TROISIÈME CHAPITRE.
Si un moine mangeait de la nourriture interdite qu’un pieux (laïc) a préparée pour un invité, et que cette nourriture a été mélangée à des aliments mille fois plus purs [^705], il ne serait ni moine ni laïc. (1)
Les Sramanas qui ne comprennent pas cela et ne savent pas ce qui est dangereux, qui ne se soucient que des plaisirs du moment, souffriront la mort un nombre infini de fois, comme les gros [^706] poissons qui, lorsque l’eau monte, sont déposés près de l’eau sur la terre ferme et sont tués (là), les pauvres, par les dhaṅkas et les hérons affamés. (2-4)
Nous entendons aussi parler d’une autre erreur de certains (philosophes) : certains disent que le monde a été créé (ou est gouverné) [^707] par les dieux, d’autres, par Brahman. (5) Certains [^708] disent qu’il a été créé par l’Îsvara, d’autres qu’il a été produit du chaos, etc., ce monde avec des êtres vivants et des choses sans vie, avec sa variété de plaisirs et de douleurs. (6)
Le grand Rishi [1] a dit que le monde a été créé par Svayambhû ; Mâra est à l’origine de Mâyâ, donc le monde (semble être) immortel. (7)
Certains Brâhmanes et Sâramiens affirment que l’univers a été produit à partir de l’œuf (primitif) et que Lui (Brahman) a créé les choses. Ces ignorants mentent. (8)
Ceux qui, par leurs propres arguments, soutiennent que le monde a été créé, ne connaissent pas la vérité. Et le monde ne périra jamais. (9)
Sache que le malheur naît des mauvaises actions [2]. Comment ceux qui ignorent l’origine (du malheur) pourraient-ils en connaître la prévention ? (10)
Certains disent que l’âme (de celui qui est) pure sera libérée du mauvais Karman (en atteignant la béatitude), mais que dans cet état, elle sera à nouveau souillée par une excitation agréable ou par la haine. (11)
(Selon eux [3]) celui qui a vécu sur terre en moine modéré sera ensuite libéré du Karman. De même que l’eau claire, autrefois exempte de souillure, redevient souillée, ainsi sera l’âme. (12)
Un homme sage devrait considérer que ces (hérétiques) ne mènent pas une vie de chasteté, et que tous ces disputeurs proclament leur propre credo en opposition (aux autres). (13)
(D’autres [4] soutiennent que) la perfection ne peut être atteinte que par leur méthode de vie religieuse, et non autrement ; et que même avant (ce moment-là) ils ont [ p. 246 ] leurs sens sous contrôle et possèdent tout ce qu’on peut souhaiter [5]. (14)
Certains disent qu’ils seront parfaits et sains.
En ce qui concerne la perfection, certains hommes sont infatués de leurs propres doctrines. (15)
Mais ces hommes incontrôlés tourbillonneront dans le cercle sans commencement (des naissances) ; après un Kalpa, ils s’élèveront de leur sphère pour devenir les plus bas des Asuras [6]. (16)
Ainsi je dis.
244:1 Cela pourrait également être traduit par : « bien que la nourriture passe entre les mains de mille hommes avant qu’il ne l’accepte. » ↩︎
244:2 Vêsâliya = vaisâlika. Les commentateurs proposent trois explications de ce mot : (1) marin, visâlah samudras tatrabhavâh ; (2) appartenant au genre appelé visâla ; (3) grand, visâla. ↩︎
244:3 Dêvauttê. C’est soit dêvair uptah, semé, c’est-à-dire produit par les dieux, soit dêvair guptah, gouverné par les dieux. ↩︎
244:4 Les adeptes de la philosophie du Yôga et du Sâṅkhya, ou les disciples théistes et athées de cette dernière, sont apparemment désignés par « certains » et « autres ». ↩︎
244:5 Les commentateurs n’ont malheureusement pas conservé le nom du grand Rishi ; ils identifient Svayambhû à Vishnu « ou à quelqu’un d’autre ». Ce Svayambhû, craignant que la terre ne soit surpeuplée, appela à l’aide Yama, alias Mâra, qui, avec l’aide de Mâyâ, fait paraître les créatures mortes. ↩︎
245:1 Elle ne nous est donnée par aucun des agents mentionnés ci-dessus que les opposants croient avoir créé le monde. ↩︎