*** Les notes suivantes sont adaptées de celles annexées à la traduction de M. Lyall de ce Mo’allaqah.
v. 2. « Taches bleues renouvelées », etc. Le second hémistiche de ce verset donne de manière concise une comparaison des traces usées par l’eau des tentes qui se trouve sous une forme plus développée dans le Mo’allaqah de Lebîd, vv. 8, 9, q.v. Le tatouage sur les veines du poignet intérieur est dit renouvelé, parce que les torrents ont profondément marqué certaines des tranchées creusées autour des tentes, tandis que d’autres qui ne se trouvaient pas sur le chemin du déluge ne sont devenues que faiblement marquées, comme les veines sous les tracés.
v. 5. « Canal » : autour de la tente on creuse une tranchée pour recevoir la pluie du toit et empêcher l’eau d’inonder l’intérieur.
v. 6. « Que ton matin soit beau et propice ! » Le matin était le moment où les raids étaient effectués. Souhaiter la paix le matin à un endroit était donc une salutation appropriée. [Voir le Mo’all. d’Antara, v. 2.]
v. 52. Des glands de laine écarlate décoraient le haudaj dans lequel les dames voyageaient.
v. 17. L’« édifice sacré » est le Ka‘beh. La mention de sa construction par les Qureysh et par les hommes de Jurhum ne doit pas être entendue de la même époque. Jurhum était le nom de deux souches arabes : la première, l’ancienne race qui peuplait le bas Hijâz et le Tihâmeh au temps de l’établissement légendaire d’Ismaël parmi eux, avec lequel il se serait marié ; la seconde (que M. de Perceval regarde comme la seule ayant eu une existence historique), une tribu qui régna à La Mecque depuis environ 70 avant J.-C. jusqu’à 200 après J.-C. Ils furent chassés de La Mecque [p. 380] et dispersés de telle sorte qu’il ne resta aucun souvenir d’eux par une souche azdite du Yémen, appelée les Khuzâ‘ah. (C. de Perceval, Essai, i., 218. Aghânî, xiii, 108-111.) Les seconds Jurhum auraient (Agh. id, p. 109) reconstruit la Ka‘beh sur les fondations posées par Abraham après qu’elle eut été renversée par un déluge : l’architecte était un certain 'Omar el-Jârûd, dont les descendants étaient connus sous le nom de Jedarah, ou maçons. Les Qurayshites s’établirent à La Mecque pendant son occupation par les Khuzâ’ah, et prirent possession de la Ka‘beh à l’époque de Qusayy, dont la mère était de la race des Jedarah, vers 440 après J.-C. (C. de Perceval.) Qusayy, vers l’an 450 après J.-C., fit démolir l’édifice élevé par les Jurhum, et reconstruisit la Ka‘beh sur une plus grande échelle. Elle fut reconstruite une troisième fois en 605, peu de temps avant la rédaction de la Mo’allaqah. Mahomet, alors âgé de trente-cinq ans, participa aux travaux. Ces trois occasions sont probablement celles auxquelles Zuhayr fait référence.
« Faites des processions dévotes » : le tawâf, ou faire sept fois le tour du temple, était l’un des plus anciens rites de la religion des Arabes ; c’était le mode de culte utilisé non seulement pour le Ka’beh, mais aussi pour les autres objets de vénération chez les Arabes païens : voir Lane, s.v. Duwâr.
v. 19. La traduction littérale de ce verset est
Vous deux avez réparé la situation d’Abs et de Dubyān (par la paix), après cela
ils avaient partagé entre eux la destruction, et avaient braillé entre eux le parfum de Menshim.
Le deuxième hémistiche se réfère à une coutume qui existait parmi les Arabes, qui consistait à plonger leurs mains dans un bol de parfum et à prêter serment de se battre pour une cause jusqu’à ce que le dernier d’entre eux soit tué. Les commentateurs disent que Menshim était une femme de la Mecque qui vendait du parfum. Un tel serment était suivi d’une guerre jusqu’au bout ; ainsi « il a crié le parfum de Menshim » est devenu un proverbe pour s’engager dans une lutte mortelle.
v. 22. Ma’add fut l’ancêtre de tous ces Arabes (généralement appelés musta’ribeh, ou insititifs) qui faisaient remonter leur descendance à 'Adnan, dont il était le fils. [Voir la Table Généalogique préfixée [381] aux Mo’allaqāt dans ce volume.] Le nom est ainsi utilisé pour désigner les souches centrales installées pour la plupart dans le Nejd et El-Hijāz, par opposition aux Arabes d’El-Yémen ou d’origine yéménite par lesquels ils étaient bordés au nord et au sud.
v. 29. Guerre, el-Harb, est féminin en arabe.
v. 31. La comparaison de la guerre avec un moulin et des morts avec du grain moulu est courante dans la poésie ancienne. [Voir vv. 31, 32, Poème d’Amru, et Note.]
v. 32. [« Déformé comme le chameau brun d’Aad : » voir les notes sur les vv. 11 et 22 du « Lai des Himyarites », pp. 351-354 du présent volume. Certains généalogistes disent que la Thaïlande était une cousine d’Ad, et après la destruction de l’ancienne race d’Ad, le peuple de Thamûd hérita de ses possessions et fut appelé « ce dernier ‘Ad », ce qui expliquerait pourquoi Zuhayr disait « chameau d’Ad » au lieu de « chameau de Thamûd ».]
v. 36. Ce verset semble se référer à la reprise des conflits qui suivit l’acte de Hoseyn. Les chameaux sont les guerriers et les étangs les étangs de la mort. L’image semble destinée à représenter l’absurdité du conflit et son manque d’objet et de but.
v. 37. Le pâturage de mauvaises herbes nuisibles et nuisibles est une réflexion sur le mal dans les intervalles du combat. Ainsi Qeys fils de Zuhayr [le prince Cais du roman d’Antar] dit, à propos des résultats amers du mal dans cette même guerre de Dāhis (Hamâseh p. 210, Aghânî, xvi, 32)
Mais le vaillant guerrier Hamal, fils de Bedr
fait le mal; et le mal est un pâturage abondant.
[El-Būsīrī, dans le v. 27 de son Poème du Manteau, emploie la même phrase, en référence aux pensées impures : « Si le Désir trouve le pâturage doux à son goût, ne le laisse pas paître. »]
v. 47. Chez les Arabes, quand deux partis d’hommes se rencontraient, s’ils voulaient faire la paix, ils tournaient l’un vers l’autre les pieds de leurs lances ; s’ils voulaient faire la guerre, ils tournaient l’un vers l’autre les pointes.
[p. 382]
v. 53. La « citerne » (haud) est la maison et la famille d’un homme.
v. 56. Zuhayr avait quatre-vingts ans lorsqu’il composa sa Mo’allaqah—608 ou 610 après J.-C., selon M. de Perceval.
v. 57. La note de M. Lyall sur ce verset sera mieux comprise si elle est lue avec sa propre traduction du passage—v. 49 de son texte :
J’ai vu les Dooms piétiner les hommes comme une bête aveugle à des pas aléatoires
—celui qu’ils frappaient, il mourut; celui qu’ils regrettaient, il survécut à une vieillesse sans force.
« Bête aveugle » (‘ashwâ) : littéralement « une chamelle aux yeux faibles » — une personne qui ne voit pas bien où elle va, et qui frappe donc tout avec ses pattes de devant, sans faire attention aux endroits où elle pose ses pieds. — Lane. Le mot est utilisé proverbialement : vous dites, Rekiba fulânuni-l-‘ashwâ, « un tel chevauche la chamelle aux yeux faibles », c’est-à-dire qu’il poursuit son affaire sans délibération appropriée ; et Khabata Khabta-l-‘ashwâ, « il marchait avec le pas négligent d’une chamelle aux yeux faibles » — il agissait au hasard.
vv. 47-64. L’ordre différent dans lequel ces maximes apparaissent dans les différentes versions du poème, et le fait que certaines versions en omettent plusieurs que d’autres remplacent, font douter, pense M. Lyall, qu’elles appartiennent à la Mo‘allaqah. « Aucun autre poème de Zuhayr qui nous reste n’a le même mètre et la même rime que sa Mo‘allaqah, et il est très probable que des fragments d’autres poèmes, aujourd’hui perdus, dans cette mesure et cette rime, qui ont survécu y ont été inclus, parce qu’il n’y avait pas d’autre morceau dans lequel les mettre. » — Dans le texte de M. Lyall, ces maximes sont placées dans un ordre très différent de celui dans lequel elles se trouvent dans la traduction de Sir William Jones.