cause de l’inimitié entre lndra et Vritra. Vis’vakarmâ, le Prajâpati, était un grand architecte des dieux, il était habile, il était supérieur parmi les dieux, un grand ascète et aimé des brahmanes. Il était inimitié avec Indra ; et de cette inimitié, il créa un fils, très beau, nommé Tris’iraska Visvarûpa. Ce fils avait trois visages, très beaux et charmants. Visvarûpa accomplissait trois fonctions différentes avec ses trois visages différents : avec l’un, il étudiait les Védas, avec le deuxième, il buvait du nectar (du vin), et avec le troisième, il voyait simultanément toutes les directions. Tris’irâ renonça aux plaisirs du monde et commença à pratiquer une dure tapasyâ ; il devint un grand ascète, doux, contenu dans ses passions et entièrement dévoué à sa religion.Il pratiquait le Panchâgni-Sâdhan en été, les pieds attachés à la branche d’un arbre, la tête en bas ; il demeurait dans la rosée en hiver, sous l’eau en hiver. Ainsi, il s’abstenait de nourriture et se conquérait lui-même. Renonçant à toute relation matérielle, il pratiquait une pratique très difficile, très difficile, en vérité, pour ceux dont l’intellect est faible.
36-49. Indra fut très triste et découragé de le voir pratiquer une telle Tapasyâ et réfléchit aux moyens de l’empêcher d’acquérir l’état d’Indra. Le Pâkasâs’ana Indra demeurait toujours très inquiet de la pénitence énergique pratiquée par cet ascète à la gloire illimitée et de son attachement constant à celle-ci. Il pensa ainsi : « Ce Tris’irâ devient de jour en jour plus fort par sa pénitence, il va donc me tuer. Le sage ne regarde jamais avec indifférence un ennemi dont la force grandit chaque jour. » Il est maintenant de mon devoir urgent d’inventer les moyens de déjouer sa Tapasyâ et il finit par conclure que la luxure est le grand ennemi de l’ascétisme ; la pratique des austérités pieuses est complètement détruite par la luxure ; je dois donc aujourd’hui même essayer de comprendre comment le Muni s’attache aux désirs et aux plaisirs mondains. L’intelligent Indra, pensant ainsi, appela les Apsarâs Urvas’î, Menakâ, Rambhâ, Ghritâchî, Tilottamâ et d’autres fières de leurs beautés afin qu’elles puissent séduire Tri’sirâ, le fils de Vi’svakarmâ. Ô Apsarâs ! J’ai maintenant une tâche très grave à accomplir ; aidez-moi tous à cet égard. Un de mes grands ennemies, difficile à vaincre, pratique la pénitence avec sa maîtrise de soi. Commencez immédiatement et avec votre tenue vestimentaire adaptée à divers gestes amoureux et efforcez-vous de le séduire. Soyez tous bien avec vous ; séduisez-le et enlevez la fièvre de mon cœur. Ô Apsarâs ! Que dire de plus ? Je suis agité depuis que j’ai entendu parler de sa force accomplissant de si dures austérités. Ô Faibles ! Ce puissant [ p. 484 ] ascète peut acquérir ma place et ainsi me déposséder ; Cette peur m’a possédée. Détruis-la donc au plus vite. Telle est la tâche qui t’est confiée : unis-toi et fais-moi du bien. Les Apsarâs, l’entendant, s’inclinèrent et dirent : « Ô Seigneur des Dévas ! N’aie pas peur ! Nous ferons de notre mieux pour le séduire. Ô Très Brillant ! Pour attirer le Muni, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir, danses, musique et autres gestes et pratiques amoureuses, pour dissiper ta peur. Ô Roi des Dieux ! Nous troublerons l’esprit du Muni par nos regards obliques, nos gestes et nos postures passionnés, nous le tromperons, l’attacherons et le maîtriserons. »
50-60. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Ce disant, les Apsarâs se rendirent auprès de Tris’irâ et commencèrent à adopter divers gestes et postures amoureux, comme le stipule le Kâma Sâstra. Elles se mirent à chanter tantôt, tantôt à danser au rythme de la musique devant le Muni. Bref, elles pratiquaient divers gestes amoureux pour l’attirer. Mais cet ascète, brûlant du feu du Tapas, ne remarqua même pas les diverses tentatives des Apsaras ; il gardait plutôt le contrôle de tous ses sens et demeurait comme un sourd, un muet et un aveugle. Dans ce charmant ermitage du Muni, les Apsarâs chantèrent et dansèrent avec ravissement et y restèrent quelques jours. Mais lorsqu’elles virent que le Muni Tris’irâ ne déviait pas d’un iota de sa posture méditative, elles retournèrent fatiguées, affligées, vers Indra et toutes, très effrayées, commencèrent à s’adresser à lui, les mains jointes : — « Ô Roi ! Nous avons fait de notre mieux, mais nous n’avons pu rendre le Muni instable, si difficile à surmonter. Ô Pâkas’asana ! Invente d’autres moyens ; nous n’avons pu faire bouger le Muni, si maître de lui-même, d’un pouce ; heureusement pour nous, ce Muni à l’âme noble, incarnation du feu ardent, ne nous a pas maudits ! Après avoir congédié les Apsarâs, Indra, à l’esprit malin et borné, commença à imaginer des moyens, quoique totalement illégaux, pour tuer ce bon Muni. Ô Roi ! Cet Indra abandonna toute honte et toute peur du péché et finit par arriver à une conclusion hautement blâmable et pécheresse : comment le tuer.
Ici se termine le premier chapitre du sixième livre sur les austérités de Tris’irâ dans le S’rî Mad Devî Bhâgavatam le Mahâ Purânam, de 18 000 vers du Maharsi Veda Vyâsa.
À la naissance de Vritrâsura [ p. 484 ] 1-11. Vyâsa dit :— L’extrêmement cupide Indra, alors, monta sur son éléphant Airâvata et résolut de tuer le Muni. Il s’approcha de lui et le vit plongé dans un profond Samâdhi, fermement assis dans sa posture et maîtrisant sa parole. À ce moment, un halo de lumière émana de [ p. 485 ] son corps et il ressemblait à un second Soleil et à un feu ardent. Indra devint très triste et abattu en voyant cela. Indra pensa alors en lui-même ainsi :— « Oh ! Puis-je tuer ce Muni, libre de toute inclination vicieuse, et doté du pouvoir de Tapas, flamboyant comme un feu ! Ceci est tout à fait contraire au Dharma. Mais, hélas ! Il veut usurper ma position ; comment puis-je, alors, négliger un tel ennemi ? » Réfléchissant ainsi, Indra lança sur le Muni sa foudre rapide et infaillible, le Muni restant absorbé par sa pénitence et brillant comme le Soleil et la Lune. L’ascète, ainsi frappé, tomba au sol et mourut, tel un pic de montagne frappé par la foudre tombant au sol et offrant un spectacle merveilleux. Indra fut très heureux d’avoir tué le Muni ; mais les autres Munis s’écrièrent alors : « Oh ! Nous sommes tués ! Hélas ! Quel crime Indra a commis aujourd’hui ! Oh ! Le vicieux Indra a tué aujourd’hui ce joyau parmi les Munis sans aucune offense ! Que ce pécheur récolte donc sans délai les fruits de son acte coupable. » Indra, alors, retourna bientôt chez lui ; de son côté, le Muni à l’âme noble, bien que tué, semblait vivre par l’éclat de son propre corps. Indra, le voyant étendu comme un homme vivant, pensa que le Muni pourrait reprendre vie et devint très triste. Tandis qu’il discutait ainsi, il vit devant lui un bûcheron nommé Taksa et se mit à lui parler, à des fins égoïstes : « Ô Artisan ! Coupe toutes les têtes de ce Muni et tiens parole ; ce Muni si brillant semble vivant ; par conséquent, si tu lui coupes les têtes, il ne peut pas être vivant. » Taksa le maudit alors et parla ainsi.
12-14. « Ô Roi des Dévas ! Le cou de ce Muni est très gros et ne peut donc être tranché ; ma hache n’est absolument pas adaptée à cette tâche. Je ne peux surtout pas commettre un acte aussi répréhensible. Vous avez commis un crime odieux, tout à fait contraire à la loi des bonnes personnes ; je crains le péché ; je ne pourrai pas couper la tête d’un mort. Ce Muni gît mort ; à quoi bon lui trancher à nouveau la tête ? Ô Pâkas’âsana ! Tueur du démon Pâka ! Pourquoi as-tu peur ? »
15. Indra dit : — « Ô Artisan ! Ce Muni est mon pire ennemi. La vie semble encore s’attarder dans son corps ; son corps est encore brillant, je crains que le Muni ne soit de nouveau en vie ! »
17. Indra dit : — Je ferai ensuite une Prâyas’chitta (pénitence) pour laver mes péchés ; mais mon devoir pour le moment est de tuer mon ennemi.
[ p. 486 ]
Ô Fortuné ! Les sages, habiles en politique, disent qu’il faut tuer ses ennemis sous n’importe quel prétexte.
18. Taksâ répondit alors : « Ô Maghavan ! Tu commets ce péché par avarice ; mais, ô Seigneur ! Je n’ai aucune raison ; comment alors, sans raison, puis-je me livrer à un acte aussi vicieux ? »
19-20. Indra dit : « Ô Taksan ! Je t’attribuerai une part partout où il y aura un sacrifice. Les humains t’offriront invariablement la tête de l’animal tué lors de tout sacrifice. Maintenant, coupe-lui la tête selon cette règle. »
21-42. Vyâsa dit : Ô Roi ! Taksâ fut très heureux en entendant cela d’Indra et trancha les têtes des Muni avec sa hache très puissante. Ô Roi puissant ! Lorsque les trois têtes, ainsi coupées, tombèrent à terre, des milliers et des milliers d’oiseaux en sortirent en succession rapide. Les trois groupes d’oiseaux Kalavinkas, Tittiris et Kapinjalas sortirent très rapidement des trois têtes, l’un après l’autre. Les oiseaux Kapinjalas sortirent de cette bouche qui chantait les Védas et buvait le Soma ; les oiseaux Tittiri sortirent de cette bouche qui voyait tous les quartiers comme s’ils les buvaient ; et les oiseaux Kalavinka sortirent de ce visage qui buvait du vin. Indra fut très heureux de voir les oiseaux sortir ainsi de sa bouche et retourna aussitôt au Ciel. Ô Roi ! À peine Indra fut-il rentré que Taksâ revint chez lui et se sentit très heureux de recevoir sa part des offrandes. De retour chez lui, Indra pensa avoir accompli son devoir en tuant son puissant ennemi. Il ne lui traversa pas l’esprit qu’il avait commis le péché de Brahmahattyâ (c’est-à-dire avoir tué un brahmane). Lorsque Vis’vakarmâ apprit que son fils vertueux avait été tué, il entra dans une grande colère et dit que, puisqu’Indra avait tué son fils vertueux, engagé dans l’ascétisme sans offense, il créerait un autre fils pour tuer Indra. Que les Devas voient sa force et son pouvoir de Tapasyâ et qu’Indra, lui aussi, récolte les effets considérables de son propre Karma. Ainsi parlant, Vis’vakarmâ, affligé de colère, offrit des oblations dans le Feu sacrificiel, récitant des Mantras des Védas Atharvan, dans le but de donner naissance à un fils. Après huit nuits consécutives de Homa, un homme sortit rapidement de ce feu ardent, comme s’il était l’Incarnation du Feu lui-même. Voyant le fils resplendissant devant lui, sorti du feu et doté de puissance et d’énergie, Vis’vakarmâ dit : « Ô ennemi d’Indra ! Grandis par mon pouvoir d’ascèse. » Lorsque Vis’vakarmâ prononça ces mots, brûlant de colère, ce fils brillant et ardent commença à grandir, dominant les cieux. En un instant, cet homme prit l’apparence d’un second Dieu de la Mort et apparut telle une montagne, resplendissant comme Dieu Lui-même. Puis il s’adressa à son propre père, Vis’vakarmâ, très affligé : « Ô Père ! Inscris mon nom. Je t’en prie, à quoi puis-je t’être utile ? Pourquoi as-tu l’air si affligé et anxieux ? Explique-moi toutes les causes. Je fais aujourd’hui le vœu ferme qui effacera la cause de ton chagrin. Père ! À quoi sert cela à son père s’il n’est pas capable de le soulager ! » Ô Père ! Dois-je boire l’océan ou réduire les montagnes en poussière ou dois-je obstruer le passage du soleil levant ou dois-je tuer Indra, Yama ou l’autre armée de Devas ou dois-je déraciner la terre et la jeter avec tous les êtres dans l’océan ?
43-53. Ô Roi ! Entendant ainsi les douces paroles de son fils, Vis’vakarmâ dit joyeusement à son fils, semblable à une montagne : « Ô mon Fils ! Tu es capable de me sauver des ennuis (Vrijina), c’est pourquoi tu es appelé Vritra. Ô Très Fortuné ! Ton frère, nommé Tris’irâ, était un grand ascète ; ses trois visages étaient tous très forts. Il connaissait parfaitement les Védas et les Vedangâs et était versé dans toutes les autres connaissances. Il pratiquait toujours l’ascétisme, surprenant les trois mondes. Indra tua mon fils qualifié d’un coup de foudre ; cette âme perverse coupa les trois têtes sans aucune offense. C’est pourquoi, ô Meilleur des êtres ! Tue cet Indra vicieux, éhonté, fourbe et pervers, coupable du péché de Brahmahattyâ. » Ô Roi ! En disant cela, Vis’vakarmâ, profondément confondu par la faute de son fils, créa diverses armes divines. Français Il prépara des armes spécialement adaptées pour tuer Indra, les meilleures haches, tridents, massues, S’aktis, Tomaras et arcs faits de cornes et de flèches, Parighas, Pattis’as, un disque divin comme le Sudars’an Chakra, des étuis à flèches divins inépuisables avec des flèches, un beau Kavacha, un char aérien très solide et rapide ressemblant à un nuage et capable de porter de lourdes charges ; tout cela, il le créa et le donna à son fils. Ô Roi ! Vis’vakarmâ, le meilleur des architectes, excité par la colère, prépara tous les équipements nécessaires à la guerre et les donna à son fils Vritrâsura et l’envoya tuer Indra.
Ici se termine le deuxième chapitre du sixième livre sur la naissance de Vritrâsura dans le Mahâ Purânam S’rî Mad Devî Bhâgavatam de 18 000 versets du Maharsi Veda Vyâsa.
Sur la défaite des Devas et sur le tapasyâ de Vritra [ p. 487 ] 1-3. Vyâsa dit : — Ô Roi ! La cérémonie du Svastyayana (rite destiné à assurer le bien-être ou à conjurer une calamité) ayant été célébrée par les Brâhmanas versés dans les Védas, le puissant Vritra monta sur son [ p. 488 ] char et commença à tuer Indra, le Roi des Dieux. Les Dânavas, précédemment vaincus par les Devas, connaissant maintenant la puissance de Vritrâsura, vinrent à lui pour servir sa cause. Les messagers d’Indra, le voyant prêt au combat, se précipitèrent auprès d’Indra et l’informèrent de ses agissements et des autres affaires qui s’y rapportaient.
4-7. Les messagers dirent : Ô Seigneur ! Vis’vakarmâ, profondément affligé par la mort de son fils, entra dans une grande colère et, par le procédé d’Abhichâra (une incantation visant à blesser, ou des sorts ou charmes utilisés à des fins malveillantes), créa un fils pour te tuer. Cet indomptable Vritrâsura est désormais ton puissant ennemi ; monté sur son char, il vient ici combattre à tes côtés, entouré d’autres Asuras. Ô Fortuné ! Ton ennemi est aussi haut que le mont Meru ; il s’avance vers toi en toute hâte, faisant un bruit terrible ; prends garde à toi. Ô Roi ! Tandis qu’Indra entendait les messagers, les Devas arrivèrent, paniqués et terrifiés, et dirent :
8-16. Les Ganas dirent : — Ô Seigneur des Sourates ! Des signes inquiétants sont observés dans les demeures des Dieux ; les oiseaux émettent des sons très néfastes, annonçant une grande calamité. Corbeaux, vautours, hérons, faucons et autres oiseaux laids et néfastes crient et émettent des sons rauques sur les toits des maisons. D’autres oiseaux émettent sans cesse des sons rauques, comme des chichi koochy. Les porteurs des différents Devas pleurent et versent sans cesse des larmes. Ô Très Fortuné ! Sur les toits des maisons, on entend les cris très forts et terribles des Râksasîs en pleurs au cœur de la nuit. Ô Donateur d’honneur ! Les drapeaux des chars tombent au sol sans la moindre trace de vent. Ainsi, des signes inquiétants sont visibles sur terre et dans les airs. Ô Roi des Devas ! Les femmes au visage laid, vêtues de noir, errent de maison en maison, répétant sans cesse : « Quittez la maison et partez immédiatement. » Les femmes Dévas, endormies dans leurs temples, voient en rêve que de terribles Râksasîs, venant à elles, leur coupent les cheveux et les effraient. Ô Indra des Dévas ! Des signes néfastes comme ceux-ci, des tremblements de terre et des chutes de météores, se produisent. Les chacals entrent dans les cours des maisons la nuit et poussent des cris horribles et déchirants. Des lézards circulent sans cesse dans les pièces et nos membres tremblent, créant ainsi des signes de très mauvais augure.
17. Vyâsa dit : — Ô Roi ! En entendant leurs paroles, Indra devint très anxieux et appela Brihaspati, le Deva Guru, et lui demanda : — [ p. 489 ] 18-20. Indra prit la parole : — Ô Brâhmana ! Des signes très néfastes sont visibles ; des vents terribles soufflent et des étoiles tombent du ciel. Que signifie tout cela ? Ô Intelligent ! Tu es très sage et versé dans les S’astras et le Guru des Devas ; tu es omniscient et sais très bien comment remédier aux maux. C’est pourquoi accomplis les rites par lesquels les ennemis peuvent être tués ; fais que de telles choses soient toutes évitées.
21-31. Brihaspati dit : « Ô Mille Yeux ! Que dois-je faire ? Tu as commis un crime odieux en peu de temps ; tu as tué cet innocent Muni et tu as ainsi subi un très mauvais effet karmique. Les péchés les plus violents comme les bonnes actions produisent leurs effets très rapidement. Il incombe donc à ceux qui désirent leur propre bien d’entreprendre toute tâche avec la plus grande prudence. Il est déconseillé d’agir au détriment d’autrui. Ceux qui causent de la souffrance aux autres ne trouvent jamais le bonheur. Ô Indra ! Tu as commis Brahmahattyâ sous l’influence de l’avidité et de l’illusion ; maintenant, le fruit de cet acte est apparu soudainement. Ô Roi des Suras ! Ce Vritra Asura est né invulnérable à tous les Devas. Ce puissant et indomptable chef Asura arrive maintenant, monté sur un char, pour te tuer, entouré des autres Dânavas et emportant avec lui les armes divines fabriquées par Vis’vakarmâ, des armes aussi puissantes que la foudre. » Il arrive, tel un second Kâla, pour détruire l’Univers tout entier. Personne dans ce Triloka n’est capable de le tuer ; et sa mort n’aura pas lieu. Tandis que Brihaspati parlait ainsi, un grand tumulte s’éleva aussitôt. Les Gandharbas, Kinnaras, Yaksas, Munis et autres Immortels commencèrent à s’envoler de leurs quartiers. Indra, voyant les Devas s’enfuir, devint très inquiet et ordonna aussitôt à tous ceux qui lui étaient soumis de se tenir prêts au combat ; ils devaient aller appeler les Vasus, les Rudras, les As’vins jumeaux, les Âdityas, Pûsâ, Bhaga, Vâyu, Kuvera, Varuna, Yama et les autres Devas à venir sur-le-champ. L’ennemi est proche ; que tous les Devas y viennent donc avec leurs Vimânas.
32-44. Sur ces ordres, Indra monta sur l’éléphant Airâvata et, prenant le Sura Guru en tête, quitta son temple. Les autres Devas montèrent sur leurs porteurs respectifs et, résolus à combattre, partirent avec toutes leurs armes. De son côté, Vritrâsura, entouré des Démons, s’approcha de la belle montagne ornée d’arbres, au nord du lac Mânasarovara. Indra, lui aussi, y arriva, suivi de Brihaspati et de tous les autres Devas, jusqu’à cette montagne, au nord du lac Mânasa, et commença le combat. Un terrible combat s’engagea alors entre Vritra et Indra, armés de massues, d’épées, de Parighas, de Pâs’as, de flèches, de S’aktis, de Parsus et d’autres armes. Le terrible [ p. 490 ] Le combat dura cent années humaines, terrifiant les Risis, maîtres d’eux-mêmes, et tous les êtres humains. Varuna tourna d’abord le dos ; puis Vâyu, puis Yama, le Soleil et la Lune, puis Indra, s’enfuirent du champ de bataille. Voyant Indra et les autres Devas s’enfuir, Vritrâsura se rendit à l’ermitage et s’inclina devant son père, qui parut très heureux. Il dit : Ô Père ! J’ai exécuté tes ordres ; Indra et tous les autres Devas sont vaincus au combat ; comme les éléphants et les cerfs s’envolent à la vue d’un lion, ainsi tous les Devas s’enfuirent vers leurs demeures respectives. J’ai enlevé l’Airâvata, le meilleur des éléphants, à Indra qui s’enfuit à pied. Ô Bhagavan ! J’ai amené l’éléphant ici. Veuillez l’accepter. Ô Père ! Il n’est pas conseillé de tuer un homme terrifié, c’est pourquoi je ne les ai pas tués. Veuillez maintenant me donner d’autres ordres afin que je puisse satisfaire vos désirs. Tous les Devas s’enfuirent du champ de bataille, épuisés et terrifiés ; et que dire de plus qu’Indra s’enfuit lui aussi, abandonnant son éléphant sur le champ de bataille ?
45-54. Vyâsa dit : Ô Roi ! Vis’vakarmâ fut très heureux d’entendre les paroles de son fils et dit : « Aujourd’hui, je peux dire à juste titre que j’ai eu mon fils et que ma vie est réussie. Ô fils ! Aujourd’hui, tu m’as sanctifié ; mes soucis et mes inquiétudes se sont apaisés ; mon esprit est également apaisé à la vue de tes merveilleuses prouesses. Ô Enfant ! Maintenant, écoute attentivement ce que je dis. Ô Toi qui es très intelligent ! Maintenant, assieds-toi soigneusement dans ta posture stable (Sthirâsan) et pratique Tapasyâ. Ne fais jamais confiance à personne ; Indra est maintenant ton ennemi, toujours prêt à trouver tes défauts et habile à semer la discorde entre toi et tes bienfaiteurs. Ô Fils ! Tapasyâ n’est pas une chose ordinaire ; Laksmî (la prospérité) s’obtient ainsi ; d’excellents royaumes, un accroissement de vigueur et des victoires dans les batailles sont obtenus. Vénère donc Hiranyagarbha et reçois de lui d’excellents bienfaits ; Tuez ensuite ce vicieux Indra, coupable du péché Brahmahattyâ. Adorez le Créateur propice avec calme et prudence. Le Brahmâ aux quatre visages sera alors satisfait et vous accordera la grâce que vous désirez. Priez d’abord le Créateur aux prouesses indomptables, du sein duquel a jailli tout cet Univers, et obtenez ensuite de Lui l’immortalité. Tuez ensuite ce coupable Indra, mon ennemi. Ô Fils ! Mon sentiment d’inimitié dû au meurtre de mon fils règne toujours dans mon esprit ; je ne peux m’endormir paisiblement ni trouver la paix d’aucune façon. Le vicieux Indra a tué mon fils ; Ô Vritra ! Que puis-je vous dire de plus ? Je suis submergé par l’océan des chagrins ; sauvez-moi.
55-60. Vyâsa dit : — Ô Roi ! En entendant ainsi les paroles de son père, Vritrâsura s’enflamma de colère et, obtenant sa permission, se mit joyeusement à pratiquer la Tapasyâ. Il se rendit alors au mont Gandhamâdan et prit son bain dans la rivière sacrée et propice [ p. 491 ] Mandâ Kinî, et, préparant un Sthirâsan, s’assit dans l’herbe Kus’â pour pratiquer la tapasyâ. Il cessa progressivement de manger, puis se nourrit uniquement d’eau et resta engagé dans le Yoga ; et, assis dans le Sthirâsan, médita sans cesse sur Prajâpati, le Créateur de cet Univers. Indra, de son côté, sachant Vritrâsura engagé dans la tapasyâ, devint très inquiet et lui envoya des Gandharvas, des Yaksas, des Pannagas, des Kinnaras, des Vidyâdharas, des Apsarâs et d’autres messagers devas, tous d’une vigueur débordante pour faire obstacle à ses austérités. Ces Gandharvas et autres Deva Yonies, experts en sortilèges magiques, essayèrent de multiples moyens, gestes et postures pour perturber sa pénitence ; mais le grand ascète Vritra, fils de Vis’vakarmâ, ne déviait pas d’un pouce de son état méditatif.
Ici se termine le troisième chapitre du sixième livre sur la défaite de l’armée de Deva et sur la tapasyâ de Vritra dans le Mahâpurânam S’rî Mad Devî Bhâgavatam de 18 000 vers du Maharsi Veda Vyâsa.
Sur la défaite des Devas par Vritra [ p. 491 ] 1-17. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Les Suras qui voulaient créer des obstacles à la tapasyâ de Vritra, le voyant fermement résolu, furent déçus par l’accomplissement de leurs objectifs et retournèrent dans leurs propres demeures. Ainsi, cent ans s’écoulèrent. Le Brahmâ aux quatre visages, l’Aïeul des Lokas, arriva là, monté sur son porteur le Cygne, et dit : — « Ô Vritra ! Sois heureux ; maintenant, quitte ta méditation et demande la faveur ; je t’accorderai la faveur que tu choisis. Ô Enfant ! Ton corps est devenu très maigre et amaigri par ta pénitence. Je suis maintenant très heureux de voir cette tapasyâ très difficile. Que le bien-être soit avec toi. Maintenant, demande la faveur que tu désires. » Vyâsa dit : — Ô Roi ! Entendant ainsi les paroles distinctes et douces du Créateur Brahmâ, Vritra versa des larmes de joie et se leva soudain. S’approchant de lui, il s’inclina joyeusement à ses pieds et, les mains jointes, lui parla d’une voix tremblante, lui qui désire lui accorder des bienfaits. Ô Seigneur ! Aujourd’hui, j’ai eu la chance de Te voir, Toi que l’on voit généralement avec tant de difficulté ; et j’ai ainsi acquis les fonctions de tous les Dévas ; Ô Toi assis sur le lotus ! Un désir insatiable brûle en moi. Tu es omniscient, Tu sais tout ; pourtant, je dis ce que je pense. Ô Seigneur ! Fais que ma mort ne survienne pas avec du fer, du bois, des substances sèches ou humides, du bambou ou toute autre arme, et que ma force et ma valeur soient grandement accrues au combat ; car, alors, je serai invincible par tous les Dévas avec tous les [ p. 492 ] leurs armées. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Ainsi prié, Brahmâ lui dit en souriant : — « Ô Enfant ! lève-toi ; je t’accorde que le bienfait que tu désires sera toujours exaucé ; maintenant, va chez toi. Ta mort ne surviendra pas avec des substances sèches ou humides, ni avec des pierres ou du bois. Je te le dis en vérité. » Ainsi accordant le bienfait, Brahmâ se rendit auprès de son Brahmâloka. Vritra, lui aussi, fut très heureux de recevoir l’objet de son désir et retourna chez lui. Le très intelligent Vritra informa le père du bienfait qui lui avait été accordé ; Vis’vakarmâ fut très heureux de l’entendre. Ô Très fortuné ! Que toute félicité et toute bonne fortune t’arrivent ; tue Indra, mon plus grand ennemi. Va tuer le meurtrier de mon fils Tris’irâ, le vicieux Indra, et reviens à moi. Sois victorieux dans la bataille, deviens le Seigneur de tous les Devas et dissipe mon angoisse mentale causée par la mort de mon fils. Un fils devient véritablement un fils lorsqu’il obéit aux ordres de son père, lorsqu’il nourrit abondamment de bonnes personnes le jour de Srâddha (après la mort de son père) et lorsqu’il offre Pinda à Gayâ. Par conséquent, ô Fils ! Garde mes paroles et efforce-toi de dissiper mes chagrins. Sache que Tris’irâ ne disparaîtra jamais de mon esprit. Tris’irâ était très véridique.Aimable et bon enfant ; c’était un ascète et un éminent érudit védique. Le méchant Indra a tué mon cher fils sans le moindre reproche.
18-33. Vyâsa dit : Ô Roi ! Entendant les paroles du père, l’indomptable Vritrâsura monta sur son char et quitta rapidement la maison paternelle. Le fier Asura marcha alors au combat, accompagné de sa vaste armée, au son des conques et des tambours de guerre. Vritra, versé en politique et en morale, exhorta ses soldats avant de partir et dit : « Aujourd’hui, nous tuerons Indra et posséderons le royaume des Immortels, libéré de tous ennemis. » Ô Roi ! Ainsi, accompagné de ses soldats, et poussant un formidable cri de guerre terrifiant pour les Devas, l’Asura partit au combat. Ô Bhârata ! Le Roi des Devas, sachant que l’Asura était tout proche, fut saisi de terreur et ordonna immédiatement à ses soldats de se tenir prêts au combat. Il appela rapidement tous les Lokapâlas et les envoya tous au combat. Indra, le brillant bourreau des ennemis, disposa ses troupes selon le Gridhra Vyûha (la méthode par laquelle les vautours se rangent en vol) et resta sur place. Vritra, le tueur d’ennemis, s’y précipita avec une rapidité fulgurante. Un combat effroyable s’engagea alors entre les Devas et les Dânavas ; les deux camps, désireux de remporter la victoire, livrèrent un combat acharné. Lorsque le feu de la bataille atteignit une intensité inouïe, les Devas s’écroulèrent de chagrin tandis que les Asuras s’enflammèrent de joie. Les Devas et les Dânavas se frappèrent mutuellement avec des Tomaras, des Bhindipâlas, des haches, des Paras’us, des Pattis’as et diverses autres armes. Lorsque la terrible bataille prit une intensité telle qu’elle provoqua l’horreur, Vritra, furieux, saisit soudain Indra et, le dépouillant de tous vêtements et armures, l’engloutit. Se souvenant alors de son ancienne inimitié, il se réjouit et resta là. Lorsqu’Indra fut ainsi dévoré par Vritra, les Devas furent saisis de terreur et s’écrièrent fréquemment, profondément affligés : « Ô Indra ! Ô Indra ! » Tous les Devas furent profondément abattus et peinés de voir Indra dépouillé de son armure et de ses vêtements dans le ventre de Vritra. Ils s’inclinèrent devant Brihaspati et dirent : « Ô Indra des Brahmanes ! Tu es notre meilleur gourou, que devons-nous faire maintenant ? Bien que les dieux aient fait de leur mieux pour sauver Indra, Vritra l’a dévoré. Nous sommes tous impuissants, que pouvons-nous faire sans Indra ? Ô Seigneur ! Exécutez rapidement des sorts magiques (processus Abhichâra) qui conduiront à la libération de notre Indra.
35-54. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Les Devas furent très anxieux de voir Indra dans cette situation critique et étudièrent soigneusement tous les moyens pour le libérer. Ils créèrent alors un état tendant à provoquer le bâillement, très puissant et irrésistible, calculé pour détruire l’ennemi. Vritrâsura bâilla alors et sa bouche s’ouvrit largement. Pendant ce temps, Indra, le destructeur de la force de l’ennemi, contracta tous ses membres et sortit de la bouche élargie de l’Asura et tomba. Depuis lors, cet état de bâillement est devenu courant parmi les êtres. Les Devas furent tous heureux de voir Indra ainsi sortir. Lorsqu’Indra sortit ainsi, il combattit de nouveau Vritra pendant 10 000 ans (années Ajuta). Le combat fut terrible, provoquant l’horreur. D’un côté, tous les Devas se joignirent au combat ; De l’autre côté, combattait le puissant Vritra, fils de Vis’vakarmâ. Vritrâsura, gagnant en énergie au combat, affaiblit progressivement Indra et finit par être vaincu. Indra fut profondément affligé de cette défaite ; les Devas furent également profondément abattus. Indra et les autres Devas quittèrent le champ de bataille et s’enfuirent. Vritrâsura arriva rapidement et occupa les Cieux. Vritra commença à jouir de force des Jardins Célestes et s’empara de l’éléphant Airâvata. Ô Roi ! L’Asura, fils de Tvastâ, emporta tous les Vimânas (les chars automoteurs des dieux), Uchchais’rava, le meilleur des chevaux, la vache céleste, dispensatrice de désirs, l’arbre Pârijâta, les Apsarâs et tous les autres joyaux des Cieux. Les Dévas, quant à eux, privés de leurs parts de sacrifices [ p. 494 ] et chassés de leurs Cieux, souffrirent beaucoup. Vritrâsura s’enfla de vanité lorsqu’il prit possession des Cieux. Vis’vakarmâ, lui aussi, fut très heureux à cette époque et commença à goûter aux plaisirs avec son fils. Ô Bharata ! Les Dévas s’unirent alors aux Munis et commencèrent à se concerter sur leur propre bien-être. Les Dévas emmenèrent Indra avec eux et se rendirent auprès de Mahâ Deva sur le Mont Kailâs’a. Ils s’inclinèrent à Ses pieds très humblement et, les mains jointes, parlèrent ainsi : Ô Déva des Dévas ! Ô Mahâ Deva ! Tu es le Mahes’vara et l’Océan infini de Miséricorde ! Nous sommes vaincus par Vritrâsura et nous sommes très terrifiés. Sauve-nous, ô S’ambhu ! Tu fais du bien à tous les êtres ; dis-nous donc, en toute vérité, ce que nous devons faire maintenant que ce puissant Dânava nous a dépossédés de nos Cieux. Ô Mahes’a ! Maintenant délogés, où allons-nous aller ? Nous ne trouvons aucun remède pour mettre fin à nos souffrances. Ô Bhûta Bhâvana ! Nous sommes profondément peinés ; aide-nous ; ô Miséricordieux ! Ce Vritrâsura s’est enivré de vanité à cause de ce don. Détruis-le donc.
55-57. S’ankara dit : « Ô Devas ! Nous garderons Brahmâ en avant et nous rendrons tous à la résidence de Hari pour le consulter sur la manière de détruire ce Vritra indiscipliné. Le Janârdana Vâsudeva est pleinement capable d’accomplir toutes les actions. Il est puissant, connaisseur des prétextes, d’une grande intelligence, un océan de miséricorde, et digne d’être sollicité par tous pour sa protection. Sans Lui, le Deva des Devas, aucun succès n’est possible. C’est pourquoi nous devons tous nous y rendre pour réussir notre entreprise. »
58-62. Vyasa dit : Ô Roi ! Ainsi établi leur plan d’action, Indra et les autres Devas emmenèrent S’ankara et Brahmâ avec eux et se rendirent à la demeure de Hari, qui protège tous et est bienveillant envers ses dévots. Ils commencèrent alors à lui chanter des hymnes Purusasûkta et ainsi à louer le Dieu Hari, le Guru de cet Univers. Le Janârdan Hari, le Seigneur de Kamalâ, apparut alors devant eux et, après leur avoir témoigné son respect, s’adressa à eux ainsi : Ô Seigneur des multiples Lokas ! Qu’est-ce qui vous a réunis ici, Brahmâ et S’ankara ? Ô meilleur des Suras ! S’il vous plaît, dites-moi la raison de votre venue. Vyasa dit : Ô Roi ! En entendant les paroles de Hari, les Devas ne purent rien répondre ; presque tous restèrent, le regard anxieux, les mains jointes, accablés de soucis.
Ici se termine le quatrième chapitre du sixième livre sur la défaite des Devas par Vritra dans le Mahâ Purânam S’rî Mad Devî Bhâgavatam de 18 000 versets du Maharsi Veda Vyâsa.
Sur la louange de la Devî [ p. 495 ] 1-5. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Nârâyana, le Seigneur de Laksmî, et Connaisseur de l’essence de tous les sujets, voyant les Devas extrêmement attachés à lui et anxieux, leur parla ainsi : — Ô Suras ! Pourquoi êtes-vous restés silencieux ? Dites-moi pourquoi vous êtes tous venus, que ce soit bon ou mauvais, dites-le-moi ; j’essaierai de soulager vos misères. Les Devas dirent : — Ô Seigneur ! Y a-t-il quelque chose d’inconnu pour vous dans ce Triloki ; Vous savez tout ; pourquoi alors nous interrogez-vous encore et encore ? Dans les temps anciens, dans votre incarnation naine, Vous avez recouvert les trois mondes de Vos trois pieds et ainsi lié le Roi Vali dans ses propres prérogatives et confié la souveraineté sur les Devas à Indra. Ô Celui qui pénètre tout ! C’est Toi qui as trompé les Daityas et procuré du nectar aux Devas, et c’est Toi qui les as envoyés dans la demeure de la Mort. C’est pourquoi, ô Seigneur ! Tu es le seul et unique capable de conjurer tous les maux qui s’abattent sur les Devas.
6-31. Entendant ainsi les paroles des Dévas, Visnu dit : « Ô Suras ! Soyez sans crainte ; je connais un remède, approuvé par tous, par lequel ce Daitya pourrait être tué et vous rendre heureux. Je vous le donne maintenant. Je dois veiller à votre bien-être, à votre bien-être, que ce soit par l’exercice de mon intelligence ou par mes prouesses, sous prétexte de richesse ou par tout autre moyen. Quatre moyens, à savoir la conciliation, les dons, la discorde ou le châtiment, sont mentionnés par les sages hommes d’État comme étant à appliquer aux amis et surtout aux ennemis. Brahmâ était vénéré par Vritra avec de sévères austérités et Il accordait des bienfaits, et c’est grâce à l’influence de cette faveur que cet Asura est devenu indomptable. D’autant plus que Vis’vakarmâ l’a créé du feu sacrificiel ; c’est grâce à toutes ces causes que le Démon Vritrâsura, conquérant de la forteresse ennemie, est devenu si puissant qu’il est difficilement conquis par quiconque. Ô Suras ! Il faut d’abord négocier la paix avec lui ; ensuite, il faut le tromper, sinon l’ennemi sera très difficile à vaincre. Commencez par le séduire et le maîtriser ; puis tuez-le. Maintenant, prenez les Risis et les Gandharbas avec vous et allez là où réside le puissant ennemi Vritrâsura et concluez un traité avec lui ; ainsi il sera vaincu. Jurez sous serment et acceptez les conditions qu’il propose, et ainsi suscitez la confiance en lui ; puis cultivez l’amitié avec lui ; enfin, le moment venu, tuez ce puissant ennemi. Ô Suras ! J’entrerai aussi, invisible de tous, dans l’excellente arme d’Indra, sa foudre, et je l’aiderai en temps voulu. Attendez que la période de [ p. 496 ] sa longévité expire ; sinon sa mort n’aura jamais lieu. Maintenant, allez vers cet Asura, avec les Gandharbas et les Risis et cultivez astucieusement l’amitié entre lui et Indra, par des paroles conciliantes ; Lorsqu’il commencera à placer sa confiance ainsi, trompez-le. J’entrerai discrètement dans la puissante foudre bien dissimulée. Lorsqu’Indra saura que le Démon a placé sa confiance totale en lui, il lancera sa foudre contre lui et ainsi l’ennemi sera tué, et non autrement. Ô Seigneur des Dévas ! Ne songez pas pour l’instant à la trahison que vous allez commettre : acceptez mon aide et tuez ce méchant Démon par la foudre. Pratiquer l’hypocrisie avec un hypocrite n’est pas considéré comme un péché ; en particulier, aucun ennemi puissant ne peut être tué sans les règles bien connues applicables aux guerriers, sans aucune tromperie. J’ai déjà trompé, Vali, avec mon corps de nain, et j’ai encore trompé tous les Démons en me montrant sous les traits d’une belle femme ; donc, tromper un ennemi puissant et trompeur n’est jamais considéré comme un péché. Sachez-le, Ô Dévas ! Maintenant, adorez tous ensemble la Devî Bhagavatî par des Mantras et des prières et prenez refuge en elle ; la Yoga Mâyâ vous aidera alors. Nous aussi, nous adorons cette Devî, la plus haute Prakriti, l’Incarnation du pur Sattva Guna,Celle qui accorde le succès, nous accorde tous nos désirs, Elle-même objet de désirs, et que nul ne peut réaliser, sauf les yogis, hommes purs et maîtres d’eux-mêmes. Indra, lui aussi, pourra certainement tuer son ennemi au combat s’il l’adore ; car la Mahâ Mâyâ, la Créatrice de l’Illusion, trompera ce Démon lorsqu’elle sera adorée. Ainsi trompé par sa Mâyâ, Vritrâsura sera facilement tué par lui ; il n’y a aucun doute à ce sujet. Que demander de plus que la réussite de tout lorsque Devî Ambikâ sera apaisée et satisfaite ? Elle régule les cœurs de tous et est la Cause de toutes les causes. Sans son adoration, nul désir ne peut être exaucé. C’est pourquoi, ô la Meilleure des Sourates ! Adore la Mère Universelle, la Prakriti Devî, avec la plus grande dévotion et la plus grande pureté pour la destruction de ton ennemi. Vois ! Autrefois, j’ai combattu avec acharnement pendant cinq mille ans les deux Démons Madhu et Kaitabha, puis je les ai tués. J’ai alors vénéré la Mahâ Mâyâ, la Prakriti suprême ; elle en fut satisfaite et trompa les deux Asuras ; ainsi, les deux puissants Asuras, enflés de vanité, furent trompés, et ainsi j’ai pu tuer ces terribles Daityas sous un prétexte. C’est pourquoi, ô Suras ! Vous aussi, vénérez la Prakriti suprême avec la plus grande dévotion ; elle comblera alors assurément vos désirs.
32-49. Ô Roi ! Lorsque l’intelligent Visnu éclaira ainsi les Dévas, ils se rendirent au sommet du mont Sumeru, orné des arbres Mandâra [ p. 497 ], et, demeurant dans un endroit retiré, récitèrent lentement Ses Mantrams. Ainsi, engagés dans l’ascétisme et la méditation, ils commencèrent à chanter des hymnes et à louer cette Mère Universelle, la Détentrice du monde, celle qui dissipe toutes les maladies du monde, la Créatrice, la Préservatrice et la Destructrice du monde et la Dispensatrice de tous les désirs de Ses dévots. Les Dévas dirent : « Ô Dévî ! Sois gracieusement satisfaite de nous ! Ô Toi, la Destructrice des afflictions des affligés ! Nous avons trouvé refuge à Tes pieds pareils-au-lotus. » Nous avons été vaincus par Vritrâsura au combat, nous sommes profondément opprimés et affligés. Ô Toi, Réalité suprême ! Ô Toi, Mère de l’Univers entier ! Protège-nous comme une Mère protège son enfant ; nous sommes tombés dans cette difficulté causée par nos ennemis. Ô Mère ! Rien n’échappe à Ta connaissance dans les trois mondes. Pourquoi ne nous prêtes-Tu pas attention, nous qui sommes tourmentés par les Asuras ? Ô Mère ! Tu crées, préserves et détruis les trois mondes ; Brahmâ, Visnu et Mahes’a sont créés par Ta seule volonté et accomplissent toutes Tes œuvres. Mère ! Ils ne sont pas indépendants ; par la contraction de Tes sourcils, ils sont dirigés et jouissent de tous les plaisirs. La Mère protège ses fils affligés de difficultés et de dangers divers, même lorsqu’ils sont reconnus coupables de diverses offenses. C’est Toi qui as établi cette règle ; alors pourquoi, ô Miséricordieux ! Ne nous protèges-tu pas, nous qui sommes parfaitement innocents et que tu sais avoir trouvé refuge à tes pieds pareils-au-lotus ? Ô Devî ! Si tu penses que nous t’oublions, trop attirés par les plaisirs que tu as bien voulu nous conférer, et que nous ne méritons donc pas d’être regardés avec ton regard miséricordieux, nous dirions que c’est tout à fait vrai ; mais, ô Mère ! Nulle part on ne perçoit le sentiment d’une Mère envers son enfant ; nous sommes sans aucun doute, toujours objets de ta miséricorde et de ta faveur. D’ailleurs, ô Mère ! nous ne sommes pas coupables de ne pas t’adorer et de ne pas nous immerger dans les plaisirs sensuels ; car ta création, le Moha (l’illusion), est très puissante et nous trompe. Ô Mère ! Tu es naturellement miséricordieuse ! Sachant cela, pourquoi ne nous montres-tu pas miséricorde ? Ô Devî ! Tu avais déjà tué au combat, pour nous, le puissant chef Daitya Mahis’âsura, terrible pour tous les êtres. Alors pourquoi ne tues-Tu pas, ô Mère ! ce terrible Vritrâsura ? Ô Mère ! Tu as tué les deux frères Daityas, S’umbha et Nis’umbha, extraordinairement puissants, et les autres Daityas qui les suivaient ; ô Toi, incarnation de la miséricorde ! De même, détruis maintenant ce puissant et trompeur Vritrâsura. Ô Mère ! Trompe cet orgueilleux Asura afin qu’il ne puisse manifester, le moins du monde, sa puissance.Nous sommes profondément troublés par les Asuras et accablés de terreur. Tu nous sauves, car nul autre dans les trois mondes ne peut, par sa seule force, soulager les chagrins et les souffrances des Dévas. Ô Mère ! Bien que Tu aies témoigné de la faveur à Vritra, tue-le vite, lui dont la nature est cruelle et tourmentante envers autrui. Ô Bhavânî ! Mieux vaut le sauver du péché par Tes flèches sacrées. Sinon, cet Asura vicieux entrera sûrement dans l’enfer hideux. C’est pour son bien que Tu dois le tuer. Ceux qui étaient auparavant ennemis des Dieux, Tu les as purifiés par les armes sur le champ de bataille et Tu les as envoyés au Jardin Nandana, dans les Cieux. Ô Toi, la Miséricorde personnifiée ! Ne les as-tu pas sauvés de l’enfer ? Alors pourquoi ne tues-Tu pas ce Vritrâsura ? Nous savons avec certitude que l’Asura est Ton ennemi, et non Ton serviteur ; Car cette âme malicieuse nous cause des ennuis. Ô Mère ! Comment peut-il être Ton serviteur et dévot, celui qui tourmente les Devas toujours occupés à vénérer Tes pieds pareils-au-lotus ? Ô Mère ! Comment pouvons-nous Te vénérer ? Les fleurs et autres objets utilisés dans le culte sont tous créés par Toi ; en particulier nous et les Mantras ; en fait, tout est la manifestation de Ton pouvoir. C’est pourquoi, ô Bhavânî ! Nous T’adorons en nous prosternant à Tes pieds. Que Tu sois satisfaite. Sont bénis ces hommes qui vénèrent avec dévotion Tes pieds pareils-au-lotus pour avoir traversé cet océan du monde. Ô Devî ! Ces yogis qui aspirent à la libération finale et abandonnent donc tous les attachements, vikâras et illusions, même eux n’atteignent le succès qu’en méditant sur Tes pieds pareils-au-lotus. Ceux qui sont de grands Sacrificateurs et connaissent le mieux l’essence des Védas, même lorsqu’ils offrent des oblations au sacrifice, prononcent « Svâhâ », qui réjouit les Dévas, et « Svadhâ », très consolant pour les Pitris ; ainsi, ils pensent toujours à Toi (car Svâhâ et Svadhâ ne sont que Tes noms). Ô Mère ! Tu es le pouvoir de rétention et la mémoire. Tu es la beauté, Tu es la paix, Tu es le Buddhi (l’intellect) bien connu pour clarifier l’esprit des hommes ; et Tu es la prospérité et la richesse de ces trois mondes. Ô Devî ! Ceux qui T’adorent, Tu leur donnes, par miséricorde, ces richesses d’une manière ou d’une autre.Ne les as-tu pas sauvés de l’enfer ? Alors pourquoi ne tues-tu pas ce Vritrâsura ? Nous savons avec certitude que l’Asura est Ton ennemi, et non Ton serviteur ; car cette âme malfaisante nous cause des ennuis. Ô Mère ! Comment peut-il être Ton serviteur et Ton dévot, celui qui tourmente les Devas toujours occupés à vénérer Tes pieds pareils-au-lotus ? Ô Mère ! Comment pouvons-nous Te vénérer ? Les fleurs et autres objets utilisés pour le culte sont tous créés par Toi ; en particulier nous et les Mantras ; en fait, tout est la manifestation de Ton pouvoir. C’est pourquoi, ô Bhavânî ! Nous T’adorons en nous prosternant à Tes pieds pareils-au-lotus. Sois satisfait. Sont bénis les hommes qui vénèrent avec dévotion Tes pieds pareils-au-lotus pour avoir traversé cet océan du monde. Ô Devî ! Ces yogis qui aspirent à la libération finale et abandonnent ainsi tout attachement, vikâras et illusions, même ceux-là n’atteignent le succès qu’en méditant sur Tes pieds pareils-au-lotus. Ceux qui sont de grands Sacrificateurs et connaissent le mieux l’essence des Védas, même lorsqu’ils offrent des oblations au sacrifice, prononcent « Svâhâ », qui réjouit les Dévas, et « Svadhâ », très consolant pour les Pitris ; ainsi, ils pensent toujours à Toi (car Svâhâ et Svadhâ ne sont que Tes noms). Ô Mère ! Tu es le pouvoir de rétention et la mémoire. Tu es la beauté, Tu es la paix, Tu es le Buddhi (l’intellect) bien connu pour clarifier l’esprit des hommes ; et Tu es la prospérité et la richesse de ces trois mondes. Ô Devî ! Ceux qui T’adorent, Tu leur donnes, par miséricorde, ces richesses d’une manière ou d’une autre.Ne les as-tu pas sauvés de l’enfer ? Alors pourquoi ne tues-tu pas ce Vritrâsura ? Nous savons avec certitude que l’Asura est Ton ennemi, et non Ton serviteur ; car cette âme malfaisante nous cause des ennuis. Ô Mère ! Comment peut-il être Ton serviteur et Ton dévot, celui qui tourmente les Devas toujours occupés à vénérer Tes pieds pareils-au-lotus ? Ô Mère ! Comment pouvons-nous Te vénérer ? Les fleurs et autres objets utilisés pour le culte sont tous créés par Toi ; en particulier nous et les Mantras ; en fait, tout est la manifestation de Ton pouvoir. C’est pourquoi, ô Bhavânî ! Nous T’adorons en nous prosternant à Tes pieds pareils-au-lotus. Sois satisfait. Sont bénis les hommes qui vénèrent avec dévotion Tes pieds pareils-au-lotus pour avoir traversé cet océan du monde. Ô Devî ! Ces yogis qui aspirent à la libération finale et abandonnent ainsi tout attachement, vikâras et illusions, même ceux-là n’atteignent le succès qu’en méditant sur Tes pieds pareils-au-lotus. Ceux qui sont de grands Sacrificateurs et connaissent le mieux l’essence des Védas, même lorsqu’ils offrent des oblations au sacrifice, prononcent « Svâhâ », qui réjouit les Dévas, et « Svadhâ », très consolant pour les Pitris ; ainsi, ils pensent toujours à Toi (car Svâhâ et Svadhâ ne sont que Tes noms). Ô Mère ! Tu es le pouvoir de rétention et la mémoire. Tu es la beauté, Tu es la paix, Tu es le Buddhi (l’intellect) bien connu pour clarifier l’esprit des hommes ; et Tu es la prospérité et la richesse de ces trois mondes. Ô Devî ! Ceux qui T’adorent, Tu leur donnes, par miséricorde, ces richesses d’une manière ou d’une autre.ces richesses d’une manière ou d’une autre.ces richesses d’une manière ou d’une autre.
50-57. Vyâsa dit : Ô Roi ! Ainsi vénérée par les Devas, la Devî Bhagavatî leur apparut sous une très belle forme, mince, parée de tous les ornements. Ses deux mains tenaient un nœud coulant et un aiguillon, et les deux autres mains faisaient signe de chasser toute peur et étaient prêtes à accorder des bienfaits ; ses reins très beaux, ceints d’un bandeau d’or avec de petites clochettes pendantes qui émettaient de doux tintements ; ses pieds étaient ornés de bracelets de cheville (ornements) émettant de doux sons sonores avec de minuscules clochettes tintant. Sa voix était extrêmement douce et charmante, son front était orné du croissant de lune et sur sa tête scintillait un diadème de joyaux, son visage de lotus orné de doux sourires et ses trois beaux yeux de lotus ressemblaient à des Indîbaras. Son [ p. 499 ] Son corps était rouge comme les fleurs de Pârijâta et ses membres étaient marqués de pâte de santal rouge. Elle était vêtue d’une tenue rouge. La Devî semblait ravie, tel un océan de miséricorde infinie, vêtue d’une tenue complète, digne d’entretiens heureux, la Créatrice de tout ce Cosmos, la Plus Haute, la Connaissante de tout, la Directrice de tout et la Grande Soutienne de tout. Elle ressemblait à une incarnation de la Vérité de tous les Vedântas et à l’Incarnation de l’Existence, de l’Intelligence et de la Béatitude éternelles, la Mahâ Devî Bhagavatî Bhuvanes’varî. Les Devas s’inclinèrent tous devant Elle, debout devant eux. La Mère prit alors la parole : « Qu’as-tu à faire ici ? Parle-moi. »
58-59. Les Dévas dirent : « Ô Bhagavatî ! Vritrâsura tourmente beaucoup les Dévas ; ensorcelle-le. Ô Devî ! Fais ce qu’il peut faire en leur confiance ; et donne à nos armes une force telle qu’il puisse être tué. » Vyâsa dit : « Ô Roi ! Cela sera fait. » Ayant ainsi parlé, Devî partit sur-le-champ. Les Dévas furent très heureux et retournèrent chacun à leur demeure.
Ici se termine le cinquième chapitre du sixième livre sur la louange de la Devî par les Devas dans le S’rî Mad Devî Bhâgavatam de 18 000 vers du Maharsi Veda Vyâsa.
Sur le meurtre de Vritrâsura [ p. 499 ] 1-3. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Ainsi recevant les bienfaits de la Devî, les Devas et les Risis, ardents de leur ascèse, s’unirent et se consultèrent ; puis ils se rendirent à l’excellent Âs’rama de Vritra. Là, ils virent Vritra assis et animé de son propre Tejas (esprit ardent), comme prêt à brûler les trois mondes et à dévorer tous les Devas. Les Risis adressèrent alors à Vritra des paroles douces et pleines de sentiments pour servir les desseins des Devas, selon le principe de conciliation.
4-23. « Ô très fortuné Vritra ! Terrible pour tous les Lokas ! Tu as maintenant établi ta domination dans tous les lieux de cet Univers entier ; mais ton inimitié avec Indra est la seule cause qui interrompt ton bonheur ; cela ne fait aucun doute. Cette inimitié a beaucoup accru votre anxiété à tous les deux et est donc devenue très douloureuse. Ni toi ni Indra ne pouvez vous endormir paisiblement, il y a toujours cette peur qui pèse sur vous deux, à cause de cette inimitié. Et, vois-tu ! Un long, long moment s’est écoulé depuis la dernière bataille entre vous deux ; pourtant tous les Devas, Asuras, hommes et autres sujets ressentent un sentiment d’oppression et de douleur. Dans ce monde, le bonheur est la seule chose à rechercher et la douleur doit être évitée ; tel est l’état éternel des choses. Jamais l’homme qui pratique l’inimitié envers autrui n’obtient le bonheur ; Ceci a été constaté par les sages. Seuls les braves guerriers, qui ont goûté à la guerre, approuvent les batailles ; mais les sages, experts en plaisirs amoureux, n’aiment pas la bataille, car elle détruit les plaisirs sensuels ; ils n’aiment même pas se battre avec des fleurs ; que dire des flèches aiguisées ! Au combat, la victoire est incertaine, mais le tir est certain. Ce monde dépend du Destin (Daiva, c’est-à-dire des dirigeants cosmiques, des divinités ou des Devas de l’Univers), tout comme la victoire ou la défaite. Sachant cela, il ne faut jamais se battre. Se laver à l’heure, manger et dormir à des heures fixes, et avoir une épouse chaste et servante, voilà les moyens d’atteindre le bonheur en ce monde. Tandis qu’au combat, on tire des flèches terribles et on frappe avec des haches féroces, quel bonheur peut-il y avoir ? L’ennemi y trouve plutôt du plaisir. Un dicton dit que mourir au combat mène au Paradis, mais ce n’est qu’une affirmation séduisante, incitant à la guerre ! En réalité, c’est vain. Si le bonheur vient finalement à ceux qui se blessent le corps en recevant des flèches et qui laissent leurs carcasses dévorées par les corbeaux et les chacals, alors aucun homme, même à l’intelligence faible, n’appréciera cela, et encore moins les personnes intelligentes ! Par conséquent, ô Vritra ! Que la paix et l’amitié éternelles s’établissent entre toi et Indra ; vous en tirerez tous deux une paix et un bonheur éternels. De plus, si l’inimitié entre vous cesse dès maintenant, nous, les ascètes et les Gandharbas, pourrons sans aucun doute demeurer dans nos Âs’rams respectifs avec un grand confort. Ô puissant héros ! À cause des guerres incessantes entre toi et Indra, les Munis, les Gandharbas, les Kinnaras et les êtres souffrent jour et nuit. Pour le bonheur de tous les pacifiques, nous, les Munis, les habitants de la forêt, désirons ardemment qu’une amitié se nouât entre vous deux. Nous désirons que toi, Indra et tous les Jîvas, vous trouviez le bonheur. Ô Vritra !Français Nous nous tenons comme médiateurs dans ce traité entre vous et Indra ; nous ferons prêter serment à chaque partie et le rendrons ainsi propice au bonheur des deux. Indra va maintenant prêter serment devant vous selon les conditions que vous dicterez et ainsi réjouira votre cœur. Sachez en vérité que cette terre repose sur la Vérité, que le soleil se lève pour la Vérité, que les vents soufflent toujours pour la Vérité et que l’océan sans limites ne dépasse jamais ses limites pour la Vérité. Que votre amitié soit donc fondée sur la Vérité. Ainsi liés par des liens d’amitié, laissez-vous dormir, jouer, faire des sports aquatiques et vous asseoir ensemble heureux. [ p. 501 ] 24-28. Vyâsa dit : Ô Roi ! En entendant les paroles du Maharsi, le très intelligent Vritra commença à dire : « Risis ! Vous êtes dotés de connaissances et de nombreuses autres qualifications et vous êtes des ascètes ; Vous méritez donc mon respect. Vous êtes les Munis et, par conséquent, vous ne mentez jamais nulle part ; votre conduite est bonne et vous pratiquez les rites et les cérémonies ; vous êtes calmes ; vous ignorez donc les raisons des prétextes. L’homme intelligent ne devrait jamais cultiver l’amitié avec un individu malhonnête, licencieux, dénué de compréhension, infâme et sans vergogne, surtout s’il s’agit d’un ennemi. Ce vicieux Indra est sans vergogne, fourbe, licencieux et le meurtrier d’un Brâhmane ; par conséquent, on ne peut jamais accorder foi à de telles personnes. Vous êtes des saints et dotés de toutes les qualités requises ; par conséquent, votre esprit ne se laisse jamais influencer par les pensées malveillantes d’autrui ; c’est parce que votre cœur est calme et tranquille que vous ne pouvez comprendre l’esprit des trompeurs et des traîtres ; par conséquent, vous ne devriez jamais servir de médiateurs entre deux personnes.Un homme licencieux, dépourvu de compréhension, infâme et sans vergogne, surtout s’il est un ennemi. Ce cruel Indra est sans vergogne, fourbe, licencieux et le meurtrier d’un Brâhmane ; on ne peut donc jamais lui accorder foi. Vous êtes des saints, et vous possédez toutes les qualités requises ; c’est pourquoi votre esprit ne se laisse jamais influencer par les pensées malveillantes d’autrui ; c’est parce que votre cœur est calme et tranquille que vous ne pouvez comprendre l’esprit des trompeurs et des traîtres ; vous ne devriez donc jamais servir de médiateur entre deux personnes.Un homme licencieux, dépourvu de compréhension, infâme et sans vergogne, surtout s’il est un ennemi. Ce cruel Indra est sans vergogne, fourbe, licencieux et le meurtrier d’un Brâhmane ; on ne peut donc jamais lui accorder foi. Vous êtes des saints, et vous possédez toutes les qualités requises ; c’est pourquoi votre esprit ne se laisse jamais influencer par les pensées malveillantes d’autrui ; c’est parce que votre cœur est calme et tranquille que vous ne pouvez comprendre l’esprit des trompeurs et des traîtres ; vous ne devriez donc jamais servir de médiateur entre deux personnes.
29-32. Les Munis dirent : « Ô Roi ! Toutes les créatures jouissent assurément des fruits de leurs karmas, bons ou mauvais ; comment alors, des personnes à l’intellect perverti pourraient-elles trouver la paix en faisant du mal aux autres ? Les traîtres vont assurément en enfer et y subissent constamment des souffrances. Les tueurs de Brâhmanas et les ivrognes peuvent obtenir la libération ; mais jamais les infidèles et ceux qui s’opposent à leurs amis n’en sortiront libres ; ceux-là souffriront sans aucun doute dans les enfers. Par conséquent, ô Connaisseur de toutes choses ! Expose clairement ce qui se passe exactement dans ton esprit et les termes exacts que tu souhaites ; et le traité sera conclu entre toi et Indra exactement selon ces termes. »
33-34. Vritra dit : « Ô Munis, si fortuné ! Je ne peux conclure un traité de paix avec Indra qu’à la condition qu’Indra et tous les autres Dévas ne me tuent ni de jour ni de nuit, avec une substance sèche ou liquide, du bois, de la pierre ou la foudre, et à aucune autre condition. »
35-68. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Les Risis acceptèrent alors avec joie sa parole, y amenèrent Indra et lui récitèrent les termes du traité de paix. Indra jura alors, devant les Munis, avec le Feu comme Témoin, qu’il se conformerait aux termes du traité, et fut ainsi libéré de ses lourdes pensées et sentit qu’il avait été débarrassé d’une fièvre. Vritra, alors, se fia aux paroles d’Indra ; il devint son ami et commença à vivre, à jouer et à s’amuser avec lui. Ils éprouvèrent du plaisir à leur union et commencèrent à errer tantôt dans le Jardin de Nandana, tantôt dans le Gandha Mâdana, tantôt sur les rivages des océans. Vritra fut ravi de les voir ainsi unis par l’amitié ; mais Indra l’observait pour trouver ses défauts ; ainsi passa un certain temps. Quelques années s’écoulèrent après la conclusion du traité. Vritra, pourtant franc et direct, commença à accorder une grande confiance à Indra ; mais Indra méditait sur les moyens de le tuer. Un jour, Visvakarmâ, sachant que son fils Vritrâsura lui accordait une confiance absolue, appela son fils et lui dit : « Ô mon fils Vritra ! Écoute mes bonnes paroles. Vois-tu, il n’est jamais conseillé de faire confiance à quelqu’un avec qui une inimitié a déjà surgi. Indra est ton plus grand ennemi ; il te veut toujours du mal ; ne lui fais donc plus confiance. Indra est indigne de confiance, lui qui est toujours cupide, hostile, se réjouissant des souffrances d’autrui, licencieux et attaché aux femmes d’autrui ; vicieux, fourbe, trouvant à redire aux autres, toujours jaloux, jongleur et orgueilleux. Ô Enfant ! Français Que dire de plus que ce fait que ce scélérat, sans craindre le péché, est entré facilement dans le ventre de sa mère et a coupé l’enfant qui pleurait dans le ventre en sept morceaux, puis chaque septième partie à nouveau en sept parties, ainsi au total en quarante-neuf parties. C’est pourquoi, ô mon fils ! Il ne faut jamais lui faire confiance sous aucun prétexte. Celui qui est toujours adonné aux actes vicieux n’éprouve jamais de honte à commettre à nouveau un autre crime. Vyâsa dit : Ô Roi ! L’heure de la mort de Vritra approchait ; il ne pouvait donc pas prendre les paroles de son père comme de bon augure, bien qu’il ait été averti par son père en des termes pleins de sens. Un jour, le soir, à un moment terriblement inauspicieux, Indra vit Vritra sur le rivage d’un océan et se mit à penser au bienfait accordé par Brahmâ à l’Asura ainsi : « Maintenant, c’est le terrible temps du soir ; cela ne peut être appelé jour ni nuit, et ce démon est aussi ici seul dans ce lieu solitaire ; Il est donc conseillé de le tuer par la force, cela ne fait aucun doute. » Ainsi raisonnant intérieurement, Indra se souvint de l’Âme Immortelle Hari. Bhagavân, le Meilleur des Purusas, arriva là, invisible à tous, et entra dans la foudre. Indra se ressaisit rapidement pour tuer Vritrâsura ; mais il se demandait comment il pourrait tuer ce Démon, invincible au combat ; et s’il ne tuait pas son ennemi, alors par tromperie,Alors son ennemi continuerait à vivre, et il lui serait impossible d’obtenir son propre bien-être. Tandis qu’il réfléchissait ainsi, il vit l’écume des eaux de l’océan aussi grande qu’une montagne ; pensant que cette écume n’était ni sèche ni humide et considérant qu’elle n’était pas une arme, il la prit facilement et se souvint instantanément avec une dévotion sincère de la Force Suprême Bhuvanes’varî. À Son souvenir, la Bhagavatî infusa Sa part dans cette écume et la foudre, imprégnée de la force de Nârâyana, fut également recouverte par cette écume. Indra, alors, lança la foudre recouverte d’écume sur Vritra ; et le Démon, ainsi frappé, tomba instantanément comme une montagne. Lorsque Vritrâsura fut ainsi tué, Indra fut très heureux ; les Risis commencèrent à le louer [ p. 503 ] par divers hymnes. Indra, avec tous les autres Devas, vénéra alors la Devî, par la grâce de qui l’ennemi avait été tué, et ils la louèrent par divers hymnes. L’image de la Bhagavatî, la S’akti suprême, fut construite en rubis et installée dans le jardin de Nandana. Ô Roi ! Depuis lors, tous les Devas vénéraient la Devî trois fois par jour, matin, midi et soir, et depuis lors, la S’rî Devî devint la divinité tutélaire des Dieux. Indra vénéra alors également Visnu, le Plus Haut des Dieux. Lorsque le terrible et puissant Vritrâsura fut tué, le vent propice se mit à souffler doucement ; les Devas, Gandharbas, Râkhsasas et Kinnaras commencèrent à errer avec une grande joie. Vritrâsura fut trompée par la Mâyâ de Bhagavatî, et sa force pénétra dans l’écume ; C’est pourquoi Indra fut capable de le tuer subitement, et c’est pour cette raison que Devî, la Déesse du monde, est connue dans les trois mondes sous le nom de « Vritranihantrî », la tueuse de Vritra. Mais au premier coup d’œil, Indra le tua au moyen de l’écume ; c’est pourquoi les gens disent que Vritra fut tué par Indra.L’image de Bhagavatî, la S’akti Suprême, fut taillée en rubis et installée dans le Jardin de Nandana. Ô Roi ! Depuis lors, tous les Devas vénéraient la Devî trois fois par jour, matin, midi et soir, et la S’rî Devî devint alors la divinité tutélaire des Dieux. Indra vénéra alors aussi Visnu, le Plus Haut des Dieux. Lorsque le terrible et puissant Vritrâsura fut tué, le vent propice se mit à souffler doucement ; les Devas, Gandharbas, Râkhsasas et Kinnaras commencèrent à errer avec une grande joie. Vritrâsura fut trompée par la Mâyâ de Bhagavatî, et sa force pénétra dans l’écume ; Indra put alors le tuer subitement et c’est pour cette raison que la Devî, la Déesse du monde, est connue dans les trois mondes sous le nom de « Vritranihantrî », la tueuse de Vritra. Mais à la première vue, Indra le tua au moyen de la mousse ; c’est pourquoi les gens disent que Vritra fut tué par Indra.L’image de Bhagavatî, la S’akti Suprême, fut taillée en rubis et installée dans le Jardin de Nandana. Ô Roi ! Depuis lors, tous les Devas vénéraient la Devî trois fois par jour, matin, midi et soir, et la S’rî Devî devint alors la divinité tutélaire des Dieux. Indra vénéra alors aussi Visnu, le Plus Haut des Dieux. Lorsque le terrible et puissant Vritrâsura fut tué, le vent propice se mit à souffler doucement ; les Devas, Gandharbas, Râkhsasas et Kinnaras commencèrent à errer avec une grande joie. Vritrâsura fut trompée par la Mâyâ de Bhagavatî, et sa force pénétra dans l’écume ; Indra put alors le tuer subitement et c’est pour cette raison que la Devî, la Déesse du monde, est connue dans les trois mondes sous le nom de « Vritranihantrî », la tueuse de Vritra. Mais à la première vue, Indra le tua au moyen de la mousse ; c’est pourquoi les gens disent que Vritra fut tué par Indra.
Ici se termine le sixième chapitre du sixième livre sur le meurtre de Vritrâsura dans le Mahapurânam S’rî Mad Devî Bhâgavatam de 18 000 versets du Maharsi Veda Vyâsa.
Sur la vie d’Indra sous déguisement dans le lac Mânas [ p. 503 ] 1-16. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Voyant Vritra tué, Visnu, le Deva des Devas, se rendit auprès de Vaikuntha ; mais, la peur régnant en maître dans son esprit que ce soit Lui qui l’ait pratiquement tué, Indra, lui aussi, prit peur du péché qu’il avait commis et retourna dans ses Cieux. Les Munis, eux aussi, devinrent très anxieux et pensèrent au grand péché qu’ils avaient commis en trompant Vritrâsura. C’est la compagnie d’Indra qui rendit alors leur nom « Munis » vide de sens. Les Munis pensèrent ainsi : — « Oh ! Vritra, sur notre parole, a fait confiance à Indra et nous avons ainsi fait aujourd’hui des traîtres en compagnie de ce traître Indra. L’attachement et l’affection sont la cause de tout mal. Fi de cet attachement ! C’est, pour ainsi dire, le lien de l’affection qui nous unit, car nous avons prêté un faux serment et ainsi trompé Vritra. Ceux qui guident délibérément les autres vers des actes vicieux, ceux qui les conseillent ou les incitent à commettre des actes pécheurs, ou ceux qui se rangent du côté des pécheurs, partagent certainement les fruits du péché commis. Visnu, lui aussi, a commis le péché, bien qu’il possédât la prépondérance de Sattva Guna, lorsqu’il entra dans la foudre et aida ainsi Indra à tuer Vritra. Il semble que désormais, les gens, lorsqu’ils sont égoïstes, n’hésiteront plus à commettre un acte pécheur lorsqu’ils verront que Bhagavân Visnu aurait pu, de concert avec Indra, commettre une chose aussi vicieuse. Des quatre vertus : Dharma, Artha, Kâma et Moksa, Dharma et Moksa sont très rares dans les trois mondes. Artha (richesse) et Kâma (désirs) sont partout recommandés comme excellents et donc très chers ; le Dharma n’est plus que nom et est la cause de la vanité des Pandits (plus personne ne pratique réellement le Dharma avec dévotion). En discutant ainsi, les Munis furent profondément affligés et retournèrent dans leurs ermitages respectifs, le cœur brisé et l’esprit distrait. Ô Bharata ! Apprenant la mort de son fils avec Indra, Vis’vakarmâ pleura abondamment et fut profondément dégoûté par les affaires du monde. Il se rendit à l’endroit où reposait son fils Vritra et fut profondément peiné de le voir dans cet état ; il procéda à sa crémation et aux autres obsèques selon les règles prescrites. Il prit ensuite un bain, accomplit son Tarpanam (offrande de paix) et les cérémonies funéraires dues à une personne dans la première année de son décès. Alors son cœur fut accablé de chagrin et il maudit le cruel Indra, disant que, de même qu’Indra avait tué son fils en le séduisant par un faux serment, Indra, à son tour, subirait une souffrance plus lourde, infligée par Vidhi (le Grand Créateur de l’Univers). Ô Roi ! Ainsi maudissant Indra, Vis’vakarmâ, profondément affligé par la perte de son fils,je suis allé au sommet de la montagne Meru et j’ai commencé à pratiquer une tapasyâ difficile.
17. Janamejaya dit : « Ô Grand-père ! Dis-moi d’abord quel bonheur ou quelle douleur Indra a-t-il éprouvé en tuant Vritra, le fils de Tvastâ. »
18-40. Vyâsa dit : — Ô Bienheureux ! Que demandes-tu ? Et quelle est la nature de ton doute ? Le fruit de son karma doit certainement être savouré, qu’il soit de bon ou de mauvais augure. Qu’on soit faible ou fort. Qu’on soit un Deva, un Asura ou un être humain, chacun, en fait, devra souffrir de son karma, bon ou mauvais, dans toute son ampleur, qu’il soit peu ou trop intense. Vois-tu ! C’est Visnu qui conseilla Indra, entra dans sa foudre et l’aida lorsqu’Indra s’apprêtait à tuer Vritra ; mais lors des moments difficiles d’Indra, Visnu ne l’aida en aucune façon. Par conséquent, ô Roi ! Il est clair que lorsque le temps est favorable, tout le monde se révèle ami ; mais lorsque le destin se retourne contre lui, personne ne se présente pour l’aider. Lorsque le destin s’acharne sur quelqu’un, son père, sa mère, son épouse, son frère, son serviteur, son ami ou son propre fils deviennent totalement incapables de venir en aide à qui que ce soit. L’homme, qu’il fasse le bien ou le mal, en souffre. Après la mort de Vritra, chacun retourna chez lui ; mais Indra, le Seigneur de S’achî, perdit toute énergie et tout éclat à cause du péché d’avoir tué un brahmane ; tous les Devas le qualifièrent alors de Brâhmaghataka (tueur de brahmane). Ils ajoutèrent que nul autre n’aurait pu envisager l’idée de tuer un Muni, ami intime et qui lui avait accordé une confiance totale, alors qu’Indra avait juré d’être l’ami de Vritra. Ô Roi ! Partout, dans les assemblées des dieux, dans leurs jardins, aux réunions des Gandharbas, on entendait dire qu’Indra avait trompé Vritra, qui s’était fié à lui, aux paroles des Munis, puis l’avait tué sous prétexte, commettant ainsi un crime horrible. Indra avait alors abandonné les preuves éternelles des Védas ; il était devenu un Bauddha ; il aurait donc pu facilement tuer Vritra. Personne, hormis Visnu et Indra, n’aurait pu agir contrairement à leurs paroles, comme le prouve clairement la manière dont Vritra avait été tué. Ces remarques, semblables à celles mentionnées plus haut, se répandirent partout et Indra les entendit toutes, contribuant à sa propre disgrâce. Ô Roi ! Fi de la vie de cet homme que l’on blâme partout ! Fi de cet homme dont la réputation a été ternie parmi le peuple. Un tel individu est la risée de ses ennemis, lorsqu’ils l’aperçoivent en chemin. Le saint royal Indradyumna (Râjarsî) fut contraint de descendre du Ciel, bien qu’il fût sans péché, après l’expiration de ses bonnes actions. Pourquoi, alors, les personnes vicieuses ne seraient-elles pas obligées d’y descendre ? Le roi Yayâti dut descendre du Ciel pour une très légère faute et dut traverser dix-huit Yugas sous la forme d’un crabe. Que dire de plus que le Bhagavân Achyut Hari lui-même dut s’incarner à plusieurs reprises dans le ventre d’un sanglier, d’un crocodile, etc., sous la malédiction d’un brahmane ?à cause d’avoir coupé le grain de l’épouse de Bhrigu. Bien qu’omniprésent, il dut prendre l’apparence d’un nain et mendier au palais du roi Vali. Quels malheurs et quelles misères plus grands que ceux-ci peuvent être infligés à ceux qui ont péché vicieusement. Ô Ornement de Bharata ! Râmchandra, lui aussi, dut subir, à cause de la malédiction de Bhrigu, de terribles souffrances lors du deuil de Sîtâ Devî. De même, Indra, pour son péché d’avoir tué un brahmane, fut si terrifié qu’il ne put recouvrer la santé bien qu’il soit resté dans sa propre maison, doté de toutes sortes de prospérité et de richesses. Voyant alors Indra sans éclat, sans connaissance, presque vide de conscience et accablé de peur, sa femme S’achî, la fille de Pulomâ, lui parla ainsi : « Ô Seigneur ! Ton terrible ennemi a été tué ; Pourquoi soupires-tu alors autant, affligé d’une telle terreur ? Ô Seigneur ! Tu as détruit ton ennemi ; alors pourquoi es-tu si anxieux ? Pourquoi es-tu alors si plein de remords et pousses-tu de si lourds soupirs comme un homme ordinaire ? Je ne vois aucun autre puissant ennemi parmi toi ; alors, pourquoi as-tu l’air si anxieux et accablé de soucis, comme si tu avais l’air complètement inconscient. [ p. 506 ] 41-44. Indra dit : — « Ô Devî ! Il est vrai que je n’ai pas d’autre puissant ennemi, mais je ne trouve ni paix ni bonheur. Je crains pour le péché Brâhmahattyâ dans ma maison. Ô Devî ! Ce jardin de Nandana, la cité de Kuvera, le seigneur des richesses, cette forêt de nectar, la douce musique des Gandbarbas, la belle danse des Apsarâs, tout cela ne me procure plus le moindre plaisir. Que puis-je dire de plus, sinon que la belle Dame comme toi, la plus belle des trois mondes, et d’autres belles Dames, la Vache Céleste, le Mandâra (l’un des cinq arbres de la région céleste), le Pârijâta (l’arbre à fleurs), le Santâna, le Kalpa (qui exauce tous les désirs) et le Harichandan (l’arbre à safran) et d’autres ne peuvent me procurer de plaisir. Que faire, où aller, pour trouver le bonheur, ô Bien-Aimé ! Cette pensée me trouble. Et donc, je ne parviens pas à trouver le bonheur par mes propres pensées.Ton terrible ennemi a été tué ; pourquoi soupires-tu alors autant, affligé d’une telle terreur ? Ô Seigneur ! Tu as détruit ton ennemi ; alors pourquoi es-tu si anxieux ? Pourquoi es-tu alors si plein de remords et pousses-tu de si profonds et lourds soupirs comme un homme ordinaire ? Je ne vois aucun autre puissant ennemi parmi toi ; alors, pourquoi as-tu l’air si anxieux et accablé de soucis, comme si tu avais l’air complètement inconscient. [ p. 506 ] 41-44. Indra dit : « Ô Devî ! Il est vrai que je n’ai pas d’autre puissant ennemi, mais je ne trouve ni paix ni bonheur. Je crains pour le péché Brâhmahattyâ dans ma maison. Ô Devî ! Ce jardin de Nandana, la cité de Kuvera, le seigneur des richesses, cette forêt de nectar, la douce musique des Gandbarbas, la magnifique danse des Apsarâs, tout cela ne me procure plus le moindre plaisir. Que puis-je dire de plus, sinon que la belle Dame comme vous, la plus belle des trois mondes, et d’autres belles Dames, la Vache Céleste, le Mandâra (l’un des cinq arbres de la région céleste), le Pârijâta (l’arbre à fleurs), le Santâna, le Kalpa (qui exauce tous les désirs) et le Harichandan (l’arbre à safran) et d’autres ne peuvent me procurer de plaisir. Que faire, où aller, pour trouver le bonheur, ô Bien-Aimé ! Cette pensée me trouble. Et ainsi, je ne parviens pas à trouver le bonheur par mes propres pensées.Ton terrible ennemi a été tué ; pourquoi soupires-tu alors autant, affligé d’une telle terreur ? Ô Seigneur ! Tu as détruit ton ennemi ; alors pourquoi es-tu si anxieux ? Pourquoi es-tu alors si plein de remords et pousses-tu de si profonds et lourds soupirs comme un homme ordinaire ? Je ne vois aucun autre puissant ennemi parmi toi ; alors, pourquoi as-tu l’air si anxieux et accablé de soucis, comme si tu avais l’air complètement inconscient. [ p. 506 ] 41-44. Indra dit : « Ô Devî ! Il est vrai que je n’ai pas d’autre puissant ennemi, mais je ne trouve ni paix ni bonheur. Je crains pour le péché Brâhmahattyâ dans ma maison. Ô Devî ! Ce jardin de Nandana, la cité de Kuvera, le seigneur des richesses, cette forêt de nectar, la douce musique des Gandbarbas, la magnifique danse des Apsarâs, tout cela ne me procure plus le moindre plaisir. Que puis-je dire de plus, sinon que la belle Dame comme vous, la plus belle des trois mondes, et d’autres belles Dames, la Vache Céleste, le Mandâra (l’un des cinq arbres de la région céleste), le Pârijâta (l’arbre à fleurs), le Santâna, le Kalpa (qui exauce tous les désirs) et le Harichandan (l’arbre à safran) et d’autres ne peuvent me procurer de plaisir. Que faire, où aller, pour trouver le bonheur, ô Bien-Aimé ! Cette pensée me trouble. Et ainsi, je ne parviens pas à trouver le bonheur par mes propres pensées.
45-60. Vyâsa dit : — S’adressant ainsi à sa femme profondément affligée, Indra sortit de sa maison et se rendit au lac d’une beauté extraordinaire, nommé Manasarovara. Indra y pénétra dans la tige tubulaire du lotus, son corps devenant très maigre et amaigri par la peur et le chagrin. Personne ne put le reconnaître, accablé par son terrible péché. Il commença alors à se comporter, pour se nourrir et se divertir, comme un serpent ; il fut submergé par les pensées, impuissant, et ses organes étaient déréglés. Il resta caché dans l’eau. Lorsqu’Indra, le roi des Devas, s’enfuit ainsi par peur de son péché de Brâhmahattyâ, les autres Devas devinrent très anxieux ; partout, divers signes maléfiques se manifestèrent. Les Risis, les Siddhas et les Gandharbas furent pris de panique, car diverses perturbations et symptômes violents se répandaient partout dans le monde, sans aucun roi. Les céréales commencèrent à pousser très rares, faute de pluies ; Les ruisseaux étaient presque à sec et les réservoirs contenaient très peu d’eau. Dans un tel état d’anarchisme, tous les habitants des régions célestes, les Devas et les Risis, se consultèrent et installèrent le roi Nahusa à la place d’Indra. Ô Roi ! Nahusa, bien que vertueux, devint, sous l’influence de Rajoguna, influencé par la luxure et s’adonna ainsi aux plaisirs terrestres. Il commença à s’amuser dans le Jardin du Paradis, entouré des Apsarâs ou nymphes célestes. Un jour, il entendit parler des excellentes qualifications de S’achî Devî, l’épouse d’Indra, et désira l’acquérir. Alors il dit aux Risis : — Les Devas et vous, unis, m’avez installé à la charge d’Indra ; mais pourquoi Indranî (l’épouse d’Indra) ne vient-elle pas à moi aussi longtemps ? Si vous voulez faire ce que je veux, alors amenez vite S’achî ici pour ma satisfaction. Je suis maintenant Indra et donc le dieu des Devas et de tous les mondes ; amenez donc aujourd’hui Indranî chez moi. En entendant ces paroles [ p. 507 ] du roi Nahusa, les Devas et les Devarsîs s’inquiétèrent et allèrent trouver S’achî, et, la tête baissée, parlèrent ainsi : « Ô épouse d’Indra ! Le méchant Nahusa te désire maintenant ; il se mit en colère et demanda de t’envoyer à lui au plus vite ; Ô Devî ! Nous l’avons fait Indra et sommes donc sous sa domination ; que ferons-nous maintenant dans ces circonstances ? » S’achî, l’épouse d’Indra, entendant leurs paroles, devint distraite et parla ainsi à Brihaspati : « Ô Brâhmana ! Je prends maintenant refuge en toi. »
61-62. Brihaspati dit : « Ô Devî ! N’aie pas peur de Nahusa ; il a été trompé par Moha. Ô Enfant ! Je n’abandonnerai pas la religion éternelle et donc je ne te livrerai pas aux mains de Nahusa. Nul doute que ce misérable souffre les plus terribles tourments en Enfer jusqu’à la fin du Pralaya (la Grande Dissolution), qui abandonne et remet la personne en détresse sous son refuge à une autre. Ô Bon ! Sois tranquille ; je ne t’abandonnerai jamais. »
Ici se termine le septième chapitre du sixième livre sur la vie d’Indra sous déguisement dans le lac Mânas dans le Mahâpurânam S’rî Mad Devî Bhâgavatam de 18 000 versets du Maharsi Veda Vyâsa.
Sur les éloges de S’achî envers Devî [ p. 507 ] 1-11. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Apprenant que l’épouse d’Indra avait pris refuge auprès de Brihaspati, le roi Nahusa devint très en colère contre Brihaspati et parla aux Devas : — « Ô Devas ! J’ai entendu dire que le stupide fils d’Angirasa a accordé sa protection à Indra et l’a gardée chez lui ; je vais donc le tuer rapidement. » Voyant le terrible Nahusa ainsi en colère, les Devas et les Risis le consola et dirent : — Ô Roi des rois ! Ne sois pas en colère ; renonce à ce motif vicieux. Voyez, les Risis, dans tous les Dharma S’âstras, ont déclaré que les relations illicites avec les épouses d’autrui étaient un crime très odieux et l’ont fortement blâmé. Vous pouvez considérer que la fille de Pulomâ est toujours chaste, dévouée à son mari et très bonne nature. Comment peut-elle, alors que son mari est vivant, prendre un autre mari ? Ô Seigneur ! Vous êtes maintenant le Seigneur des trois mondes et donc le Défenseur de la Foi et de la Religion ; et si une personne comme vous agit de manière irréligieuse, tous les sujets iront alors à l’anéantissement. Celui qui est un Seigneur devrait toujours observer les règles de bonne conduite. D’ailleurs, il y a beaucoup d’autres femmes célestes dans ce Ciel aussi belles que S’achî ; vous pouvez étancher votre soif avec elles. L’amour mutuel est reconnu par les sages comme le véritable initiateur des relations amoureuses ; ravir une femme par la force détruit tout sentiment amoureux. Ô Roi ! Et si l’amour mutuel est semblable et égal en tous points, alors vient le vrai bonheur ; vous avez maintenant obtenu le poste d’Indra ; Alors, abandonne ces relations illicites avec les épouses d’autrui et nourris-toi de bonnes pensées. Les défauts détruisent la prospérité, tandis que les mérites l’augmentent. Ô Roi, abandonne donc toutes ces mauvaises pensées, fais en sorte que ton cœur prenne une bonne direction et sois heureux.
12-15. Nahusa dit : « Ô Devas ! Où étiez-vous tous quand Indra a enlevé l’épouse de Gautama et quand la Lune a enlevé celle de Brihaspati ? Il est facile de donner des conseils aux autres, mais agir en conséquence est très rare en ce monde. Ô Devas ! Que la Devî compétente vienne à moi, vous en tirerez un grand bénéfice et la Devî, elle aussi, connaîtra son plus grand bonheur ; il n’y a aucun doute là-dessus. Je vous le dis en vérité, je ne serai satisfait d’aucune autre manière ; amenez Indrânî ici rapidement, que ce soit par de bonnes paroles ou par la force. »
16-17. Les Devas et les Munis entendirent les paroles du roi Nahusa, frappé par les flèches de Cupidon, furent terrifiés et dirent : « Nous vous amènerons Indrânî par de douces paroles. » Disant cela, ils se rendirent à la maison de Brihaspati.
18-21. Vyâsa dit : Ô Roi ! Les Dévas, se rendant à la demeure de Brihaspati, parlèrent ainsi, les mains jointes : Ô Guru ! Nous savons qu’Indrânî a trouvé refuge chez toi ; nous devrons la remettre aujourd’hui au roi Nahusa, car nous avons tous unis la charge d’Indra. Que cette belle Dame le choisisse et l’adore. Entendant ces terribles paroles des Dévas, Brihaspati leur dit : « Ô Guru ! Cette femme chaste, dévouée à son mari, a maintenant trouvé refuge chez moi ; je ne pourrai donc jamais m’en séparer. » Les Dévas dirent : « Ô Guru ! Veuillez donc nous conseiller, si vous ne vous séparez pas de S’achî Devî, sur la satisfaction du roi Nahusa ; s’il se met en colère, il sera alors très difficile de lui plaire. »
22-31. Brihaspati dit : « Ô Devas ! Que S’achî aille maintenant trouver Nahusa, et le tente par des paroles séduisantes, et pose cette condition : lorsqu’elle apprendra la mort de son mari, elle acceptera Nahusa comme époux. Comment aurait-elle pu accepter un autre époux du vivant de son mari ? Qu’elle parte donc maintenant à la recherche de son époux à l’âme noble. Que S’achî pose cette condition avec lui et, le trompant ainsi, qu’elle fasse de son mieux pour ramener son mari. Ô Roi ! Alors, après être arrivés à cette conclusion, Brihaspati et d’autres Devas allèrent avec Indrânî chez le roi Nahusa. Les voyant arriver, et surtout regardant Indrânî, le roi artificiel Nahusa fut très heureux et dit à Indrânî : « Ô Bien-aimé ! Aujourd’hui, je suis devenu le véritable Indra. Ô Toi aux beaux yeux ! Adore-moi comme ton époux ; vois, les Devas m’ont fait adorer par tous les dieux. » Lorsque Nahusa parla ainsi, la Devî S’achî fut remplie d’une grande honte ; elle se mit à trembler et dit au roi : « Ô Seigneur des Devas ! Je désire te demander une faveur. Attends plutôt que je sache si Indra est mort ou vivant ; j’ai ce doute au cœur, s’il est vivant ou mort. Ô Roi des rois ! Laisse-moi, tout d’abord, dissiper mes doutes. Veuillez m’excuser et attendre jusque-là. Je te le dis en vérité : après m’être assuré de la vérité, je t’adorerai. J’ignore si Indra est mort ou s’il est allé ailleurs. » Lorsque S’achî Devî parla ainsi, Nahusa fut très heureuse et, disant « qu’il en soit ainsi », la congédia.
32-47. Ayant ainsi reçu du Roi la permission de partir, S’achî se rendit précipitamment auprès des Devas et leur demanda de faire de leur mieux pour ramener Indra au plus vite. Ô Roi ! En entendant ces paroles douces et saintes d’Indrânî, les Devas se consultèrent intensément sur la manière de récupérer Indra. Ils se rendirent ensuite à Vaikuntha et commencèrent à louer par des hymnes le Deva originel, le Dieu Visnu, le Seigneur de l’Univers, bienveillant envers ceux qui cherchent son refuge. Les Devas, habiles orateurs, s’adressèrent à Visnu, le cœur profondément troublé : « Ô Seigneur ! Indra, le Seigneur des Devas, est profondément troublé par son péché Brahmahattyâ. Où demeure-t-il maintenant, invisible à tous les êtres ? Ô Seigneur ! Il est maintenant vaincu par le péché Brahmahattyâ en tuant Vritra, le meilleur des Brahmanes. Nous sollicitons vos conseils avisés et intelligents. Ô Seigneur ! Vous êtes son seul refuge, comme le nôtre. » Nous sommes maintenant en proie à une grande difficulté. Veuillez nous montrer comment, ainsi qu’Indra, nous sortir de cette crise difficile. Entendant les paroles pitoyables des Devas, Visnu dit : « Qu’Indra accomplisse le sacrifice d’As’vamedha (sacrifice du Cheval) pour la purification de ses péchés. Par ce Yajña, qui peut détruire tous les péchés, Indra sera purifié et il retrouvera son état d’Indra ; cela ne fait aucun doute. D’autant plus que Devî, la Mère Universelle, sera satisfaite de son sacrifice du Cheval et détruira tous ses péchés, Brahmahattyâ et autres. Voyez ! Le simple souvenir d’Elle détruit des tas de péchés ; et, si par ce sacrifice du Cheval, Elle est satisfaite, quoi d’étonnant que des péchés d’une nature plus grave soient détruits ! Et qu’Indrânî vénère Bhagavatî quotidiennement ; le bonheur sera indéniablement acquis en vénérant cet Être le plus Auspicieux ! » Par cela, le roi Nahusa sera particulièrement trompé par la Mère du Monde [ p. 510 ] et sera alors rapidement détruit par le péché commis par lui-même. Et Indra, purifié par As’vamedha, retrouvera bientôt sa position et toute sa richesse. Ô roi ! Ainsi, entendant les douces paroles bénéfiques de Visnu à la prouesse indomptable, les Devas se rendirent à l’endroit où résidait Indra. Brihaspati et les autres Devas consola Indra en détresse et lui firent célébrer comme il se doit et dans le bon ordre, le sacrifice du Cheval, le plus grand de tous les sacrifices. Indra distribua alors son péché Brahmahattyâ parmi les arbres, les rivières, les montagnes, les femmes et la terre.
48-51. Ainsi, abandonnant son péché sur tous les points mentionnés ci-dessus, Indra s’en libéra et, débarrassé de sa fièvre et de son inquiétude, il traversa le temps et demeura invisible dans la tige tubulaire du lotus. Accomplissant cet acte merveilleux, les Dévas partirent de là et atteignirent leurs demeures. La fille de Pulomâ, souffrant du deuil d’Indra, s’adressa alors à Brihaspati avec une profonde tristesse : « Ô Seigneur ! Pourquoi mon mari est-il encore invisible à mes yeux, alors qu’il a accompli le sacrifice d’As’vamedha ? Veuillez m’indiquer le chemin pour le voir. »
52-62. Brihaspati dit : « Ô Devî ! Adore la très propice Bhagavatî ; sûrement, Elle rendra ton mari sans péché et tu le verras. La Devî Ambikâ, la Soutienne de l’Univers, empêchera le Roi Nahusa de commettre l’acte répréhensible et c’est Elle qui le trompera par Sa Mâyâ et provoquera sa chute des Cieux. Ô Roi ! Lorsque Brihaspati parla ainsi, S’achî Devî fut initiée par lui au Devî Mantram, capable d’assurer le succès dans toute entreprise. Ainsi, obtenant le Mantram de son Guru, Elle commença à adorer la Devî Bhuvane’svarî comme il se doit avec des fleurs, des victimes sacrificielles et autres objets nécessaires au culte. Ainsi, Indrânî, dans le but de voir son mari, accomplit le culte de la Devî ; elle abandonna tous les objets de plaisir et de luxe et prit l’habit d’une ascète ; Ainsi, un certain temps s’écoula, lorsque la Devî, satisfaite, apparut devant elle sur le dos d’un cygne, sous sa forme paisible, prête à accorder des bienfaits à Indrânî. Elle paraissait alors ardente comme des milliers de lunes ; sa beauté ravissante apparaissait en rayons comme des milliers et des milliers d’éclairs fixes. Les quatre Védas personnifiés commencèrent à la louer en hymnes des quatre côtés. Ses deux mains étaient ornées d’un nœud coulant et d’un aiguillon, et ses deux autres mains faisaient des signes pour accorder des bienfaits et chasser toute peur. La guirlande Vaijayantî de pierres précieuses cristallines claires était suspendue à son cou jusqu’à ses pieds. Son visage était orné de sourires et de signes comme si elle allait accorder des faveurs. Elle avait trois yeux et était l’océan de miséricorde et la Mère de tous les Jîvas, du ver jusqu’à Brahmâ. Ses deux lourdes poitrines étaient remplies de [ p. 511 ] océan infini de nectar de Paix et de Mukti. Elle était la Déesse des mondes innombrables, la Déesse de tous et la Plus Haute, dotée de toutes les connaissances et l’Incarnation de l’Immuable et Immuable Brahmâ. La Devî, alors, commença à s’adresser à S’achî, l’épouse d’Indra, en paroles agréables et d’une voix grave comme un roulement de tonnerre.
63-69. La Devî dit : — Ô Chérie d’Indra ! Tu ferais mieux de demander la grâce que tu désires. Je suis très satisfaite de ton adoration. Ô Belle ! Je suis venue ici pour t’accorder cette grâce. Me voir n’est pas chose aisée ; par les mérites accumulés au cours de milliers et milliers de naissances, on peut Me voir. En entendant les paroles de la Devî, S’achî Devî, l’épouse d’Indra, se prosterna à Ses pieds et s’adressa à la Déesse suprême, la Bhagavatî, qui sembla gracieusement satisfaite : — « Ô Mère ! Je désire maintenant de Toi que je puisse voir mon époux que j’ai atteint après de grandes difficultés, que je sois libérée de la peur suscitée par le roi Nahusa et que Indra retrouve sa forme d’Indra. » La Devî dit : — Ô Dame des Devas ! Tu ferais mieux d’accompagner Ma messagère (Dûtî) à Mânasarovara ; là est installée Ma forme fixe, nommée Vis’vakâmâ. Tu verras ton Indra séjourner là, très triste et accablé de terreur. Je tromperai le roi Nahusa en très peu de temps. Ô Toi aux grands yeux ! Sois calme et tranquille ; je comblerai tes désirs ; bientôt, je tromperai ce roi et le priverai du trône d’Indra.
70-71. Vyâsa dit : L’épouse d’Indra accompagna le messager de la Devî et parvint rapidement auprès de son mari Indra. Elle fut ravie de voir son mari tant désiré, sous ce déguisement officiel.
Ici se termine le huitième chapitre du sixième livre sur la louange de la Bhagavatî par l’épouse d’Indra et sur l’obtention de la vue d’Indra dans le Mahâpurânam, S’rî Mad Devî Bhâgavatam de 18 000 versets du Maharsi Veda Vyâsa.
Sur l’obtention par Indra des fruits de Brahmahattyâ et sur la chute du roi Nahusa [ p. 511 ] 1-2. Vyâsa dit :— Indra fut tout surpris de voir dans cet état de solitude sa chère épouse S’achî, les yeux écarquillés et accablée de chagrin et parla ainsi :— « Ô Bien-aimé ! Je reste seul ici, dans ce lieu désolé, inaperçu de tous les Jîvas ; Ô Celui au visage propice ! Comment as-tu appris cela ! Et comment es-tu venu ici ! » [ p. 512 ] 3-5. S’achî dit :— Ô Seigneur des Devas ! J’ai pu connaître ce lieu où tu résides par la grâce des Pieds de Bhagavatî et je te le rendrai par sa grâce. Les Devas et les Munis, unis, ont installé le roi Nahusa sur ton trône. Cet homme dit : « Ô belle ! Je suis désormais le roi Indra ; c’est pourquoi tu m’adores comme ton époux. » Et cela m’opprime toujours. Ô destructeur de la force d’autrui ! Ce méchant me parle ainsi : je suis faible ; que puis-je lui faire ?
6. Indra dit : « Ô Magnifique ! Je suis ici maintenant, attendant l’occasion propice ; Ô Bienheureux ! Toi aussi, calme-toi, reste là et attends le moment propice. »
7-12. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Après qu’Indra eut parlé ainsi, S’achî Devî devint triste, poussa un profond soupir et, tremblante, dit : — « Ô Fortunée ! Comment puis-je rester là ? Cet homme vicieux, gonflé de vanité et fier de sa position, me mettra de force sous son contrôle. Les Devas et les Munis me disent ceci, poussés par sa peur : — Ô Belle ! Le Seigneur des Devas est maintenant très affligé par les flèches de Cupidon ; va donc l’adorer. Ô Tourmenteur des ennemis ! Comment le Brâhmane Brihaspatî peut-il me protéger, étant lui-même impuissant et sous le contrôle des Devas ? Ô Seigneur ! Telle est maintenant ma grave anxiété ; je suis une femme faible, n’ayant personne pour me protéger et donc toujours sous la direction d’un homme. Le destin est maintenant contre moi ; comment puis-je rester religieuse ? Je suis une femme chaste, dévouée à mon mari ; je n’ai aucun abri là-bas ; qui me protégera quand je tomberai dans la misère !
13-21. Indra dit : « Ô Belle ! Je vais maintenant t’indiquer un moyen qui, si tu l’adoptes, préservera sans aucun doute ton caractère en temps de crise. Les femmes ne peuvent préserver leur chasteté lorsqu’elles sont protégées par mille et un moyens ; car la luxure pénètre leurs esprits agités et les entraîne vers des voies impures. C’est un caractère bon et pur qui préserve une femme de la corruption ; c’est pourquoi, ô Souriante ! Adopte cette bonne conduite et ce bon caractère et reste ferme à ta place. Si ce roi Nahusa, ce fourbe et ce méchant, manifeste sa violence envers toi, prends le temps de le tromper secrètement, ô Madâlase ! Va le trouver lorsqu’il n’y aura personne d’autre présent et dis : « Ô Seigneur du monde ! Viens à moi sur un véhicule porté par les Risis (grands ascètes), je serai alors ravi et je m’abandonnerai volontiers à toi ; tel est mon vœu. » Ô Belle ! Quand vous direz ainsi, ce Roi, aveuglé par la passion, engagera les Munis comme porteurs de son transport, les ascètes seront alors en colère et le maudiront ; les Munis le brûleront certainement du feu de leur colère ; et la Mère Divine vous aidera sans aucun doute. Qui se souvient des pieds pareils-au-lotus de l’Ambikâ Devî ne rencontre jamais de difficultés ; et si une difficulté surgit, sachez avec certitude qu’elle est pour son immense bien. Adorez donc, de tout votre cœur, la Mère de l’Univers, qui réside dans l’île aux joyaux (Mani Dvîpa), selon les paroles du Guru Brihaspatî.
22-25. Vyâsa dit : Ô Roi ! Entendant ainsi les paroles d’Indra, S’achî Devî dit : « Qu’il en soit ainsi ! » et se rendit auprès de Nahusa, pleine de confiance et d’inspiration pour poursuivre l’œuvre future. Nahusa fut très heureuse de voir S’achî Devî et lui dit : « Ô Toi à la douce parole ! Tout va bien ? Je suis maintenant tout à toi ; tu as tenu ma parole ; c’est pourquoi je dis en vérité que je suis ton serviteur. Ô Toi à la douce parole ! Quand tu seras venu à moi, sache que je suis très heureux. Ô Toi au sourire ! N’aie aucune honte devant moi. Je suis désormais ton dévot ; adore-moi. Ô Toi aux grands yeux ! Dis-moi ce que je peux faire de précieux pour toi ? Je l’accomplirai immédiatement. »
26-27. S’achî dit : « Ô Seigneur Vâsava ! Tu as accompli toutes les œuvres ; maintenant, j’ai un désir à te demander : exauce-le, et alors je serai à toi. Ô Toi qui es plein de bon augure ! Exauce maintenant mon désir ; je te le dis. »
28. Nahusa dit : « Ô Toi, au visage doux comme la Lune ! Exprime ton désir ; je le réaliserai. Ô Belle aux beaux sourcils ! Même si cela est inaccessible, je te l’accorderai. »
29-31. S’achî dit : « Ô Roi des Rois ! Je ne peux te faire confiance ; jure sur l’honneur que tu exauceras mon désir. Ô Roi ! Un Roi véridique, très rare sur cette terre ; j’exprimerai mon désir lorsque je serai convaincu que tu es lié par la vérité. Ô Roi ! Lorsque tu exauceras mon désir, je resterai toujours sous ton contrôle ; ceci, je te le dis en toute vérité. »
32. Nahusa dit : « Ô Belle ! Sur tous les sacrifices et tous les dons que j’ai faits, je jure, sur tous mes mérites, que j’accomplirai certainement ta parole. »
33-37. S’achî dit : « Indra a pour véhicules le cheval Uchchais’ravâ, l’éléphant Airâvata et le char ; Vâsudeva a pour véhicule Garuda ; Yama a son buffle ; S’ankara son taureau ; Brahmâ son cygne ; Kartika a son paon et Ganes’a sa souris. Mais maintenant, ô Seigneur des Devas ! Je veux voir ton véhicule, jamais vu auparavant : je veux voir les Munis et les grands ascètes, observant leurs vœux, être ton véhicule ; ce n’est pas celui de Visnu, de Rudra, ni celui des Devas, ni celui des Râks’asas. Ô Roi ! Que les Munis portent ton transport, tel est mon désir ardent. Ô Roi de cette terre ! Je te connais comme le plus élevé de tous les Devas ; que ta gloire et ta splendeur augmentent sans cesse ; tel est le désir intense qui règne dans mon cœur. » [ p. 514 ] 38-56. Vyasa dit : — Ô Roi ! En entendant les paroles de S’achî, Nahusa, faible d’intellect, rit et, séduit par la Mâyâ de Bhagavatî, se mit à la louer et dit aussitôt : — « Ô Belle ! Vraiment, tu as fait une belle suggestion de mon véhicule. Ô Celle à la chevelure luxuriante ! Je mettrai bientôt tes paroles en pratique. Ô Celle au doux sourire ! Quiconque est efféminé et de faible virilité n’est jamais capable d’engager les Munis comme ses porteurs ; nul doute que ma force illimitée se manifestera lorsque je viendrai à toi sur un véhicule porté par les Munis. Quoi d’étonnant que les sept Risis (les sept étoiles de la constellation de la Grande Ourse) et tous les Devarsis me portent, me sachant le plus capable et le plus supérieur des trois mondes en vertu de ma pure ascèse ? » Vyâsa dit : Ô Roi ! Le roi Nahusa fut très satisfait et congédia S’achî Devî. Alors, le cœur brûlant de passion, il appela les Munis et dit : « Ô Munis ! Je suis maintenant devenu Indra et doté de tous les pouvoirs qui en découlent ; c’est pourquoi vous accomplissez tous mon œuvre sans la moindre surprise. J’ai obtenu le trône d’Indra, mais Indrânî ne vient pas à moi. Je l’appelai et, lorsque je l’informai de mon désir, elle me dit avec affection les mots suivants : Ô Indra des Devas ! Ô Donateur d’honneur ! Viens plutôt à moi sur un véhicule porté par les Munis et accomplis ainsi la seule chose que j’aime pour moi. Ô Maharsis ! Accomplir cette tâche m’est, en vérité, difficile ; c’est pourquoi unissez-vous tous et, par miséricorde, accomplissez-la pour moi dans toute son intégralité. Mon cœur est toujours brûlant, car je suis très attaché à l’épouse d’Indra ; c’est pourquoi je me réfugie auprès de vous pour accomplir cette œuvre merveilleuse pour moi. » Bien que cette requête fût très indécente et profondément humiliante, les Munis y consentirent, par pitié et, pour ainsi dire, poussés par le grand Destin. Lorsque les Grands Voyants, les Munis, acceptèrent cette proposition, le roi, dont le cœur était profondément attaché à la fille de Pulomâ, fut très heureux et, montant dans le magnifique véhicule porté par les Munis, leur dit : « Vite, avancez » (Sarpa, Sarpa). Alors le roi Nahusa,Très passionné, il toucha du pied la tête des Munis et, comme frappé par les flèches de Cupidon, se mit à fouetter fréquemment le Risi Agastya, le meilleur des ascètes, qui dévorait le Râksasa Vâtâpi, époux de Lopâmudrâ, et qui buvait l’océan en disant : « Avance, avance » (Sarpa, Sarpa, dont le sens est également « Serpent »). Le Muni, alors, se mit en colère, sous le coup du fouet, et le maudit en disant : « Ô Méchant ! Comme tu me fouettes en disant Sarpa, Sarpa, va donc demeurer dans la forêt dense tel un énorme serpent. Lorsque de nombreuses années se seront écoulées, lorsque tu ramperas sur tes propres membres et souffriras d’intenses souffrances, tu reviendras au ciel. Tu seras libéré de la malédiction lorsque tu verras le roi Yudhisthira et que tu entendras de lui les réponses à plusieurs questions. » [ p. 515 ] 57-67. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Ainsi maudit, le roi Nahusa se mit à chanter des hymnes à ce meilleur des Munis, et, tout en le louant, tomba du Ciel et se transforma instantanément en serpent. Brihaspatî, alors, se rendit rapidement au lac Mânasarovara et informa Indra de tout en détail. Indra fut très heureux d’entendre en détail la chute du roi Nahusa du Ciel et y resta joyeusement. Lorsque les Devas et les Munis virent cette chute sur la terre de Nahusa, ils se rendirent tous au lac Mânasarovara où séjournait Indra. Ils encouragèrent alors tous Indra et l’honorèrent en le ramenant au Ciel. Tous les Devas et Risis installèrent Indra sur le trône puis procédèrent à la cérémonie d’investiture du très propice Devî. Il récupéra son propre trône. Indra, lui aussi, commença à s’ébattre dans le magnifique jardin de Nandana avec sa chère épouse S’achî, dans la demeure des Devas. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Indra dut endurer de si lourdes épreuves pour avoir tué le Maharsi Vis’varûpa, le Seigneur des Asuras. Par la suite, par la grâce de Devî, il retrouva son siège. Ô Roi ! Ainsi, je t’ai raconté, du mieux que je pouvais, cette excellente histoire du meurtre de Vritrâsura et j’ai ainsi répondu à ta question. Ô Ornement de la famille Kuru ! Les fruits seront exactement proportionnels au Karma accompli. Les effets du Karma accompli doivent être supportés, qu’ils soient de bon ou de mauvais augure. (Ainsi, Indra dut souffrir pour son Karma, le meurtre d’un Brâhmane.)Français Quand de nombreuses années s’écouleront et que tu ramperas sur tes propres membres et souffriras d’intenses difficultés, après cela tu reviendras au ciel. Tu seras libéré de la malédiction lorsque tu verras le roi Yudhisthira et entendras de lui les réponses à plusieurs questions. [ p. 515 ] 57-67. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Ainsi maudit, le roi Nahusa se mit à chanter des hymnes à ce meilleur des Munis, et, tout en le louant, tomba du Ciel et se transforma instantanément en serpent. Brihaspatî, alors, se rendit rapidement au lac Mânasarovara et informa Indra de tout en détail. Indra fut très heureux d’apprendre en détail la chute du roi Nahusa du Ciel et y resta heureux. Voyant cette chute sur la terre de Nahusa, les Devas et les Munis se rendirent tous au lac Mânasarovara où séjournait Indra. Ils l’encouragèrent alors et l’honorèrent en le ramenant aux Cieux. Tous les Devas et Risis installèrent Indra sur le trône, puis procédèrent à la cérémonie d’investiture du très prometteur Devî. Après avoir retrouvé son trône, Indra commença à s’amuser dans le magnifique jardin de Nandana avec sa chère épouse S’achî, dans la demeure des Devas. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Indra dut endurer de si terribles épreuves pour avoir tué le Maharsi Vis’varûpa, le Seigneur des Asuras. Par la suite, par la grâce de Devî, il retrouva son siège. Ô Roi ! Ainsi, je t’ai raconté de mon mieux cette excellente histoire du meurtre de Vritrâsura et j’ai ainsi répondu à ta question. Ô Ornement de la famille Kuru ! Les fruits seront exactement proportionnels au karma accompli. Les effets du karma accompli doivent être supportés, qu’ils soient favorables ou défavorables. (Ainsi, Indra a dû subir le sacrifice d’un Brâhmane pour son karma.)Français Quand de nombreuses années s’écouleront et que tu ramperas sur tes propres membres et souffriras d’intenses difficultés, après cela tu reviendras au ciel. Tu seras libéré de la malédiction lorsque tu verras le roi Yudhisthira et entendras de lui les réponses à plusieurs questions. [ p. 515 ] 57-67. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Ainsi maudit, le roi Nahusa se mit à chanter des hymnes à ce meilleur des Munis, et, tout en le louant, tomba du Ciel et se transforma instantanément en serpent. Brihaspatî, alors, se rendit rapidement au lac Mânasarovara et informa Indra de tout en détail. Indra fut très heureux d’apprendre en détail la chute du roi Nahusa du Ciel et y resta heureux. Voyant cette chute sur la terre de Nahusa, les Devas et les Munis se rendirent tous au lac Mânasarovara où séjournait Indra. Ils l’encouragèrent alors et l’honorèrent en le ramenant aux Cieux. Tous les Devas et Risis installèrent Indra sur le trône, puis procédèrent à la cérémonie d’investiture du très prometteur Devî. Après avoir retrouvé son trône, Indra commença à s’amuser dans le magnifique jardin de Nandana avec sa chère épouse S’achî, dans la demeure des Devas. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Indra dut endurer de si terribles épreuves pour avoir tué le Maharsi Vis’varûpa, le Seigneur des Asuras. Par la suite, par la grâce de Devî, il retrouva son siège. Ô Roi ! Ainsi, je t’ai raconté de mon mieux cette excellente histoire du meurtre de Vritrâsura et j’ai ainsi répondu à ta question. Ô Ornement de la famille Kuru ! Les fruits seront exactement proportionnels au karma accompli. Les effets du karma accompli doivent être supportés, qu’ils soient favorables ou défavorables. (Ainsi, Indra a dû subir le sacrifice d’un Brâhmane pour son karma.)Il commença lui aussi à s’amuser dans le magnifique jardin de Nandana avec sa chère épouse S’achî, dans la demeure des Devas. Vyâsa dit : Ô Roi ! Indra dut endurer de si lourdes épreuves pour avoir tué le Maharsi Vis’varûpa, le Seigneur des Asuras. Par la suite, par la grâce de Devî, il retrouva son siège. Ô Roi ! Ainsi, je t’ai raconté, du mieux que je pouvais, cette excellente histoire du meurtre de Vritrâsura et j’ai ainsi répondu à ta question. Ô Ornement de la famille Kuru ! Les fruits seront exactement proportionnels au Karma accompli. Les effets du Karma accompli doivent être supportés, qu’ils soient de bon ou de mauvais augure. (Ainsi, Indra dut souffrir pour son Karma, le meurtre d’un Brâhmane.)Il commença lui aussi à s’amuser dans le magnifique jardin de Nandana avec sa chère épouse S’achî, dans la demeure des Devas. Vyâsa dit : Ô Roi ! Indra dut endurer de si lourdes épreuves pour avoir tué le Maharsi Vis’varûpa, le Seigneur des Asuras. Par la suite, par la grâce de Devî, il retrouva son siège. Ô Roi ! Ainsi, je t’ai raconté, du mieux que je pouvais, cette excellente histoire du meurtre de Vritrâsura et j’ai ainsi répondu à ta question. Ô Ornement de la famille Kuru ! Les fruits seront exactement proportionnels au Karma accompli. Les effets du Karma accompli doivent être supportés, qu’ils soient de bon ou de mauvais augure. (Ainsi, Indra dut souffrir pour son Karma, le meurtre d’un Brâhmane.)
Ici se termine le neuvième chapitre du sixième livre sur les fruits obtenus par Indra pour avoir tué un Brâhmana et sur la chute du roi Nahusa des cieux dans le Mahâpurânam S’rî Mad Devî Bhâgavatam de 18 000 versets du Maharsi Veda Vyâsa.
Sur la phase du Karma [ p. 515 ] 1-5. Janamejaya dit :— « Ô Brâhmana ! Tu as décrit en détail le caractère merveilleux d’Indra, son déplacement de ses Cieux et ses nombreuses épreuves, et en même temps, tu as décrit très largement la grandeur de la plus haute Déesse du monde. Mais un doute a surgi dans mon esprit : Indra était très puissant et lorsqu’il a obtenu la seigneurie des Devas, ce qui signifie en d’autres termes qu’aucun problème ne pouvait le faire souffrir, comment a-t-il dû ressentir la douleur et l’agonie ? Il a obtenu la seigneurie des Devas et sa plus haute position en accomplissant cent sacrifices de chevaux ; comment a-t-il alors été à nouveau déplacé de cette position ? Ô Océan de miséricorde ! Explique-moi s’il te plaît les causes de tout cela. Tu sais tout ; tu es le meilleur des Munis et le créateur des Purânas ; Je suis votre disciple dévoué ; il ne peut donc rien y avoir qui ne puisse m’être mentionné. Ainsi, ô Très Fortuné ! Veuillez dissiper mes doutes. » Sûta dit : — Ainsi interrogé par Janamejaya, Vyâsa, fils de Satyavatî, prononça joyeusement, dans l’ordre approprié, les paroles suivantes : 6-29. Vyâsa dit : — Ô Roi ! Écoutez donc les causes qui sont certainement très merveilleuses. Les voyants disent que le Karma est de trois sortes : Sañchita (accumulé), Vartamâna (présent) et Prârabdha (commencé). Chacun d’eux est à son tour subdivisé en trois, Sâttvik, Râjasik et Tâmasik. Les effets accumulés des Karmas accomplis dans de nombreuses vies passées sont appelés Sañchita, ô Roi ! Les effets de ce Sânchita Karma, qu’ils soient favorables ou défavorables, de courte ou de longue durée, doivent être appréciés par les êtres, bons ou mauvais. Ce Sañchita Karma, accompli par les êtres incarnés lors de plusieurs vies antérieures, ne peut jamais être totalement épuisé, même en des centaines de Koti Kalpas sans qu’ils en profitent. Le Karma accompli par un Jîva et qui n’est pas encore achevé est appelé Vartamâna Karma. Les Jîvas accomplissent ce Vartamâna Karma, favorable ou défavorable, dans leurs incarnations présentes. À la naissance, l’âme absorbe une partie du Sañchita Karma pour le faire fructifier. Cette partie du Sañchita Karma est appelée Prârabdha Karma. Il ne s’épuise que lorsque ses effets ont été pleinement réalisés par l’âme incarnée. Les êtres ne peuvent que subir les effets de ce Prârabdha Karma. Ô Roi ! Sache avec certitude que les effets des mérites ou des démérites accomplis antérieurement doivent être supportés par chacun, qu’il soit un Deva, un homme, un Asura, un Yaksa ou un Gandharba. Les actes accomplis antérieurement contribuent à la renaissance de tous les êtres. Lorsque le Karma s’épuise, aucune autre renaissance n’a lieu. Cela ne fait aucun doute. Brahmâ, Visnu, Rudra, Indra et les autres Devas, les Dânavas, les Yaksas, les Gandharbas, tous sont sous l’emprise de ce Karma. Ô Roi ! S’il n’en était pas ainsi,Comment pourraient-ils obtenir des corps qui sont les causes des jouissances, des souffrances et des plaisirs de tous les êtres ? Par conséquent, Ô Roi ! Parmi les Karmas Sañchita accomplis dans de nombreuses vies antérieures, certains Karmas mûrissent en temps voulu et se manifestent ; ces Karmas Sañchita manifestés sont appelés Karmas Prârabdha (ceux dont un individu jouit dans la vie présente). Poussés par ce Karma Prârabdha, les Devas et les êtres humains accomplissent tous des actes méritoires ainsi que des actes pécheurs. Ainsi, Indra, grâce à ses actes méritoires passés, a atteint l’état d’Indra, et, grâce à ses actes pécheurs passés, a commis le péché Brahmahattyâ et a ainsi été délogé de son état d’Indra. Quel doute peut-il y avoir ici ? Ô Roi ! Ainsi Nara et Nârâyana, les fils du Dharma, ont dû prendre naissance à partir de leurs Karmas précédents ; Arjuna et Krishna sont nés de leurs effets karmiques, incarnations partielles de ce Nara et de ce Nârâyana. Les Munis décrivent ce Karma comme la base des Purânas. Sache qu’il est né d’un Deva très riche et prospère ; celui qui n’est pas né d’une partie d’un Muni n’écrit jamais de traité spirituel sur Jñana ou la Connaissance ; celui qui n’est pas né de Rudra ne vénère jamais Rudra ; celui qui n’est pas né d’un Deva ne distribue jamais de riz en charité ; celui qui n’est pas né [ p. 517 ] de S’rî Visnu ne devient jamais le roi et le seigneur de la terre. Ô Roi ! Les âmes incarnées tirent certainement leur corps d’Indra, d’Agni, de Yama, de Visnu et de Kuvera. Indra préside à la seigneurie, Agni à l’énergie, Yama à la colère et Visnu à la force. Celui qui est puissant, fortuné, jouissant de nombreux plaisirs, érudit et charitable, est dit né d’un Devâms’a. Ô Seigneur de la terre ! De même, les Pândavas et Vâsudeva, aussi glorieux que Nârâyana, sont nés de Devâms’as. Ô Roi ! Sache avec certitude que les corps des Jîvas sont les réceptacles des souffrances et des plaisirs ; et que les âmes incarnées (Jîvas) éprouvent alternativement plaisir et douleur. Aucun Jîva n’est indépendant ; il est toujours soumis au Grand Destin. Il connaît la naissance, la mort, le plaisir et la douleur, non pas de son plein gré, mais contraint et guidé, pour ainsi dire, par le Destin invisible.ont dû naître de leurs karmas précédents ; Arjuna et Krishna sont nés de leurs effets karmiques, incarnations partielles de ce Nara et de ce Nârâyana. Les Munis décrivent ce Karma comme la base des Purânas. Sache qu’il est né d’un Deva très riche et prospère ; celui qui n’est pas né d’une partie d’un Muni n’écrit jamais de traité spirituel sur Jñana ou la Connaissance ; celui qui n’est pas né de Rudra ne vénère jamais Rudra ; celui qui n’est pas né d’un Deva ne distribue jamais de riz en charité ; celui qui n’est pas né [ p. 517 ] de S’rî Visnu ne devient jamais le roi et le seigneur de la terre. Ô Roi ! Les âmes incarnées tirent certainement leur corps d’Indra, d’Agni, de Yama, de Visnu et de Kuvera. Indra préside à la seigneurie, Agni à l’énergie, Yama à la colère et Visnu à la force. Celui qui est puissant, fortuné, jouissant de nombreux plaisirs, érudit et charitable, est dit né d’un Devâms’a. Ô Seigneur de la terre ! De même, les Pândavas et Vâsudeva, aussi glorieux que Nârâyana, sont nés de Devâms’as. Ô Roi ! Sache avec certitude que les corps des Jîvas sont les réceptacles des souffrances et des plaisirs ; et que les âmes incarnées (Jîvas) éprouvent alternativement plaisir et douleur. Aucun Jîva n’est indépendant ; il est toujours soumis au Grand Destin. Il connaît la naissance, la mort, le plaisir et la douleur, non pas de son plein gré, mais contraint et guidé, pour ainsi dire, par le Destin invisible.ont dû naître de leurs karmas précédents ; Arjuna et Krishna sont nés de leurs effets karmiques, incarnations partielles de ce Nara et de ce Nârâyana. Les Munis décrivent ce Karma comme la base des Purânas. Sache qu’il est né d’un Deva très riche et prospère ; celui qui n’est pas né d’une partie d’un Muni n’écrit jamais de traité spirituel sur Jñana ou la Connaissance ; celui qui n’est pas né de Rudra ne vénère jamais Rudra ; celui qui n’est pas né d’un Deva ne distribue jamais de riz en charité ; celui qui n’est pas né [ p. 517 ] de S’rî Visnu ne devient jamais le roi et le seigneur de la terre. Ô Roi ! Les âmes incarnées tirent certainement leur corps d’Indra, d’Agni, de Yama, de Visnu et de Kuvera. Indra préside à la seigneurie, Agni à l’énergie, Yama à la colère et Visnu à la force. Celui qui est puissant, fortuné, jouissant de nombreux plaisirs, érudit et charitable, est dit né d’un Devâms’a. Ô Seigneur de la terre ! De même, les Pândavas et Vâsudeva, aussi glorieux que Nârâyana, sont nés de Devâms’as. Ô Roi ! Sache avec certitude que les corps des Jîvas sont les réceptacles des souffrances et des plaisirs ; et que les âmes incarnées (Jîvas) éprouvent alternativement plaisir et douleur. Aucun Jîva n’est indépendant ; il est toujours soumis au Grand Destin. Il connaît la naissance, la mort, le plaisir et la douleur, non pas de son plein gré, mais contraint et guidé, pour ainsi dire, par le Destin invisible.
30-41. Ô Roi ! Combien le Destin est puissant, on peut facilement en juger par ce qui suit. Les Pândavas naquirent dans la forêt ; puis ils retournèrent chez eux. Ils accomplirent le Grand Sacrifice Râjasûya par leurs propres forces. Après cela, leur exil dans la forêt dut subir une épreuve bien plus grande et bien plus terrible ! Arjuna accomplit ensuite une ascèse très pénible lorsque les Devas, indisciplinés, furent satisfaits et lui accordèrent un bienfait de bon augure. Pourtant, il ne put se soustraire à cette terrible épreuve ; nulle part ne se retrouva le fruit des mérites acquis par le passé, alors qu’il demeurait ensuite en exil dans son corps humain, dans la forêt ! La sévère tapasyâ qu’il accomplit lors du Vadarikâsrama, lors de son incarnation passée en tant que Nara, le fils du Dharma, ne porta aucun fruit lors de sa naissance en Arjuna. Mystérieux et inexplicables sont les voies et les mécanismes du Karma qui affectent les corps de ces différents êtres. Comment les hommes pourraient-ils en avoir une idée alors que les Devas eux-mêmes sont incapables de la résoudre ? Bhagavân Vâsudeva dut naître en prison, un lieu très critique et dangereux ; il fut ensuite transporté par Vasudeva jusqu’à la demeure du laitier Nanda à Gokula ; il y resta onze ans, puis revint à Mathurâ où il tua de force Kamsa, le fils d’Ûgrasena. Puis il libéra son père et sa mère, affligés, des liens de la prison et fit d’Ûgrasena le roi de Mathurâ. Ensuite, il se rendit à Dvârkâ, par crainte de Kâla Yavana, le roi des Mlechchas ; ainsi, Janârdana Krishna accomplit de nombreux actes héroïques et grandioses, poussé par le Destin. Puis, il quitta son enveloppe charnelle à Prabhâsa, lieu de pèlerinage, avec sa famille et ses connaissances, et monta à sa demeure de Vaikuntha. Tous les Yâdavas, fils, petits-fils, amis, frères, sœurs et dames des maisons moururent tous sous la malédiction d’un brahmane. Ô Roi ! Je t’ai ainsi décrit les voies inexplicables du Karma.
[ p. 518 ]
Que dire de plus que Vâsudeva a été tué par les flèches d’un chasseur !
Ici se termine le dixième chapitre du sixième livre sur la phase du Karma dans le Mahapurânam S’rî Mad Devî Bhâgavatam de 18 000 vers du Maharsi Veda Vyâsa.