QUATRIÈME ADHYÂYA [^753]
1. Il y avait autrefois Gârgya Bâlâki [^754], célèbre pour ses lectures approfondies ; on disait en effet de lui qu’il vivait parmi les Usînaras, parmi les Satvat-Matsyas, les Kuru-Pañkâlas, les Kâsî-Videhas [1]. S’étant rendu auprès d’Agâtasatru, le roi de Kâsî, il lui dit : « Veux-tu que je te dise Brahman ? » Agâtasatru lui dit : « Nous donnons mille (vaches) pour ce discours, car en vérité, tous les gens s’enfuient en disant : « Ganaka (le roi de Mithilâ) est notre père (patron). »
KAUSHÎTAKI-BRÂHMANA-UPANISHAD.
i. Âditye purushah.
atishthâh sarveshâm bhûtânâm mûrdhâ râgâ.
i. Id.
brihat pândaravâsâ p. 301(<pânduravâsâ>) atishthâh sarveshâm bhûtânâm mûrdhâ.
ii. Kandre purushah.
brihat pândaravâsâh somo râgâ. (Nâsyânnam kshîyate, est la récompense.)
ii. Kandramasi.
somo râgâ, annasyâtmâ. Seulement annasyâtmâ.
iii. Vidyuti purushah tegasvî.
iii. Id.
tegasy âtmâ. satyasyâtmâ.
iiib. stanayitnau purushah.
sabdasyâtmâ.
iv. Âkâse purushah.
pûrnam apravarti.
iv. Id. (5)
pûrnam apravarti brahma. apravritti.
v. Vâyau, purushah.
indro vaikuntho 'parâgitâ senâ.
v. Id. (4)
Identifiant.
vi. Agnau purushah.
vishâsahih.
vi. Id.
Identifiant.
vii. Apsu purushah.
pratirûpah.
vii. Id.
nâmnasyâtmâ. tegusa âtmâ.
viii. Âdarse purushah.
rokishnuh.
viii. Idem.
pratirûpah.
viiib. pratisrutkâyâm purushah. (9)
dvitîyo 'napagah. _asu_h.
ix. Yantam paskâk khabdah.
asuh.
ix. Yah sabdah purusham anveti. (10) sabde.
Id. _mrityu_h. p. 302
x. Dikshu purushah.
dvitîyo 'napagah.
x. Déest.
XI. Khâyâmayah purushah.
mrityuh.
x. Khâyâpurushah. (8b) kh_âyâyâm_.
Id. _dvitîyo 'napaga_h.
xii. Âtmani purushah.
âtmanvî.
xi. Sârîrah purushah.
(12) _sarîre purusha_h.
pragâpatih.
XII. Yah prâgña âtmâ, yenaitat suptah svapnayâ karati.
Yamo râgâ. (11) purusha_h svapnayâ k_arati yamo râgâ.
XIII. Dakshine 'kshan purushah.
nâmna (vâka) âtmâ, agner âtmâ, gyotisha âtmâ.
XIV. Savye 'kshan purushah.
satyasyâtmâ, vidyuta âtmâ, tegasa âtmâ.
3. Bâlâki a dit : « La personne qui est dans le soleil, sur elle je médite (en tant que Brahman). »
Agâtasatru lui dit : « Non, non ! Ne me défie pas là-dessus [3]. Je médite sur celui qu’on appelle grand, vêtu de blanc [4], le suprême, le chef de tous les êtres. Quiconque médite ainsi sur lui devient suprême et le chef de tous les êtres. »
4. Bâlâki a dit : « L’homme qui est dans la lune, sur lui je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me défie pas là-dessus. Je médite sur lui comme Soma, le roi, le soi, (source) de toute nourriture. Quiconque médite sur lui ainsi, devient le soi, (source) de toute nourriture. »
5. Bâlâki a dit : « Celui qui est dans l’éclair, sur lui je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me défie pas là-dessus. Je médite sur lui comme le soi dans la lumière. Quiconque médite sur lui ainsi devient le soi dans la lumière. »
6. Bâlâki a dit : « Celui qui est dans le tonnerre, sur lui je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me défie pas là-dessus. Je médite sur lui comme sur le soi du son [5]. Quiconque médite sur lui ainsi devient le soi du son. »
7. Bâlâki a dit : « La personne qui est dans l’éther, sur elle je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me mets pas en doute là-dessus. Je médite sur lui comme sur le Brahman complet et paisible. Quiconque médite ainsi sur lui est comblé de progéniture et de bétail. Ni lui ni sa progéniture ne meurent prématurément. »
8. Bâlâki a dit : « L’homme qui est dans l’air, sur lui je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me défie pas là-dessus. Je médite sur lui comme Indra Vaikuntha, comme l’armée invincible. Quiconque médite ainsi sur lui devient victorieux, invincible, conquérant ses ennemis. » [ p. 304 ] 9. Bâlâki dit : « La personne qui est dans le feu, sur elle je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me défie pas là-dessus. Je médite sur lui comme sur sa puissance. Quiconque médite sur lui ainsi devient puissant parmi les autres [6]. »
10. Bâlâki a dit : « La personne qui est dans l’eau, sur elle je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me défie pas là-dessus. Je médite sur lui comme étant le soi du nom. Quiconque médite sur lui ainsi devient le soi du nom. » Voilà pour les divinités (mythologiques) ; maintenant pour le corps (physiologique).
11. Bâlâki a dit : « La personne qui est dans le miroir, sur elle je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me conteste pas là-dessus. Je médite sur lui comme sur sa ressemblance. Quiconque médite sur lui ainsi, lui naîtra dans sa famille un fils qui est à sa ressemblance, et non un fils qui ne l’est pas. »
12. Bâlâki a dit : « La personne qui est dans l’écho, sur elle je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me défie pas là-dessus. Je médite sur lui comme le second, qui ne s’en va jamais. Quiconque médite sur lui ainsi, il obtient un second de son second (sa femme), il devient doublé [7].
Bâlâki a dit : « Le son qui suit l’homme, c’est sur cela que je médite.
Agâtasatru lui dit : « Ne me défie pas là-dessus. Je médite sur lui comme sur la vie. Quiconque médite sur lui ainsi, ni lui-même ni sa descendance ne défailliront avant le temps. »
14. Bâlâki dit : « Celui qui est dans l’ombre, c’est sur lui que je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me défie pas là-dessus. Je médite sur lui comme sur la mort. Quiconque médite sur lui ainsi, ni lui-même ni sa descendance ne mourront avant le temps. »
15. Bâlâki a dit : « L’homme incarné, sur lui je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me défie pas là-dessus. Je médite sur lui comme Seigneur des créatures. Celui qui médite sur lui ainsi se multiplie en progéniture et en bétail. »
16. Bâlâki dit : « Le Soi qui est conscient (prâgña), et par lequel celui qui dort ici, marche dans le sommeil, sur lui je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me défie pas là-dessus. Je médite sur lui en tant que Yama le roi. Quiconque médite sur lui ainsi, tout est soumis à ses excellences. »
17. Bâlâki a dit : « La personne qui est dans l’œil droit, sur elle je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me défie pas là-dessus. Je médite sur lui comme le soi du nom, comme le soi du feu, comme le soi de la splendeur. Quiconque médite sur lui ainsi devient le soi de ces deux êtres. »
18. Bâlâki dit : « La personne qui est dans l’œil gauche, sur elle je médite. »
Agâtasatru lui dit : « Ne me défie pas là-dessus. Je médite sur lui comme le soi du vrai, comme le soi de l’éclair, comme le soi de la lumière. Quiconque médite sur lui ainsi, devient le soi de ceux-ci. »
19. Après cela, Bâlâki se tut. Agâtasatru lui dit : « Jusqu’ici seulement (le sais-tu), ô Bâlâki ? » « Jusqu’ici seulement », répondit Bâlâki.
Alors Agâtasatru lui dit : « C’est en vain que tu m’as défié en disant : « Dois-je te dire Brahman ? Ô Bâlâki, celui qui est le créateur de ces personnes (que tu as mentionnées), celui dont tout ceci est l’œuvre, lui seul doit être connu. »
Alors Bâlâki arriva, portant du combustible à la main, et dit : « Puis-je venir à vous en tant qu’élève ? » Agâtasatru lui dit : « Je trouve inconvenant qu’un Kshatriya initie un Brâhmasa. Viens, je te le ferai savoir clairement. » Puis, le prenant par la main, il s’avança. Et tous deux arrivèrent ensemble auprès d’une personne endormie. Agâtasatru l’appela en disant : « Toi, grand, vêtu de blanc, Soma, Roi [8]. » Mais il resta étendu. Alors il le poussa avec un bâton, et il se releva aussitôt. Alors Agâtasatru lui dit : « Bâlâki, où a dormi cette personne ici ? Où était-elle ? D’où est-elle revenue ainsi ? » Bâlâki ne le savait pas.
20. Et Agâtasatru lui dit : « Là où cet homme dormait, là où il était, là d’où il est revenu, voici : les artères du cœur, appelées Hita, s’étendent du cœur de l’homme vers le corps qui l’entoure. Petites comme un cheveu, mille fois divisé, elles sont remplies d’un fluide fluide de diverses couleurs, blanc, noir, jaune, rouge. Dans ces artères, l’homme dort, il ne voit aucun rêve. »
[ p. 307 ]
Alors il ne fait plus qu’un avec ce prânâ. Alors la parole lui parvient avec tous les noms, l’œil avec toutes les formes, la voiture avec tous les sons, l’esprit avec toutes les pensées. Et lorsqu’il s’éveille, alors, comme d’un feu brûlant, des étincelles jaillissent dans toutes les directions ; ainsi, de ce soi, les prânâs (parole, etc.) partent, chacun vers sa place, des prânâs les dieux, des dieux les mondes. Et comme un rasoir pourrait être rangé dans un étui à rasoir, ou comme le feu dans la cheminée (l’aranâi sur l’autel), de même ce soi conscient pénètre le soi du corps (considère le corps comme lui-même) jusqu’aux cheveux et aux ongles. Et les autres soi (tels que la parole, etc.) suivent ce soi, comme son peuple suit le maître de maison. Et comme le maître se nourrit avec son peuple, ou plutôt, comme son peuple se nourrit du maître, ainsi ce soi conscient se nourrit avec les autres sois, comme un maître avec son peuple, et les autres sois le suivent, comme son peuple suit le maître. Tant qu’Indra ne comprenait pas ce soi, les Asuras le conquirent. Lorsqu’il le comprit, il conquit les Asuras et obtint la prééminence parmi tous les dieux, la souveraineté, la suprématie. Et ainsi, celui qui sait cela obtient la prééminence parmi tous les êtres, la souveraineté, la suprématie – oui, celui qui sait cela.
300:1 Prânâ, le souffle ou la vie, a été expliqué dans le chapitre précédent. Mais ce prânâ n’est pas encore le point le plus élevé à atteindre. Prânâ, la vie, même unie à pragñâ, la conscience, n’est qu’une enveloppe de quelque chose d’autre, à savoir le Soi, et ce Soi Suprême doit maintenant être expliqué. ↩︎
300:2 La même histoire est racontée dans le Brihad-âranyaka II, 1 seq., mais avec des variations importantes. ↩︎
300:3 Je suppose qu’il dépend de samspashta, et je lis satvanmatsyeshu, bien que le commentaire semble avoir lu so 'vasan, ou sa vasan, pour savasan. Voir Introduction, p. lxxvii. ↩︎
300:4 Le deuxième paragraphe constitue une sorte de table des matières pour la discussion qui va suivre. J’ai donné à la place une table des matières plus complète, tirée du Brihad-âranyaka II, comparée à la Kaushîtaki-upanishad dans ses deux textes. Les variantes du texte A sont indiquées en minuscules. Dans le texte B, la table des matières est donnée à la fin de la discussion, au § 18. ↩︎
302:1 Le roi veut dire qu’il sait déjà cela, et qu’il peut mentionner non seulement les prédicats de la personne dans le soleil ainsi méditée comme Brahman, mais aussi les récompenses d’une telle méditation. ↩︎
302:2 Il s’agit proprement d’un prédicat de la lune, et utilisé comme tel dans le Brihad-âranyaka-upanishad, dans le deuxième paragraphe du dialogue. ↩︎
303:1 Ceci n’est pas mentionné dans le Brihad-âranyaka. ↩︎
304:1 Au lieu de anyeshu, le deuxième texte, tel qu’imprimé par le professeur Cowell, contient anv esha. ↩︎