Aussitôt après avoir reçu le message audacieux de Monzar, le roi de Perse envoya son satrape Khosrewan (la cause originelle de tous les troubles) avec une grande armée pour châtier son vassal arabe. A l’approche des Perses, Monzar rassembla tous les clans de la tribu de Shiban et toutes les hordes arabes, livra bataille à Khosrewan et fut battu de façon éclatante. Dans son extrémité, il pensa à son prisonnier, le tueur de lions. Antar fut libéré de ses chaînes et amené devant Monzar.
« Je suis maintenant en votre pouvoir, dit le héros, et je vous demande la dot de mariage d’Abla, la fille de mon oncle : rendez-moi mon épée, ma cuirasse, mes armes et mon cheval, et donnez-moi mille hommes pour défendre mes arrières ; et vous verrez ce que mon courage et ma force feront contre vos ennemis. »
Monzar jura, par la Kaaba sacrée, que si Antar réussissait à détruire l’armée perse, tous ses chameaux seraient à sa disposition, et ordonna que le cheval et les armes du héros lui soient restitués.
De bon matin les Arabes marchèrent contre les Perses, et à leur tête était Antar, qui, s’écriant, « Par tes yeux, ô Abla ! » reçut l’attaque de l’ennemi « comme la terre desséchée la première pluie. » Les Perses furent [220] fauchés par l’irrésistible Dhami : la terreur saisit leurs cœurs au son de sa voix, « comme le coup de tonnerre » ; et ses coups d’épée étaient plus rapides que les éclairs : l’armée de Monzar fut victorieuse.