[p. i]
C’est le livre des Distiques rimés (Mathnawī, Mesnevī). Il contient les racines des racines des racines de la (seule vraie) Religion (de l’Islam) ; et traite de la découverte des mystères de la réunion et de la connaissance sûre. C’est la Grande Jurisprudence de Dieu, la Loi la plus glorieuse de la Déité, la Preuve la plus manifeste de l’Être Divin. Son éclat « est comme celui d’une lanterne dans laquelle se trouve une lampe »[1] qui disperse des rayons plus brillants que l’aube. C’est le paradis du cœur, avec des sources et des feuillages. L’une de ces sources est « la fontaine nommée Salsabīl »[2] par les frères de cet ordre religieux (de dévots mystiques connus sous le nom de Mevlevī ou Derviches danseurs) ; mais les saints et les miraculés l’appellent « la bonne station »[38] et « le meilleur lieu de repos ».[39] Les justes y mangeront et boiront, et les justes s’en réjouiront et s’en réjouiront. Comme le Nil égyptien, c’est une boisson pour les patients, mais une illusion pour le peuple de Pharaon et pour les blasphémateurs, comme Dieu, dont le nom soit glorifié, a dit : « Il en égare beaucoup, et il en guide beaucoup ; mais il n’en égare personne, sauf les méchants ».[40]
[p. ii]
C’est un réconfort pour les cœurs des hommes, un exutoire des soucis, une exposition du Coran, une amplification des aliments spirituels et un adoucisseur de disposition, écrit « par les mains d’honorables scribes »[41], qui y inscrivent l’interdiction : « Que nul n’y touche, sauf les purifiés »[42]. C’est une révélation « envoyée (d’en haut) par le Seigneur de (tous) les mondes »[43], que la vanité n’approche ni par devant, ni par derrière[44], que Dieu surveille et observe, Lui étant « le meilleur comme conservateur »[45] et « le plus compatissant des miséricordieux »[46], à qui appartiennent (de nombreux) titres, Son titre suprême étant Dieu, dont le nom soit exalté.
Nous avons été brefs dans ce petit exposé, car un peu est un indice de beaucoup, et une bouchée peut indiquer un étang, comme une poignée peut servir d’échantillon pour toute une aire de battage, si grande soit-elle.
Ainsi parle le faible serviteur, qui a besoin de la miséricorde de Dieu, dont le nom soit loué, Mohammed, fils de Mohammed, fils de Hussein, de (la ville de) Balkh,[3] dont Dieu l’accepte : « Je me suis efforcé d’agrandir ce livre de poésie en distiques rimés, qui contient des récits étranges et rares, de beaux dictons et des indications absconses, un chemin pour les dévots et un jardin pour les pieux, court dans ses expressions, nombreux dans leurs applications. J’ai fait cela à la demande de mon seigneur et maître, mon confident, et comme l’âme dans mon corps, la réserve morale de mon aujourd’hui et de mon lendemain, le Sheykh Hasan fils de Mohammed fils de Hasan, [p. iii] communément connu sous le nom d’Akhī-Turk (mon frère Turk), un chef des savants (gnostiques ?), un leader de la bonne direction et de la connaissance sûre, un assistant de la race humaine, un confident des cœurs et des esprits des hommes, un responsable de Dieu parmi Ses créatures, Son pur parmi Ses serviteurs raisonnables, (un recueil de) Ses commandements à Son Prophète, de Ses mystères avec Son élu, une clé des trésors du trône, un gardien des richesses de la terre étendue, un homme d’excellence, une épée tranchante pour la séparation de la vérité et de la religion (du mensonge et du blasphème),[4] le Bāyezīd[5] de l’âge, le Juneyd[6] de l’époque, le véritable ami fils d’un véritable ami fils d’un véritable ami, que Dieu soit satisfait de lui et d’eux, originaire de la ville d’Urmiyya[7], et apparenté au vénéré Sheykh[8], comme il l’exprimait lui-même : « J’étais Kurde un soir, et j’étais [p. iv] Arabe le matin[9]. » Que Dieu sanctifie son esprit, et l’esprit de ses successeurs ! Béni soit un tel prédécesseur ; bénis soient de tels successeurs ! Il descendait d’une lignée sur laquelle le soleil avait jeté son manteau brillant, et d’une noblesse personnelle telle que les étoiles répandaient leurs lumières autour d’elle. Que leur cour soit toujours un centre vers lequel se tourneront les fils des saints, et un temple d’espoirs autour duquel circuleront des ambassades d’hommes sans tache. Qu’il n’en soit pas ainsi alors qu’une constellation se lèvera et qu’un orbe étincelant apparaîtra au-dessus de l’horizon à l’est ; afin que cela soit une chose à laquelle adhèrent les doués de clairvoyance, les pieux, les spirituels, les célestes, les hommes de lumière, les silencieux et les observateurs, les absents bien que présents, les rois vêtus de haillons, les nobles des nations, dotés de vertus, les lumières des guides. Amen, ô Seigneur de l’univers. Et c’est une prière à ne pas rejeter, car c’est une prière à laquelle se joignent tous les bons. Et gloire à Dieu dans Son unité. Et que Dieu bénisse notre Seigneur, Mohammed, ainsi que sa famille et ses proches, les bons, les purs !
mi:1 Coran xxiv. 35. ↩︎
mi:2 Coran lxxvi. 18. ↩︎
mii:7 Balkh, au sud de la partie occidentale de l’Oxus supérieur, est à 36°, 48’ de latitude nord, 67°, 4’ de longitude est de Greenwich. Il représente l’ancienne Bactra, autrement appelée Zariaspa. ↩︎
miii:1 Husāmu-'l-Haqqi-wa-'d-Dīn, son titre d’honneur complet. (Voir Anecdotes, chap. vi.) ↩︎
miii:2 Bāyezīd ou Abū-Yazīd, de Bestām, dans le Khurāsān, en Perse, latitude 36°, 25´ N., longitude 55°, 0´ E., un célèbre professeur et saint parmi les mystiques de l’Islam, mort en 265 a.h., 874 a.d. (bien que l’année 234 a.h., 848 a.d. ait aussi été mentionnée par certains). Son nom était Tayfūr, fils de 'Isà, fils d’Ādam, fils de Surūshān, un zoroastrien qui embrassa l’Islam. ↩︎
miii:3 Juneyd, nom de famille d’Abū-’l-Qāsim Sa‘īd fils de ‘Ubayd, intitulé Sultan de la communauté soufie, un saint décédé à Bagdad en 287 a.H. (900 ap. J.-C.). ↩︎
miii:4 Urmiyya, sur le lac de ce nom, au sud-ouest de Tebrīz, la capitale de l’Azerbaïdjan, la province du nord-ouest de la Perse. ↩︎
miii:5 L’expression : « Le vénéré Cheikh » pourrait peut-être, à première vue, être considérée comme désignant le calife Abū-Bekr, le Cheikh par excellence, car lui et son successeur 'Umer (Omar) étaient désignés comme « les deux Cheikhs » parce qu’ils étaient chacun le beau-père de Mahomet, tandis que les troisième et quatrième califes, 'Uthmān (Osmān) et 'Alī, étaient ses gendres. Si cette supposition était correcte, Jelāl et Husām descendraient du même ancêtre lointain. Les commentateurs, cependant, m’a-t-on dit, désignent comme tel un certain « Seyyid Abū-'l-Wefā, le Kurde ». Les détails sur son individualité et son histoire ne m’ont malheureusement pas été communiqués. ↩︎
miii:6 Je n’ai pas rencontré d’explication de cette expression, qui est de nouveau introduite dans le conte XIV, distique 40. ↩︎