V. Fortifié par l'amour, il acquiert la domination sur les forces de l'univers | Page de titre | VII. Nous devons nous méfier du platonisme |
[p. 48]
Une histoire dont la morale est que la négation du Soi est une doctrine inventée par les races soumises de l’humanité afin de saper et d’affaiblir par ce moyen le caractère de leurs dirigeants.
As-tu entendu dire qu’au temps jadis
Les moutons qui habitent dans un certain pâturage
Ainsi augmenté et multiplié
540 Qu’ils ne craignaient aucun ennemi ?
Enfin, de la malice du destin,
Leurs poitrines furent frappées par un trait de calamité.
Les tigres surgirent de la jungle
Et se précipita sur la bergerie.
[p. 49]
545 La conquête et la domination sont des signes de force,
La victoire est la manifestation de la force.
Ces tigres féroces battent le tambour de la souveraineté,
Ils ont privé les moutons de leur liberté.
Dans la mesure où les tigres doivent avoir leur proie,
550 Ce pré était rouge écarlate du sang des moutons.
L’un des moutons qui était intelligent et perspicace,
Vieux en années, rusé comme un loup battu par les intempéries,
Être attristé par le sort de ses semblables
Et profondément vexé par la violence des tigres,
555 Se plaignit du cours du destin
Et chercha par ruse à rétablir sa fortune.
L’homme faible, pour se préserver,
[p. 50]
Cherche des appareils auprès d’intelligence qualifiée.
Dans l’esclavage, pour repousser le mal,
560 Le pouvoir de complot devient plus rapide,
Et quand la folie de la vengeance prend le dessus,
L’esprit de l’esclave médite la rébellion.
« Notre nœud est dur », se dit ce mouton,
« L’océan de nos chagrins n’a pas de rivage.
565 Par la force, nous, les moutons, ne pouvons pas échapper au tigre :
Nos jambes sont en argent, ses pattes sont en acier.
Il n’est pas possible, malgré tous les exhortations et les conseils qu’on donne,
Créer chez un mouton les dispositions d’un loup.
Mais faire du tigre furieux un mouton, c’est possible ;
570 Le rendre inconscient de sa nature, c’est possible.
[p. 51]
Il est devenu comme un prophète inspiré,
Et commença à prêcher aux tigres assoiffés de sang.
Il s’écria : « Ô vous, menteurs insolents,
Qui ne sait pas qu’un jour de malheur durera éternellement ! [1]
575 Je suis possédé par un pouvoir spirituel,
Je suis un apôtre envoyé par Dieu pour les tigres.
Je viens comme une lumière pour l’œil sombre,
Je viens établir des lois et donner des commandements.
Repentez-vous de vos actes répréhensibles !
580 Ô vous qui complotez le mal, pensez au bien !
Celui qui est violent et fort est misérable :
La solidité de la vie dépend de l’abnégation.
L’esprit du juste est nourri de fourrage :
Le végétarien est agréable à Dieu.
[p. 52]
585 La netteté de tes dents te fait honte
Et rend l’œil de votre perception aveugle.
Le paradis est réservé aux faibles,
La force n’est qu’un moyen de perdition.
C’est mal de rechercher la grandeur et la gloire,
590 La misère est plus douce que la principauté.
La foudre ne menace pas les semences de maïs :
Si la graine devient une pile, ce n’est pas sage.
Si vous êtes raisonnable, vous serez un grain de sable, pas un Sahara,
Pour que vous puissiez profiter des rayons du soleil.
595 Ô toi qui prends plaisir à tuer des brebis,
Tue-toi et tu seras honoré !
La vie est rendue instable
Par la violence, l’oppression, la vengeance et l’exercice du pouvoir.
[p. 53]
Même si elle est foulée aux pieds, l’herbe repousse à chaque fois
600 Et lave le sommeil de la mort de ses yeux encore et encore.
Oublie-toi toi-même, si tu es sage !
Si tu ne t’oublies pas toi-même, tu es fou.
Ferme les yeux, ferme les oreilles, ferme les lèvres, [2]
Que ta pensée atteigne le ciel élevé !
605 Ce pâturage du monde n’est rien, rien :
Ô insensé, ne te tourmente pas pour un fantôme !
La tribu des tigres était épuisée par de dures luttes,
Ils avaient à cœur de profiter du luxe.
Ce conseil soporifique leur plut,
610 Dans leur stupidité, ils ont avalé le charme du mouton.
[p. 54]
Celui qui faisait des moutons sa proie
J’ai maintenant adopté une religion de mouton.
« Les tigres fuyants se nourrissaient volontiers de fourrage :
Finalement, leur nature de tigre fut brisée.
615 Le fourrage a émoussé leurs dents
Et éteignez les terribles éclairs de leurs yeux.
Peu à peu le courage s’estompa dans leurs poitrines,
L’éclat du miroir s’est éloigné.
Cette frénésie d’effort extrême n’a pas persisté,
620 Ce désir d’action n’habitait plus leur cœur.
Ils ont perdu le pouvoir de gouverner et la résolution d’être indépendants,
Ils ont perdu leur réputation, leur prestige et leur fortune.
Leurs pattes qui étaient comme du fer devinrent sans force ;
[p. 55]
Leurs âmes sont mortes et leurs corps sont devenus des tombeaux.
625 La force physique a diminué tandis que la peur spirituelle a augmenté :
La peur spirituelle leur a volé leur courage.
Le manque de courage a produit une centaine de maladies.
Pauvreté, pusillanimité, bassesse d’esprit.
Le tigre éveillé s’est endormi grâce au charme du mouton :
630 Il a appelé son déclin la Culture Morale.
V. Fortifié par l'amour, il acquiert la domination sur les forces de l'univers | Page de titre | VII. Nous devons nous méfier du platonisme |