QUATRIÈME CHAPITRE.
Ces (philosophes) qui sont vaincus (par leurs passions) ne peuvent pas vous aider dans les cas où un pécheur périt [^715] ; bien qu’ayant abandonné leurs anciennes occupations, ils donneront des conseils sur les questions mondaines. (1)
Un moine sage qui apprécie pleinement cela, ne devrait pas se mélanger avec ceux-là (les hérétiques) ; sans vanité et sans attachement à eux, un sage devrait mener une vie également éloignée (de l’amour et de la haine). (2)
Certains disent que ceux qui possèdent des biens et s’engagent dans des entreprises (peuvent atteindre la perfection) ; mais un moine devrait prendre refuge auprès de ceux qui ne possèdent pas de biens et ne s’engagent dans aucune entreprise. (3)
Un homme sage devrait mendier de la nourriture qui a été préparée (pour quelqu’un d’autre), et il devrait accepter ce qui lui est donné librement, sans avidité ni passions ; il devrait s’abstenir de tout comportement autoritaire [^716]. (4)
Il devrait connaître le langage des gens : certains disent des choses qui sont le résultat d’une mauvaise compréhension et ne sont que des opinions d’autres personnes répétées. (5)
« Le monde est illimité et éternel, il existe de toute éternité et ne périt pas [^717] ; (un autre) philosophe audacieux [^718] dit que le monde est limité, mais éternel. (6)
« Certains disent que la connaissance (de la plus haute autorité) est illimitée ; mais le même philosophe audacieux dit qu’elle est limitée à tous égards [1]. » (7)
Certains êtres ont du mouvement, d’autres non ; cela dépend de certaines conditions s’ils sont dans un état ou dans l’autre. (8)
(Par exemple, les grandes créatures) ont une forme d’existence corporelle, puis une autre [^720]. Mais toutes sont sujettes à la douleur ; il ne faut donc pas les tuer. (9)
Telle est la quintessence de la sagesse : ne rien tuer. Sachez que telle est la conclusion légitime [ p. 248 ] du principe de réciprocité concernant le non-meurtre [2]. (10)
En vivant (selon les règles de conduite), et sans cupidité, on devrait prendre soin du plus grand bien [3].
En marchant, en s’asseyant et en se couchant, en mangeant et en buvant : en ce qui concerne ces trois points, le moine doit toujours se contrôler.
Et il devrait abandonner l’orgueil [4], la colère [5], la tromperie [6] et la cupidité [7]. (11, 12)
Possédant les Samitis et protégé par les cinq Samvaras, un moine pieux devrait vivre, jusqu’à ce qu’il atteigne la perfection, comme un homme libre de chaînes parmi ceux qui sont liés par des chaînes (à savoir les chefs de famille). (13)
Ainsi je dis.
[^720] : 247:1 Omâna = apamâna.
246:3 Une autre lecture commentée pour la première fois par Sîlâṅka est : bâlâ panditamâninô, étant des hommes ignorants qui se croient savants. ↩︎
247:2 Selon Sîlâṅka, l’éternité des choses signifie, pour ces philosophes, qu’une chose conserve toujours le même genre ou gâti, par exemple que celui qui était un homme dans cette vie sera à nouveau un homme dans la suivante. ↩︎
247:3 Selon les commentateurs, Vyâsa est visé. La doctrine mentionnée dans le texte est celle des Purân. ↩︎
247:4 Les commentateurs interprètent ce verset comme s’il ne s’agissait pas de deux opinions philosophiques, mais d’une seule. La connaissance illimitée est, selon eux, différente de l’omniscience ; dans la deuxième partie de la phrase, « limité » fait référence au sommeil de Brahman, durant lequel il est inconscient. ↩︎
247:5 Les hommes sont parfois des embryons, puis des jeunes hommes, puis des vieillards. ↩︎
248:1 Ahimsâsamayam = ahimsâsamatâm, c’est-à-dire que comme tu ne souhaites pas être tué, les autres ne souhaitent pas être tués. La dernière partie de la phrase pourrait aussi être traduite ainsi : sache que c’est là le véritable sens de la Loi (samaya) de ahimsâ. Le même verset revient I, 11, 10. ↩︎
248:2 Âdâna, la bonne connaissance, la bonne foi et la bonne conduite. ↩︎