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CHAPITRE V.
Sheykh Salāhu-'d-Dīn[1] Ferīdūn, surnommé Zer-Kūb (Goldbeater).
Cheikh Salāhu-'d-Dīn était à l’origine un condisciple de Jelāl, en tant qu’élève de Seyyid Burhānu-'d-Dīn. Il devint ensuite un batteur d’or, car ses parents étaient pauvres.
Après un certain temps, lorsque la réputation de Jelâl devint grande, Salah alla lui rendre hommage. Jelâl savait combien Burhân estimait Salah, lorsqu’il était son élève. Il le reçut donc de manière très amicale, et leurs relations reprirent chaleureusement.
Un jour, après le meurtre de Shemsu-'d-Dīn et le retour de Jelāl de Damas, il envoya chercher Salah et le nomma son propre assistant dans le gouvernement et l’instruction des disciples, le présentant également au roi en cette qualité.
Le premier protecteur royal de Jelāl, 'Alā’u-'d-Dīn Keyqubād, était désormais mort, et son fils, Gayāsu-'d-Dīn Key-Khusrev, régna à sa place.
Un jour, le monarque fit un festin dans les vignes et sortit dans les champs pour se promener seul. Il prit un jeune serpent, le transporta dans la maison, le plaça dans une boîte en or, la scella et rejoignit ses courtisans.
Le roi montra à ces assistants le paquet scellé, comme s’il venait d’être reçu en secret du Qaysar[2] [p. 111] de Constantinople avec un message à cet effet : « Si votre religion de l’Islam est la vraie foi, l’un de vos sages pourra voir dans ce paquet sans en briser les sceaux et dire ce qu’il contient. »
Le roi demanda alors à ses ministres de prouver leur loyauté envers lui et leur fidélité à leur religion en résolvant cette énigme. Aucun d’entre eux n’y parvint.
Le paquet fut alors envoyé successivement à tous les professeurs et théologiens éminents de la ville ; mais aucun ne put résoudre l’énigme.
Enfin, le paquet fut apporté à Jelâl, alors que Sheykh Feridûn et lui étaient assis ensemble. Jelâl invita Feridûn à leur révéler le contenu du paquet, et il répondit immédiatement : « Ce n’est pas un acte digne de la part du roi d’emprisonner un jeune serpent dans une boîte en or, de sceller celle-ci comme un paquet, puis de tenter ses courtisans, ses ministres et ses érudits avec un faux prétexte. Un saint, cependant, connaît non seulement la solution d’un stratagème aussi mesquin que celui-ci, mais il est également au courant de chaque pensée du cœur du roi et de chaque secret de la terre et du ciel. »
Lorsque cette réponse fut rapportée au roi, il se rendit au collège et se déclara disciple, en faisant cette remarque : « Si les disciples de Shemsu-'d-Dīn possèdent un tel pouvoir et accomplissent de tels miracles, quelle doit être la sainteté du martyr assassiné. »
Ferīdūn a été l’assistant de Jelāl pendant dix ans.
Fātima, fille du cheikh Salāhu-'d-Dīn Ferīdūn, était mariée au sultan Veled, fils de Jelāl. Ce dernier lui enseignait à lire le Coran et d’autres livres.
Jelāl avait l’habitude d’appeler Fātima son œil droit, sa sœur Hediyya son œil gauche et leur mère Latīfa Khātūn la personnification de la grâce de Dieu.
Lorsque le mariage de Fatima fut célébré, tous les anges du ciel étaient présents et souhaitèrent au jeune couple tout le bonheur possible.
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C’était une sainte, qui accomplissait continuellement des miracles. Elle jeûnait le jour et veillait la nuit, ne mangeant qu’une fois tous les trois jours. Elle était très charitable envers les pauvres, les orphelins et les veuves, leur distribuant de la nourriture et des vêtements.
Cheikh Ferīdūn est décédé le jour du Nouvel An, 657 H (28 décembre, 1258 après J.-C.).