MAQAMA, pluriel Maqámát, de … il se leva, signifie principalement une occasion de se tenir debout, ou un endroit où l’on se tient debout. Se tenir debout semble avoir été non seulement la position naturelle, mais aussi la position conventionnelle de l’orateur, par exemple.
(1) …
Le peuple se leva pour parler. [1]
(2) J’ai entendu dire qu’Alí ibn al-Ḥusain était debout pour avertir les gens. [2]
(3) Approche-toi et mange, ou, si tu veux, lève-toi et parle. [3]
[p. 12]
La pratique de se lever pour parler remonte à l’époque homérique :
Ô Damaan, amis et héros, hommes de la compagnie d’Arie, il convient d’écouter celui qui se lève pour parler. [4]
D’après Ibn Qutaiba (276 A. H.), les rapports des discussions littéraires tenues dans les assemblées d’hommes instruits et cultivés reçurent, au début de la période abbasside (132-656 A. H.), le nom de Maqáma. [5]
Ces réunions littéraires semblent avoir été une institution reconnue. Saif ad-Daula avait l’habitude de tenir une assemblée tous les soirs où des hommes de science venaient converser en sa présence ; [6] et Tha‘álibí, en faisant allusion à la splendeur littéraire de Boukhara à l’époque de Hamadhání, mentionne une réunion remarquable des principaux savants de l’époque à la Cour de cet État. [7]
Maqáma a probablement acquis le sens plus restreint de discours, d’exhortation ou d’oraison, entre l’époque de Jáḥiz (ob. A.H. 255) et celle de Hamadhání (ob. A.H. 398).
Les extraits donnés ci-dessous illustrent les diverses utilisations du mot depuis l’époque du poète préislamique Zuheir (fin du sixième siècle après J.-C.) jusqu’à celle de l’auteur (fin du XIe siècle après J.-C.). Il est ainsi utilisé par les premiers écrivains :
(1) Par Zuheir et cité par Hamadhání :—
…
Et parmi eux se trouvent des maqámát\—champions et autres—dont les visages sont beaux,
Et des conseils où les paroles sont suivies d’actes. [8]
(2) Par Abú Tammám (ob. 190 de l’Hégire) : -
…
Concernant chaque champ de bataille et dans chaque maqáma (situation) ;
Qui obtiennent de la poésie des alliances et des contrats. [9]
[p. 13]
…
De nombreux maqáma\—discours—dont les armes ont affaibli le discours des autres, dans lesquels il y a des vagues de langage qui ne peuvent être éliminées,
As-tu dissipé les ténèbres avec un discours décisif, semblable à un coup décisif au temps du péril. [10]
…
Et s’il est présent à la maqáma\—assemblée ou conseil—le jour de la décision finale,
Tu verras l’égal de Luqmán le sage. [11]
(3) Par al-Qattál :—
…
En présence du maqáma\—une compagnie de personnes—j’ai conjuré Zíád de cesser,
Et je lui ai rappelé les liens de parenté de Sa’r et Haitham qui nous unissaient. [12]
(4) Par Jáḥiz (ob. A. H. 255): -
…
Et il s’assit et la compagnie était composée d’Arabes qui discutaient de la tradition et citaient des passages de preuve et des proverbes, et de l’histoire, des batailles et des maqámát\ — des discours ou des oraisons. [13]
…
Les solitaires qui n’ont pas entendu les aboiements des chiens de maqáma\—une compagnie de Bedawín. [14]
(5) Par Abú 'Ali al-Qálí (ob. 356) : -
[15] …
Maqáma = Majlis, une société de personnes.
[p. 14]
(6) Par Hamadhání :—
…
Il m’arrivait des maqámát\ — discours et autres — et des paroles d’al-Iskanderí. [16]
…
Attendez donc la fin de son maqáma\—un discours. Le mot ici fait référence à un sermon émouvant que ‘Ísá ibn Hishám avait écouté. [17]
…
Et celui qui entre dans les maqámát\—compagnies ou assemblées de gens respectables. [18]
…
Et l’un de leurs signes distinctifs est la vilenie de leurs maqámát\ — assemblées de chefs, ou discours. [19]
…
En vérité, celui qui a dicté quatre cents maqámát sur la mendicité. [20]
Bien que les maqámát aient été composés principalement pour les assemblées de savants et pour le divertissement des grands, le mot maqáma est appliqué par Hamadhání lui-même au type de composition associé à son nom, et non aux personnes qui se rassemblaient pour écouter ses discours. C’est dans ce sens restreint qu’il nous est parvenu.
Comme les extraits de différents auteurs montrent cependant que le mot a la triple signification d’un discours oratoire ou d’une harangue, d’une collection de champions ou d’une compagnie de personnes, j’ai préféré une translittération à la traduction par le terme familier, mais insatisfaisant, d’assemblée.
11 : 2 Kitáb al-Amálí, ii, 73. ↩︎
11 : 3 Maqámát d’al-Hamadhání, p. 130. ↩︎
11 : 4 Maqámát d’al-Ḥarírí, p. 21. ↩︎
12:1 Iliade, Livre xix, ligne 79. ↩︎
12 : 2 Brockelman, Gesch. der Arab Litteratur, i, 94. ↩︎
12 : 3 Ibn Khallikan, i, 105. ↩︎
12 : 4 Yatíma, iv, 33. ↩︎
12 : 5 Shu’ará al-Nasrániah, p. 573. ↩︎
12 : 6 Abú Tammám (édition Beyrouth), p. 82, dernière ligne. ↩︎
13 : 1 Abú Tammám (édition Beyrouth), p. 211, ligne 4. ↩︎
13:2 Ibid., p. 256, ligne 4 à partir de la fin. ↩︎
13:3 Hamasa, p. 95. ↩︎
13:4 Livre des Avares (édition Lyden), p. 218, ligne 23. ↩︎
13 : 5 Haywán, partie iv, 154, ↩︎
13 : 6 Kitáb al-Amálí, i, 95. ↩︎
14:1 Texte, p. 25. ↩︎
14:2 Ibid., p. 135. ↩︎
14:3 Ibid., p. 160. ↩︎
14:4 Lettres, p. 106. ↩︎
14:5 Ibid., p, 390. ↩︎