Antar apprend alors que son père Shedad et ses oncles sont partis à la poursuite d’un chevalier, appelé Kais, qui avait pris du bétail à leur tribu, et monte immédiatement son cheval Abjer et part à leur secours. Il trouve son père et ses oncles attachés ignominieusement sur leurs chevaux, prisonniers de Kais, ce à quoi il rugit : « Vous, lâches ! Sortez ! » et Kais n’entendit pas plus tôt le défi qu’il piqua son cheval jusqu’à ce qu’il arrive à Antar, et lui adressa ces paroles :
Je suis renommé dans toutes les nations pour le coup de lance et le coup d’épée.
Je suis le destructeur des cavaliers avec la lance, quand les lances sont entrelacées sous la poussière.
Combien de luttes ai-je livrées au jour de la bataille, dont les terreurs feraient grisonner les têtes des enfants !
Il y a longtemps que j’ai bu le sang des cavaliers, dont ils m’ont nourri avant que je sois sevré.Ce jour-là, je prouverai mes paroles lorsque le sang coulera de mon épée.
Je tuerai ce misérable avec le tranchant de mon épée, qui fend la chair avant les os.
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Ses demeures seront cette nuit trouvées désertes et désolées, et je ne m’écarterai pas de ma parole : son corps reposera dans les déserts, abattu, et tu pourras voir son visage rampant dans la poussière.
À ces vers insolents, Antar répondit en disant : « Silence ! Que ta mère te pleure » :
En vérité, ton esprit t’a poussé à m’insulter, et tu as prononcé les paroles d’un vil lâche :
Tu ignores mes exploits dans chaque bataille, depuis la terre d’Irak jusqu’au sanctuaire sacré :
Tu n’auras pas le temps de répondre, pas d’autre justice que l’épée, car l’ignorance des hommes les conduit à la mort.
C’est ici la scène du conflit, et c’est là que sera sans doute prouvée l’habileté du lâche et du vil.
Que celui qui n’a montré que sa vanité se repente, et qu’il préfère la fuite à la résistance.
Je suis Antar, et mon nom est répandu au loin à cause de la poussée de ma lance et du coup de mon épée.
Antar, qui s’était exclamé, tira son épée et frappa Kais entre les yeux, déchira son casque et son rembourrage, et son épée descendit jusqu’à ses cuisses, jusqu’au dos de son cheval. Il s’écria : « Misérable ! Je ne me laisserai pas contrôler ! Je suis toujours l’amant d’Abla ! » Il se précipita alors parmi la tribu de Dibgan, qui s’enfuit, consternée, abandonnant tout son butin.