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‘ÍSÁ IBN HISHÁM nous a raconté : J’étais à Bagdad au moment de la récolte des dattes azaz, alors je suis sorti pour en choisir et en acheter quelques-unes des différentes variétés. Je me suis rendu à une courte distance chez un homme qui avait un stock de différentes sortes de fruits qu’il avait disposés par ordre. Il avait ramassé et placé en rangées une variété de dattes fraîches et j’ai pris certaines des meilleures de chaque espèce et j’ai choisi [1] certaines des plus belles de chaque espèce. Or, juste au moment où j’avais rassemblé mes jupes et placé mon fardeau dedans, mes yeux sont tombés sur un homme qui avait modestement couvert son visage d’un voile [2] et se tenait immobile avec la main tendue. Il avait ses petits à ses côtés et portait ses bébés sur sa hanche, tandis qu’il récitait d’une voix si forte qu’elle affaiblissait sa poitrine et produisait une faiblesse dans sa colonne vertébrale :
« Hélas ! Je n’ai ni deux poignées de Sawíq, [3]
Ni graisse fondue mélangée à de la farine,
Ni un bol spacieux rempli de Khirdíq, [4]
Pour apaiser notre palais, [5]
Et de nous éloigner du chemin de la mendicité.
Ô Donneur d’abondance après la pauvreté !
Facilitez la vie à un homme courageux et libéral
De pedigree et de gloire héréditaire,
Pour guider vers nous les pieds de la fortune
Et libère ma vie de l’emprise des ennuis.
‘Isá ibn Hishám dit : J’ai pris une poignée de ma bourse et je la lui ai donnée. Puis il dit :
Ô celui qui m’a accordé [6] son excellente bonté !
À Dieu je communique son glorieux secret,
Et je prie Dieu de le garder bien gardé,
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Si je n’ai pas la capacité de le remercier,
Alors Dieu, mon Seigneur, le récompensera certainement. » [7]
‘Isá ibn Hishám dit : Alors je lui ai dit : « Il reste quelque chose dans la bourse, alors dévoile ta condition cachée et je te donnerai tout. » Puis il a enlevé son voile, [8] et par le ciel ! c’était notre Cheikh, Abú’l-Fatḥ al-Iskánderí ! Alors je me suis exclamé : « Miséricorde sur toi, comme tu es astucieux ! » Puis il a récité :
« Passe ta vie à tromper [9]
Les hommes et jeter de la poussière dans les yeux.
J’observe que les jours continuent non
Dans un état et donc je les imite.
Un jour je sens leur malice,
Et un autre, ils se sentent à moi.
D’après le dicton attribué à an-Nabigah :
« Il y a bien des travailleurs pour une personne assise », Freytag, Proverbes arabes, i, 544.
Mètre, hezej.
31:1 … J’ai cueilli : littéralement, j’ai mordu, ou rongé. ↩︎
31:2 … un voile : une chose avec laquelle une femme voile son visage, ayant en elle deux trous pour les yeux, mais utilisé ici comme synonyme de lithám (…) ↩︎
31:3 Hélas ! Je n’ai ni l’un ni l’autre deux poignées : Sawíq est une sorte de gruau fait principalement d’orge grillée. Metre, rejez. ↩︎
31:4 _Khirdíq : une sorte de bouillon dans lequel le pain est émietté. ↩︎
31:5 Pour apaiser notre palais : littéralement, pour arrêter les assauts de la salive. ↩︎
31:6 O celui qui a donné: Mètre, rejez. ↩︎
32:1 Alors Dieu mon Seigneur récompensera certainement: Littéralement, Dieu mon Seigneur est derrière sa récompense. ↩︎
32:2 Lithám (…) un voile : une sorte de cache-nez destiné à couvrir la partie inférieure du visage. Cf. le terme mulaththamun appliqué aux tribus berbères du Ṣaḥará. ↩︎
32:3 Passe ta vie à tromper : … à tromper : Littéralement, dorer du cuivre ou de l’argent pour le faire passer pour de l’or. L’édition de Constantinople contient ces lignes supplémentaires :—
« Ô toi qui es avide de gain, qui te mets en embuscade pour le gain,
Tu ne resteras pas éternellement dans ce monde qui est le tien :
Alors, qu’un peu te suffise, sinon tu seras un travailleur pour une baby-sitter. ↩︎