Antar au pays de Zébeed | Page de titre | Les plans matrimoniaux du père d'Abla échouent encore une fois |
Peu après son retour du pays de Zébeed, Antar assista à un festin donné par la tribu de Fazarah aux Absiens, dans une vaste prairie abondante en sources et fontaines, arbres et fleurs. Les coupes de vin tournaient gaiement et de belles jeunes filles chantaient les mélodies les plus enchanteresses. Mais Antar ne pensait qu’à sa chérie perdue ; et sortant de la tente, il entendit la voix mélancolique de la tourterelle, et il exprima ainsi ses sentiments :
Ô oiseau du tamaris, tu as rendu mes douleurs plus poignantes, tu as redoublé mes chagrins.
Ô oiseau du tamaris, si tu invoques un ami absent dont tu pleures le souvenir, alors, ô oiseau, ton affliction est-elle semblable à la détresse que je ressens aussi ?
Augmente mes douleurs et mes lamentations ; aide-moi à pleurer jusqu’à ce que tu voies des merveilles provenant de l’écoulement de mes paupières !
Pleure aussi des excès que j’endure ; n’aie pas peur, protège seulement les arbres du souffle de mes soupirs brûlants.
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Ne me quitte pas jusqu’à ce que je meure d’amour, victime de la passion, de l’absence et de la séparation !
Fuis ! — peut-être verras-tu dans le Hedjaz quelqu’un chevauchant d’Aalij à Nomani, errant avec une demoiselle, elle traversant des contrées sauvages, et noyée dans les larmes, anxieuse pour sa terre natale.
Que Dieu t’inspire, ô Colombe, quand tu verras vraiment ses chameaux chargés.
Annonce ma mort : dis que tu l’as laissé étendu sur la terre, et que ses larmes sont épuisées, mais qu’il pleure dans le sang.
Si la brise te demande d’où tu es, dis : Il est privé de son cœur et stupéfait, il est dans un pays étranger, pleurant notre départ, car le Dieu du ciel l’a frappé d’affliction à cause de son bien-aimé.
Il est couché comme un oiseau tendre que les vautours et les aigles ont privé de ses petits, qui se lamente en plaintes incessantes, tandis que sa progéniture est dispersée dans la plaine et le désert.
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